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Articles avec #francis ford coppola

Conversation secrète

Palme d'or à Cannes en 1974, ce film du tout jeune Francis Ford Coppola est une leçon de cinéma sur le thème de la paranoïa.

Conversation secrète débute comme un film d'espionnage : le détective Harry Caul, joué par Gene Hackman, spécialisé dans les écoutes téléphoniques, nous est tout d'abord montré en pleine action, en train d'épier la conversation d'un couple.

Il acquiert rapidement le sentiment qu'un danger de mort menace ces deux-là, et renonce à livrer la teneur de leur conversation (on découvre qu'il a été responsable dans le passé de l'assassinat de toute une famille).

Mais le danger existe-t-il vraiment ? Les inquiétudes de Harry ne sont-elles pas le fruit de son imagination ?

Coppola nous égare avec brio dans un dédale de plans d'une virtuosité sans égale. Le personnage d'Harry, seul et mutique, semble se mouvoir dans un monde à double fond, à l'image de la multitude d'écrans et de surfaces transparentes qui l'environnent. Le film est oppressant, et génère une claustrophobie mentale, dont seule la musique jazz semble pouvoir permettre au héros de s'échapper.

Un grand moment de cinéma. Si certaines parties sont un peu longues, l'impression de spleen diffus que dégage Conversation secrète mérite de revoir cette oeuvre cinquantenaire, dont la maîtrise fascine encore aujourd'hui.

 

3e

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Tetro

Voir un grand cinéaste comme Coppola revenir aux affaires et offrir un film aussi dense que Tetro est un grand, grand plaisir.

Bennie, employé sur un bateau de croisière, arrive à Buenos Aires. Il rend visite à son frère, Angelo, qui se fait appeler Tetro désormais. Celui-ci a quitté la maison familiale il y a longtemps et a rompu avec sa famille. Il a écrit un manuscrit s'inspirant de sa vie.

Quel(s) secret(s) cache Tetro ? Bennie va t'il réussir à renouer le lien avec son frère, ostensiblement distant ?

Tetro ménage une avancée dramatique de l'intrigue tout à fait maîtrisée, utilisant une alternance de scène dans le présent tourné dans un noir et blanc sublime (qui rappelle le Kazan de America, America) et de flash-backs en couleurs, un peu dans le style "film de famille en super 8". Tant qu'on ne connaît pas le dénouement final, l'intensité du jeu de Vincent Gallo peut dérouter, voire déranger. A la fin, on reconsidère évidemment tout le début du film, et certaines répliques s'éclairent d'un tout autre sens.

Les acteurs sont magnifiques : Vincent Gallo est magnétique, son frère Alden Ehrenreich a le visage classique d'un acteur du noir et blanc, les personnages secondaires sont tous très bons, il faut dire que Coppola n'a pas lésiné sur la qualité (Carmen Maura et Klaus Maria Brandauer entre autres !). La thématique de la famille d'artiste renvoie évidemment à Coppola lui-même : son père était musicien, sa fille est cinéaste. Le film évoque aussi en écho l'oeuvre passée du cinéaste : on pense évidemment au Parrain (la scène des obsèques), et au noir et blanc de Rusty James.

Le point faible à mes yeux est la partie représentation théâtrale, totalement improbable, et son extension, le festival Patagonia chez la critique Alone, elle-même peu crédible. A part ces points et quelques longueurs, l'ensemble est excellent, la mise en scène racée et Tetro est un des tout meilleurs films de l'année.

 

3e

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