Syngué sabour - pierre de patience
Syngué sabour est un bon film, le tout est de savoir à quel point.
D'abord, je craignais qu'Atiq Rahimi, écrivain adaptant son propre roman Prix Goncourt 2008, soit réalisateur comme moi je suis blogueur. Mais non, il est vraiment doué, et le film propose une mise en scène soignée, bien qu'un peu trop sage.
Ensuite j'attendais beaucoup de l'actrice Golshifteh Farahani, qui crevait l'écran dans le très bon film de Farhadi, A propos d'Elly, et là, je dois le dire, le film est un enchantement. Il repose entièrement sur elle, et elle arrive à être sublime tout du long, en tant qu'actrice bien sûr, mais aussi en tant que tableau vivant. Belle comme une Madonne.
Rappelons brièvement le propos : une femme parle à son mari qui est totalement paralysé avec une balle dans la nuque, sur fond de guerre, en Afghanistan. Progressivement elle arrive à lui dire de bien lourds secrets, notamment d'ordre sexuel. Quelques micros évènements viennent interrompre le monologue (ou plutôt le dialogue avec le silence comme aime à le dire Rahimi). Des allers-retours entre le domicile de l'héroïne, austère et dévasté, et celui de sa tante, chaleureux et sensuel, rythment le récit.
C'est superbement photographié, relativement bien monté, franchement prenant à certains moments, notamment dans quelques flash-backs bien amenés. Mais c'est aussi un peu (beaucoup) prévisible et parfois maladroit, surtout vers la fin. A certains moments le film présente des longueurs.
Syngué sabour amène à considérer la place de la femme dans l'islam sous un angle une fois de plus extrêmement préoccupant, quelques jours après Wadjda.
Bon, comme j'ai décidé d'être gentil en 2013, je pousse la troisième étoile au forceps, pour les beaux yeux de Golshifteh, et donc en totale contradiction avec l'exigence cinéphilique qui me caractérise habituellement.
Commenter cet article