Spring breakers
Spring breakers est un film pop, vous l'entendrez dire sur tous les tons.
Qu'est-ce qu'un film pop ? Un film qui manie les couleurs acidulées dans les décors et les bikinis, qui triture la bande-son comme César le métal, qui bouge toujours sa caméra, qui multiplie les effets d'images (grain, netteté) comme dans un clip, qui cherche le rythme dans le montage, qui ose une scène dans laquelle on danse sur du Britney Spears en faisant une farandole en cagoule rose et mitraillettes, un film qui se moque du réalisme.
Est-ce qu'un film pop est un film ? Ou bien est-ce un long clip ? On peut raisonnablement se poser la question tellement le film d'Harmony Korine est finalement vide de sens, ne fondant sa légitimité que sur la répétition et le bégaiement (les tics sonores récurrents, les montages alternés systématiques, les situations se reproduisant). De cette narration redondante découle qu'on ne s'intéresse finalement que très peu au parcours des personnages, réduits à de simples silhouettes singeant des attitudes archétypales. Il y a dans le cinéma de Korine quelque chose qui rappelle celui de Sofia Coppola : la forme prend tellement le pas sur le fond que l'auto-complaisance menace constamment l'équilibre de l'entreprise.
De quoi traite au fond le film ? De ce qu'on veut bien y voir : décadence du rêve américain, difficulté de passage à l'âge adulte, documentaire sur les spring breaks... Comme toute bonne coquille creuse, on pourra la remplir de ce qu'on voudra.
Friandise artificielle bizarrement privée de sensualité alors que les personnages n'y sont jamais habillés (où est le sexe ?), Spring breakers laisse dans la bouche l'amertume d'une barbe à papa trop sucrée.
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Flora 01/09/2015 08:38
Chris 03/09/2015 22:34
Jules 16/03/2013 14:53
heavenlycreature 10/03/2013 20:27
Chris 10/03/2013 21:48
ffred 09/03/2013 20:52
robin 07/03/2013 10:49