Querelles
Un couple discute dans une voiture du drame qui vient de se dérouler dans la nuit
: la soeur et le beau-frère de la femme se sont tués dans un accident de voiture. Ils se rendent à Téhéran où ont été transportés les corps.
Sur la banquette arrière, le jeune fils du couple décédé regarde le paysage.
Particularité de la situation : les deux protagonistes principaux sont sourds-muets et conversent grâce à la langue des signes, que l'enfant ne comprend (a priori) pas.
Comment lui annoncer la terrible nouvelle ? Faut-il l'adopter ? Y'a t'il d'autres membres de la famille qui pourraient le faire ?
Ce pitch étonnant et improbable fonctionne à merveille. La distance entre les dialogues sous-titrés (forcément !) et le visage impassible de l'enfant permet d'exprimer toute une gamme de sentiments délicats, dans une succession de paysages particulièrement émouvants.
Le cinéma iranien est pour le moins contrôlé et limité dans ses moyens. Comme souvent, on dirait que ces contraintes poussent le réalisateur Morteza Farshbaf a trouver des artifices de mise en scène particulièrement ingénieux et adaptés à la situation : variation extrême de focales, jeux admirables avec la lumière et même l'obscurité, composition de plans recherchée (le rétroviseur), bande-son exceptionnelle.
Je ne peux pas en dire plus, sous peine de déflorer le plaisir du spectateur, mais ce portrait plutôt amer que doux est par moment absolument brillant. Le réalisateur ayant souvent accompagné Kiarostami sur ses films, on sent la patte du maître, mais il y a dans ce film des idées originales très prometteuses. A suivre donc.
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