Morse
Morse est sans aucun doute le chef d'oeuvre méconnu de 2009. Quelques rares cinéphiles avertis avaient repéré le film, mais j'avais pour ma part raté le passage en salle.
La sortie en DVD du film permet aujourd'hui une séance de rattrapage, avec choc esthétique et émotionnel garantis.
Choc esthétique parce que le film est d'une grande beauté formelle. La banlieue de Stockholm est filmée par Tomas Alfredson comme la Pologne par Kieslowski dans son Décalogue. La mise en scène est précise, calculée, sereine, jouant superbement des focales et des reflets. La photographie est magnifique, certaines couleurs semblant filmées comme jamais elles ne l'ont été (le filet vert dans le gymnase). Techniquement tout est parfaitement maîtrisé, tout fait sens, c'est absolument frappant en regardant le film une deuxième fois. Jusqu'à la bande-son qui alterne avec brio les plages silencieuses et des nappes de musique envoûtante.
Choc émotionnel ensuite. Le film hante durablement l'esprit du spectateur. Le début installe une sorte d'étrangeté distante, qui semble bien innocente au commencement, puis qui s'opacifie, se densifie progressivement. Les sentiments d'Eli et d'Oscar deviennent obsédants, ils sont à la fois humains, animaux et divins. Sans scènes gore (ou presque) le film réussit à faire un planer un malaise constant et délicieux dans sa deuxième partie, qui nous fait redouter (et espérer) le plan suivant avec de plus en plus d'intensité. Le jeu de l'ensemble des acteurs est pour beaucoup dans cette réussite.
Morse est un grand poème à la fois sombre et lumineux.
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