La danza de la realitad
N'étant pas du tout un fan de Jorodowsky cinéaste, j'ai été voir ce film vierge de tout a priori.
Sans l'aura vaguement culte du réalisateur, qui nimbe la plupart des critiques parues dans la presse, je pense que le film apparaît pour ce qu'il est : une sorte de variante à la sauce réalisme magique de l'atmosphère fellinienne.
Ainsi nous avons au programme : un père violent, des femmes aux gros seins, un cirque, une mère qui ne s'exprime qu'en chantant, des infirmes au corps difforme, des scènes absurdes ou poétiques ou burlesques (ou qui tentent sans succès d'être les trois à la fois).
Malgré quelques éclairs de beauté (sur le volume d'idées projetées à l'écran, toutes ne peuvent être mauvaises), le film laisse une désagréable impression de déjà vu suranné.
Si la première partie est encore acceptable, la seconde est absolument mauvaise, sorte de farce surréaliste autour d'un dictateur d'opérette. De Fellini on passe à Jeunet, et ce n'est pas un compliment.
Le film, tour à tour déjanté, puis plus réaliste et finalement bricolé (on pense aussi à Gondry, et même au monsieur Merde de Carax), ne parvient jamais à trouver le ton juste. Le propos s'égare entre mille thématiques : dictature, argent, Dieu (père stalinien qui devient hyper-croyant), judaicité, handicap, pauvreté. Il manque au film des effets spécaiux crédibles, ou de la magie, ou un certain vertige métaphysique.
A 87 ans, Jorodowky a trop visiblement voulu réaliser un film testament.
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