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Christoblog

Articles avec #chili

Les colons

Ce premier long-métrage du réalisateur chilien Felipe Galvez Haberle est remarquable à plus d'un titre.

Son thème est passionnant et assez peu montré au cinéma : Les colons montrent commet les autochtones du sud chilien ont été massacrés au début du XXième siècle, par la volonté de riches propriétaires terriens voulant accroître leurs propriétés.

Sa forme, d'une beauté sidérante, est ensuite remarquable. La mise en scène est âpre et sans fioriture, et la photographie met en valeur de somptueux et immenses paysages (j'ai pensé à ceux de films comme Jauja ou Godland).

Sa structure enfin est extrêmement efficace. Le film est composé de plusieurs parties, dont la dernière nous projette habilement plusieurs décennies après l'action de la première, dans une scène extrêmement forte.

Je conseille donc vivement ce premier film d'une force redoutable, pour peu que vous supportiez l'exposition d'une violence frontalement exposée, qui donne une idée particulièrement réaliste de la dureté de la vie à cette époque et dans cette région.

 

3e

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Je tremble, ô matador

Je tremble, ô matador représente pour moi ce que le cinéma peut produire de meilleur : une histoire intéressante et émouvante, servie par des acteurs au top et une mise en scène intelligente.

Tout est bon dans le film du chilien Rodrigo Sepulveda. L'histoire est captivante : un travesti sur le déclin, la candidature Pinochet, un révolutionnaire idéaliste beau comme un Dieu. Les ingrédients sont explosifs, les péripéties du film surprenantes.

La mise en scène est formidable, et notamment la photographie, que j'ai trouvé somptueuse. Le film est d'une beauté plastique confondante, avec en plus une sensation de plongée dans les années 80 d'un réalisme absolu.

Enfin, last not but not least, la prestation de l'acteur Alfredo Castro, dont on ne dira jamais assez qu'il est l'un des meilleurs acteurs vivants au niveau mondial, est au-delà de tous les qualificatifs : émouvant sans être larmoyant, profond sans être lourd.

Une réussite sur tous les plans, un grand moment de cinéma.

 

4e

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Mariana (Los perros)

On avait repéré Marcela Said avec son précédent film L'été des poissons volants.  La voici de retour avec une oeuvre élégante et froide. 

Mariana, la quarantaine bourgeoise, cherche à s'émanciper de son père et de son mari. Elle se rapproche de son professeur d'équitation au passé trouble. A partir de ce synopsis minimal (mais qui résume assez bien la totalité du film), la réalisatrice tisse un écheveau de situations assez convenues, mais qu'elle tente de rendre décalées et mystérieuses : il faut par exemple un certain temps pour comprendre quel est le sujet du film.

Le résultat est assez réussi, et si le film n'est pas vraiment palpitant, il intéresse par sa maîtrise technique assez remarquable et par un goût extrêmement sûr. Les thématiques abordées (frustration sexuelle, condition de la femme au Chili, digestion des années de dictature) ne sont qu'effleurées, et c'est un peu dommage.

Le véritable intérêt du film tient finalement dans son personnage principal, joué avec brio par Antonia Zegers, tour à tour gaie, belle, énervante, triste, délurée, réfléchie, vulgaire et dépressive.

On a hâte de voir ce que peut faire Marcela Said à partir d'un scénario plus riche.

 

2e

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Rara

Sara et Cata vivent avec leur mère divorcée, et la compagne de cette dernière.

Dans le Chili actuel, il n'est pas forcément évident d'avoir deux mamans, et le quotidien de la petite Sara va progressivement basculer au gré des évènements, alors que le papa tente de récupérer hors champ (on ne verra jamais le juge) la garde des deux fillettes. 

La réalisatrice Pepa San Martin choisit, d'une façon devenue assez classique, de conter son histoire à travers les yeux de Sara : c'est à la fois le charme et les limites du film. L'approche pré-adolescente est pleine d'un charme non dénué d'ambiguité (l'attitude de Sara avantage indirectement et contre son gré le projet de son père), mais on regrette parfois de ne pas avoir plus de visibilité sur la façon dont l'homosexualité est perçue au Chili.

Rara est un film d'une touchante délicatesse, réalisé avec beaucoup de douceur et bien interprété, notamment par la très convaincante Mariana Loyola.

 

2e

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Neruda

Projet d'une ambition folle, mêlant un propos politique d'une précision extrême (déroutant pour le néophyte) et une maestria en terme de réalisation qui laisse pantois, Neruda pourra abandonner sur le bord de la route plus d'un spectateur. 

Il faut en effet s'accrocher pour ne pas se perdre dans le découpage tarabiscoté du film, qu'on l'envisage dans sa totalité (le film n'est qu'une immense rêverie lacunaire qui met en scène une création de Neruda) ou à l'intérieur de chaque séquence (la même conversation peut être poursuivies par les personnages dans des lieux différents).

Le résultat est une marqueterie délicate et éthérée, aux aspects tantôt fantomatiques (les flous, les surexpositions), tantôt rutilants (les travelings circulaires, les couleurs chaudes, les décors dans la maison).

C'est presque miraculeux que de ce fatras grouillant et brillant ressorte une image nette de Neruda, assez iconoclaste : cynique, dur avec les femmes, distant.

La toute fin du film, avec son onirisme plutôt "bon marché", gâche un peu à mon sens l'esthétique spectaculairement réussie que le film affichait jusque là.

Pablo Larrain sur Christoblog : No - 2012 (***) / El club - 2015 (****) 

 

3e

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El club

Pablo Larraín s'affirme de film en film comme un immense réalisateur.

Avec ce petit bijou, tourné en vitesse entre deux projets plus importants, il nous scotche littéralement à notre siège.

Le début du film est sidérant : quatre prêtres catholiques sont retirés dans une maison en bord de mer, gardés par une soeur.

Qu'ont-ils fait ? Sont-ils prisonniers, malades ou en retraite ? On est littéralement happé par les tronches des acteurs et la mise en place de l'histoire. La mise en scène est magistrale, la photographie somptueuse, avec ses nuances de surexposition blanchâtre et son aspect éteint. On sent en quelques plans à quel point Pablo Larraín est doué pour installer une ambiance et raconter une histoire, en réussissant une parfaite osmose entre le jeu de ses acteurs (remarquables), les images pleines de force, la musique suggestive (classique dépouillé ou jazz aérien) et la profondeur des sentiments en jeu.

Après un début captivant mené sur un rythme d'enfer, l'arrivée d'un nouveau père dans la petite communauté va changer la tonalité du film, qui devient alors plus instrospectif, puis plus baroque. La fin est totalement inattendue. 

Cette oeuvre dépouillée va chercher haut dans les cintres de la foi des turpitudes qui pourront choquer les spectateurs : il ne faut probablement en conseiller la vision qu'aux aventuriers cinéphiles amateurs de sensations fortes. Pour ceux-ci, la jouissance esthétique sera extrême.

Pablo Larraín sur Christoblog : No 

Le Chili sur Christoblog : Tuer un hommeNo / Les vieux chats / Magic magic (le film est américain mais tourné au Chili par un chilien) / Violeta / Gloria / La danza de la realidad

 

 4e  

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Tuer un homme

Un homme menacé par de petits délinquants, honnête et tranquille, en vient à tuer calmement son principal harceleur, tant sa crédibilité familiale se délite peu à peu.

Sur cette trame très convenue pour un film d'auteur typé festival, le chilien Alejandro Fernandez Almendras, dont c'est le troisième film, parvient à produire une oeuvre assez sensible et plutôt réussie.

Le passage traditionnel "il n'est pas si facile de faire passer un être humain de vie à trépas" est par exemple assez frappant, tout en retenue et finalement assez flippant. La description d'un quotidien morne et triste, l'utilisation habile des différents lieux, souvent filmés de nuit (la fôrêt, le bus, la côte, la banlieue, la ville), ancrent solidement le film dans la réalité chilienne, et augmentent son intérêt. 

Si Tuer un homme n'évite pas tout à fait les poncifs de son genre (un mutisme forcené, une utilisation un peu trop fréquente des plans fixes, un rythme parfois lymphatique), il capte tout de même l'intérêt par l'attention qu'il porte aux détails et à la psychologie de son personnage principal. 

A noter que le film, qui est tiré d'un fait divers réel, a remporté des prix dans de nombreux festivals, à Sundance, à Rotterdam, et au festival du film policier de Beaune.

Le Chili sur Christoblog : No / Les vieux chats / Magic magic (le film est américain mais tourné au Chili par un chilien) / Violeta / Gloria / La danza de la realidad

 

2e

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Gloria

Le problème d'un film comme Gloria, c'est qu'il repose presque exclusivement sur la performance de son actrice principale.

La caméra de Sebastian Lelio semble littéralement aimantée par le visage et le corps de Paulina Garcia, à tel point que cela en devient parfois gênant. J'ai eu en effet plusieurs fois envie de voir en contrechamp les expressions sur les visages des interlocuteurs de Gloria, ou de découvrir son environnement par un cadre plus large.

Si la mise en scène est entièrement conditionnée par la personnalité du personnage de Gloria, le scénario ne se préoccupe pas non plus de développer trop de péripéties inutiles : le film s'affiche clairement comme le portrait d'une sexagénaire divorcée extrêmement seule, qui sent la vie lui échapper progressivement, et qui manifeste une furieuse envie de profiter de la vie (sexe, saut à l'élastique, expériences en tout genre, drogues, romantisme, amitiés).

Si l'on accepte ses limitations intrinsèques, Gloria s'avère être plutôt réussi, malgré plusieurs baisses de rythmes. Le film tient debout par la grâce de son actrice principale, qui joue si bien qu'on jurerait qu'elle ne joue pas, magnétique, fascinante. Un Ours d'argent d'interprétation féminine à Berlin amplement mérité. Sa prestation est d'autant plus marquante que les hommes du film sont pitoyables : lâches, indécis, égoïstes, faibles, maladroits, tristes.

Au générique, on remarquera que le film est produit, entre autres, par le réalisateur Pablo Larrain (No) : une preuve que le cinéma chilien contemporain, en pleine effervescence, est aussi une affaire de bande.

Le Chili sur Christoblog : No / Les vieux chats / Magic magic (le film est américain mais tourné au Chili par un chilien) / Violeta

 

2e

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La danza de la realitad

http://fr.web.img1.acsta.net/r_640_600/b_1_d6d6d6/pictures/210/095/21009576_20130530165909944.jpgN'étant pas du tout un fan de Jorodowsky cinéaste, j'ai été voir ce film vierge de tout a priori.

Sans l'aura vaguement culte du réalisateur, qui nimbe la plupart des critiques parues dans la presse, je pense que le film apparaît pour ce qu'il est : une sorte de variante à la sauce réalisme magique de l'atmosphère fellinienne.

Ainsi nous avons au programme : un père violent, des femmes aux gros seins, un cirque, une mère qui ne s'exprime qu'en chantant, des infirmes au corps difforme, des scènes absurdes ou poétiques ou burlesques (ou qui tentent sans succès d'être les trois à la fois).

Malgré quelques éclairs de beauté (sur le volume d'idées projetées à l'écran, toutes ne peuvent être mauvaises), le film laisse une désagréable impression de déjà vu suranné.

Si la première partie est encore acceptable, la seconde est absolument mauvaise, sorte de farce surréaliste autour d'un dictateur d'opérette. De Fellini on passe à Jeunet, et ce n'est pas un compliment.

Le film, tour à tour déjanté, puis plus réaliste et finalement bricolé (on pense aussi à Gondry, et même au monsieur Merde de Carax), ne parvient jamais à trouver le ton juste. Le propos s'égare entre mille thématiques : dictature, argent, Dieu (père stalinien qui devient hyper-croyant), judaicité, handicap, pauvreté. Il manque au film des effets spécaiux crédibles, ou de la magie, ou un certain vertige métaphysique.

A 87 ans, Jorodowky a trop visiblement voulu réaliser un film testament.

 

1e

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No

No est un film à l'esthétique très surprenante (format carré, image un peu sale façon Super 8). Une fois passé le moment de surprise que cause ce parti-pris osé, on entre pleinement dans le film, et au fil de son déroulement il faut reconnaître que l'aspect particulier de No contribue en partie à son charme.

Ceci étant dit, un aspect visuel "normal" assurerait sans nul doute une bien plus grande diffusion au film.

Le sujet de No est à la fois original et captivant : comment un jeune publicitaire innovant arrive à faire gagner le Non lors du référendum organisé par Pinochet sous la pression internationale, en 1988.

C'est vif, alerte, et, en matière de pub, passionant comme les meilleurs cas exposés dans Mad Men. Le film est littéralement porté par un Gael Garcia Bernal magnétique, par ailleurs coproducteur du film. On est tout du long pris par le suspense de la campagne (encore plus quand, comme moi, on ignore les circonstances de cet épisode historique). L'affrontement des deux camps par spots télévisés interposés est palpitant.

Le film suprend aussi agréablement par l'aspect réaliste de ces reconstitutions, en particulier de manifestation, et par la qualité d'interprétation de tous les seconds rôles.

Un beau moment de cinéma, un cinéaste (Pablo Larrain) à découvrir.

 

3e

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Violeta

http://fr.web.img3.acsta.net/r_640_600/b_1_d6d6d6/medias/nmedia/18/93/97/68/20292234.jpgHonte à moi, je ne connaissais pas Violeta Parra, célèbre artiste et chateuse chilienne.

Aussi, ai-je eu probablement encore plus de plaisir à découvrir le biopic que lui a consacré fin 2012 le réalisateur chilien Andrés Wood.

D'abord un peu déstabilisant par sa chronologie éclatée et sa suite d'images sans rapport entre elles, Violeta devient au fil de la projection de plus en plus passionnant. On suit avec délectation et intérêt l'enfance terrible de la passionaria, puis ses premiers succès, la perte d'un de ses enfants (des scènes d'une beauté sidérante), et enfin le film s'attarde avec raison sur son amour avec le musicologue suisse Gilbert Favre. Recentrant de plus en plus son propos, il se conclut dans un presque huis clos, tourné dans le chapiteau que Violetta Parra fit construire à la fin de sa vie au pied de la Cordillère des Andes.

Si le film est brillant, c'est avant tout grâce à la prestation époustouflante de l'actrice Francisca Gavilan, littéralement habitée par son rôle, et qui donne à voir un des plus beaux portraits de femme vus ces dernières années au cinéma. La mise en scène est aussi très solide, bien que parfois un poil démonstrative.

Une réussite à tout point de vue qui cumule intérêt quasi-documentaire et plaisir esthétique.

 

4e

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Les vieux chats

http://images.allocine.fr/r_640_600/b_1_d6d6d6/medias/nmedia/18/84/81/71/19759656.jpgUne vieille dame perd sa lucidité. Elle est dans cette phase (début d'Alzheimer ?) durant laquelle les périodes de lucidité, majoritaires, alternent avec les absences, de telle façon qu'elle est parfaitement consciente d'avoir des absences. 

Sa fille, lesbienne, vient la voir en fin d'après-midi en vue de lui faire signer un contrat qui lui permettrait de s'installer dans l'appartement de sa mère, cette dernière étant relogée ailleurs.

Le compagnon de la vieille dame (qui n'est pas le père de la fille), tente de l'en dissuader. La copine de la fille lesbienne, très mâle (elle se fait appeler Hugo) débarque dans l'après-midi.

Ce film chilien présenté à Cannes l'année dernière dans la sélection ACID est un exercice de style intéressant, qui aurait idéalement fait l'objet d'un excellent moyen-métrage. Sur le format du long, il ménage quelques scènes un peu longuettes, mais est heureusement sauvé en grande partie par la prestation époustouflante de l'actrice principale, nonagénaire. La mise en scène de Sebastian Silva est maîtrisée, et même très talentueuse quand il s'agit d'évoquer les moments d'absence (le lavabo qui déborde...).

Un film intéressant pour ceux qui suivent le cinéma d'Amérique Latine, un peu ennuyeux pour les autres, peut-être.

 

2e

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