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Christoblog

Irréversible

Mars DistributionBon, je viens de voir le film et je n'ai pas trop envie d'en parler, mais d'un autre côté, plus vite je le ferai et plus vite je pourrai passer à autre chose.

Vous remarquerez que j'ai mis à la fois 3* (mais j'aurais pu en mettre 4 ou 18, ça ne change pas beaucoup l'esprit de ce que je veux dire) et "Je n'aime pas".

Expliquons d'abord les 3* (ou 4, ou 18) : vous en prenez PLEIN LA GUEULE.

Vous avez beau être prévenu (je l'étais), vous êtes préparé à la scène du viol (pas la pire à mon sens), à celle de l'extincteur (ah oui, celle-là a du faire sortir des centaines de spectateurs des salles au bout de 10 minutes de film), bref vous avez beau être conditionné, le début du film est extrêmement pénible, et réussir à la regarder sans baisser les yeux une seule fois constitue à lui seul un défi, un exploit. C'est tellement chiant que ça en devient grandiose, si on peut dire. Ce qui m'a le plus emmerdé pour ma part, ce sont les rotations perpétuelles de la caméra autour de son axe, vraiment saoulantes, et le son, sorte de magma informe qui empêche d'entendre les dialogues. Cette partie, en soi, est déjà un objet cinéphilique intéressant, bien qu'objet de torture pour le spectateur lambda.

Si vous arrivez à passer le début, la suite est belle (oui, simplement belle) et la structure du film, du pire au meilleur, est excitante, réussie. La caméra dessaoule progressivement, les performances d'acteurs sont étonnantes, l'intrigue qui se noue - ou se dénoue, car le temps file à l'envers, hum je ne suis pas super clair, là - et qui éclaire le début du film, est intéressante. La fin du film est donc bien du cinéma, et pas de l'art vidéo conceptuel comme le début pourrait le laisser croire.

Que le film ait été en sélection officielle à Cannes est tout à l'honneur du festival, il fallait oser. Donc je résume : c'est immonde à regarder, c'est brillant, c'est recherché, on ne peut pas (si on est cinéphile) dire que le film ne marque pas (surtout en 2002 !) un moment essentiel du cinéma.

Alors pourquoi je n'aime pas ce film ?

Non pas pour sa violence (sa barbarie diront certains) mais pour sa surenchère d'effets. Imaginez le même film, avec moins de rouge, moins de "Tu connais Tenia" répétés 150 fois, moins de tics sonores, moins de rotations de caméra, moins de bites reconstituées en 3D (c'est dans les bonus du DVD) : alors pour le coup, vous tenez peut-être un chef-d'oeuvre.

En relisant un vieux billet sur 4 mois, 3 semaines, 2 jours , je tombe sur une phrase que j'ai écrite il y a presque 3 ans et que j'avais oubliée : "Le film réussit ce qui en cinéma est une sorte de Graal : montrer l'indicible avec la plus grande économie de moyen."

Voilà, rien à ajouter.

 

3e

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F
Sans doute une des expériences cinématographiques les plus intenses de ma vie, sensorielle et visuelle, comme rarement vue au cinéma. Déjà Seul contre tous m'avait secoué mais là ! Sans doute aussi une des plus belles histoires d'amour jamais montrée à l'écran. Je ne l'ai vu qu'une fois en salle le jour de sa sortie et avec le souvenir (physique et mental) que j'en ai , j'ai peur de le revoir en DVD (et pourtant je l'ai), peur de gâcher ce souvenir, gâcher cette expérience qui sera forcement moins forte devant ma télé. Je pense aller voir Enter the void ce week end, mais j'en attends tellement que j'ai peur d'être déçu. On verra. On en reparle.
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C
Il est vrai que ce film est un électrochoc d'une rare intensité.<br /> Je comprends le dégout vis à vis de celui-ci, et il ne laissera personne indifférent: on adhère ou non, on ne peut pas dire que le film n'ose pas l'innovation.<br /> Viens lire ma critique sur mon blog: www.cinemarium.fr et partages ton avis.
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C
Ben oui, je vais y aller, parce que comme tu le dis, Irréversible est une telle expérience de cinéma que je ne peux qu'être curieux de voir ce que ce fou peut faire. <br /> Ce qui m'inquiète, c'est la longueur d'Enter the void (plus de 2h30 je crois) alors que Irréversible arrive à trouver une sorte de concision (1h40 de mémoire).
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H
Irréversible m'avait complètement scotché à l'époque (expérience intense au cinéma), j'avais d'ailleurs acheté la BO (très sympa en soirée ;-) ) de Thomas Bangalter (Daft Punk)... Bref, j'ai mis beaucoup de temps à le revoir, avec le temps, je me disais que finalement c'étai juste un film avec des scenes chocs mais tous ses détracteurs avaient fini par me faire douter... sauf que quand je l'ai revu (je voulais que Pierre le voit), je suis encore une fois tomber en plein dedans. En racontant son film à l'envers, Noé réussi à donner une force romantique énorme à des scènes de quotidien qui auraient pû être perçues complètement différemment... Bref, j'aime ce film et j'ai terriblement envie de découvrir "Enter the Void"... et toi Chris? Tu iras le voir au ciné ou pas du coup?
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F
Plutôt d'accord avec toi. Il est toujours intéressant de se confronter à ce genre "d'expérience cinématographique" radicale, de prendre la mesure d'une telle foi (celle de G. Noé) en son sujet et en son propre cinéma. Etrangement, j'ai moins de souvenirs de la partie "éreintante" du film, assez illisible au demeurant (sauf la scène de viol, dont la longueur m'apparaît quand même bien gratuite) que de la fin du film, gorgée de scènes vraiment magnifiques : Bellucci et Cassel dans leur chambre, Bellucci dans le parc...<br /> <br /> Je ne pense pas, comme certains, que Noé soit seulement un petit malin qui veut faire parler de lui : il y a de la sincérité dans ce film-là (peut-être un peu trop d'ailleurs). J'espère pouvoir voir son dernier, "Enter the void".
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