La lune de Jupiter
Il faut probablement un goût pour le mauvais goût pour apprécier pleinement ce second film de Kornel Mundruczo.
Je ne le conseillerai donc pas aux esthètes sensibles, aux amateurs de cohérence stylistique et aux spectateurs qui recherchent subtilité et délicatesse.
La lune de Jupiter est en effet un foutoir tape à l'oeil qui commence comme un film roumain social à la Mungiu (caméra à l'épaule, plan séquence virtuose, vérisme à tout crin), pour continuer comme une fable Tarkovskienne , avant de se terminer en mode film d'action américain.
Entre temps, Mundruczo nous aura ravi par son sens de la mise en scène instinctif et décapant, nous offrant des séquences d'une richesse visuelle insensée, comme celle de l'appartement qui tourne sur lui-même ou comme la poursuite en voiture, un exercice pourtant convenu, qui ici semble radicalement renouvelé.
Il est à mon avis complètement vain de trouver une morale générale à ce film, et c'est probablement ce qui dérange le grand nombre de critiques qui ont descendu le film, et qui aiment à classer les oeuvres dans une case : film mystique, parabole sur les migrants, dénonciation des travers de nos sociétés non-croyantes ? Le film n'est évidemment rien de tout cela : peut-être au final n'est il que la description attentive d'une situation inattendue, ou le simple portrait d'un ange sans Dieu.
J'ai été captivé.
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