Carol
Qu'un film d'amour mette en scène un couple homosexuel ou un couple hétérosexuel, on a besoin de croire à l'attraction mutuelle des deux protagonistes.
De ce point de vue, je n'ai pas du tout cru en l'histoire de Carol et Therese. Le film ne m'a autorisé aucune empathie : il m'a fait le même effet qu'un congélateur fera à une bûche glacée.
Cate Blanchett est un personnage mal dessiné, prédatrice sexuelle se transformant laborieusement en amoureuse transie. Son physique est froid, son désespoir poli, ses pulsions raisonnées. Rooney Mara affiche un joli minois sans aspérité, qui n'exprime qu'une vague et terne personnalité.
J'ai traversé ce film comme on regarde l'oeil hagard une belle reconstitution de train de luxe dans un musée du Limousin : l'objet est beau, sans enjeu sociologique ou dramaturgique, juste le témoin désuet et inutile d'un temps passé. Dans Carol, à l'image du personnage joué par Kyle Chandler, cette potiche de mari, tous les êtres vivants semblent secondaires et comme passés par un bain de naphtaline. C'est certes très bien filmé, mais le scénario du film ne permettait en réalité d'envisager qu'un modeste court-métrage.
Sorte de bel objet qu'on laissera traîner avec ostentation sur sa table basse mentale, le film de Todd Haynes semble obstinément se refuser à fournir la moindre émotion.
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