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Christoblog

Carol

Qu'un film d'amour mette en scène un couple homosexuel ou un couple hétérosexuel, on a besoin de croire à l'attraction mutuelle des deux protagonistes.

De ce point de vue, je n'ai pas du tout cru en l'histoire de Carol et Therese. Le film ne m'a autorisé aucune empathie : il m'a fait le même effet qu'un congélateur fera à une bûche glacée. 

Cate Blanchett est un personnage mal dessiné, prédatrice sexuelle se transformant laborieusement en amoureuse transie. Son physique est froid, son désespoir poli, ses pulsions raisonnées. Rooney Mara affiche un joli minois sans aspérité, qui n'exprime qu'une vague et terne personnalité.

J'ai traversé ce film comme on regarde l'oeil hagard une belle reconstitution de train de luxe dans un musée du Limousin : l'objet est beau, sans enjeu sociologique ou dramaturgique, juste le témoin désuet et inutile d'un temps passé. Dans Carol, à l'image du personnage joué par Kyle Chandler, cette potiche de mari, tous les êtres vivants semblent secondaires et comme passés par un bain de naphtaline. C'est certes très bien filmé, mais le scénario du film ne permettait en réalité d'envisager qu'un modeste court-métrage.

Sorte de bel objet qu'on laissera traîner avec ostentation sur sa table basse mentale, le film de Todd Haynes semble obstinément se refuser à fournir la moindre émotion.

 

2e

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M
Je n'ai pas non plus tellement adhéré à ce film... il m'a un peu ennuyé.... je m'attendais à mieux...<br /> J'ai du mal à le comparer à "La vie d'Adèle" que j'ai adoré et qui m'a fait ressentir bien plus d'émotions en tous genres...<br /> Carol est un peu "creux" à mon goût... insipide... <br /> A choisir, j'ai préféré Thérèse à Carol.....Thérèse n'est pas lesbienne au départ, elle est intriguée par Carol qui l'attire....j'ai aimé son côté innocent qui rapidement prend de l'assurance et assume cette facette d'elle-même...Quant au personnage de Carol, un peu trop froid, elle est un peu trop sure d'elle... finalement agaçante....<br /> Bref, trop peu d'émotions à mon avis... je n'ai pas vibré....
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J
J'ai enfin vu le film, et l'ai trouvé également froid et nettement en deçà de "Loin du paradis". On a du mal à croire aux personnages principaux et à ce qu'ils font. Enfin, du point de vue de la mise en scène, j'ai du mal à supporter cet excès de gros plans. Je vais peut-être essayer de lire le roman de Highsmith, pour comparer...
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P
Pas du tout d'accord avec votre analyse qui elle, me laisse comme toujours de marbre (mais il y a une cohérence en cela car je deteste 90% de vos "j'aime" sur votre blog et inversement j'adore 90% de vos "j"aime pas", car nous avons une approche diametralement opposée du cinema): Je persiste, CAROL est un chef d'oeuvre. Todd Haynes sublime le mélodrame hollywoodien des années 50 avec cette histoire d'amour entre Carol et Therese. Il bouleverse les sens, fait affleurer la naissance d'une passion amoureuse à chaque image, chaque regard, chaque frolement de mains... Tout est grâce. Voilà comment on dépeint l'amour, celui qui enflamme nos coeurs, nous fait perdre la raison. Rooney Mara merveilleuse incarnation d'une Audrey Hepburn ressucitée du Hollywood glorieux, illumine par sa jeunesse, sa fraîcheur et nous bouleverse par sa transformation de chrysalide en papillon. Cate Blanchett, semble irradier l'ecran d'une lumiere divine, d'une aura élegiaque comme l'apparition d'une déesse antique. La mise en scene de Todd Haynes est discrete, merveilleusement construite et magnifie les deux actrices. Oui Carol et Thérèse sont inseparables et inoubliables. Carol est d'ores et déjà , a mon humble avis, un classique du melodrame amoureux comme l'est In the Mood for Love. Carol est l'antithèse de La vie d'Adèle (Carol eut amplement pu ambitionner cette recompense). La grace contre la lourdeur, le suggeré contre le tout montré, la subtilité et la sensibilité contre le demonstratif theorisé et didactique: A coté de Carol, La vie d'Adèle est une bluette insipide mise en scene par Kéchiche, notre"Ken Loach empesé de l'Education sentimentale et amoureuse". Vous parlez d'absence d'enjeu sociologique... mais qu'est ce qu'on s'en balance! C'etait justement l'un des tres nombreux travers du pensum de Kechiche, l'enjeu sociologique, extremement caricatural et manichéen.e dois avouer que j'ai vraiment du mal avec le cinéma de Kéchiche depuis ses debuts avec l'Esquive! son grand mérite est de réveler de tres grandes actrices qu'ils sait admirablement diriger: Sarah Forestier, Adele Exarchopoulos... Je faisais le parallèle avec La Vie d'Adèle car les deux films traitent du même sujet. Et que l'un s'est vu encenser par la critique et recompenser par la palme d'or, tandis que le second se fait erreinter par certains et aurait pu justement ambitionner le Graal. De ce merveilleuc Carol, J'en garde encore des frissons tout le long du corps lors de cette scene finale, l'une des plus belles et intense que le cinéma melodramatique nous ait été donné. Oui, Todd Haynes nous fait un don: le bonheur d'une rencontre amoureuse. Je partage pleinement, par contre, l'avis de Bellin...
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C
Il n'y a pas d'amour dans Carol, il n'y a que de l'attirance, sexuelle en grande partie.
D
Bonjour Chis, je suis assez d'accord avec ta critique sur un film qui manque cruellement d'émotion. Les actrices ne sont pas très à l'aise, on a en effet du mal à croire à leur histoire d'amour. Je pense que le roman de Patricia Highsmith est mieux. Sinon, pour le film, il m'a beaucoup rappelé Loin du Paradis dans le ton, la musique, l'image mais ce n'est qu'une pâle copie. Loin du Paradis m'avait plu.
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C
Je suis d'accord avec toi sur le fait que, même si je n'avais pas aimé Loin du paradis, ce dernier m'avait paru plus abouti.
B
Dommage, Chris, vraiment dommage que tu n’aies pas su – ou pu – déceler le feu sous la glace. Et pourtant !... Tout en frémissements, en non-dits, en féminité rayonnante, tout entier dédié à l’Amour et à la liberté d’être (enfin) soi-même dans un monde corseté et conventionnel… ce film est un MÉLODRAME SUBLIME, à deux pas du Paradis. (Peut-être faut-il aimer à la folie un autre soi-même pour être capable de vibrer et frissonner...) Quant à Cate Blanchett, – "prédatrice sexuelle" !!!! – j'avoue que j'ai couru ce matin voir le film d'abord pour elle... et aussi pour contredire ton commentaire, Chris, sûr par avance d'avoir un atout dans la manche, plutôt dans le cœur ! Une évidence : nous n'avons pas vu le même film, ni les mêmes actrices, ni la même histoire, ni la même mise en scène subtile autant que sophistiquée... et je plains sincèrement le critique de marbre pour sa frigidité cinéphilique !
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B
C'est précisément ce qui nous distingue, Chris ! L'érotisme un rien débraillé d'Adèle (morve comprise) m'avait glacé et lassé, quand la retenue racée de Carol m'a aussitôt allumé ! Affaire de sensibilité sans doute. De modernité aussi. Il se peut, Christ, que tu n'aies pas d'affinité avec Todd Haynes... A mon avis, ces deux films sont exceptionnels sur deux registres radicalement opposés et aussi extrêmes l'un que l'autre.
C
Je peux t'assurer que je ne suis pas frigide cinéphiliquement : La vie d'Adèle me l'a prouvé !!