Les huit salopards
Il n'y a pas beaucoup de cinéastes dont j'ai vu tous les films, mais Tarantino fait partie de ceux-là.
Après l'euphorie de la découverte générée par Reservoir dogs et Pulp fiction, la saga tarantinesque m'avait déçu à petit feu.
C'est donc avec beaucoup d'a priori négatifs que je suis aller voir le huitième opus : méfiant, contrarié, en partie conditionné à être déçu, inquiet de m'ennuyer pendant 2 heures et 48 minutes.
Et, magie du cinéma, nouvelle preuve que les mauvais augures de la critique ne préjugeront jamais du ressenti que peut procurer un film, j'ai beaucoup aimé.
En premier lieu, la mise en place est longue et verbeuse. Certains amoureux de l'hémoglobine instantanée s'ennuieront, mais j'ai trouvé ces scènes d'exposition délicieuses, intrigantes et presque shakespeariennes. On retrouve dans la politesse à la fois obséquieuse et stupide des dialogues ce qui fait le charme du cinéma de Tarantino : les acteurs (tous excellentissimes) se délectent. Ils savourent chacune des répliques, la mâchonnant, la mimant, l'exagérant. Tarantino est avant tout un admirable directeur d'acteurs.
Côté mise en scène, on n'est pas loin de la perfection. Mouvements de caméra insensés, montage au micron, sens du cadre absolu (comme on parle d'oreille absolue). Le scénario intrigue, émoustille, surprend.
Tarantino propose un divertissement total, intelligent et maîtrisé, comme une sorte de loooong expresso allongé. Il faut certes souffrir quelques tics maisons (des bras seront coupés et des têtes explosées), et un manque d'originalité indubitable, mais la densité de matière cinématographique garantit le plaisir du cinéphile.
Quentin Tarantino sur Christoblog : Inglourious Basterds (**) / Django unchained (****)
Commenter cet article