Les trois singes
Ce dont parle le film est d'une noirceur insigne : un homme politique paye son chauffeur pour prendre sa place alors qu'il a tué un homme lors d'un accident de la route, puis couche avec sa femme, moyennant une aide financière pour son fils. Quand le mari sort de prison, les choses s'enveniment.
Dans la filmographie de Nuri Bilge Ceylan, Les trois singes occupe une place à part. C'est dans cet opus que le cinéaste turc a mené le plus loin ses expérimentations esthétiques. Tout le film est conçu comme une sorte d'objet expressionniste dans lequel les cadres sont très travaillés (alternativement très larges ou très rapprochés) et les éclairages semblent iréels. La bande-son, exceptionnelle, est entièrement retravaillée en post-synchro et constituerait un sujet d'étude en soi.
Le résultat est un film impressionnant de maîtrise (il remporta d'ailleurs le prix de la mise en scène à Cannes), absolument délectable si on s'attache à toutes ses trouvailles (le fait que seuls les visages des 4 protagonistes principaux soient filmés, la conversation dans la voiture, les effets de reflets, etc), peut-être un peu artificiel si on n'entre pas dans le projet de l'auteur.
Commenter cet article