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Christoblog

Articles avec #thomas cailley

Le règne animal

En opposition à la plupart des avis et critiques, je n'ai pas été enthousiasmé par le deuxième film de Thomas Cailley.

Si les premières scènes sont assez réussies, je trouve que Le règne animal s'égare assez vite, hésitant maladroitement entre plusieurs intentions. 

Le premier style auquel s'essaye le film est le body horror adolescent, dans lequel un jeune corps se transforme en monstre. C'est un sujet particulièrement à la mode (le film malaysien Tiger stripes, également à Cannes cette année, traite par exemple du même sujet) mais que Cailley ne maîtrise pas à mon sens. Il peine à faire ressentir le véritable malaise qui s'empare de la victime, ce que réussissait parfaitement le Teddy des frères Boukherma, dont on a parfois l'impression de voir une redite (les griffes sous les ongles, les bosses sous la peau, les poils).

Il faut dire qu'Anthony Bajon est un acteur mille fois meilleur que le transparent Paul Kircher, dont l'éternel moue boudeuse m'horripile ici autant que dans Le lycéen.

Le règne animal est aussi le portrait d'un couple père poule / enfant confronté à une catastrophe extraordinaire, comme l'est d'ailleurs le récent Acide. Mais dans les deux cas, le papa est un peu à la remorque de l'action, et comme dans le film de Just Philippot, les scènes les plus spectaculaires dans lesquelles le paternel essaye de sauver son enfant, qui devraient être des climax, sont assez mal filmées (les trucages avec l'homme oiseau sont faiblards et la course dans le champ de maïs trop longue et sans enjeu dramatique).

Dans sa valse hésitation, le film fait un peu semblant d'être une romance (Adèle Exarchopoulos erre comme un personnage en quête d'auteur) et la relation avec la mère est trop sommairement traitée pour être intéressante (on peine d'ailleurs à l'identifier).

Le ton n'est jamais vraiment établi, tour à tour poétique, voire mystique (la nature, les écailles, les plumes), humoristique, angoissant, et même sociétal (le harcèlement, l'acceptation de la différence).

Il manque au film les moyens de son ambition, trop grande pour les capacités de Thomas Cailley et son équipe : le vertige métaphysique du franchissement de la frontière entre l'homme et  l'animal n'est que le prétexte à fournir des jolies images, au lieu de constituer le coeur vibrant du film, ce qu'il devrait être.

C'est donc raté.

Thomas Cailley sur Christoblog : Les combattants - 2014 (****)

 

2e

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Les combattants

Parfois, un film rescucite brutalement mon amour du cinéma, en allumant dans mon esprit une petite flamme de plaisir absolument pur. Les combattants fait partie de cette catégorie hors norme.

Alors bien sûr le film n'est pas un chef d'oeuvre absolu, et il ne laissera pas dans l'histoire du cinéma une trace indélébile, mais je peux dire que son visionnage à la Quinzaine des Réalisateurs a probablement constitué le moment de bonheur le plus intense de ma quinzaine cannoise

Tout, ou presque, me ravit dans la première oeuvre de Thomas Cailley : les rôles à contre-pied du jeune garçon introverti et de la tomboy militariste, le sens de la punchline qui rend toute la première partie irrésistible de drôlerie, le mélange des genres particulièrement réussi. Le film est curieusement bâti, comme fondé sur une aporie, mélangeant toute sorte de comique (de répétition, de situation, de répliques pures), avec un sens du rythme finalement extrêmement rare dans le cinéma français.

Adèle Haenel y est un parangon de vitalité irrésistible, nage de combat et sardines passées au mixeur, alors que la masculinité adolescente y est croquée avec délice, Saskatchewan et canne à pêche qui bipe. 

Je suis profondément admiratif devant l'instinct comique du film, présent dès sa première scène, le cercueil du père.

La deuxième partie du film, si elle peut paraître plus convenue, est magnifiquement filmée et trouve un aboutissement étonnant de maîtrise dans des scènes particulièrement impressionnantes.

Original et jouissif.

 

4e

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