Le ruban blanc
Si Haneke n'était pas l'ami (le mentor ?) d'Isabelle Huppert, présidente du jury, est-ce que son pensum aurait décroché la Palme d'Or ?
Non, bien sûr. Un prophète et Fish tank le surpassent à l'évidence.
Allez, je ne vais pas faire durer cette critique plus qu'il ne faut : le postulat de base est intellectuellement fort discutable. Haneke laisse penser (et les journalistes avec lui, qu'il ne contredit pas) que des mauvais traitements dans l'enfance engendrent forcément des comportements de type sadique à l'âge adulte. Quelle simplification idiote ! Si tel était le cas, la moitié de l'Europe aurait sombré dans le fascisme tous les vingt ans ces cinq derniers siècles, chaque génération devenant le bourreau de la suivante. Et à l'inverse, les assassins du Rwanda ou du Cambodge n'ont pas eu à subir à ce que je sache les tourments d'une éducation religieuse rigoriste !
En ce qui concerne le film lui-même :
- Points forts : des acteurs très bons, un noir et blanc magnifique (à tel point que par moment je me suis surpris à penser "mais à quoi sert la couleur ?")
- Points faibles : le reste. Un scénario ouvert qui laisse le spectateur sur sa faim, une mise en scène chichiteuse (laisser la caméra à un endroit fixe en laissant les personnages passer hors champ doit faire chic aux yeux de Haneke, car il le fait plusieurs fois, le temps de prendre un café peut-être), un montage indolent
Bref, à voir si vous ne voulez pas rater la Palme. Sinon, passez votre chemin.
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