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Christoblog

Un prophète

Niels Arestrup et Tahar Rahim. Roger ArpajouLa critique a tellement encensé Un prophète, le donnant gagnant à Cannes pour la Palme  d'Or pendant toute la compétition, qu'on s'attend réellement à voir un très, très grand film.

Et c'est vrai qu'Un prophète possède bien des qualités.

Son aspect réaliste est prenant. Sa description de l'univers carcéral contemporain est frappant. L'interprétation de Tahar Rahim est remarquable, pleine de densité, et celle de Niels Arestrup est encore meilleure.

Le scénario se tient, palpitant jusqu'à l'insoutenable dans la première demi-heure. La mise en scène est élégante et puissante à la fois, Audiard impose un style, qui était déjà bien présent dans De battre mon coeur s'est arrêté.

Bien des qualités mais aussi quelques défauts, qui empêche le film d'être le chef d'oeuvre annoncé.

Le scénario prometteur au début s'étiole progressivement. Les aventures de Malik deviennent confuses et longuettes (le film dure 2h28, mais paraît en durer plus de 3), plusieurs des personnages semblant conduire les intrigues secondaires dans des culs de sac.

Le principal écueil est qu'on ne sent pas réellement les raisons de l'ascension de Malik. Si son emprise progressive sur les Corses est clairement montrée, sa légitimité vis à vis du groupe des barbus reste obscure (ils passent de la défiance à la soumission sans qu'on comprenne vraiment pourquoi).

Son aspect "prophétique" est anecdotique (il voit une biche traverser la route avant qu'elle le fasse) et le titre est un peu mensonger de ce point de vue. Certains tics de mise en scène agacent aussi (les écritures sur l'écran, les plans de remplissage, les images très sombres).

Un prophète est un film marquant, mais sur lequel plane cependant l'ombre d'un autre grand film carcéral récent : Hunger.


3e
 

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P
Même si je partage ton opinion sur Hunger, film aussi puissant que beau, je trouve le film d'Audiard d'une rare maîtrise, à la fois brutal et moderne. Et je ne m'y suis pas ennuyé. Malik est condamné à 6 ans de prison, il faut aussi que le spectateur y passe du temps pour en ressentir le poids.
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A
Je crois au contraire que le titre est tout à fait intéressant, parce que assez peu représentatif du personnage ! Une vraie distance , voire une certaine ironie, d'Audiard vis à vis de son personnage...<br /> Ceci dit, tout à fait d'accord avec toi pour le parallèle avec Hunger-dès la première demi heure, hop, on est dedans et on en sort que lorsque Malik-Audiard-veut bien nous en laisser sortir...<br /> <br /> Bravo pour ton blog, je le consulte depuis assez longtemps maintenant-et c'est pour essayer de faire la même chose que je viens de créer le mien ! Je serais intéressé d'avoir de tes conseils sur mes critiques, dont n'hésite pas à m'en parler
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G
Merci pour ton commentaire dans mon blog ! Je viens de découvrir le tien du coup, et il est pas mal du tout ;-) Un on gros morceau d'allociné encore, je suppose. Je le référencerai avec plaisir également dans mon blog (tout nouveau oui !).<br /> <br /> J'ai fait un petit tour. Pour Un prophète : évidemment le film n'est pas parfait, si on s'y attardait on se rendrait bien compte que le film est bourré de défauts techniques et de longueurs qui auraient pu être coupés au montage. <br /> Mais j'accroche quand même, car, dans ce travail immense, je vois même ça comme une preuve de réalisme : Audiard a tellement fouillé ses personnages et ses situations qu'il se perd un peu tant le film a pris de l'ampleur, et dépassé sa condition finalement, ce qui rendait le montage parfait mission impossible. Les petits effets de style maladroits valent ce qu'ils valent, mais c'est pas faute d'avoir essayé quelques touches artistiques (ce qui est réussi, c'est la scène du cerf) dans un film caméra à l'épaule. Le titre est très mal choisi, ça je te rejoins.<br /> <br /> J'ai sans doute été gentil avec tarantino, mais je note bien mes films sur l'impression du moment au vif : je reste accroché ou je m'ennuie. <br /> Concernant The dark Knight, je ne sais pas trop quoi te dire... peut être aurait-tu dû aller le voir au cinéma, dans ces moments d'euphorie où le film vient de sortir et que les premiers echos sont sensationnels (le voir des mois après c'est comme pour les ch'tis, c'est barbant parce que tu n'entend parler que de ça), j'ai été captivé pendant tout le film, et l'ambiance froide, dangereuse et désespérée que dépeint tout le film m'a vraiment envahit. Rien que pour ça, le film mérite qu'on s'y attarde à étudier les relations entre les personnages et les enjeux. Tout ça ne dépend finalement que du ressenti lors de la projection.<br /> <br /> Je viendrais régulièrement sur ce blog maintenant, il a la qualité d'aller souvent "droit au but". A+ !
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