Michel-Ange
Le dernier film d'Andrey Konchalovsky est d'abord une splendeur visuelle. La direction artistique rappelle celle du film de Patrice Chéreau, La reine Margot : dépouillement ostentatoire, lumière splendide, scène de groupe impressionnante, gros plans magnifiques sur les visages.
Michel-Ange est ensuite un tableau saisissant (et en partie un autoportrait ?) du génie créateur. L'acteur italien Alberto Testone prête ses traits burinés à ce rôle démesuré : un Michel-Ange qui apparaît possédé par son art, à la limite de la folie. Ses démêlés avec les puissants, ses concurrents (amusant portrait de Raphaël, son exact opposé), sa famille et ses fidèles sont passionnants à suivre.
Si vous êtes amateur de peinture, ne vous attendez pas à un film qui vous apprendrait quelque chose sur le sujet : Michel-Ange nous montre finalement l'homme à l'oeuvre dans la gestion du quotidien plutôt que le génie créant ses oeuvres, et c'est à mon sens une de ses grandes qualités. Il est donc question ici de seau d'urine jeté par les fenêtres, de beuverie, de sang, d'argent, d'approvisionnement en marbre (les scènes à Carrare sont d'une beauté sidérante) et de la présence du diable, qui rôde.
Pour ma part, j'ai été emporté par ce récit à la fois démesuré et prosaïque, lumineux et terrien.
Commenter cet article