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Christoblog

Plaire, aimer et courir vite

Dans la filmographie de Christophe Honoré, qui se plait à zigzaguer du conte pour enfant à la fantaisie mythologique en passant par la comédie musicale, Plaire, aimer et courir vite marque une étape importante, celle de l'entrée dans la maturité.

Ce beau film sage et apaisé sonne en effet comme un bilan très personnel. Difficile en effet de ne pas reconnaître dans le portrait d'Arthur, jeune étudiant breton, une figure de la jeunesse d'Honoré, et dans celle de Jacques, artiste parisien distancié, une représentation de ce qu'Honoré est devenu. 

La relation des deux hommes pourra donc se lire de plusieurs façons différentes : bien sûr comme une initiation (à double sens) mais aussi certainement comme le regard nostalgique d'un artiste ayant réussi sur l'impulsivité de sa jeunesse.

Plaire, aimer et courir vite montre avec une acuité qui rappelle le déjà très ancien Les nuits fauves la sexualité des backdoors et parking glauques, en les différenciant nettement des belles histoires d'amour du film Arthur/Jacques mais aussi Jacques/Marco. Le film parvient, grâce à une mise en scène d'une élégance et d'une fluidité exceptionnelles, à évoquer toute une palette d'émotions intimes. En se consacrant à l'étude minutieuse des états d'âmes de ses deux protagonistes principaux (une sorte de fuite vers une fin annoncée pour Jacques, un pétillement permanent chez Arthur), sans tenter d'approche sociologique ou politique, Honoré réussit là où 120 battements par minutes s'égarait un peu.

Le film offre à Vincent Lacoste son meilleur rôle, son naturel insolent et tête à claque entrant ici parfaitement en résonance avec le rôle, alors que Denis Podalydès et Pierre Deladonchamps sont tous deux très convaincants. 

Une belle réussite.

 

3e

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K
Un beau film qui evite toute sensiblerie, un peu long, un peu bavard, mais poignant
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B
Pour une fois, je te trouve, cher Chris, bien indulgent à l'égard de ce pensum verbeux, filandreux, ennuyeux, besogneux, parfois grotesque (la pietà dans la baignoire !) où, de surcroît, sont hélas convoqués les clichés gays les plus éculés : tous des queutards immatures, geignards et irresponsables. Et bavards ! Couple improbable. Blablabla. Ennui. Images grises et misérabilistes. Pas de construction dramatique. Aucun enjeu. Pas un soupçon d'émotion. Quant à Eros... franchement, qui peut tomber raide amoureux de cet éternel tête à claques de Lacoste !Le sida a bon dos... Non, non, n'est pas Campillo qui veut et le dernier Festival de Cannes ne s'y est pas trompé en ignorant ce pensum aussi prétentieux que glauque. J'en connais plus d'un qui, ne se contentant pas comme moi de regarder sa montre durant la dernière demi-heure, a pris ses jambes à son cou, comme le conseille le titre prémonitoire. Ce n'est évidemment que mon avis. mais j'ai vraiment DETESTE ce film ! Et tellement surfait, tellement encensé par une critique intello, suiviste et bêtement homophile, je veux dire "politiquement correcte". Il faut plutôt courir revoir les 120 battements en question ou le trop méconnu "Seule la terre" qui a l'immense mérite de gratifier le spectateur d'un happy end arc-en-ciel et non pas l'assommer du sempiternel lamento christique sur fond d'aria baroque et de pustules soigneusement reconstituées par le maquillage ! Basta.
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