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Christoblog

Asphalte

Asphalte est au cinéma ce que les chatons sont à Internet : ça ne fait de mal à personne et beaucoup sont prêts à aimer (le "c'est trop mimi ! " se transformant ici en "un véritable coup de coeur ! ").

Le film est un brouet de bons sentiments qui s'auto-exaltent dans un décor de banlieue parsemé d'habitants hébétés, ce qui permettra à quelques critiques de s'exclamer "On n'a jamais filmé les cités comme ça ! "

D'abord, le mec désagréable et dans la lune, Gustave Kervern, reprend son rôle de Dans la cour. Comme la vie est bien faite, il sera puni de sa mauvaise action initiale, puis il rencontrera par hasard une infirmière désespérée (mais qui revêt les traits d'une grande bourgeoise de Valeria Bruni Tedeschi). La vie est belle : il s'inventera photographe et se lèvera de son fauteuil roulant (miracle de l'amour !) pour une marche zombiesque d'un ridicule extrême.

Ensuite, une actrice sur le retour (Isabelle Huppert, follement crédible) séduit platoniquement un jeune homme qui boit du lait et n'aime pas les films en noir et blanc, mais les aime quand même au final, parce que tu vois l'actrice est jolie quand elle est jeune, et le cinéma ça peut être bien quand l'histoire est bien. Même en noir et blanc. Vous voyez la légèreté du truc.

Et enfin, un cosmonaute américain atterrit chez une maman arabe qui lui fait sa meilleure recette de couscous. Comme elle lui donne le maillot de l'OM de son fils, alors l'américain est heureux et lui répare une fuite d'eau. Mais il n'y arrive pas. Alors un hélicoptère de la NASA vient le chercher dans la cité (sans se faire caillasser).

Voilà. Tout cela serait simplement mauvais si l'emballage n'allait piocher insidieusement chez plusieurs auteurs : la façon de filmer la ville chez Kaurismaki, le décalage chez le trio Gordon/Abel/Romy, le personnage joué par Kervern chez Salvadori, l'aspect grinçant des premières scènes justement chez le duo Délépine/Kervern, les plans fixes de personnages mutiques chez Roy Andersson, etc.

Du coup Asphalte n'est pas simplement un navet, il en devient une escroquerie intellectuelle. 

 

1e

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