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Christoblog

Articles avec #david dewaele

Hors Satan

Je comprends que sous l'emprise d'un tropisme mystico-élitiste (ou de substances illicites) on soit charmé par Hors Satan.

On écrira alors des choses de ce style : Bruno Dumont réussit à nous montrer l'âme à nu, sans autre artifice que le bruit d'une feuille morte qui crisse et que celui du vent dans les landes du Boulonnais, sans autre moyen que cette mise en scène que certains jugeront austère, mais qui rend sensible par la seule grâce de ses choix primordiaux (cadrage, focale, son, photographie) la puissance d'une transcendance toute pasolinienne, et bla bla bla.

En réalité, je vous le dis, ce film c'est Ribéry filmé par Bergman, ou Antonioni chez les Ch'tis, sans l'envol mystique de L'humanité et sans les fulgurances sauvages de Flandres.

Je m'emmerdais tellement durant le film que j'ai testé le jeu suivant : fermer les paupières pendant la moitié de chaque plan, et ne les réouvrir que lorsque la luminosité les traversant indique un changement de plan (jeu rendu possible par le fait que les plans sont fixes, donc de luminosité constante, et longs, trop longs).

Ce n'est pas un jeu facile, d'abord parce que le risque de s'endormir est non négligeable (cela m'est arrivé deux fois), ensuite parce que vous ne savez pas avant combien de temps va durer chaque plan. Le jeu a quand même réussi à me faire patienter les presque deux heures que dure le film, sans que je souffre trop. De plus je n'ai pas raté grand-chose de la narration, ce qui montre bien que le film aurait pu durer 45 minutes sans qu'on y perde.

Hors Satan est assez faible dans ce qu'il expose : un méli mélo Diable / Dieu / vengeance / sexe qui rappelle que Dumont était prof de philo avant d'être cinéaste, mais qui s'avère ici indigeste au possible. Un point culminant est atteint par le dénouement, qu'on peine à croire possible tellement il est lourdingue. Va-t-il oser ? Hé oui ! Les acteurs ne sont pas professionnels, et je suis triste de le dire, mais ça se voit tellement qu'on en a mal pour eux. On les voit chercher leur marque au sol pour savoir où aller, c'est terrible.

Rapidement on en vient à souhaiter méchamment la mort brutale de tous ces personnages qui ressemblent plus à des marionnettes conceptuelles qu'à des êtres de chair et de sang, ce qui vu le sujet du film, ne garantirait même pas que ce dernier soit écourté, malheureusement.

A mon sens le point faible du début de carrière de Bruno Dumont.

 

1e

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