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Christoblog

Articles avec #bi gan

Kaili blues

Acclamé par le Festival de Locarno où il a reçu en 2015 le Léopard d'or, puis à Nantes, où le Festival des 3 continents lui décerna la Montgolfière d'or, le premier film de Bi Gan est une oeuvre de première importance.

Avant d'en dire plus, il faut évoquer la structure très particulière du film : 1h de plans réalistes zébrés de flashbacks intrigants et de plans oniriques, puis un long plan séquence comme en apesanteur, dans lequel la réalité semble irriguée par le rêve, avant une conclusion plus traditionnelle.

Kaili blues est un sujet de réflexion inépuisable, et on peut revoir le film plusieurs fois, tellement l'intrication magique des trajectoires et des thèmes est complexe. La construction du film est brillante à un point qui force le respect. Quant au plan séquence, qui mêle le passé, le présent et le futur, il nous emmène en moto, en voiture, chez le coiffeur, en bateau, sur un pont, dans un magasin, chez une tailleuse et à concert de rock avec la même maestria souveraine. C'est une capsule de temps et d'émotion enchâssée dans le film. Le tout est magnifié par une belle photographie et comprend plusieurs plans d'anthologie, dont le dernier du film, saisissant.

Tout ce que j'écris à propos du premier film de Bi Gan, je l'ai écrit avec encore plus de force à propos de son deuxième film, construit exactement sur les mêmes principes, le sublime Un grand voyage vers la nuit.

Bi Gan sur Christoblog : Un grand voyage vers la nuit - 2018 (****)

 

3e

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Un grand voyage vers la nuit

Il est des films qui sont plus une expérience de vie qu'une séance de cinéma. La vision du deuxième film du réalisateur chinois Bi Gan est de ceux-ci.

Il manque des mots pour décrire l'état de sidération qui me saisit lorsque commença dans la salle Debussy du dernier Festival de Cannes le fameux plan-séquence en 3D de près d'une heure qui conclut le film. Jamais je pense je n'ai eu autant l'impression d'évoluer à l'intérieur d'un rêve, d'être au contact d'une matière aussi purement onirique.

La presse et Bi Gan lui-même rivalisent d'expressions qui paraîtront plus ou moins fumeuses à ceux qui n'ont pas vu le film (Bi Gan dans Libération : "Le plan-séquence est comme une cage pour l'oiseau du temps") mais qui toutes tentent maladroitement d'exprimer l'indicible exaltation que procure ce moment.

Comparé à ce choc esthétique et mental, le reste du film (la première heure) paraît presque anecdotique, alors qu'il est d'une qualité exceptionnelle : une idée de mise en scène par plan et des images somptueuses.

Le propos de Un grand voyage vers la nuit est pour le moins elliptique : on comprend qu'il s'agit d'un homme (probablement un tueur) qui cherche la femme aimée, ou son souvenir. La narration est déstructurée, dans un style qui rappelle à la fois Wong Kar-Wai (l'association amour / temps / beauté / mise en scène), Jia Zhang-Ke (la précision du montage et la qualité de la photographie) et David Lynch (les objets fétiches récurrents, le labyrinthe des souvenirs).

Une expérience immanquable pour les amoureux de découvertes cinématographiques.

 

4e 

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