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Christoblog

Dune : deuxième partie

La première partie de Dune m'avait laissé un sentiment mitigé : certains parti-pris esthétiques de Denis Villeneuve ne m'avaient pas convaincus, et je trouvais Thimothée Chalamet un peu tendre pour le rôle de Paul Atreides.

La deuxième partie lève une grande partie de ces doutes.  

La mise en scène est cette fois-ci tout à fait convaincante. Villeneuve parvient d'abord à donner à voir toutes les dimensions de l'histoire racontée (sensorielle, mystique, philosophique, morale) en multipliant les changements d'échelle (du très gros plan sur un objet ou un détail jusqu'au plan hyper large) et changeant constamment de rythme (effréné pour certaines scènes d'action, ralenti pour générer du suspense ou de la réflexion).

La direction artistique est aussi particulièrement réussie, avec une mention spéciale pour les décors brutaliste de Giedi Prime et l'utilisation astucieuse du noir et blanc. Le sietch Tabr est aussi très beau.  

Thimothée Chalamet donne de l'épaisseur à son rôle et parvient même à être crédible lors des scènes de combat, qui sont à la fois courte et joliment chorégraphiées. Le reste du casting est lui aussi parfait, d'un Javier Bardem excellent en disciple énamouré à la composition saisissante d'un Austin Butler qui fait ici oublier qu'il a été récemment un très bon Elvis.

Dune : deuxième partie est un excellent divertissement, auquel je reprocherais juste quelques raccourcis inappropriés dans la narration et une représentation des prémonitions de Paul toujours un peu niaise. C'est peu de choses au regard des nombreuses qualités du film.

Denis Villeneuve sur Christoblog : Incendies - 2010 (***) / Prisoners - 2013 (**) / Sicario - 2015 (***) / Premier contact - 2016 (****) / Blade runner 2049 - 2017 (*) / Dune - 2021 (**)

 

3e

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L'empire

Au début du film, tout semble frais et mystérieux. Ce qui est proposé à l'écran a des airs de "jamais vu".

J'ai adoré cette poésie diffuse qui sourd des premiers plans, dans une ambiance fantastique et solaire. La première apparition du bambin divin est par exemple sidérante.

Malheureusement, le film, en quelque sorte aplati, ne sait pas thésauriser sur cette bonne entame et piétine rapidement, ressassant les mêmes recettes en boucle, tout en changeant brutalement de ton, oscillant entre burlesque et métaphysique,  grand spectacle et tableau naturaliste.

Lucchini est en roue libre (alors qu'il était bien dirigé dans Ma loute), les développements narratifs sont pauvres, les apparitions en guests de Carpentier et Van der Weygen n'apportent rien à l'histoire, et globalement le niveau d'ennui s'accroit de façon logarithmique pour atteindre son maximum absolu en fin de film.

Seules véritables satisfactions à mes yeux : la prestation incroyablement juste d'Anamaria Vartolomei et la beauté visuelle des effets spéciaux, qui parviennent à sublimer la lumière verticale des paysages du Pas de Calais.

Dernière remarque : le personnage de Lyna Khoudri est grotesque et son asservissement au personnage de Jony m'a mis mal à l'aise. Globalement la façon dont les rapports hommes / femmes sont montrés dans le film est étrangement brutale : pour simplifier, c'est la position du missionnaire en moins de deux minutes et basta cosi.

Décevant.

Bruno Dumont sur Christoblog : L'humanité - 1999 (****) / Flandres - 2006 (***) / Hors Satan - 2011 (*) / Camille Claudel, 1915 (**) /  P'tit quinquin - 2014 (**) / Ma Loute - 2016 (****) / France - 2021 (***)

 

2e

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Sleep

A dire vrai, je ne comprends pas trop la hype autour de ce film coréen, modeste série B sans grande envergure. Bong Joon Ho est sans cesse cité dans les articles autour de Sleep, probablement parce que Jason Yu a été assistant sur le film Okja, mais on est ici à mille lieues de la précision démoniaque du maître.

Pour faire simple, et au risque de spoiler, je résumerais l'affaire de la façon suivante : un homme, futur papa, est victime de somnanbulisme (avec tous les trucs bizarres que cela comprend), mais sa femme veut absolument introduire une dose de fantastique dans cette maladie somme toute banale. Le pauvre homme entre alors dans le délire de sa femme...

La façon de raconter cette histoire loufoque n'est pas très drôle et surtout je n'ai jamais, mais jamais eu peur. Le prétendu formidable tableau de couple ne pas non plus semblé sauter aux yeux : j'ai surtout vu un homme faible et sa femme dérangée, et l'idée que le film serait une métaphore de la société coréenne dans son ensemble me semble bien hasardeuse.

Des films de ce niveau-là, ni vraiment bon ni totalement mauvais, agréable à regarder mais oublié dans la minute, la Corée du Sud doit en produire des tombereaux, et rien ne distingue celui-ci des autres.

 

2e

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La ferme des Bertrand

Ce film remarquable peut être vu sous de multiples angles, c'est d'ailleurs ce qui le rend si intéressant.

Au premier degré, l'écoulement du temps qui passe, la façon dont les trois frères ont vécu, et pour certains sont morts, depuis les films précédents (72,97) est un levier formidable pour générer de l'empathie. On voit les enfants devenir adultes,  les adultes vieillir et les personnes âgées disparaître.

Le film est aussi, bien sûr, un tableau de la vie paysanne de hier et d'aujourd'hui : l'investissement maximal que ce travail implique, l'évolution technologique, et en même temps, le caractère immuable de certains gestes (planter les pommes de terre avec la même machine, nettoyer le tour des arbres, etc). Les Bertrand ont bien réussi, ils ne sont pas pauvres, loin de là : leur vie n'entre donc pas directement en résonance avec le mouvement actuel des agriculteurs.

La ferme des Bertrand est enfin un film de "tronches" : les frères sont de sacrés numéros, chacun avec une personnalité bien marquée, et celui qui est encore vivant pourrait sans problème avoir été casté dans un film des années 50, des dialogues écrit par Jacques Prévert plein la bouche (ce moment où il parle des loisirs, en disant qu'il n'aimerait pas "faire semblant de s'amuser").

Pour toutes ces raisons, et bien d'autres encore (la beauté des paysages, les apports en terme de connaissance) le dernier film de Gilles Perret est vraiment à voir : leçon de vie et leçon de choses à la fois.

 

3e

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Daaaaaali !

Avec ce nouveau film, Quentin Dupieux nous emmène en terre très connue. En effet, rien ne surprend vraiment dans ce nouvel opus, qui ressasse bien des tics du réalisateur : dilatation temporelle, répétition absurde, coq à l'âne, objets bizarres, etc.

D'une façon presque ironique, Daaaaaali ! est beaucoup moins surréaliste que d'autres films de Dupieux (je pense à l'homme broyé dans le seau de Fumer fait tousser par exemple, ou à la veste dans Le daim).

J'ai donc suivi sans déplaisir ces classiques variations inégalement servies par une brochette d'acteurs semblant beaucoup s'amuser. Anaïs Demoustier est comme d'habitude rayonnante et Jonathan Cohen campe le Dali le plus convaincant, alors que les autres acteurs sont tous un peu en retrait : Edouard Baer fait un peu trop son Edouard Baer, Pio Marmaï semble complètement à côté de son film, et Gilles Lelouche est transparent.

Plusieurs jours après avoir vu le film, je me demande ce qu'il m'en reste vraiment : peut-être le premier plan, qui est aussi le dernier. C'est assez peu.

 

2e

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La grâce

Ce film russe, très mal distribué en France, a été pour moi une véritable découverte au dernier festival de Cannes.

Alors, autant le dire tout de suite, La grâce est sûrement l'une des oeuvres les plus lugubres qu'on pourra voir cette année.

Une fille adolescente et son père parcourent les paysages désolés des confins russes du sud au nord du pays, au volant d'un van délabré, projetant difficilement quelques films sur un écran de fortune, dans des localités qui suintent l'ennui et la violence.

Le propos est donc désespérant au possible, la lumière est grise et blafarde, les dialogues épars. Les péripéties (celles d'un coming of age assez classique) flottent vaguement à la surface d'une sorte d'océan de dépression. Un des intérêts de ce voyage est sans conteste la Russie, dont on mesure ici l'immensité, et l'état de délabrement généralisé : tout semble y tomber en ruine.

Il y a dans le film d'Ilya Povolotsky quelque chose de magique : une sorte d'étincelle toujours présente dans les yeux de l'actrice Maria Lukyanova, une beauté de fin du monde dans les paysages de la mer arctique, une mélancolie diffuse qui semble sortir de l'écran pour imprégner directement notre coeur. Probablement ce qu'on peut appeler la grâce.   

 

2e

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Dernière nuit à Milan

C'est un petit plaisir coupable de retrouver l'excellent acteur italien Pierfrancisco Favino dans ce polar plutôt bien foutu, construit assez subtilement autour d'une intrigue retorse et d'un effet de scénario malin.

Le plus intéressant dans ce film de Andrea di Stefano est l'ambiance poisseuse qui imprègne ses images, et en particulier un passage nocturne hallucinant dans un tunnel, lors duquel les enjeux des différents protagonistes se télescopent dans une sarabande oppressante.

Favino campe un flic à la fois taciturne, naïf et charismatique, dans un rôle qui marquera sans doute sa carrière déjà bien remplie. Milan est très bien filmée et le film est haletant jusqu'à une fin plutôt inattendue, que je ne révèlerai évidemment pas.

Une bonne soirée, à l'ancienne.

 

2e

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Pauvres créatures

Je suis entré dans la salle pour voir Pauvres créatures avec quelques inquiétudes : on ne sait jamais trop ce que Yorgos Lanthimos nous réserve.

Ces inquiétudes se sont trouvées renforcées par de premières images marquées par un formalisme extrême : esthétique rétro-futuriste, utilisation de moyens techniques d'un kitsch abouti (fish-eye, zooms et dezooms, cadrages improbables), jeu outré de la plupart des acteurs, trouvailles visuelles au quatre coins du cadre. 

Visuellement le film se situe quelque part entre Anette de Carax (en plus barré) et l'univers de Tim Burton (en plus pastel). La première réaction de surprise passée, j'ai pris un grand plaisir à savourer les multiples variations de cette esthétique étrange : Londres, Lisbonne, Alexandrie, Paris sont successivement revisités avec une grande réussite.

Mais le point fort du film, c'est sans conteste l'évolution du personnage jouée par l'incroyable Emma Stone, d'une créature enfantine dans un corps d'adulte à celui d'une femme accomplie qui aura conquis son indépendance par la seule force de sa volonté. Pauvres créatures possède une véritable souffle qui séduit par sa puissance et sa capacité à durer tout au long de ses 2h21.  

J'ai donc été progressivement conquis par les aventures de Bella, la liberté de ton de la narration (le sexe est omniprésent), les rebondissements de la dernière partie, l'alternance de noirceur morbide et de gaieté rayonnante et finalement la cohérence du projet artistique.

Il faut une sacrée confiance en la puissance de l'imagination pour oser une pareille production.

 

4e

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A man

Les films en provenance du Japon se suivent et d'une certaine façon se ressemblent.

Dans ce film du réalisateur Kei Ishikawa, on retrouve un peu de la perversité glaciale de Fukada et beaucoup de la complexité distante d'Hamaguchi. Le résultat est intéressant, à défaut d'être réellement captivant.

A man commence par un mystère somme toute classique : un homme meurt et sa femme se rend compte que son mari n'était pas du tout l'homme qu'elle croyait connaître. Multipliant les fausses pistes, le film s'avère être un thriller psychologique particulièrement complexe et sophistiqué, dans lequel les personnages ne s'avèrent jamais être ceux qu'ils paraissent.

Au-delà du sujet de l'usurpation d'identité, A man aborde bien d'autres sujets (les différences de classes sociales, la culpabilité) à travers le portrait tout en nuance du policier, joué par l'excellent Satoshi Tsumabuki.

C'est parfois un peu long et un peu froid, mais si vous aimez les atmosphères hitchcokiennes et les retournements de situation improbables, le tout dans une ambiance feutrée, nippone en diable, A man est pour vous. 

 

2e

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La zone d'intérêt

La zone d'intérêt (c'est le nom que les nazis donnaient à la région d'Auschwitz) est d'abord un roman de Martin Amis, qui est aussi salace que le film de Glazer est froid. 

Dans les deux cas, et bien que les personnages et les péripéties soient totalement différentes, il s'agit d'exposer la vie quotidienne de quidams nazis à proximité immédiate du camp d'extermination : dans le roman, ce sont surtout des coucheries de subalternes, dans le film il s'agit de la vie familiale et bourgeoise du chef du camp.

La zone d'intérêt ne manque pas ... d'intérêt. On est pétrifié, il faut l'avouer, par l'effroyable bande-son qui plaque un voile d'horreur auditive sur les images édéniques qui nous sont montrées. On est au début intrigué par le dispositif imaginé, les inserts curieux (la caméra infrarouge par exemple), les détails macabres parsemés ici et là (les os dans la rivière, les vêtements) et globalement l'ensemble des partis-pris de mise en scène (des plans très larges, un peu comme si le film était un assemblage de caméras de surveillance placées dans et autour de la maison).

L'effet de sidération m'a toutefois lassé : il ne se passe finalement pas grand-chose durant cette 1h45. A la façon d'une oeuvre d'art contemporain dans un musée, vous ne perdrez pratiquement rien si vous ne voyez que la première heure, ou la dernière. Quant à la partie consacrée au travail de Hoss à Orienburg, je trouve qu'elle fait chuter la tension que la proximité du camp parvient à installer dans la première partie. A force de filmer le creux pour tenter de faire deviner le plein, et de filmer banalement la banalité du mal, on peut légitimement se demander si le réalisateur ne rate pas sa cible. La comparaison naturelle avec Le fils de Saul, qui se coltinait le défi frontal d'introduire une caméra dans un camp n'est pas à mon sens à l'avantage de Glazer.

Pour synthétiser, je dirais que La zone d'intérêt est un film important, mais que son concept écrasant le rend peu aimable, et disons-le, relativement ennuyeux. On a d'ailleurs l'impression que Glazer, au milieu de son film, a besoin de recentrer lui-même son projet en lui donnant un peu de sens à travers un poème, comme si la simple juxtaposition quasi-surréaliste qu'il proposait jusqu'à présent ne lui semblait plus satisfaisante, ou trop ambigüe. De la même façon, le coup d'oeil final de Höss au monde contemporain résonne un peu comme un aveu d'impuissance : ce que le cinéaste a échoué à faire par la grâce de son art (honorer les victimes, faire ressentir viscéralement l'horreur), il le confie à un ultime effet maladroit qui sonne comme un repentir.

Jonathan Glazer sur Christoblog : Under the skin - 2013 (**)

 

2e

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Making of

Le dernier film de Cédric Kahn commence tout doucettement comme une énième variante du "film sur le tournage d'un film", ici dans une version amusante dans laquelle le réalisateur est un peu dépressif, le premier rôle insupportable (Jonathan Cohen, parfait) et le producteur malhonnête (Xavier Beauvois, formidable).

On rigole un peu et on suit sans déplaisir cette chronique, qui peu à peu évolue vers un autre film, plus en demi-teinte, dans lequel un jeune apprenti cinéaste (Stefan Crépon, qu'on a découvert et aimé dans Le bureau des légendes) se brûle au contact de cette première expérience, et qui montre également une situation sociale en miroir entre le contenu du film et sa confection.

Making of est réjouissant et parfois émouvant : il prouve la capacité de renouvellement de Cédric Kahn, dont la carrière, avec ce film et Le procès Goldman, semble bien relancée.

Cédric Kahn sur Christoblog : Cédric Kahn sur Christoblog : La prière - 2018 (**) / Fête de famille - 2019 (**) / Le procès Goldman - 2023 (***)

 

2e

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May december

Au milieu du concert de louanges qui entourent la sortie de ce film, mon avis plus mesuré va probablement détonner, comme souvent quand il s'agit pour moi d'apprécier le travail de Todd Haynes.

Je trouve en effet que le cinéma du réalisateur américain peut être parfois froid et didactique, au point de paraître compassé (Carol, Loin du paradis). 

May december commence de manière très intéressante. Le rythme est alerte, le décor de la maison familiale parfait, et j'ai été diablement intrigué par ce que le film ne dévoile que très progressivement : une histoire à tiroir qui prend au début plaisir à nous égarer, dans un subtil jeu de miroir. Le jeu "neutre" de Julianne Moore contribue assurément à l'atmosphère de malaise latent que distille le film : mais que s'est il passé dans cette famille modèle ?

Lorsque l'on comprend de quoi il retourne et ce qui reproché à Gracie, l'intérêt tombe d'un coup. Peut-être parce que l'aspect scandaleux des évènements ne nous frappe pas autant que les Américains. Le milieu du film est un ventre mou dans lequel il ne se passe plus grand-chose, jusqu'à ce que le scénario essaye de le relancer dans un registre proche du grotesque, Natalie Portman rejouant (assez mal, il faut le dire) ses allures machiavéliques de Black Swan, entamant une danse de mort aussi artificielle que creuse.

La scène de sexe dans la réserve de l'animalerie tombe totalement à plat (quelle idée saugrenue), et May december, qui jusque là captivait ou a minima intriguait, sombre alors petit à petit dans l'inconfort du ridicule.

Todd Haynes sur Christoblog : Loin du paradis - 2002 (*) / Carol - 2015 (**) / Le musée des merveilles - 2017 (****) / Dark waters - 2019 (****)

 

2e

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La fille de son père

Le deuxième film d'Erwan Le Duc commence très bien, par une première séquence réussie de cinq minutes, où l'on voit toute une vie se dérouler sous nos yeux, sous forme de scènettes tantôt émouvantes, tantôt drôles.

On retrouve ensuite une partie des qualités qui rendaient si plaisant le premier film de Le Duc, l'adorable Perdrix : des personnages un peu lunaires, des situations cocasses souvent très drôles. Les dialogues entre le père (Nahuel Perez Bizcayart) et le mec (Mohammed Louridi) sont en particulier délectables, construit sur la base d'un cocktail de cruauté, de vérité et d'originalité.

La fantaisie est toutefois un peu moins percutante et précisément mise en scène que dans Perdrix. Quand le père croit voir le visage de sa femme (qui a quitté le domicile familial il y a des années) dans un documentaire sur le Portugal, le film glisse vers une sorte de mélodrame assez peu agréable. Le père erre dans les rues portugaises comme dans une carte postale, et tombe par hasard sur ... sa fille, ... puis sa femme. 

Toute cette seconde partie est assez bancale, et c'est finalement son goût amer qui l'a emporté sur le plaisir que m'avait apporté la première.

Erwan Le Duc sur Christoblog : Perdrix - 2018 (***)

 

2e

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Bernie

Regarder aujourd'hui le premier film d'Albert Dupontel, après avoir vu la quasi-totalité de sa filmographie ultérieure, procure de curieuses sensations.

J'ai tout d'abord été ravi de découvrir la première expression de la fantaisie noire et débridée de Dupontel, déjà ici présente, tout en étant surpris par l'aspect très trash qu'elle a tout d'abord revêtu (le sang, la clé dans le rectum, et autre joyeusetés).

J'ai aussi été satisfait de constater, comme c'est souvent le cas, la permanence des caractéristiques qui font un véritable auteur, aussi bien en ce qui concerne les thématiques (le désespoir et la volonté d'amour simultanés, l'incommunicabilité, l'inadaptation de certains êtres, la fin tragique) qu'au niveau de la mise en scène (les cadrages bizarres, les mouvements de caméra acrobatiques).

Le niveau technique m'a enfin paru très en retrait de celui des films suivants de Dupontel. On a ici une atmosphère de film bricolé, bien loin de la perfection technique d'une oeuvre comme 9 mois ferme.      

En synthèse, s'il n'a plus le pouvoir de déflagration provocatrice qu'il devait présenter en 1996, Bernie reste un film vif et plaisant, et un véritable plaisir de découverte.

Albert Dupontel sur Christoblog : 9 mois ferme - 2012 (****) / Au revoir là-haut - 2017 (**) / Adieu les cons - 2020 (***) / Second tour - 2023 (**)

 

2e

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Si seulement je pouvais hiberner

Ce premier film de la réalisatrice mongole Zoljargal Purevdash présente un avantage notable : il dresse un superbe tableau de la vie quotidienne d'une famille défavorisée dans la banlieue d'Oulan-Bator.

Cet aspect documentaire du film est esthétiquement réussi (les paysages sont magnifiques), mais aussi intéressant d'un point de vue culturel (les méthodes locales pour soigner la maladie sont très curieuses !) .

Le versant fictionnel du film est moins convaincant. L'intrigue est superficielle et ne m'a pas vraiment convaincu. Si seulement je pouvais hiverner présente cet aspect un peu lisse et brillant de certaines productions internationales en provenance de pays en manque d'infrastructures cinématographiques. 

La mécanique de descente vers les enfers de la pauvreté est assez classiquement détaillée avec toutes les étapes classiques de ce genre de film, tout en évitant d'exposer des évènements violents : talent sacrifié (ici pour la science), volonté de garder sa dignité, caractère inadapté des aides sociales. 

A voir si vous aimez la Mongolie ou si vous êtes curieux.

 

2e

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Indiana Jones et le cadran de la destinée

Que vaut le dernier (l'ultime ?) Indiana Jones ?

Pas grand-chose à mon sens.

La scène d'ouverture donne le ton. Ce long pré-générique égrène toute une série de poncifs éculés (les nazis, le combat sur le toit du train, le pont dynamité), ici remixés dans une immonde tambouille d'effets numériques tous plus visibles et ratés les uns que les autres. La tête d'Harrisson Ford rajeuni est particulièrement moche.

Le film souffle terriblement de la comparaison avec les scènes d'action spectaculaires et réalistes du dernier Mission Impossible

Quand le film revient au présent, on est fugacement séduit par la façon dont le scénario semble vouloir montrer le corps fatigué et vieilli du héros. On se prend alors à rêver d'un Indy en fauteuil roulant, maniant l'humour plus que son fouet. 

Malheureusement, le naturel revient vite et notre héros gambade, escalade et saute à quatre-vingt balais comme il le faisait à vingt, l'imagination en moins. Comme les personnages secondaires ne sont pas vraiment développés (et c'est dommage, car le personnage qu'incarne Phoebe Waller-Bridge est intéressant), on s'ennuie un peu, jusqu'à une dernière demi-heure surprenante et assez bien menée, qui sauve un peu la mise.

Une déception, même si la sourde nostalgie distillée avec parcimonie tout au long du film sauve celui-ci de la catastrophe.

James Mangold sur Christoblog : Le Mans 66 - 2019 (**)

 

2e

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Les colons

Ce premier long-métrage du réalisateur chilien Felipe Galvez Haberle est remarquable à plus d'un titre.

Son thème est passionnant et assez peu montré au cinéma : Les colons montrent commet les autochtones du sud chilien ont été massacrés au début du XXième siècle, par la volonté de riches propriétaires terriens voulant accroître leurs propriétés.

Sa forme, d'une beauté sidérante, est ensuite remarquable. La mise en scène est âpre et sans fioriture, et la photographie met en valeur de somptueux et immenses paysages (j'ai pensé à ceux de films comme Jauja ou Godland).

Sa structure enfin est extrêmement efficace. Le film est composé de plusieurs parties, dont la dernière nous projette habilement plusieurs décennies après l'action de la première, dans une scène extrêmement forte.

Je conseille donc vivement ce premier film d'une force redoutable, pour peu que vous supportiez l'exposition d'une violence frontalement exposée, qui donne une idée particulièrement réaliste de la dureté de la vie à cette époque et dans cette région.

 

3e

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Cette sacrée vérité

Leo McCarey est sûrement un des cinéastes hollywoodiens "classiques" les plus sous-estimés. Alors que l'on cite souvent Franck Capra ou Ernst Lubitsch lorsqu'on évoque l'âge d'or des comédies américaines, on oublie souvent le réalisateur de Elle et lui, ou de Cette sacrée vérité.

Le somptueux coffret que vient d'éditer Wild Side est l'occasion de découvrir ce bijou de comédie, dans lequelle tout semble parfaitement à sa place.

Le couple formé par Irene Dunne et Cary Grant (c'est sûrement son premier grand rôle) est absolument parfait, et tout dans le film respire l'intelligence et le talent : une écriture au cordeau, une précision d'orfèvre dans la mise en scène, un sens du burlesque qui nous rappelle que Cary Grant fut acrobate avant d'être acteur, des thématiques profondes et un sens du spectacle qui rend chaque scène délectable.

Chef d'oeuvre de ce genre que Stanley Cavell appelait "Comédie de remariage", Cette sacrée vérité peut être vu de multiples fois, tant sa sophistication se prête à de multiples observations et interprétations. L'analyse de Charlotte Garson dans les suppléments est d'ailleurs particulièrement éclairante et donne beaucoup de clés de lecture.

Un film qu'il faut vraiment avoir vu si on aime le Hollywood classique.

 

4e

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Jeunesse (le printemps)

Avant d'aller voir ce film, il faut connaître la méthode Wang Bing : poser sa caméra dans un milieu déterminé, filmer sans discontinuer pendant des mois, puis monter ensuite un film de plusieurs heures à partir de centaines d'heures de rush.

Ici, le milieu observé est celui d'usines textiles à Zhili, où travaillent de jeunes provinciaux. On les voit donc travailler à une vitesse incroyable, vivre des histoires d'amour, dormir sur place dans des conditions difficiles, appeler leur famille, vivre enfin.

L'effet de réalité, ici amplifié par la répétition de certains cycles (travailler, écouter de la musique, dormir) et par l'aspect robotique de la tâche effectuée, est sidérant, comme toujours chez Wang Bing. Le film est découpé de telle façon qu'on suit alternativement différentes personnalités, mais c'est évidemment le tableau social d'ensemble qui intéresse le réalisateur chinois : les péripéties individuelles (l'engueulade brusque, la menace de grève, l'avortement) importent bien moins que la description d'un monde qui semble hors du temps.    

Le sujet est ici moins impressionnant que d'autres déjà traités par Wang Bing (la fermeture d'un immense complexe industriel, la mort, la folie, l'isolement des enfants). C'est peut-être ce qui rend Jeunesse (le printemps) un peu moins passionnant que des chefs d'oeuvre comme A la folie ou A l'ouest des rails, mais le film procure tout de même une gamme de sensations qu'aucun autre type de film ne peut procurer.

Wang Bing sur Christoblog : A l'ouest des rails - 2004 (***) / Le fossé - 2012 (**) / Les trois soeurs du Yunnan - 2014 (****) / A la folie - 2015 (****) / Madame Fang - 2018 (***) 

 

3e

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Sirocco et le royaume des courants d'air

Je n'aime pas beaucoup dire du mal d'un film comme celui-ci, qui tente beaucoup de choses, et de façon très honorable.

Les images sont parfois sublimes, le scénario est intéressant et quelques idées secondaires (le bestiaire) agréables. 

Mais malgré ses qualités, Sirocco et le royaume des courants d'air ne parvient à convaincre totalement, ne parvenant pas vraiment à creuser un sillon homogène et personnel. Ainsi, l'histoire est à la fois enfantine et complexe, les influences multiples et parfois trop marquées (des éléments de décors rappellent furieusement Miyazaki alors que d'autres renvoient de façon évidente à l'histoire de l'animation française), les émotions sont inexistantes, l'animation parfois sommaire et les personnages manquent globalement de caractérisation.

J'ai assisté au film, comme parfois on peut assister à une fête d'école : sans être enthousiasmé, et en ayant presque honte de ne pas aimer.

 

2e

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