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Christoblog

Concours Project silence : gagnez 3x2 places (Terminé)

l'occasion de sa sortie, je vous propose de gagner 3x2 places pour découvrir le film coréen Project silence de Kim Tae-gon, présenté cette année à Cannes, et qui sort sur les écrans le 21 août.

Pour ce faire :

- répondez à la question suivante : dans quelle Palme d'or a joué l'acteur principal du film, Lee Sun Kyun ? 
- joignez votre adresse postale
- envoyez moi le tout par ici avant le 20 août 20h
 

Un tirage au sort départagera les gagnants. Vous recevrez ensuite les places envoyé par le distributeur. NB : un des trois lots sera attribué par tirage au sort à un participant ayant aimé ma page FB ou mon compte Twitter ou s'étant abonné à la Newsletter du blog (n'oubliez pas pour participer à ce tirage au sort spécial de me donner votre pseudo dans votre réponse, pour que je fasse le lien)

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Sons

Le premier film de Gustav Möller, The guilty, plébiscité par la critique et le public, était un film habile, basé sur une seule idée.

On retrouve dans ce second film le même type d'obsession, consistant à mener une trame narrative simple en en explorant toutes ses conséquences.

Le problème de cette méthode est de lasser le spectateur : on voit trop bien où veut en arriver le réalisateur, en accumulant les effets redondants.

Comme ici le propos est de nature cruelle, le résultat évoque une expérience d'entomologiste sadique. Un peu comme du Haneke en mode automatique, ou du Michel Franco sans imagination.

Sidse Babett Knudsen tente de s'en sortir comme elle peut, c'est à dire en prenant des poses exprimant la plus grande variété possible d'émotions, sur un spectre très étroit allant de la contrariété maladive à l'obsession souffreteuse. 

Vous l'avez compris, je n'ai pas aimé me sentir prisonnier de ce huis clos programmé, dont le rebondissement central m'a paru à la fois invraisemblable et peu productif en terme de nouveaux développements. J'aurais d'une certaine façon préféré que le parti-pris sadique de la première partie soit poussé le plus loin possible : cela aurait au moins donné du grain à moudre d'ordre moral.

Gustav Möller pratique ce que j'appelle un cinéma de petit malin : au mieux efficacement prenant, au pire programmatiquement malaisant.

Gustav Möller sur Christoblog : The guilty - 2018 (**)

 

1e

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Moi, moche et méchant 4

Le nouvel opus de la plus française des franchises US est assez réussi.

Contrairement à certains dessins animés (comme les Pixar en règle générale), la série Moi, moche et méchant n'inclut pas de second degré qui permettrait aux adultes de voir un autre film que les bambins. Ici, tout est à regarder avec des yeux d'enfant, et la qualité du film ne peut donc être jugée qu'à travers ses qualités intrinsèques de vivacité et d'humour .

Le résultat est à mon sens plutôt plaisant. Si le scénario ne brille pas par son originalité (le méchant est un peu faible), on est plutôt séduit par les couleurs pop des décors, la maestria des scènes d'action (je pense par exemple à l'attaque de l'animal furieux lors du hold-up) et surtout par chacune des apparitions des minions.

Les créatures du génial Français Eric Guillon font mouche à coup sûr : leur stupidité atavique est jouissive, leur galimatias esperantesque souvent très drôle et leur hyper-activité maladive une véritable dinguerie qui nous laisse abasourdi. On adore les minions.

Un film d'animation modeste mais rudement efficace, qui devrait ravir petits et grands.

 

2e

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Only the river flows

Dans le paysage du cinéma chinois contemporain, le polar se taille une belle place, symbolisée par la réussite du cinéaste Diao Yinan (Le lac aux oies sauvages).

Ajoutant sa pierre à ce mouvement, Shujun Wei nous offre ici une version noire et parfois lynchienne de la traditionnelle traque du tueur en série.

Si le début du film brille par sa maîtrise et sa noirceur poisseuse, on est ensuite assez rapidement perdu dans un labyrinthe mental dont on ne comprendra que tardivement qu'il reflète (au moins en partie) les hallucinations de son personnage principal, à l'évidence souffrant de troubles psychologiques.

Je trouve que cette option nuit un peu au plaisir que l'on éprouve à suivre une enquête qui s'annonçait passionnante, mais il faut reconnaître qu'elle donne à Only the river flows une aura particulière, qui flirte avec le fantastique.

Un polar d'une rare sophistication, réservé aux aventuriers de l'esprit.

 

2e

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The bikeriders

D'un livre de photographie de Danny Lion qui le fascina enfant, le cinéaste américain tire une oeuvre académique, qui séduit plus par la qualité de ses portraits que par sa narration.

On suit sans déplaisir l'histoire de ce groupe de motards, des origines à sa profonde transformation, à travers le destin de trois personnages principaux.

Austin Butler campe un beau gosse ténébreux avec une gueule à la James Dean convaincante, alors que Jodie Comer joue sa femme sans grande conviction. C'est Tom Hardy, dans un beau rôle de méchant boss malgré lui (façon Tony Soprano), qui emporte le morceau dans un casting assez plan-plan.

Pour le reste, l'évolution narrative est prévisible, les relations entre les personnages assez téléphonées, et la mise en scène à la fois convenue et efficace. La trame temporelle est inutilement compliquée par une série d'allers-retours sans grand intérêt. 

Le film vaut principalement par son aspect sociologique : le milieu des motards de cette époque est bien reconstitué, et l'étonnant mélange de règles inutiles et d'esprit libertaire produit parfois de beaux moments de tension dramatique.

A noter que Michael Shannon, qui joue un petit rôle, signe ici sa sixième collaboration avec Jeff Nichols en six films : un bel exemple de fidélité.

Une oeuvre appliquée, intéressante à défaut d'être passionnante.

Jeff Nichols sur Christoblog : Take shelter - 2011 (**) / Mud - 2012 (**) / Midnight special - 2016 (*) / Loving - 2017 (**)

 

2e

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Les fantômes

Le premier film de Jonathan Millet est d'une grande maîtrise formelle.

Il suit le parcours de Hamid, chasseur clandestin de criminel de guerre, qui pense avoir retrouvé à Strasbourg son tortionnaire.

Curieusement, le film est qualifié un peu partout de "film d'espionnage" alors qu'on ne suit aucun espion et que les Etats sont totalement absent de l'intrigue. Il s'agit ici d'une histoire très personnelle liée aux horreurs commises en Syrie, qui traite à la fois du souvenir, de la vengeance, du pardon, de l'exil, du deuil et de la justice.

Si le film est parfois un peu lent et un poil scolaire, ils propose aussi des moments d'exception (le repas dans le restaurant bondé), une intrigue puissante et un travail sur le son absolument bluffant, comme on en a rarement vu. Les deux acteurs principaux, Adam Bessa et Tawfeek Barhom, dégagent un magnétisme saisissant. La mise en scène, qui mêle avec bonheur plans larges et caméra très proche des visages, est d'une grande beauté.

A voir absolument.

 

3e

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Le comte de Monte-Cristo

On pourrait citer beaucoup de qualités à propos de ce blockbuster français : l'intelligence de l'écriture qui respecte le génie feuilletonnant du roman, la musique de Jérôme Rebotier, le casting impressionnant.

Mais ce qui est pour moi la caractéristique principale du film, et sa spécificité, c'est la modeste efficacité avec laquelle il a été conçu et réalisé. Ici, pas d'effet numérique ostentatoire, pas de scènes d'action inutiles, pas de modernisation accessoire dans le scénario : tout ce qui est montré est utile, tout ce qui est filmé fait avancer l'intrigue.

A l'image de cette sobriété bienvenue, la composition de Pierre Niney m'a paru saisissante. L'acteur auquel on peut souvent reprocher un gentil (mais parfois envahissant) cabotinage est ici parfait. Joyeux sans excès dans la première partie, puis intelligemment sombre dans la seconde, sans jamais se départir de cette assurance dans la vengeance qui semble alors lui tenir lieu de personnalité. Il illustre merveilleusement l'idée de génie de Dumas : faire d'un gentil congénital un méchant obstiné.

Toute cette affaire est mené tambour battant jusqu'à un combat final qui résume les qualités du film : sans esbroufe, raisonnablement cruel, sous un ciel nuageux et peu flatteur.

Si le casting est absolument parfait (et je pèse mes mots, tout le monde est proche de ce qu'il peut faire de mieux), j'aimerais distinguer Anaïs Demoustier, qui campe une Mercedes d'exception, et dont la moindre des expressions fait véritablement vibrer l'écran. 

Du beau cinéma grand public, à la française.

Matthieu Delaporte et Alexandre de la Patellière sur Christoblog : Le prénom - 2012 (***)

 

3e

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Juliette au printemps

Blandine Lenoir nous offre ici une comédie sur la famille qui réussit à la fois à faire beaucoup rire et à émouvoir.

Elle s'appuie pour cela sur un casting haut de gamme. Izia Higelin rayonne d'une noire lumière, Jean Pierre Darroussin est désarmant d'amère bonhomie, Sophie Guillemin explose dans un rôle de sensuelle mère de famille éprise de liberté, et tout le reste du casting est absolument parfait (Noémie Lovsky, Eric Caravaca, Liliane Rovère...).

Juliette au printemps parvient à nous offrir des moments de réel burlesque (le chat maladroit, l'amant costumé) comme des moments d'émotion qui nous arrachent des larmes (la photo offerte à la fin du film).

L'attention est constamment entretenue par une intrigue liée au passé, qui se révèle petit à petit, et s'avère à la fois assez classique et émouvante. Le montage alerte et la mise en scène délicate contribuent à rendre le film aimable.

Une vraie réussite, encore plus agréable qu'un bon Podalydès.

Blandine Lenoir sur Christoblog : Annie Colère - 2022 (***)

 

3e

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Memory

On reproche parfois au cinéma de Michel Franco sa froideur mécanique, presque sadique.

J'ai moi-même écrit des choses très dures sur celui que j'ai pu considérer comme un Haneke d'outre-Atlantique.

La surprise est donc totale de voir dans ce film le réalisateur mexicain tisser une histoire remplie d'émotions, de subtilité et d'espoir. Bien sûr, la charge des traumas qui constitue la trame principale du film (attention, c'est du lourd) fait quand même peser sur Memory  une triste noirceur, caractéristique de Franco, que le réalisateur parvient ici à sublimer jusqu'à un dernier plan de toute beauté.

Jessica Chastain est tout simplement formidable. Elle est accompagnée par un fantastique Peter Sarsgaard, qui a obtenu le prix d'interprétation masculine à Venise pour ce rôle. Ce dernier joue la maladie mentale avec une délicatesse qui brise le coeur, et qu'on a rarement vu représentée à l'écran avec autant de justesse.

La mise en scène est impressionnante, constituée de plans larges et froids, dans lesquels on a l'impression de voir les sentiments se déployer avec majesté.

Un très beau film.

Michel Franco sur Christoblog : Después de Lucia - 2012 (**) / Chronic - 2015 (*)

 

4e

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Kinds of kindness

Yorgos Lanthimos revient ici au style qui fit son succès au début de sa carrière : une construction intellectuelle stimulante, une âpre description des petitesses de l'âme humaine, une mise en scène de toute beauté, une cocasserie caustique qui fait souvent sourire. 

Le tout est ici multiplié par trois, puisque le film est constituée de trois histoires complètement distinctes de 55 minutes chacune environ. Comme c'est souvent le cas dans ce type de film, on pourra juger l'intérêt des trois parties assez disparates. La première est pour moi presque parfaite dans son développement narratif et la subtilité de ses échanges, la deuxième m'a parue à la fois plus prévisible et moins crédible, alors que la dernière vaut surtout pour ses dix dernières minutes ébouriffantes.

Le trio d'acteurs est prodigieux et si Jesse Plemons a amplement mérité son prix d'interprétation à Cannes, Emma Stone et Willemn Dafoe sont formidables tous les deux.

J'ai pris du plaisir à déguster cette nouvelle livraison du cinéaste grec, qui n'a pas son pareil pour sonder les relations de pouvoir et de dépendance des êtres humains, leur obsessions et leurs aliénations, dans un monde dystopique et sur un mode qui mêle admirablement l'humour et la cruauté (la scène de la sextape en souvenir de la défunte en est un excellent exemple).

Pour ceux et celles qui avaient aimé The lobster

Yorgos Lanthimos sur Christoblog : Canine - 2009 (**) /  The lobster - 2015 (****) / Mise à mort du cerf sacré - 2017 (***) / La favorite - 2018 (***) / Pauvres créatures - 2024 (****)

 

3e

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Les premiers jours

Stéphane Breton est un théoricien du documentaire au moins autant qu'il est un documentariste.

Si ses propos sont souvent passionnants, quand il parle de la façon dont on peut rendre compte de la réalité à l'écran, il faut bien reconnaître que ce nouveau passage à l'acte cinématographique est assez ardu à regarder.

Nous sommes au Chili, et nous suivons un groupe de personnes esseulées qui vivent parmi des carcasses de voiture sur une plage déserte, vivant d'une étrange récolte d'algues.

C'est tout ? Et oui, c'est tout. 

La caméra ne montre que ce que je viens de décrire sommairement. Comme c'est évidemment un peu court, Breton propose une bande-son recherchée qui ne colle pas vraiment à ce que l'on voit à l'écran, de nombreuses images de chiens marchant au ralenti (?), des plans sur la mer ou/et les rochers (et aussi sur deux coquillages), plusieurs plans fixes sur des chaises. Il affiche une volonté délibérée de ne fournir aucune explication sur le contexte de la situation (à cet effet, les propos des personnages sont par exemple volontairement rendus inaudibles).

En ce qui me concerne, j'ai trouvé cela à la fois intéressant et totalement vain, l'ennui et la frustration l'emportant au final sur l'émerveillement. Je ne le conseillerai donc qu'aux passionnés du documentaire d'auteur. Les premiers jours est évidemment distribué dans un nombre très restreint de salles, et on comprend pourquoi.

 

1e

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Greenhouse

Ce premier film de la réalisatrice Lee Sol-Hui se situe dans la veine cruelle (voire sadique) que le cinéma coréen aime souvent emprunter, et dont les réalisateurs emblématiques pourraient être Kim Ki-Duk et Lee Chang-Dong.

L'héroïne est tout d'abord présentée dans la pire des situations : elle est pauvre, s'auto-mutile, vit dans un hangar, son fils est en prison, elle doit s'occuper de sa mère, visiblement atteinte d'une maladie de type Alzheimer. Elle gagne sa vie en s'occupant d'un vieux couple, dont l'homme est aveugle et la femme atteinte des mêmes symptômes que sa mère.

En résumé, c'est glauque, et pour tout dire, plus noir que noir. Mais sans déflorer l'intrigue, la vérité est que les choses empirent nettement vers le milieu du film, suite à un concours de circonstance tout à fait coréen dans l'esprit : improbable et particulièrement diabolique.

J'ai fini par rire noir, si je puis dire, de tant de malheurs accumulés, parfois de façon totalement invraisemblable.

Le film se laisse toutefois regarder, en partie parce que la mise en scène est solide et efficace, et aussi parce que l'actrice principale est parfaite dans son rôle de mater dolorosa.

A voir pour les amoureux de cinéma asiatique.

   

2e

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Vice-versa 2

J'avais aimé le premier Vice versa, son imagination, sa cohérence et ses trouvailles.

Dans ce nouvel opus, les cinq bonnes vieilles émotions gouvernant la vie de Riley sont rejointe par quatre nouvelles venues, caractéristiques de la période adolescente : Anxiété, Ennui, Embarras et Envie. 

L'idée est évidemment plaisante, mais malheureusement le scénario ne parvient pas à intégrer la complexité que représente la coexistence de neufs émotions complexes dans le cerveau d'une jeune fille de treize ans. Il en découle qu'au lieu de tenter une interaction entre la vie réelle (un simple stage de hockey sur glace) et ce monde psychologique, le film propose plus simplement une sorte de film d'action dans des paysages mentaux oniriques. 

Autrement dit, tout le sel du premier opus (donner à voir les mécanismes psychologiques de façon ludique) est ici diluée dans un spectacle mainstream à l'intérêt incertain. Subsistent uniquement quelques éclairs plaisants (les personnages d'anciens dessins animés relégués dans un coffre-fort mémoriel, l'alerte "puberté") et un sens du rythme qui évite au film d'être complètement insignifiant. Il y avait beaucoup mieux à faire avec la riche matière que constitue la pré-adolescence. 

Décevant.

Sur Christoblog : Vice versa - 2015 (***)

  

2e

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La jeune fille et son aigle

Drôle de film que ce documentaire qui nous montre comment une jeune fille, aidée par son père, se bat pour avoir le droit de dresser un aigle pour la chasse, alors que la tradition n'autorise que les jeunes garçons à le faire.

Le propos est bien féministe, mais la forme du film à un petit côté rétrograde qui le fait plus ressembler à un reportage du National Geographic (en moins bien) qu'à un brûlot engagé. 

On est donc partagé devant les mésaventures de la jeune Aisholpan, extrêmement scénarisées, et dont on a du mal à penser qu'elles puissent être entièrement "naturelles". D'un côté, on se dit qu'on ne fait plus de documentaires de ce type (voix off qui surligne les images, évitement de tout élément de contexte, images de drone à tout va), de l'autre on est ébaubi par la pugnacité de la petite Mongole et de son papa, de telle façon qu'on ne peut s'empêcher de dévorer cette aventure, comme on regarde une série à suspense, d'autant plus que les paysages de l'Altaï sont de toute beauté.

L'avis général est donc au final positif.

    

2e

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Journal du Festival d'Annecy 2024

9 juin 

Le pays invité du Festival est cette année le Portugal. Je commence donc ma semaine avec un programme de courts-métrages portugais, centré autour de la figure de José Miguel Ribeiro, le réalisateur de Nayola, qui a atteint les écrans français l'année dernière. Les cinq films mettent en valeur l'incroyable diversité des modes d'animation possibles, de la facture classique parfois mêlée à des prises de vue réelles à la peinture sur verre, en passant par les dessins de voyage ou l'animation d'objets. Mais le clou de la séance est le formidable film de Ribeiro, Le suspect, stop motion dans le huis clos d'un compartiment de train, bijou d'humour et de suspense. Ce film a remporté des dizaines de prix à travers le monde et on comprend pourquoi.

J'enchaîne avec la masterclass de Terry Gilliam, en pleine forme à 84 ans. Ce dernier revient sur sa carrière devant une salle Bonlieu pleine à craquer et prompte à s'enthousiasmer à chaque saillie et plaisanterie de l'américano-britannique. De ses débuts de cartooniste au baron de Munchausen en passant par l'incroyable parenthèse libertaire qu'a constitué les Monty Python, le maître nous régale de nombreuses anecdotes qui respirent l'humilité et une soif de s'amuser presqu'enfantine. Parmi ces anecdotes, je retiens le souvenir d'une master class qu'a donné Gilliam à de jeunes cinéastes américains en compagnie de Stanley Donen et Volker Schlondorf, et parmi lesquels se trouvaient un jeune réalisateur nommé ... Quentin Tarentino. Un très beau moment, en attendant le prochain film de Gilliam, The Carnival at the end of the day, qui rassemblera Johnny Depp, Adam Driver et Jeff Bridges.   

 

10 juin

La soirée ne commence pas très bien avec le film du cinéaste canarien David Baute, Mariposas negras (1/5). Cet ambitieux long-métrage, à l'animation pourtant malhabile, trace l'itinéraire de trois femmes du Sud victimes des conséquences du réchauffement climatique, sous forme d'une accumulation de péripéties plus atroces les unes que les autres (guerre, viol, mort). C'est un long calvaire mièvre et doloriste, qui ne semble constitué que de lieux communs dénués de tout enjeu narratif : le film m'a insupporté.

La suite est bien plus agréable, avec le beau Memoir of a snail (4/5) du génial australien Adam Eliott, auteur du célèbre Mary et Max. Le film suit le destin de deux pauvres orphelins, dont le parcours chaotique est décrit avec une imagination débordante et un humour mordant. C'est vraiment un plaisir à la fois intellectuel (l'esprit est toujours sollicité par une trouvaille se trouvant à l'écran), esthétique (les personnages et décors en pâte à modeler sont sublimes) et finalement émotionnel (on écrase sa petite larme). Une réussite majeure qu'on retrouvera sur les écrans français puisque le film est distribué par Wild Bunch. A noter la voix de Sarah Snook (la Shiv de Succession) et celle de Nick Cave en guest.

 

13 juin

Anzu, chat-fantôme (2/5), film franco-japonais de Yoko Kuno et Nobuhiro Yamashita, lorgne du côté de Ghibli (petite fille décidée qui a perdu sa mère, fantômes et créatures monstrueuses dans la campagne japonaise, outre-monde) sans atteindre malheureusement le niveau des films de Miyazaki : l'animation est trop pauvre et la poésie est absente. Je suis très étonné que ce film somme tout très moyen ait été sélectionné à la Quinzaine des Cinéastes 2024.

Dans la foulée, la projection évènement de Moi moche et méchant 4 (3/5), qui sort en France le 10 juillet, est un plaisir régressif de bon niveau. La grande salle Bonlieu est bondée et l'atmosphère est électrique, avec l'ensemble de l'équipe du film dans la salle. Cette franchise est une de mes préférées : je trouve qu'elle assume parfaitement son côté grand public en déployant des trésors d'imagination visuelle et narrative. Cet opus bénéficie d'une animation ébouriffante et d'un sens du rythme diabolique, que la bande-son énergise encore plus. Les situations qui mettent en scène la famille Gru sont amusantes et celles mettant en valeur les fameux Minions sont délicieuses. J'espère un carton estival au box-office.

 

15 juin

Vice-versa 2 (2/5) est décevant. Alors que le premier opus réussissait à la perfection l'assemblage de la vie réelle et de la vie intérieure d'une petite fille, cette suite nous embrouille, avec un mélange de plusieurs idées qui ne nous touchent jamais. Il y a par intermittence quelques idées qui font mouche, mais le résultat est loin de combler les espoirs que je mettais dans cette suite.

Sauvages (1/5) de Claude Barras, est encore une plus grande déception. Ce film est une succession de clichés et de lieux communs politiquement corrects : il est donc question d'une multinationale constituée de salopards en cols blancs qui exploitent une forêt d'Amazonie dans laquelle vivent de gentils autochtones en lien direct avec la nature. Aucun enjeu narratif digne de ce nom, aucune nuance, nous avons ici un scénario qui représente bel et bien le niveau zéro de la subtilité. En voyant le film, je ne peux m'empêcher de penser que les qualités de Ma vie de courgette reposaient sur le travail de Céline Sciamma, bien plus que sur celui de Claude Barras, ici unique responsable de ce naufrage intégral.

Le cristal, la plus haute récompense du festival, est aujourd'hui attribué à Memoir of a snail (cf plus haut), un film vraiment merveilleux, alors que le film Flow, que j'ai vu à Cannes, et qui est très bon lui aussi, remporte plusieurs autres prix (dont celui du public). 

A l'année prochaine, Annecy !

 

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Furiosa : une saga Mad Max

Le cinquième opus de la série Mad Max est un bon cru. 

Il commence bizarrement comme un conte et il ressemble en cela plus au dernier film de George Miller, Trois mille ans à t'attendre, qu'à Fury road.

Nous sommes en effet dans un premier temps invités à contempler de magnifique paysages : une cité verdoyante dans l'enfer désertique qu'est devenue l'Australie, un désert de sable encore plus beau que celui de Dune, une ville citadelle de toute beauté. Nous croisons des personnages dont le charisme est de nature mythologique : Dementus (Chris Hemsworth compose un méchant d'anthologie), Immortan Joe, Praetorian Jack. Tout cela compose un univers attachant, riche de mille détails et parfaitement immersif.

Les grande scènes de poursuite et d'action n'arrivent qu'une fois le film bien avancé, et il faut avouer qu'elles sont époustouflantes de virtuosité et d'inventivité, encore plus spectaculaires que dans les épisodes précédents.

Furiosa est un divertissement pour adulte de très haute tenue, pour peu qu'on se soit pas réfractaire au genre post-apocalyptique ultra-violent, ici agrémenté d'une dose de sadisme gratuit et goguenard, non dénué d'humour (les brochettes de chien et le boudin d'homme !).

Le film est à savourer absolument dans une salle de cinéma, tant le travail sur l'image et le son est conçu pour en mettre plein les yeux et les oreilles.

Je le conseille chaudement aux amateurs, c'est pour moi supérieur à Fury road

George Miller sur Christoblog : Mad Max : Fury road - 2015 (**) / Trois mille ans à t'attendre - 2022 (**)

 

3e

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Border line

Ce film espagnol est d'une concision et d'une efficacité qui lui a fait rencontrer un succès critique et public tout autour du monde.

Le principe est simple : un couple qui entre au USA pour s'y installer (elle est espagnol, lui est vénézuélien) doit subir un interrogatoire serré des services de l'immigration américaine, ce qui va mettre à dure épreuve la solidité de leur relation.

Tout est parfaitement dosé dans cet exercice de style dont l'ambiance rappelle d'autres huis-clos anxiogènes épurés (The guilty par exemple), presque trop. Le scénario très bien conçu est tellement huilé que même les (rares) surprises finissent par paraître logiques.

Heureusement que les acteurs parviennent à donner corps à ce film quasi-mathématique dans sa progression vers plus de suspicion, plus de doutes. Leurs sentiments semblent eux bien réels, et la prestation de l'actrice Bruna Cusi m'a paru particulièrement solide.

Au final on passe un bon moment, à se demander comment cette aventure va se finir, et pour le coup on n'est pas déçu par le dernier plan, d'une concision sèche et âpre, à l'image du film, dont la durée l'apparente presque à un moyen-métrage (1h17).

On surveillera en tout cas de près la carrière des deux réalisateurs, Alejandro Rojas et Juan Sebastian Vasquez.

  

2e

 

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Comme un lundi

Ce film du nouveau venu Ryo Takebayashi est un divertissement honorable sur le thème de la boucle temporelle : une équipe d'employés de bureau semble revivre indéfiniment la même semaine.

Dans un premier temps, l'enjeu de la narration se concentre sur un sujet intéressant : comment se rendre compte qu'on est dans une boucle temporelle ? Et si certains en ont conscience, comment ces derniers peuvent-ils en convaincre les autres, qui les prennent au premier abord pour des fous ?

Ce premier sujet étant traité (assez plaisamment), Comme un lundi s'oriente ensuite vers une comédie dramatique, axée sur la résolution du problème du "comment stopper la boucle ?". Pour ce faire il emprunte une voie teintée de nostalgie, dans un ton très consensuel glorifiant le pouvoir du collectif au service d'une belle idée. Cette deuxième partie est à mon sens un peu moins réussie, car trop convenue.

Le résultat final se laisse regarder sans déplaisir, mais le contenu du film est quand même un peu léger pour tenir la longueur d'un long-métrage : il aurait été parfaitement adapté à une durée de 50 minutes. A vous de voir.  

 

2e

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Le tableau volé

Voici une excellente surprise qui confirme le formidable talent de Pascal Bonitzer pour réaliser, et surtout écrire des films.

C'est en effet par son scénario d'une intelligence rare que Le tableau volé se distingue. Outre des personnages bien écrits, pas immédiatement sympathiques, le film propose des développements variés, des twists amusants, et un portrait tout en nuance de milieux sociaux forts différents. Le style oscille continûment entre la comédie décalée, le thriller artistique, la chronique sociale, le drame familial et même un soupçon de romcom.

Pour mener à bien ce programme somme toute osé, il faut une brochette d'acteurs hors norme. Alex Lutz confirme ici un talent phénoménal pour jouer un personnage désagréable (qu'on finira évidemment par apprécier), Léa Drucker et Nora Hamzawi assurent, et Louise Chevillotte séduit dans un rôle de mythomane très habilement dessiné par Bonitzer.

Le tableau volé arrache même une larme au spectateur lors d'un final très émouvant, qui mêle l'intime à l'historique : c'est très beau.

Le film français à voir en ce moment !

Pascal Bonitzer sur Christoblog : Cherchez Hortense - 2012 (*) / Tout de suite maintenant - 2015 (**)

 

3e

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Los delincuentes

Los delincuentes confirme la belle vitalité du cinéma argentin, particulièrement efficace dans un style décalé, à la fois contemporain et poétique, dont l'étalon est aujourd'hui Trenque Lauquen.

Le film de Rodrigo Moreno commence comme un thriller lo-fi, dans lequel deux pieds nickelés commettent un hold-up d'un genre spécial. Ils volent une énorme somme d'argent correspondant à leur salaires jusqu'à la retraite. L'un accepte de se faire incarcérer (il pense prendre six ans de prison) alors que l'autre est chargé de planquer l'argent.

Le film est férocement drôle et tendrement poétique dans sa première partie. Les employés de la banque subissent l'enquête lymphatique d'un détective qui n'arrive pas vraiment à être antipathique. Le complice chargé de plaquer le magot est rongé par la culpabilité, et ses états d'âme sont à la fois poignants et risibles. 

Bref, on est charmé par le style distancié de ce polar au ralenti (le film dure trois heures et prend son temps) quand il bifurque tout à coup dans une direction absolument inattendue, champêtre et solaire, bousculant au passage la temporalité du film. Le spectateur ne sait plus trop à quoi s'en tenir, le premier sujet du film disparaissant progressivement du champ du film, au profit d'une ode exaltante à la liberté et à la sensualité, parsemée de clin d'oeil amusants (les personnages principaux s'appellent Roman, Moran, Norma et Morna).

Cohérent avec l'évolution interne quasi-libertaire de son scénario, Los delincuentes finit par se perdre avec délice dans une sorte de delta narratif évanescent, dans lequel les principaux personnages se perdent avec nous, comme enivrés par une soudaine liberté : il semblent quitter le film avant sa fin, d'une certaine façon.

Une oeuvre surprenante, qui ne ressemble à rien de connu, comme si Hitchcock rencontrait Hong Sang-soo dans l'Argentine profonde.

 

3e

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