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Christoblog

Articles avec #je n'aime pas

Eddington

Le nouveau film d'Ari Aster, jusqu'à présent surtout connu pour des films de genre (Hérédité, Midsommer), commence comme un ancien film des frères Coen : personnages déjantés, ambiance cartoonesque, humour et violence mélangées.

J'ai été plutôt séduit par cette entame amusante, qui passe en revue beaucoup des problèmes de l'Amérique (et plus généralement du monde contemporain) : omniprésence des écrans, complotisme, extrémismes en tous genres, écologie, nouvelles technologies, sort des populations indigènes, sumprématisme blanc, emprise des sectes. 

Malheureusement, Eddington commence à bégayer vers son mitant, et la qualité du jeu de Pedro Pascal et de Joaquin Phoenix ne suffit plus à masquer le manque d'inspiration d'un scénario qui perd progressivement son fil. Au final, Aster renvoie dos à dos racisme et anti-racisme, progressisme et complotisme, dans une sorte de vortex idéologique qui semble avoir perdu tout sens moral : la gêne que génère cet anarchisme intellectuel n'est pas atténuée par la démesure un peu sotte de l'assaut final, qui franchit la frontière séparant spectaculaire et ridicule. Son anti-héros tout puissant n'a pas de contre-point à sa hauteur, ce qui au final déséquilibre le film.

C'est donc indigeste, et raté.

Aris Aster sur Christoblog : Midsommer - 2019 

 

2e

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Once upon a time in Gaza

Ce nouveau film des frères Nasser, tourné en Jordanie, nous projette dans la vie quotidienne de Gaza, loin de toute actualité politique.

Passé le début du film, dont on ne comprendra la teneur que bien plus tard, on suit tout d'abord un couple d'amis dissemblables et attachants : un étudiant rêveur et une petite frappe à la grande gueule (et au grand coeur).

Entre polar noir et chronique sociale tendre, le film semble chercher sa voie. Sa petite musique jazzy, son rythme nonchalant et son absence totale de propos politique déstabilisent le spectateur, qui sera encore plus surpris de découvrir l'évolution de l'histoire dans la deuxième partie.

Once upon a time est à l'évidence tourné avec peu de moyens : c'est à la fois son charme et sa limite. Suivant votre humeur vous pourrez être séduit par la fable morale piquante qu'il nous propose, ou déçu par ses faiblesses d'écriture et son rythme velléitaire.

Comme le film est court (1h30) et la proposition originale, le risque que vous prenez n'est toutefois pas très grand.

Les frères Nasser sur Christoblog : Gaza mon amour - 2021 (**)

 

2e

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Enzo

Voici le film "de Laurent Cantet, réalisé par Robin Campillo", suite à la mort de son ami.

Le résultat est étonnamment situé exactement à mi-chemin des univers des deux réalisateurs : fine chronique sociale et rapports de classe intra-familiaux côté Cantet, trouble homoérotique et éveil des désirs physiques (sexe, danse) côté Campillo. 

Le début d'Enzo bénéficie de cette ambigüité pour installer une ambiance à la fois solaire et inquiétante, qui attise le désir du spectateur.  Malheureusement, une fois le cadre posé, le film piétine un peu dans son entre-deux thématique : les personnages des parents et du frère sont sacrifiés et dessinés de façon caricaturale, le sujet de la guerre en Ukraine est survolé et semble servir de faire-valoir, le jeu limité d'Eloy Pohu ne contribue pas à développer son personnage de façon intéressante. Dans sa deuxième partie, Enzo pêche par manque d'incarnation et de réalisme (la scène de la chute).

Je suis donc devenu assez rapidement extérieur au film lui-même, regardant avec indifférence le témoignage d'affection de Campillo pour son pote, estimable, mais un peu artificiel. 

 

2e

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Loveable

Loveable m'amène à me poser une question simple : peut-on faire un bon film avec un personnage principal antipathique ?

Et ma réponse est résolument négative dans ce cas d'espèce. Les états d'âme de Maria sont très communs : elle a du mal à gérer ses enfants et sa vie professionnelle. OK. C'est probablement le sort de plus de la moitié de la population mondiale féminine, mais dans le cas de Maria, cela semble insurmontable. 

Assez terrible en tout cas pour décider de partir (puis le regretter), de regarder dans le vide pendant plusieurs minutes (des heures en temps ressenti par le spectateur), d'aller voir une psy (qui l'invite à dormir, à court d'arguments thérapeutiques peut-être), de régler quelques comptes avec sa mère (très mal jouée), de se faire larguer une deuxième fois (par un mari trop beau et trop lisse pour être crédible, même si on lui donne instinctivement raison), puis de rembarrer une amie sincère.

J'ai personnellement voué une sincère animosité envers le personnage joué par l'actrice Helga Guren, jamais à court d'expédients grotesques (grimaces devant le miroir, torsions acrobatique de la bouche et dos tristement vouté), servis il est vrai par un scénario et une mise en scène ne reculant devant aucune facilité (artiste de rue chantant "Ne me quitte pas" juste après la scène de séparation, scènes rejouées maladroitement, fin ouverte irrésolue).

C'est une catastrophe dont je ne m'explique pas le succès critique. Pas aimable, du tout.

 

1e

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Mission : Impossible - The final reckoning

L'opus précédent de Mission Impossible m'avait beaucoup plu. J'avais apprécié son alacrité décomplexée, sa capacité d'aller droit au but et de proposer de nombreuses idées de scénario et de mise en scène.

Malheureusement, ce nouvel épisode est presque l'opposé du précédent. L'action peine à démarrer (il faut attendre plus d'une heure pour que l'action débute vraiment, ... et le film dure 2h49), la lourdeur est plutôt de mise (avec force clin d'oeil aux autres épisodes) et les scènes d'action sont moins enlevées que celle du train dans MI7.

Les choses se débloquent un peu avec une séquence sous-marine plutôt réussie, qui rappelle plus l'ambiance magique du Abyss de James Cameron que les galipettes habituelles de Tom Cruise. La grande scène finale est une cascade aérienne certes impressionnante dans des décors sublimes, mais dépourvue de véritables enjeux dramaturgiques.

Le film se complaît par ailleurs dans une sorte de gloubi-boulga de bons sentiments et de considérations à tendance scientologique qui m'a laissé complètement froid.

Une déception.

Christopher McQuarrie sur Christoblog : Mission : Impossible - Rogue nation - 2015 (**) / Mission : Impossible - Dead reckoning Part 1  - 2023 (***)

 

2e

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Un médecin pour la paix

D'un point de vue cinéma, c'est le degré zéro : des interviews face caméra, avec entre elles des images de "remplissage" (coucher de soleil, homme qui fait cuire des maïs sur le front de mer, images de JT, dessin animé assez grossier).

Le destin de ce médecin est certes remarquable (il a perdu trois filles et une cousine lors d'un bombardement israélien), mais la dramatisation de la tragédie qu'il a vécu au sein-même du film m'a gênée. On a par exemple droit à des cartons, conditionnant ce que nous voyons à un compte à rebours macabre (3 jours avant la tragédie) : de quoi exciter notre curiosité malsaine sur le thème de : Qui va mourir ? Qui va survivre ?

Finalement, cette mise en scène ostentatoire du malheur n'atteint pas son but, au contraire :  je n'ai pas été ému du tout.

De plus, et ce n'est peut-être pas très politiquement correct de le dire, mais l'optimisme un peu béat du docteur et sa façon de "marketer" le drame dont il a été victime (il est tout fier que son livre ait été traduit en ... 23 langues !) ne le rend pas sympathique, au contraire. Il finit par énerver, ce qui est un comble, au regard de son malheur.

Enfin le film est déphasé par rapport à l'actualité brûlante, puisque Israel fait depuis encore pire, ce qui est un peu gênant.

Au final, un film laid et malaisant.

 

1e

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Les linceuls

Le dernier David Cronenberg commence plutôt bien. Vincent Cassel est assez convaincant en veuf pas si éploré que ça, qui poursuit une relation amoureuse post mortem avec sa compagne chérie.

L'idée des linceuls connectés est porteuse de nombreux développements mystico-technologiques potentiels, et l'on se dit qu'on va s'amuser un peu, dans une atmosphère intéressante, à la Edgar Allan Poe, mâtinée d'effets digitaux en tout genre.

Las, l'intrigue devient rapidement un embrouillamini de sujets qui ne seront jamais résolus : qui a fait quoi, et pourquoi ? Entre Islande, Chine et Russie, on se perd malheureusement dans un scénario déliquescent.

Le beau personnage joué par Cassel devient ... un queutard obsédé par le sexe. Le film se délite donc progressivement, comme le cadavre de la pauvre épouse dans son linceul : le film est un nouvel exemple de la capacité de Cronenberg à gâcher de bonnes idées.

David Cronenberg sur Christoblog : Les promesses de l'ombre - 2007 (***) / A dangerous method - 2011 (***) / Cosmopolis - 2012 (*) /  Maps to the stars - 2014 (**) / Les crimes du futur - 2022 (*)

 

2e

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Parthenope

Je fais partie de ceux qui tente de défendre Paolo Sorrentino, quand il est attaqué de toute part pour des films que je juge intéressants, notamment quand le réalisateur italien n'hésite pas sur le dosage des effets baroques (comme dans La grande belleza).

Mais malheureusement, je ne peux pas grand-chose pour le soldat Sorrentino en ce qui concerne ce brouet sans saveur, juste illuminé de quelques passages sidérants.

Rien ne va dans cet opus. L'actrice principale d'abord : Celeste della Porta n'a malheureusement aucun charisme. Elle est censée représenter une divinité (la protectrice tutélaire de Naples), mais ne parvient qu'à évoquer une publicité pour produits de beauté.

Le scénario n'aide pas à ce qu'on s'intéresse au personnage titre : les dialogues qu'on lui met dans la bouche semblent être des phrases issues de comptes Instagram avec photo de chatons. C'est niais, et ridicule quand cela devient pseudo-philosophique : "L'avenir est plus grand que toi ou moi".

Le male gaze que certains reproche souvent à Sorrentino trouve aussi ici un summum gênant. Que Parthenope soit un peu stupide, soit, mais la caméra la chosifie trop volontiers, mettant en valeur ses perpétuels décolletés provocants, sans chercher à traquer l'expression d'une simple émotion.

Au final, j'a trouvé le film froid et désincarné, un comble quand il s'agit de rendre hommage à la bouillante Naples. Seules quelques scènes (le miracle, le bébé difforme, les supporters du Napoli) rappelle que le talent de Sorrentino ne s'exprime que dans la démesure.

Paolo Sorrentino sur Christoblog : This must be the place - 2011 (***) / La grande belleza - 2013 (***) / Youth - 2015 (**) / La main de Dieu - 2021 (***)

 

2e

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Blue Sun Palace

J'ai vu ce film un peu ardu dans la furie cannoise de l'année dernière, et je dois dire qu'il ne m'avait pas marqué puisque j'ai du relire mes notes pour m'en souvenir.

Tout commence par une rencontre amoureuse assez joliment évoquée. La caméra semble flotter entre les deux personnages, s'attardant tour à tour sur le visage de celui qui écoute, puis sur celui qui parle. Il y a chez Constance Tsang un véritable don pour la mise en scène.

Mais après ce sympathique démarrage, et passé l'étonnement d'être à New-York alors qu'on se croirait en Chine, on s'ennuie vraiment. Le film prend son temps, sans qu'on comprenne bien où il veut nous emmener, laissant sans réponse beaucoup de questions que le spectateur est en droit de se poser.

J'ai fini par perdre pied, sortant du film et pestant contre cette succession de scènes allusives peu compréhensibles dans leur ensemble. Vers la fin du film, la torpeur formaliste atteint son acmé dans le très long plan de l'homme marchant le long d'une route.

Des idées et une vraie sensibilité, mais noyées dans le formol.

 

1e

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Magma

Les intentions de Cyprien Vial sont estimables.

Décrire une profession peu montrée au cinéma (vulcanologue), donner de la Guadeloupe une vision non touristique, tenter une illustration de ce qu'est la gestion du risque par les autorités publiques : autant d'idées ambitieuses qui auraient pu donner un film original.

Malheureusement toutes ces bonnes intentions se heurtent à un manque de moyen criant qui finit par nuire au film. Difficile en effet de faire monter un suspense de film catastrophe sans avoir les moyens de montrer autre chose qu'un petit panache de fumée à l'horizon.

Si Marina Foïs est très bien, elle ne trouve pas de quoi vraiment s'exprimer dans un scénario un peu scolaire qui tente trop de choses. Aux thématiques déjà évoquées, il faudrait en effet encore ajouter le racisme latent dans l'île, la transmission du savoir, les couples mixtes, le sacrifice de la vie privée au profit de la carrière, l'identité culturelle guadeloupéenne. C'est trop pour qu'un seul de ces thèmes puisse être correctement illustré. 

La mise en scène ne présente aucune aspérité, elle est aussi transparente que le scénario est évanescent. 

Le principal intérêt du film est donc finalement presque documentaire : on approche de près la réalité du travail de vulcanologue, dans sa vérité scientifique un peu austère.

 

2e

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Mickey 17

On retrouve dans cette nouvelle proposition américaine de Bong Joon Ho beaucoup des thèmes qu'on a déjà vu dans ses films d'anticipation US : la neige et les classes sociales de Snowpiercer, les gentilles bébêtes et le propos écologiste d'Okja

Disons-le tout net, ce n'est pas veine du génial coréen que je préfère : il me semble que dès qu'il quitte le substrat de la société (et de la famille) coréenne, son cynisme acéré et sa pertinence le désertent. Mieux vaut donc revoir Memories of murder, The host et Parasite.

Bien sûr, le talent du réalisateur est toujours manifeste quand il s'agit de manier la caméra : la mise en scène est aérienne, les effets spéciaux efficaces et les moments comiques bien amenés. S'il n'était pas beaucoup trop long (2h17), Mickey 17 serait une fantaisie récréative agréable à regarder.

Hormis son manque de rythme et son scénario inégal, le film pêche aussi un peu par une direction d'acteurs un peu trop outrancière (Mark Ruffalo en fait vraiment trop). Il perd en force satyrique ce qu'il pense gagner en fun cartoonesque. 

Trop gentil pour être vraiment décapant, mais trop méchant pour être une comédie pure, Mickey 17 ne séduit que par moment : je pense notamment à toutes les apparitions de l'actrice Naomi Ackie qui campe une soldate dotée d'un très solide et réjouissant appétit sexuel.

Un Bong mineur. Vivement la prochaine livraison Made in Korea.

Bong Joon-Ho sur Christoblog : Memories of murder - 2003 (****) / The host - 2006 (***) / Mother - 2009 (***) / Snowpiercer - 2013 (*) / Okja - 2017 (**) / Parasite - 2019 (****)

 

2e

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Le Mohican

Présenté dans la presse comme un "western corse", Le Mohican s'avère victime de cette catégorisation rapide.

En effet, le film de Frédéric Farrucci ne bénéficie ni de l'efficacité d'un film de cavale survitaminé (je pense à l'excellent film belge de 2024, La nuit se traîne), ni de l'ampleur souvent shakespearienne des vrais westerns de la grande époque. 

Mal écrit (plusieurs scènes semblent invraisemblables : comment Manenti peut-il distancer des poursuivants beaucoup plus véloces que lui ?), mal joué (les seconds rôles sont très mauvais) et moyennement réalisé, ce nouveau film prenant la Corse comme décor s'avère peut-être le moins bon de la longue série commencée en 2024. Le royaume était plus percutant et plus complexe.

Evitable, donc.

 

1e

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La pie voleuse

Rien ne va dans La pie voleuse. Tout sonne faux.

Je pourrais m'arrêter là, tant l'énumération des manques que présente ce film m'est douloureuse, mais que voulez-vous :  "Qui aime bien châtie bien".

Commençons par les dialogues : ils sont ridicules, mal écrits et dès les premières scènes Ariane Ascaride semble à côté de son personnage, ânonnant des répliques qu'on dirait écrites par une IA low cost. Le jeu des acteurs semble de ce fait toujours approximatif (à l'exception de celui de Darroussin, qui parvient encore une fois à tirer son épingle du jeu).

La caractérisation des personnages est elle aussi caricaturale au possible : gentille Maria, tendre Bruno, Jennifer écervelée portée sur la gaudriole. C'est comme si le scénario répugnait à donner la moindre profondeur aux protagonistes.

Quant à la conduite narrative, elle est comme le reste bâclée et même parfois ridicule : la pseudo romance unissant les personnages joués par Louis Leprince-Ringuet et Marilou Aussiloux n'hésite pas à passer des insultes au torride "Je veux ta queue" en moins de trois scènes.

Tout cela est mal servi par une mise en scène inexistante et une sorte de moralisme faisandé et chichiteux qui manipule les bons sentiments sans discernement et surtout, sans profondeur.

C'est tristement raté.

Robert Guédiguian sur Christoblog : Les neiges du Kilimandjaro - 2011 (**) / Gloria mundi - 2019 (****) / Et la fête continue ! - 2023 (**)

 

1e

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Julie se tait

Peut-être abusée par son prof de tennis, Julie se tait, alors que tout son entourage l'encourage à révéler ce qui s'est passé. Et elle se taira jusqu'à la fin.

Voilà le propos du film, que le réalisateur Leonardo van Dijl illustre d'une façon tout à fait respectable, mais un peu trop scolaire à mon goût.

Julie se tait m'a en effet fait l'impression d'un devoir scrupuleusement réalisé, mais trop froidement réalisé pour émouvoir, et d'une certaine façon, déjà vu en mieux.

La langue flamande, le point de vue sur l'histoire vu du personnage principal, l'attention portée aux visages de jeunes acteurs, sans plus d'explication : on pense évidemment à Lukas Dhont (Girl, Close). Quant aux thèmes abordés, l'emprise d'un entraîneur sur une jeune sportive a été montrée avec une grande force dans Slalom, de Charlène Favier, et les exigences excessives du sport de haut niveau dans l'excellent Olga, d'Elie Grappe.

Malgré l'interprétation solide de la jeune Tessa Van Den Broeck et les réelles qualités du film (une caméra sensible, un beau portrait d'adolescente, de jolis plans fixes bien structurés et éclairés), le résultat final m'a donc au final paru légèrement ennuyeux.

On guettera toutefois le prochain film de ce réalisateur flamand, qui à l'évidence est doué, mais devra montrer sa capacité à déployer son art sur la base d'un scénario plus complexe.

 

2e

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Babygirl

Babygirl, dès ses premières scènes, n'hésite pas à manipuler d'énormes clichés.

Par exemple : comment montrer que le jeune stagiaire joué par Harris Dickinson est à la fois nonchalant et arrogant ? En lui faisant mâcher du chewing-gum et en dénouant sa cravate, bien sûr. Comment montrer que l'âge commence à peser sur le personnage de Romy, joué par Nicole Kidman ? Et bien c'est simple : les soins de chirurgie esthétiques sont peu efficaces et leurs dégâts sont visibles (bien que discrets, on ne bouscule tout de même pas la star) !

Et ainsi de suite, pendant les longues 114 minutes que durent le film. Tout est surligné, surjoué et maladroit. Les aspects sado-masochistes du film, souvent mis en avant, sont ridicules et tout à fait anecdotiques (il s'agit principalement pour Romy de laper du lait en imitant un chien : wouaf wouaf wouaf, on en rit presque). 

De ce Cinquante nuances de Grey arty, à la mise en scène chic et choc qui lorgne du côté des 80's, il n'y a rien à sauver, si ce n'est peut-être l'incroyable capacité du film à se faire passer pour ce qu'il n'est pas, à savoir un brûlot féministe et sensuel, socialement signifiant, alors qu'il n'est qu'une pochetronade grossière autour d'un adultère bien commun.

A éviter.

 

1e

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Le quatrième mur

N'ayant pas lu le roman de Sorj Chalandon, j'ai vu ce film sans aucun a priori.

Le début est plutôt plaisant : on est intrigué par ce projet insensé (jouer Antigone au Liban avec un casting multi-confessionnel), et franchement dépaysé par la découverte de cette pléiade de communautés, chacune campée avec efficacité par des personnages qui ne semblent pas caricaturaux.

David Oelhoffen parvient à nous embarquer dans son film, sans vraiment nous donner d'indications pour la suite : aventure optimiste (on pense au documentaire Au bord de la guerre, qui montre l'importance du théâtre dans un pays en guerre - le Théâtre du Soleil en Ukraine) ou à l'inverse tragédie latente ? Cette hésitation constitue un véritable suspense, plutôt agréable.

Malheureusement, Le quatrième mur prend encore une autre direction, celle de la comédie romantique fade et sans saveur : une idylle sexuelle d'une banalité affligeante entre le metteur en scène et son actrice. A partir de ce tournant, le film ne cesse de se dégrader : il simplifie les enjeux, montre irrespectueusement l'horreur à la va-vite (les cadavres de Chatila sont bien rangés dans les escaliers de telle façon que Lafitte n'ait pas besoin de les enjamber). 

Le réalisme qui faisait le sel de la mise en place a complètement disparu, à l'image de l'assassinat du leader chrétien, complètement improbable. C'est la crédibilité des personnages qui s'est finalement délitée au fil des minutes : on ne croit plus du tout à ce qui nous est montré.

C'est dommage, car il y avait matière à un film puissant, qui aurait pu être un formidable thriller de guerre, comme l'était par exemple Sympathie pour le diable, le film de Guillaume de Fontenay sur le reporter de guerre Paul Marchand.

 

2e

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Planète B

Sur le papier, il y a beaucoup de choses intéressantes dans Planète B. L'idée de base du scénario (une prison virtuelle dans laquelle les avatars des prisonniers sont enfermés - et torturés) est intéressante. Le casting est aussi séduisant. Adèle Exarchopoulos est une fois de plus parfaite, comme Souheila Yacoub. 

Le début du film est plutôt séduisant, installant avec peu de moyens un monde dystopique assez crédible dans lequel des écoterroristes grenoblois sont pourchassés par des drones, dans une première scène prenante.

Hélas, il faut vite déchanter. Le scénario est à la fois brouillon et trop ambitieux, les idées développées sont maladroites et l'écriture du film sacrifie trop d'enjeux pour maintenir l'intérêt pendant deux heures. Certains personnages sont grossièrement dessinés (le chef de la police par exemple) et les péripéties finales sentent le manque d'imagination, à l'image du dernier plan, catastrophiquement vide. La direction d'acteur est aussi très mauvaise en ce qui concerne les personnages secondaires : je n'ai jamais vu India Hair jouer aussi mal.

Une déception à la hauteur des espoirs suscités.

 

1e

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Les feux sauvages

Voici une oeuvre que je me garderais bien de conseiller à quelqu'un qui n'a jamais vu de films de Jia Zhang-Ke.

Les feux sauvages est en effet constitué de plans filmés par le réalisateur lors de différents voyages à travers la Chine, ainsi que de plans issus du tournage de ses précédents films (Still Life, Les Eternels).

Jia Zhang-Ke s'est contenté pour ce film, si je puis dire, de tourner une sorte de court épilogue. On n'y comprend pas grand-chose, et l'intérêt de ce montage godardien conceptuel, à la frontière entre fiction et documentaire, est probablement de donner à voir l'évolution de la société chinoise sur plus de deux décennies.

Pour ce qui est de l'embryon d'histoire que le film semble raconter (une femme silencieuse recherche à travers le pays et le temps son amoureux), il est bien trop ténu pour générer un intérêt à lui seul. Là encore, il faut connaître la relation spécifique de Jia Zhang-Ke et de son actrice-muse-épouse, Zhao Tao, pour apprécier.

De cet assemblage souvent profondément inintelligible et parfois sublime (la partie 2006)  sourd une nostalgie puissante, qui pourra peut-être sembler enivrante pour les connaisseurs. Les autres doivent passer leur chemin : on est très loin de l'éblouissement esthétique intrinsèque que procuraient A touch of sin ou Au-delà des montagnes.

Jia Zhang-Ke sur Christoblog : I wish I knew, histoires de Shanghai - 2011 (*) / A touch of sin - 2013 (***) / Au-delà des montagnes - 2015 (****) / Les éternels - 2019 (**)

 

2e

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Le royaume

Quel est le (véritable) sujet du premier film de Julien Colonna, Le royaume ?

Si c'est la Corse, alors on peut dire qu'on a vu cette dernière suffisamment à l'écran ces derniers temps pour en être rassasié, de Borgo à A son image, en passant à Le retour ou De grandes espérances.

Si c'est la description d'un clan mafieux et de ses règlements de compte, alors l'ombre tutélaire de Coppola et Scorsese sera écrasante. S'il s'agit plus spécifiquement de la découverte par une enfant de la véritable activité de sa famille, il faudra plutôt conseiller de découvrir un excellent film, le formidable A chiara, de Jonas Carpignano.

S'il s'agit de l'amour aveugle d'une fille pour son père, je reste dubitatif devant l'atonie du jeu de la jeune actrice Ghjuvanna Benedetti, pas vraiment à son aise dans cette histoire assez classique de règlement de compte, filmée avec efficacité mais aussi parfois avec lourdeur (le montage parallèle chasse au sanglier / assassinat).

J'ai eu beaucoup de mal à éprouver de l'empathie pour ces personnages qui puent l'obscurantisme insulaire et le virilisme rance, sans qu'à aucun moment l'enjeu de l'intrigue ne surmonte le classicisme un peu daté du film. Seul le passage du camping parvient à apporter un peu d'intérêt à cet essai, dont le succès critique paraît surdimensionné, au regard de l'imposante armada des films auxquels il peut être comparé.

 

2e

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Oh, Canada

Rarement le propos d'un film m'aura aussi peu intéressé.

Cette histoire de photographe qui s'exile au Canada ne présente pour moi aucun intérêt : les péripéties de sa vie sont communes et sans relief.  

Le contraste avec ce qui nous est montré est d'autant plus perturbant : sur son lit de mort, le photographe va être interviewé par deux étudiants journalistes avec tout un procédé très impressionnant, et en présence de sa femme. On s'attend a minima à avoir de lourdes révélations : un complot contre l'Etat américain, ou une double vie a minima. Que nenni, les secrets du pauvre homme consistent en quelques coucheries, des enfants abandonnés un peu partout et le refus d'aller au Vietnam. La belle affaire.

L'histoire est inintéressante, et Paul Schrader décide donc d'en faire des tonnes sur le dispositif du film. Nous avons donc droit à au moins quatre époques différentes dont les trames temporelles s'entremêlent, filmées dans des formats très différents (c'est pratique, comme ça on ne peut pas se tromper !). 

Un procédé spécifique est utilisé, que j'ai trouvé très déplaisant : les personnages jouent (parfois) dans les scènes du passé avec leur physique actuel, ce qui ne contribue pas à rendre ces scènes crédibles. De la même façon la voix off appartient à plusieurs personnages, ce qui là non plus n'aide pas à entrer dans la narration. A vrai dire, on est parfois perdu dans cet embrouillaminis stylistique.

J'ai beau réfléchir, je ne trouve aucune qualité à ce film.

Paul Schrader sur Christoblog : The canyons - 2014 (***)

 

1e

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