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Christoblog

Articles avec #je n'aime pas

La pie voleuse

Rien ne va dans La pie voleuse. Tout sonne faux.

Je pourrais m'arrêter là, tant l'énumération des manques que présente ce film m'est douloureuse, mais que voulez-vous :  "Qui aime bien châtie bien".

Commençons par les dialogues : ils sont ridicules, mal écrits et dès les premières scènes Ariane Ascaride semble à côté de son personnage, ânonnant des répliques qu'on dirait écrites par une IA low cost. Le jeu des acteurs semble de ce fait toujours approximatif (à l'exception de celui de Darroussin, qui parvient encore une fois à tirer son épingle du jeu).

La caractérisation des personnages est elle aussi caricaturale au possible : gentille Maria, tendre Bruno, Jennifer écervelée portée sur la gaudriole. C'est comme si le scénario répugnait à donner la moindre profondeur aux protagonistes.

Quant à la conduite narrative, elle est comme le reste bâclée et même parfois ridicule : la pseudo romance unissant les personnages joués par Louis Leprince-Ringuet et Marilou Aussiloux n'hésite pas à passer des insultes au torride "Je veux ta queue" en moins de trois scènes.

Tout cela est mal servi par une mise en scène inexistante et une sorte de moralisme faisandé et chichiteux qui manipule les bons sentiments sans discernement et surtout, sans profondeur.

C'est tristement raté.

Robert Guédiguian sur Christoblog : Les neiges du Kilimandjaro - 2011 (**) / Gloria mundi - 2019 (****) / Et la fête continue ! - 2023 (**)

 

1e

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Julie se tait

Peut-être abusée par son prof de tennis, Julie se tait, alors que tout son entourage l'encourage à révéler ce qui s'est passé. Et elle se taira jusqu'à la fin.

Voilà le propos du film, que le réalisateur Leonardo van Dijl illustre d'une façon tout à fait respectable, mais un peu trop scolaire à mon goût.

Julie se tait m'a en effet fait l'impression d'un devoir scrupuleusement réalisé, mais trop froidement réalisé pour émouvoir, et d'une certaine façon, déjà vu en mieux.

La langue flamande, le point de vue sur l'histoire vu du personnage principal, l'attention portée aux visages de jeunes acteurs, sans plus d'explication : on pense évidemment à Lukas Dhont (Girl, Close). Quant aux thèmes abordés, l'emprise d'un entraîneur sur une jeune sportive a été montrée avec une grande force dans Slalom, de Charlène Favier, et les exigences excessives du sport de haut niveau dans l'excellent Olga, d'Elie Grappe.

Malgré l'interprétation solide de la jeune Tessa Van Den Broeck et les réelles qualités du film (une caméra sensible, un beau portrait d'adolescente, de jolis plans fixes bien structurés et éclairés), le résultat final m'a donc au final paru légèrement ennuyeux.

On guettera toutefois le prochain film de ce réalisateur flamand, qui à l'évidence est doué, mais devra montrer sa capacité à déployer son art sur la base d'un scénario plus complexe.

 

2e

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Babygirl

Babygirl, dès ses premières scènes, n'hésite pas à manipuler d'énormes clichés.

Par exemple : comment montrer que le jeune stagiaire joué par Harris Dickinson est à la fois nonchalant et arrogant ? En lui faisant mâcher du chewing-gum et en dénouant sa cravate, bien sûr. Comment montrer que l'âge commence à peser sur le personnage de Romy, joué par Nicole Kidman ? Et bien c'est simple : les soins de chirurgie esthétiques sont peu efficaces et leurs dégâts sont visibles (bien que discrets, on ne bouscule tout de même pas la star) !

Et ainsi de suite, pendant les longues 114 minutes que durent le film. Tout est surligné, surjoué et maladroit. Les aspects sado-masochistes du film, souvent mis en avant, sont ridicules et tout à fait anecdotiques (il s'agit principalement pour Romy de laper du lait en imitant un chien : wouaf wouaf wouaf, on en rit presque). 

De ce Cinquante nuances de Grey arty, à la mise en scène chic et choc qui lorgne du côté des 80's, il n'y a rien à sauver, si ce n'est peut-être l'incroyable capacité du film à se faire passer pour ce qu'il n'est pas, à savoir un brûlot féministe et sensuel, socialement signifiant, alors qu'il n'est qu'une pochetronade grossière autour d'un adultère bien commun.

A éviter.

 

1e

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Le quatrième mur

N'ayant pas lu le roman de Sorj Chalandon, j'ai vu ce film sans aucun a priori.

Le début est plutôt plaisant : on est intrigué par ce projet insensé (jouer Antigone au Liban avec un casting multi-confessionnel), et franchement dépaysé par la découverte de cette pléiade de communautés, chacune campée avec efficacité par des personnages qui ne semblent pas caricaturaux.

David Oelhoffen parvient à nous embarquer dans son film, sans vraiment nous donner d'indications pour la suite : aventure optimiste (on pense au documentaire Au bord de la guerre, qui montre l'importance du théâtre dans un pays en guerre - le Théâtre du Soleil en Ukraine) ou à l'inverse tragédie latente ? Cette hésitation constitue un véritable suspense, plutôt agréable.

Malheureusement, Le quatrième mur prend encore une autre direction, celle de la comédie romantique fade et sans saveur : une idylle sexuelle d'une banalité affligeante entre le metteur en scène et son actrice. A partir de ce tournant, le film ne cesse de se dégrader : il simplifie les enjeux, montre irrespectueusement l'horreur à la va-vite (les cadavres de Chatila sont bien rangés dans les escaliers de telle façon que Lafitte n'ait pas besoin de les enjamber). 

Le réalisme qui faisait le sel de la mise en place a complètement disparu, à l'image de l'assassinat du leader chrétien, complètement improbable. C'est la crédibilité des personnages qui s'est finalement délitée au fil des minutes : on ne croit plus du tout à ce qui nous est montré.

C'est dommage, car il y avait matière à un film puissant, qui aurait pu être un formidable thriller de guerre, comme l'était par exemple Sympathie pour le diable, le film de Guillaume de Fontenay sur le reporter de guerre Paul Marchand.

 

2e

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Planète B

Sur le papier, il y a beaucoup de choses intéressantes dans Planète B. L'idée de base du scénario (une prison virtuelle dans laquelle les avatars des prisonniers sont enfermés - et torturés) est intéressante. Le casting est aussi séduisant. Adèle Exarchopoulos est une fois de plus parfaite, comme Souheila Yacoub. 

Le début du film est plutôt séduisant, installant avec peu de moyens un monde dystopique assez crédible dans lequel des écoterroristes grenoblois sont pourchassés par des drones, dans une première scène prenante.

Hélas, il faut vite déchanter. Le scénario est à la fois brouillon et trop ambitieux, les idées développées sont maladroites et l'écriture du film sacrifie trop d'enjeux pour maintenir l'intérêt pendant deux heures. Certains personnages sont grossièrement dessinés (le chef de la police par exemple) et les péripéties finales sentent le manque d'imagination, à l'image du dernier plan, catastrophiquement vide. La direction d'acteur est aussi très mauvaise en ce qui concerne les personnages secondaires : je n'ai jamais vu India Hair jouer aussi mal.

Une déception à la hauteur des espoirs suscités.

 

1e

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Les feux sauvages

Voici une oeuvre que je me garderais bien de conseiller à quelqu'un qui n'a jamais vu de films de Jia Zhang-Ke.

Les feux sauvages est en effet constitué de plans filmés par le réalisateur lors de différents voyages à travers la Chine, ainsi que de plans issus du tournage de ses précédents films (Still Life, Les Eternels).

Jia Zhang-Ke s'est contenté pour ce film, si je puis dire, de tourner une sorte de court épilogue. On n'y comprend pas grand-chose, et l'intérêt de ce montage godardien conceptuel, à la frontière entre fiction et documentaire, est probablement de donner à voir l'évolution de la société chinoise sur plus de deux décennies.

Pour ce qui est de l'embryon d'histoire que le film semble raconter (une femme silencieuse recherche à travers le pays et le temps son amoureux), il est bien trop ténu pour générer un intérêt à lui seul. Là encore, il faut connaître la relation spécifique de Jia Zhang-Ke et de son actrice-muse-épouse, Zhao Tao, pour apprécier.

De cet assemblage souvent profondément inintelligible et parfois sublime (la partie 2006)  sourd une nostalgie puissante, qui pourra peut-être sembler enivrante pour les connaisseurs. Les autres doivent passer leur chemin : on est très loin de l'éblouissement esthétique intrinsèque que procuraient A touch of sin ou Au-delà des montagnes.

Jia Zhang-Ke sur Christoblog : I wish I knew, histoires de Shanghai - 2011 (*) / A touch of sin - 2013 (***) / Au-delà des montagnes - 2015 (****) / Les éternels - 2019 (**)

 

2e

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Le royaume

Quel est le (véritable) sujet du premier film de Julien Colonna, Le royaume ?

Si c'est la Corse, alors on peut dire qu'on a vu cette dernière suffisamment à l'écran ces derniers temps pour en être rassasié, de Borgo à A son image, en passant à Le retour ou De grandes espérances.

Si c'est la description d'un clan mafieux et de ses règlements de compte, alors l'ombre tutélaire de Coppola et Scorsese sera écrasante. S'il s'agit plus spécifiquement de la découverte par une enfant de la véritable activité de sa famille, il faudra plutôt conseiller de découvrir un excellent film, le formidable A chiara, de Jonas Carpignano.

S'il s'agit de l'amour aveugle d'une fille pour son père, je reste dubitatif devant l'atonie du jeu de la jeune actrice Ghjuvanna Benedetti, pas vraiment à son aise dans cette histoire assez classique de règlement de compte, filmée avec efficacité mais aussi parfois avec lourdeur (le montage parallèle chasse au sanglier / assassinat).

J'ai eu beaucoup de mal à éprouver de l'empathie pour ces personnages qui puent l'obscurantisme insulaire et le virilisme rance, sans qu'à aucun moment l'enjeu de l'intrigue ne surmonte le classicisme un peu daté du film. Seul le passage du camping parvient à apporter un peu d'intérêt à cet essai, dont le succès critique paraît surdimensionné, au regard de l'imposante armada des films auxquels il peut être comparé.

 

2e

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Oh, Canada

Rarement le propos d'un film m'aura aussi peu intéressé.

Cette histoire de photographe qui s'exile au Canada ne présente pour moi aucun intérêt : les péripéties de sa vie sont communes et sans relief.  

Le contraste avec ce qui nous est montré est d'autant plus perturbant : sur son lit de mort, le photographe va être interviewé par deux étudiants journalistes avec tout un procédé très impressionnant, et en présence de sa femme. On s'attend a minima à avoir de lourdes révélations : un complot contre l'Etat américain, ou une double vie a minima. Que nenni, les secrets du pauvre homme consistent en quelques coucheries, des enfants abandonnés un peu partout et le refus d'aller au Vietnam. La belle affaire.

L'histoire est inintéressante, et Paul Schrader décide donc d'en faire des tonnes sur le dispositif du film. Nous avons donc droit à au moins quatre époques différentes dont les trames temporelles s'entremêlent, filmées dans des formats très différents (c'est pratique, comme ça on ne peut pas se tromper !). 

Un procédé spécifique est utilisé, que j'ai trouvé très déplaisant : les personnages jouent (parfois) dans les scènes du passé avec leur physique actuel, ce qui ne contribue pas à rendre ces scènes crédibles. De la même façon la voix off appartient à plusieurs personnages, ce qui là non plus n'aide pas à entrer dans la narration. A vrai dire, on est parfois perdu dans cet embrouillaminis stylistique.

J'ai beau réfléchir, je ne trouve aucune qualité à ce film.

Paul Schrader sur Christoblog : The canyons - 2014 (***)

 

1e

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Blitz

A voir sur Apple TV

Beaucoup de bonnes fées se penchaient au-dessus du berceau du nouveau film du britannique Steve McQueen : la fabuleuse Saoirse Ronan, la perspective d'une odyssée dans le Londres de la seconde guerre mondiale, une ambiance à la Dickens sous les bombes, des seconds rôles étonnant issus du rock (Paul Weller et Benjamin Clementine, tous les deux excellents).

Et pour une partie, les promesses du film sont tenues. On est en partie embarqué dans le périple du jeune George, exilé volontairement de Londres par sa mère dans l'optique de le protéger, mais qui va sauter du train qui doit l'emmener à la campagne. Les pérégrinations du jeune George sont à la fois intéressantes et spectaculaires (l'inondation du métro), mais aussi parfois un peu trop sage (le gentil soldat qui va mourir en sauvant une vieille dame). 

Les deux principaux défauts du film sont le caractère très attendu du scénario et le côté un peu amidonné des décors et de la direction artistique. Le film ne surprend en effet pas beaucoup. Chaque péripétie est assez attendue, et l'ennui n'est jamais très loin. L'aspect un peu artificiel du film (des lumières trop nettes, des costumes trop neufs) n'aide pas non plus à entrer dans cette histoire, somme toute classiquement mélodramatique.

Terne et classique.

Steve McQueen sur Christoblog : Hunger - 2008 (****) / Shame - 2011 (*) / 12 years a slave - 2013 (**)

 

2e

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Grand tour

Voici une oeuvre conceptuelle par excellence.

Miguel Gomes nous propose de suivre en alternance deux sujets : le périple de personnages dans des décors de studio en carton-pâte d'une part, et des images actuelles des mêmes lieux filmés comme le ferait un touriste allemand aviné avec un vieux caméscope, d'autre part. Le tout dans un noir et blanc au gros grain.

Il faut une demi-heure pour comprendre ce que je viens d'écrire, puis encore une demi-heure pour comprendre que les deux personnages se suivent dans des temporalités différentes. Il reste ensuite plus d'une heure d'ennui profond pendant laquelle on a le temps de maudire Gomes sur tous les tons.

Tout cela est désespérant de pédanterie intellectuelle, et il manque ici la poésie moite et nostalgique qui rendait Tabou si attachant : la partie conceptuelle de l'art du portugais l'emporte maintenant complètement sur sa capacité à générer de l'émotion et des sensations - on voyait très bien ce combat épique entre deux conceptions du cinéma dans oeuvre fleuve Les mille et une nuit.

Au-delà de l'ennui que génère le film, les cartes postales de l'Asie du Sud-Est qui sont ici exposées, entre clichés éculés et nostalgie rétro, m'ont semblé véhiculer des relents de néo-colonialisme assez malsains. Je n'ai à vrai dire pas compris l'intention de l'auteur sur ce point.

L'ensemble de cet édifice douteux essaye de se maintenir debout en utilisant une voix off omniprésente et exaspérante.

Je n'ai pour ma part éprouvé qu'un agacement lancinant devant ce film, dont l'histoire est intéressante, mais qui se trouve irrémédiablement gâché par la prétention de Gomes. Seul point positif à mon sens : le film s'éclaire miraculeusement quand l'actrice Crista Alfaiate apparaît.

Miguel Gomes sur Christoblog : La gueule que tu mérites - 2004 (*) / Tabou - 2012 (***) / Les mille et une nuits, l'inquiet - 2015 (**)

 

1e

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The fall guy

Le précédent film de David Leitch (Bullet train) m'avait plutôt plu.

J'avais apprécié son énergie survitaminée, son rythme imparable, l'utilisation parfaite d'un casting étonnant et enfin un goût pour la surenchère qui semblait sans limite.

Dans le scénario de The fall guy on retrouve l'aspect débridé de son prédécesseur, mais malheureusement ici en plus bavard et moins visuel. Le rythme me semble moins maîtrisé et surtout, le casting est beaucoup moins convaincant. Ryan Gosling n'est pas à la hauteur de Brad Pitt, et il ne retrouve pas la puissance comique irrésistible qu'il atteignait dans The nice guys, sous la direction de Shane BlackEmily Blunt est transparente et leur couple ne parvient pas à être "amoureusement" crédible.

Le résultat global ressemble à une marmite bouillonnante, pleine de gags, d'allusions, d'explosions, d'incises, de cascades et d'effets. On ne capte pas tout, et surtout, notre attention est sans cesse divertie de l'essentiel par l'accessoire.

Malgré Ryan Gosling, le film ne me semble pas assez intéressant pour mériter le déplacement.

David Leitch : Bullet train - 2022 (**)

 

2e

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La plus précieuse des marchandises

Pas facile de dire du mal de ce film très consensuel, traitant sous forme de conte la Shoah. 

Et pourtant rien ne va dans La plus précieuse des marchandises. L'animation 2D proposée par Michel Hazanivicius est d'abord d'une pauvreté rédhibitoire : si les illustrations sont "jolies", elle pâlissent en comparaison de ce que l'animation propose aujourd'hui (allez plutôt voir l'incroyable film Flow, vous comprendrez ce que je veux dire). 

Ensuite, le conte de Jean-Claude Grumberg ne contient pas assez de matière narrative pour remplir tout un long-métrage. Il aurait peut-être permis de donner un court-métrage sympathique d'une vingtaine de minute. Cet inconvénient se traduit à l'écran par un beaucoup de répétitions très lassantes : le train passe 36 fois, le pauvre bûcheron coupe plusieurs stères de bois à l'écran, etc.

Le film a aussi une propension, quoi que j'ai lu l'inverse dans de nombreuses critiques, à chercher à provoquer une larme facile chez le spectateur. La musique d'Alexandre Desplat, par exemple, surligne les situations susceptibles de générer de l'émotion.

Les voix des personnages ne m'ont pas non plus convaincu, en particulier celle de de Dominique Blanc, que j'aime pourtant beaucoup.

Enfin, et c'est peut-être pour moi le pire, le traitement à l'image des camps ne m'a pas paru adéquat. Sous réserve de "représentation", Hazanavicius s'estime légitime à montrer les corps suppliciés, mais le résultat m'a vraiment mis mal à l'aise, comme d'ailleurs la voix d'outre-tombe de Jean-Louis Trintignant qui nous assène des phrases qui m'ont laissé perplexe ("Peut-être que tous ces morts ont été une illusion ?").

Je déconseille donc cet essai, qui me semble raté de plusieurs points de vue. 

Michel Hazanivicius sur Christoblog : OSS 117 ne répond plus - 2008 (***) / The artist - 2011 (**) /  The search - 2014 (***) / Coupez ! - 2022 (***)

 

1e

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Reality

Le premier film de la réalisatrice Tina Satter est un film concept.

Il s'agit de retranscrire pratiquement en temps réel l'arrestation d'une présumée lanceuse d'alerte. Retranscrire est le mot qui convient, puisqu'un carton nous avertit en début de film que les dialogues sont exactement ceux enregistrés par le FBI.

Le film s'auto-contraint donc à une unité de temps, de lieu (la maison de Reality) et d'action (avouera-t-elle ?). 

La première partie du film est assez forte. Les deux agents du FBI (Josh Hamilton et Marchant Davies) jouent parfaitement les gentils, et le small talk qui tend à mettre Reality en confiance est tellement bien restitué qu'il en devient presque inquiétant. Le film est à la limite du fantastique quand il parvient à nous faire ressentir l'inquiétante tension qui existe entre les différents personnages.

Malheureusement, dans la deuxième partie, il peine à tenir son rythme et finit par rompre l'unité de temps en proposant quelques flash-backs inutiles, ainsi que quelques effets numériques qui rompent la concentration du spectateur. Le talent de Sydney Sweeney (révélée dans Euphoria) ne suffit pas à maintenir notre intérêt au plus haut niveau.

Tina Satter propose un film intéressant, par moment captivant, mais dont le propos est vraiment trop ténu pour tenir la durée d'un long-métrage. Une réalisatrice qu'il faudra toutefois suivre avec attention.

 

2e

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Sauvages

Le grand intérêt du film précédent de Claude Barras (il est vrai écrit par Céline Sciamma, qui sait y faire) était délicieux car il pouvait être regardé de plusieurs points de vue : celui de l'enfant, celui de l'adulte, et celui de l'enfant sommeillant dans l'adulte.

Il y avait dans ce film une inventivité de tous les instants, une tendresse mêlée de nostalgie et de fantaisie.

Rien de tout cela n'est présent ici. Le propos est pachydermique et aussi inattaquable en terme de politiquement correct qu'insipide en terme d'enjeux narratifs. Il y a donc ici rassemblés le plus grand nombre de clichés bien-pensants vu depuis longtemps au cinéma : un gentil bébé orang-outang tout mignon qui ne sert à rien, de gentils sauvages proches de la nature, une méchante compagnie multinationale sans scrupule qui vient tout foutre en l'air (ce sont eux les vrais sauvages, non ?), une nature protectrice (le fameux "esprit de la forêt") , mais aussi une gentille botaniste et un méchant contremaître (le contraire eut été plus original). Et aussi une panthère bienveillante, évidemment.

Sauvages est plus un film militant à destination des plus jeunes qu'une oeuvre qui se préoccupe de développer une intrigue intéressante. Il est en cela très différent de Ma vie de courgette

L'animation est quant à elle plutôt réussie et la musique du film est très originale. Sauvages peut donc convenir entre sept et neuf ans. Au-delà, il y a fort à parier que la mièvrerie de ce prêche larmoyant agisse comme un repoussoir. 

Claude Barras sur Christoblog : Ma vie de courgette - 2016 (****)

 

1e

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Joker : folie à deux

Quand un film comprend des passages de comédie musicale, et que ces derniers ne fonctionnent pas, alors le sentiment d'un échec total gangrène le film sans rémission possible.

Joker : folie à deux reprend pourtant la plupart des éléments qui m'avaient plu dans le premier opus : l'absence totale d'effets spéciaux, une atmosphère glauque, une sorte de vérisme cru et alambiqué.

Malheureusement, les passages chantés sont ici d'une laideur insigne. Joaquin Phoenix s'avère un piètre chanteur, et ses mimiques surjouées n'aident pas à se montrer indulgent. Lady Gaga joue un rôle sans profondeur, sans charme et sans envergure. Ce n'est pas qu'elle est mauvaise, c'est que son rôle est très mal écrit. Chaque scène de musical est un calvaire.

Le film tourne en rond rapidement, à mi-chemin entre le film de procès insipide et le film de prison inconsistant. On s'ennuie ferme tout du long, et la fin, pompeuse et improbable, pose sur le brouet indigeste du film une cerise empoisonnée.

Todd Phillips sur Christoblog : Very bad trip - 2009 (*) / Joker - 2019 (***)

 

1e

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L'amour ouf

Devant son casting incroyable et l'intense battage médiatique qui l'accompagne, j'ai quelques scrupules à dire du mal de ce film.

D'autant plus que la première partie, consacrée à l'adolescence des deux personnages, est tout à fait charmante.

Les deux interprètes principaux (la formidable Mallory Wanecque, remarquée dans Les pires, et Malik Frikah) présentent l'énorme avantage de ne pas être connus : on peut d'autant plus facilement se glisser dans cette histoire d'amour entre deux adolescents que tout oppose, un peu finalement comme dans Titanic. La reconstitution des années 80 est délicieusement réussie.

Rien de vraiment extraordinaire, mais la justesse de ton de Gilles Lellouche, qui était le point fort du Grand bain, nous emporte ici aussi.

Malheureusement, dans sa deuxième partie, le film perd en crédibilité et en cohérence. Si Adèle Exarchopoulos est une nouvelle fois convaincante, j'ai franchement eu du mal à croire en François Civil en mauvais garçon et en Benoit Poelvoorde en parrain de la pègre, cynique et cruel. De fait, chaque acteur est tellement cantonné dans "ce qui est attendu de son personnage" que le film perd en subtilité, à l'image du personnage joué caricaturalement par Vincent Lacoste.

L'amour ouf, (trop) plein de bonne volonté, ressemble à un repas trop long et trop copieux, dont certains plats sont plutôt bons, mais d'autres sont franchement indigestes : les couchers de soleils langoureux, la partie comédie musicale, les scènes de polar façon Scorsese franchouillard.

Ni vraiment bon, ni totalement raté, le film possède un vrai souffle romantique : à vous de voir.

Gilles Lellouche réalisateur sur Christoblog : Les infidèles - 2012 (***) / Le grand bain - 2018 (***)

 

2e

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Quand vient l'automne

Aller voir le nouvel Ozon est devenu un rituel semblable à celui qui consistait il y a quelques temps à aller voir le nouveau Woody Allen : l'assurance quasi-annuelle de retrouver les fondamentaux d'un auteur, et la quasi certitude de ne pas voir un chef d'oeuvre.

La filmographie du réalisateur / scénariste / producteur semble s'accélérer ces dernières années avec une série de films produits à une cadence effrénée (c'est son sixième opus depuis 2019, covid compris !). 

Cela explique probablement l'impression vague de brouillon que dégage pour moi certains de ses films récents, dont celui-ci. C'est comme si le Ozon scénariste rechignait à peaufiner ses premiers jets. Ici par exemple, la très longue première partie de mise en place de l'intrigue semble un peu molle et aurait mérité à mon sens plus de concision. La deuxième partie du film vire au thriller chabrolien, sans la noirceur malsaine que ce dernier parvenait à donner à ses films.

Si on retrouve dans Quand vient l'automne cette immoralité décomplexée qui est un des thèmes préférés d'Ozon, il faut avouer que l'ennui n'est jamais très loin, souvent écarté de justesse par la prestation parfaite de la merveilleuse Hélène Vincent. 

Un film de dimanche soir pluvieux, pas assez bon pour être vraiment désirable.

François Ozon sur Christoblog : 8 femmes - 2001 (**)Swimming pool - 2003 (**) / Angel - 2007 (*)Potiche - 2010 (***) / Dans la maison - 2012 (**) /  Jeune et jolie - 2013 (*) / Une nouvelle amie - 2014 (***) /  Frantz - 2016 (***/ L'amant double - 2017 (**)Grâce à Dieu - 2019 (****) / Eté 85 - 2020 (**) / Tout s'est bien passé - 2021 (**) / Peter von Kant - 2022 (**) / Mon crime - 2023 (**)

 

2e

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Le fil

N'est pas Justine Triet qui veut.

Difficile en effet de ne pas comparer Le fil à Anatomie d'une chute : même sujet (l'accusé a potentiellement assassiné son conjoint), même ambigüité sur ce qui s'est réellement passé, même accent mis sur le rôle des différents protagonistes (et de l'avocat en particulier), même relativité des témoignages et mêmes coups de théâtre.

Dans le film de Daniel Auteuil, tout paraît un ou plusieurs crans en-dessous de la Palme d'or. Les second rôles sont mal dessinés (Sidse Babett Knudsen ne campe pas une compagne très crédible), l'ambiance du tribunal est assez mal rendue, les aléas semblent téléphonés et Le fil est rempli de plans inutiles qui ne servent qu'à meubler (l'avocat marche dans la rue, l'avocat rumine dans son canapé, l'avocat regarde par la fenêtre d'un air pénétré...), alors qu'Anatomie d'une chute brillait par son découpage au cordeau.

Heureusement, le film échappe au naufrage pour deux raisons : l'interprétation de Auteuil et Gadebois est impeccable, et l'aspect documentaire sur le fonctionnement de la justice est d'une grande précision. Deux avocats présents en fin de séance ont d'ailleurs confirmé au public que le tableau dressé par le film était en tout point semblable à leur quotidien.

Il y a toutefois beaucoup mieux à voir dans les salles en ce moment.

 

2e

 

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Les barbares

La bande annonce du nouveau film de Julie Delpy a un grand mérite : en se contentant de montrer quelques images du tout début du film, elle ne dévoile rien de l'intrigue. L'humour qu'elle révèle est par contre lui tout à fait représentatif de l'ensemble du film : chaque personnage sera enfermé dans le carcan d'une caricature pré-définie, dont il ne sortira pas, ou peu.

Les barbares oscille donc constamment entre bien-pensance téléphonée, mièvrerie assumée (oh, les jolis amoureux) et une causticité parfois mordante, mais qu'on aurait aimé plus constante.

Au final, le problème du film est à mon sens qu'il ne semble choisir qu'un seul camp : celui du "tout le monde est finalement gentil", à l'image du happy end idyllique qui semble renvoyer tous les protagonistes au pays des bisounours, Laurent Lafitte compris, encore une fois connard d'exception.

A chaque fois qu'une réplique porte en siphonnant habilement une série de clichés (comme lorsque le garde-champêtre sort un impayable "Vous êtes sûrs que ce ne sont pas des Roms") on souhaiterait que la machine s'emballe encore un peu plus, et que tous les personnages soient poussés dans leur derniers retranchements. Ce n'est malheureusement pas le cas. Le résultat final, s'il le laisse regarder grâce à un certain nombre de qualités de fabrication (écriture solide, finesse d'observation), manque trop de goût pour attirer vraiment l'attention.

Dans un casting qui ne démérite pas, Jean-Charles Clichet m'a tapé dans l'oeil, dans un rôle de maire dépassé, naïf et mielleux : une composition que seul Philippe Katerine aurait pu assumer avec autant de brio.

Julie Delpy sur Christoblog : La comtesse - 2010 (**) / 2 days in New-York - 2012 (**)

 

2e

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Anzu, chat-fantôme

J'aime beaucoup l'animation japonaise, et je suis toujours plutôt enclin à une opinion a priori favorable quand je vais voir un film de ce type - surtout s'il a été coopté par un grand festival (ici la Quinzaine des réalisateurs).

Anzu commence d'ailleurs plutôt bien : une atmosphère à la Ghibli, une attaque plutôt intrigante (une petite fille qui a perdu sa maman et dont le papa est inconséquent), et un chat patibulaire et pétomane.

Malheureusement, si la frimousse de la petite est ravissante et le caractère de l'animal amusant, tout le reste est un peu poussif, et peine à générer une véritable émotion.

Il m'a semblé que l'animation était un cran en-dessous de ce que propose d'habitude la crème de l'animation nippone, la mise en scène est sans relief et le scénario ne trouve pas la clé pour faire décoller l'histoire.

Lorsque les protagonistes s'aventurent dans le royaume des morts (à la faveur d'une prouesse scatologique, le film semble avoir un tropisme sur ce sujet) le niveau chute à mon sens encore d'un cran : on est alors pas très loin d'une parodie de ce que Ghibli propose de meilleur.

C'est donc une déception, attachante par éclairs.

 

2e

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