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Christoblog

The master

Prétentieux : voilà le mot qui me venait constamment à l'esprit durant la (trop) longue projection de The master.

Dès les premières images, il est clair que l'expérience va être éprouvante. Le plan inaugural sur le sillage du bateau est ainsi à la fois moche, peu signifiant et plein d'orgueil, accompagné qu'il est par une musique pompière (ba da ba boum, ba da ba boum).

Le deuxième plan sur le visage du soldat est aussi poseur et vide : décadré juste comme il faut, dans un genre très "je me regarde filmer". La séquence sur la plage multiplie ensuite les effets, sans qu'on comprenne bien de quoi il est question.

La première moitié du film décline les tares de ces premiers plans, la palme de l'énervement revenant à une bande-son INSUPPORTABLE, alternant les morceaux dissonants (tsiiii, ploc, tsi, tsi, plac, tsiiiiiiii, tsi, plac, plaaaac), les surimpressions sonores, les morceaux à contre-emploi. Bref, tout ce qui semble avoir été possible d'inventer pour être dérangeant dans une bande originale est dans le film.

Côté visuel, c'est du même tonneau. Les vignettes s'enchaînent sans que jamais un sens ne semblent les relier. PTA réussit le prodige de nous rendre absolument ennuyeuse une histoire qui, potentiellement, possédait tous les atouts pour nous intéresser. L'analyse du pourquoi d'un tel prodige pourrait nous occuper un bon moment, mais je pense pouvoir dire qu'il résulte, entre autre, de l'incroyable grand écart entre le manque de véritable talent dans la mise en scène (ces champs / contrechamps d'un classicisme éprouvant) et d'autre part les afféteries pompeuses que PTA utilise comme une sorte de passeport valant "cinéma d'auteur".

Dans la deuxième partie du film, le comble de l'hermétisme auto-centré est atteint lors d'une séquence mémorable, chef d'oeuvre de montage raté dans les grandes largeurs, qui intercale plusieurs scènes d'origine disparate dont on se demande bien ce qu'elles peuvent signifier (il s'agit de la séquence durant laquelle Freddie Quell fait l'aller-retour entre les deux murs).

A partir de ce moment, PTA se fait du spectateur un ennemi juré, tellement ce dernier est largué et s'estime trahi dans sa dignité de public-payeur. Le réalisateur se fout à l'évidence de la gueule du monde dans une poussée narcissique de première bourre, méprisant à la fois son histoire et ses acteurs (qui se démènent comme des pauvres diables tous les deux). Parmi le long chapelet de reproches objectifs qu'on peut faire au film, un des plus net est sa faculté de penser, à l'image de la façon de faire du gourou, que répéter quatre fois les mêmes figures les rend plus aimables ou plus claires.

Le dernier plan est à l'image des premiers : laid. Mais il a au moins le mérite de n'être suivi par aucun autre.

The master fait partie de ces rares films qui vous font culpabiliser d'avoir été au cinéma pour les voir : il vous donne honte d'être assez idiot pour y avoir gâché quelques heures de votre vie.

 

1e

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Jours de pêche en Patagonie

http://www.lefigaro.fr/medias/2012/12/26/4d6000a2-4e8c-11e2-bb74-5aea9ecb2705-493x328.jpgLes habitués du Festival des trois continents connaissent bien Carlos Sorin, le réalisateur attachant de Historias minimas ou Bombon el perro.

 

On retrouve dans son dernier film les qualités qu'on avait déjà remarqué dans ses oeuvres précédentes : une attention extrême portée aux personnages, une capacité à capter ces petits moments de la vie lors desquels les sentiments vacillent, et une mise en scène parfaitement fluide.

 

Jours de pêche est ce genre de film qui ne fait qu'effleurer son sujet. Du personnage principal, Marco Tucci, on n'apprendra que quelques éléments disparates tout au long du film : il a été alcoolique, il a quitté sa femme, il travaille pour une entreprise allemande de roulement à bille, il est d'origine italienne, il aime l'opéra et surtout, il se rend en Patagonie pour revoir sa fille, qu'il a perdu de vue.

 

Dans ce coin perdu du Sud de l'Argentine, il va donc passer quelques jours à la chercher, et à faire des rencontres minuscules, mais qui, curieusement, laissent chacune une impression durable. Carlos Sorin réussit ce prodige très rare de rendre exceptionnels des personnages somme toute communs, et il le réussit particulièrement bien avec son acteur principal (Alejandro Awada), absolument confondant par la mobilité de ses traits, la douceur de son regard et l'expressivité de ses postures. Le film respire une sorte de bienveillance digne, sans aucune trace de sensiblerie.

 

Un beau moment de cinéma, filmé dans des décors naturels de toute beauté, ce qui ne gâche rien.

 

3e

 

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Gimme the loot

http://fr.web.img1.acsta.net/r_640_600/b_1_d6d6d6/medias/nmedia/18/90/57/13/20180107.jpg

J'ai vu le film d'Adam Leon dans une salle à moitié vide, à Cannes, dans la section Un certain  regard, et j'ai été immédiatement séduit par sa fraîcheur un peu verbeuse.

 

Les deux acteurs ados (qui s'aiment à l'évidence mais ne se le disent pas) respirent New York, et on suit leur pérégrination dans la grande ville comme on se laisserait porter par une brise d'été.

 

Adam Leon arrive à tourner en étant à la fois léger et profond : la scène ou le jeune black drague la bourgeoise blonde est à ce titre exemplaire, sous la naïveté de l'un et la fausse décontraction de l'autre, on devine le gouffre qui sépare les classes sociales, si ce n'est les races.

 

Promenade sentimentale, portrait joyeux et apaisé d'une ville, croisement de Spike Lee et de Woody Allen (le cambriolage raté !), Gimme the loot est la meilleure façon de commencer tranquillement l'année au cinéma.

 

2e

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Renoir

http://images.allocine.fr/r_640_600/b_1_d6d6d6/medias/nmedia/18/94/68/89/20369180.jpg

Gilles Bourdos signe avec son Renoir un film d'un académisme désuet et sucré, dont on pouvait penser qu'il n'avait plus sa place sur les écrans français.

 

L'image est dorée, la nature souveraine, et des halos esthétiques entourent la chevelure de la magnifique jeune actrice Christa Theret qu'on voit beaucoup en tenue d'Eve, métier oblige (elle est le modèle d'Auguste Renoir dans le film).

 

Si la forme m'a semblé un peu lourde, j'ai été plutôt séduit par le propos, qui nous fait découvrir la cruauté froide de Renoir père (joué admirablement par un grand Michel Bouquet, artiste égoïste en majesté), et les relations ambigues qu'il entretient avec ses enfants, dont le tout jeune Jean Renoir (Vincent Rottiers, un peu léger). Le scénario s'éparpille malheureusement, alors qu'il aurait pu être une sorte de chant funèbre filmé dans un environnement idyllique (belle apparition des soldats défigurés). A noter la belle musique d'Alexandre Desplat.

 

Le film vaudra donc pour les cinéphiles plus pour l'illustration de la naissance de la vocation d'un grand cinéaste (édifiante !), que pour ses qualités intrinsèques.

 

2e

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Foxfire

http://images.allocine.fr/r_640_600/b_1_d6d6d6/medias/nmedia/18/93/74/12/20274730.jpg

Lundi 3 décembre au Katorza, à Nantes, j'étais bien embêté. Laurent Cantet, qui est un cinéaste que j'aime, était là pour présenter son film, et ce dernier ne m'a pas plu.

 

Du coup, j'ai préféré partir à la fin de la séance, avant qu'il ne revienne. Les applaudissements étaient parcimonieux et je sentais que l'ambiance allait être pesante.

 

Foxfire raconte l'histoire d'un gang de fille qui sévit dans les années 50 au Etats-Unis.

 

Sous la conduite d'une chef charismatique, le gang commence par mener des actions féministes, punissant les pervers et les harceleurs. Cette partie est sympa, et on se dit : mais si toutes les filles du monde faisaient cela, ça commencerait à devenir franchement drôle !

 

Ensuite le gang fait des bêtise, sa leader part en prison et au retour, les filles fondent une communauté  crypto-communiste dans une grande maison abandonnée. Manquant de ressources, elles en viennent à faire une grosse, grosse bêtise.

 

On suit tout cela sans déplaisir, mais sans grand intérêt non plus. Si le style de Cantet est assez reconnaissable (une caméra très proche des actrices, qui prend son temps, et qui oscille un peu), il manque au film les tensions incroyables qui irriguaient ses oeuvres précédentes. Ici rien n'accroche véritablement l'attention et je me suis surpris plusieurs fois à penser à des détails périphériques à l'histoire, du genre : "Mais pourquoi ne voit-on jamais aucune famille de toutes ces filles ?" ou "Cela aurait été intéressant de creuser les réactions de racisme de la petite communauté" ou "Ce rejet des hommes couvre-t-il une tendance homosexuelle collective ?".

 

Certains encensent l'actrice principale, Raven Adamson, que j'ai juste trouvé convenable, et qui tire à mon avis sa réputation d'un physique particulier de garçonne.

 

Cantet nous a dit en introduction avoir dédié 4 ans de sa vie à ce film, je ne serai donc pas plus dur que nécessaire.

 

2e

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Les films les plus attendus de 2013 (à Cannes et ailleurs)

les-amants-passagers_articlephoto.jpg

Une année avec un nouvel Almodovar ne peut pas être une mauvaise année.

 

USA

Dès janvier, il ne faudra pas rater Gimme the loot, d'Adam Leon, une des perles de Cannes 2012, The master de Paul Thomas Anderson, Django unchained de Tarantino et le Lincoln de Spielberg. Un peu plus tard sortiront les nouveaux films de Terence Mallick, A la merveille, fraîchement accueilli à Venise et de Jeff Nichols, Mud, tièdement reçu à Cannes. En mars sortira le nouveau film de Derek Cianfrance (Blue Valentine), avec Ryan Gosling plus érotique que jamais dans The place beyond the pines.

Soderbergh continue à pondre des films comme une poule des oeufs, deux sont prévus 2013 : Effets secondaires et Behind the candelabra avec Matt Damon et Michael Douglas. Woody Allen sera de retour à New York, avec Cate Blanchett.

On verra peut-être sur la Croisette Sofia Coppola présenter The bling ring avec Paris Hilton (!?) et Emma Watson. Egalement annoncés comme possibles à Cannes, Nicolas Winding Refn qui ne quitte plus Ryan Gosling (Only god forgives), Steve McQueen qui ne quitte plus Michael Fassbender (Twelve years a slave) et ... James Gray qui n'a jamais quitté Joachim Phoenix, rejoint par Marion Cotillard dans The Nightingale.

En fin d'année on peut espérer la sortie du film de Sean Penn avec De Niro, The comedian. En vrac sont également attendus les nouveaux Gus Van Sant (Promised Land), Judd Appatow (This is 40), Jonathan Levine, avec une histoire de zombies (Warm bodies), Jim Jarmush avec un casting haut de gamme pour Only lovers left alive (John Hurt, Tilda Swinton, Mia Wasikowska), Brian de Palma pour un remake du film de Corneau Crime d'amour, avec Naomi Rapace (Pulsions).

Au rayon des blockbusters, citons vite fait Les misérables de Tom Hooper, un nouvel opus de Die Hard, le retour des frères (enfin, frère et soeur, maintenant) Wachowski (Matrix) avec Cloud Atlas, un film de SF avec Tom Cruise (Oblivion), Iron man 3, After earth de Night Shyalaman, une nouvelle vision de Spiderman avec Man of steel par Zack Snyder, la suite de Star trek par JJ Abrams, Pacific rim de Guillermo del Toro, Kick Ass 2, le remake de Carrie, Under the skin dans lequel Scarlett Johansson est un alien qui se nourrit de chair fraîche, World war Z de Marc Forster qui voit Brad Pitt lutter contre une armée de zombies,etc.

Leonardo di Caprio sera Gatsby le magnifique dans le film de Baz Luhrmann. Les amateurs de SF seront attentifs à Elysium, le nouveau film de Neil Blomkamp (District 9) et surtout au Gravity d'Alfonso Cuaron, avec Georges Clooney. Une curiosité : le  deuxième film de JC Chandor (Margin call), s'appelle All is lost et ne comprendrait qu'un acteur ... Robert Redford.

On ira enfin voir des bikinis colorés dans le Spring breakers d'Harmony Korine, et on attendra avec curiosité le nouveau film de Noah Baumbach (Greenberg), qui s'appelle France Ha.

En toute fin d'année, pourquoi ne pas espérer le nouveau Cronenberg avec Pattinson et Mortensen, Maps to the stars, le film de Werner Herzog avec Jude Law et Naomi Watts, Queen of the desert, ou le nouvel opus des frères Coen, Inside Llewyn Davis.

 

France

Janvier verra la sortie du film américain de Laurent Cantet, Foxfire.

Les grosses cylindrées du cinéma d'auteur seront de sortie en 2013. Bertrand Bonello nous racontera la vie du célèbre couturier dans Saint-Laurent, Gondry visitera Vian avec son Ecume des jours, Desplechin nous emménera en Amérique avec Amalric et Benicio del Toro (Jimmy Picard), Kechiche filmera Léa Seydoux dans Le bleu est une couleur chaude, la trop rare Pascale Ferran tourne Bird people dans un aéroport, Bruno Dumont s'essayera au biopic avec Camille Claudel, 1915, Eric Rochant replonge dans le monde de l'espionnage avec MöbiusQuentin Dupieux sortira deux films (aïe, aïe), Wrong cops et Réalité, et même Godard est annoncé avec un film ... en 3D (Adieu au langage)

Je suis très impatient de voir la fille de nulle part de Jean-Claude Brisseau, qui a triomphé à Locarno, mais j'ai très peur de ce qu'est en train de tourner Asgar Farhadi en France avec Tahar Rahim et Bérénice Béjo, les cinéastes étrangers perdant souvent leur talent en s'expatriant (le film s'appele Le passé, et pourrait être à Cannes). Le film de Guillaume Nicloux d'après Diderot promet d'être noir (La religieuse). Et ce sera peut-être l'année de la consécration pour l'excellent Guillaume Brac dont le moyen métrage Un monde sans femme a été trop peu diffusé en 2012 (Tonnerre). Polanski est en train de tourner La Vénus à la fourrure avec Emmanuelle Seigner et Louis Garrel.

Sinon, Marjane Satrapi se met en scène elle-même dans un film qui semble bien zarbi, La bande des jotas. Autres cinéastes femmes aux manettes en 2013 : Catherine Breillat (Abus de faiblesse, avec Kool Shen et Isabelle Huppert), Claire Denis (Les Salauds, avec Vincent Lindon et Chiara Mastroiani), Rebecca Zlotowski (Grand central avec Olivier Gourmet et Léa Seydoux) . De quoi permettre à Thierry Frémeaux de corriger son image après la sélection cannoise 2012 qui ne comportait aucune femme réalisatrice ! Présence possible (probable ?) sur la Croisette d'Olivier Dahan et Nicole Kidman, dans le rôle titre de Grace of Monaco. Canet fait son film américain, Blood ties.

A noter aussi un film qui promet d'être assez délirant : Jacky au royaume des filles de Riad Sattouf.

En fin d'année, nous pourrons peut-être découvrir le nouveau Hazanavicius, Will, en préproduction.

 

Reste du monde

Le canadien Denis Villeneuve (Incendies) devrait avoir terminé dans l'année An ennemy, avec Jake Gyllenhaal et Mélanie Laurent, un thriller érotique. Deux films attendus en 2012 ont du mal à se finaliser, mais seront peut-être à Cannes : The assassin de Hou-Hsiao-Hsien et The congress d'Ari Folman (Valse avec Bachir), d'après une nouvelle de Stanislas Lem. Lars von trier pourrait bien venir remettre la zubia sur la Croisette avec Charlotte Gainsbourg dans un nouveau projet sulfureux : Nymphomaniac. Almodovar ne sera pas à Cannes puisque Les amants passager est annoncé en mars.

Côté Asie, beau cru en perspective avec le retour des grands coréens (Bong Joon-Ho et Le transperceneige dans une coproduction très internationale, Park Chan-wook et son Stoker, tourné aux USA avec Nicole Kidman), un film en costume du chinois Jia Zhang-Ke, Blind detective de Johnnie To, A perfect day for Plesiosaur de Kiyoshi Kurosawa, et The grandmasters de Wong Kar-Wai, qui fera l'ouverture du festival de Berlin.

Les malades mentaux trouveront peut-être du plaisir à regarder l'horrible Post tenebras lux du mexicain Carlos "qui se la pète" Reygadas, primé à Cannes 2012 ou à découvrir Historia de la meva mort de l'imbuvable Albert Serra. Terence Davies tourne en Ecosse Sunset song. Le réalisateur argentin Lisandro Alonso tourne avec Viggo Mortensen.

Un des films les plus attendus de cette année (en compétition à Cannes ?) sera le quatrième film du prodige canadien Xavier Dolan, Tom à la ferme, mais j'attendrai personnellement aussi beaucoup de La belle endormie, Isabelle Huppert filmée par Marco Bellochio.

Je conseille enfin de guetter les sorties de Wadjda, premier film provenant d'Arabie Saoudite réalisé par une femme, Haifa Al Mansour et No, passionnant film argentin de Pablo Larrain, avec Gabriel Garcia Bernal. Si vous voulez voir un film africain, ce sera peut-être Aujourd'hui, du sénégalais Alain Gomis ou Grigris de Mahamat Saleh Saloun, qu'on annonce à Cannes.

 

Bonne année 2013.

 

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My own private festival

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Pour sa huitième édition, le traditionnel festival de Christoblog invite un éminent sélectionneur en la personne de mymp, par ailleurs fournisseur régulier des habillages graphiques des-dits festivals, avec pierreAfeu.

Le réglement est toujours le même. Je le rappelle pour les distraits et les nouveaux : le festival est ouvert à ceux qui tiennent un blog, et les critiques de films doivent être consultables par tous les participants. Chacun m'envoie son classement des films par message privé : le meilleur film a 8 points, le moins bon 1 point. Le film gagnant est celui qui a le plus de points. Attention : pour que le vote d'un blogueur soit pris en compte, il doit avoir vu tous les films.
Avec son classement, chacun m'envoie également ses :
- 2 meilleurs acteurs

- 2 meilleures actrices
- 2 meilleurs scénarios
- 2 meilleurs réalisateurs
repérés parmi les films vus.
Chaque participant a enfin la possibilité d'attirer l'attention sur un film coup de coeur sorti pendant le festival mais ne faisant pas partie de la sélection. Le film le plus cité dans ce cadre reçoit un prix spécial

Voici la sélection de l'ami mymp, établi en toute indépendance et sous sa propre responsabilité :

9 janvier / The master / USA / Paul Thomas Anderson

16 janvier / Django unchained / USA / Quentin Tarantino

30 janvier / Dans la brume / Russie / Sergei Loznitsa

6 février / Wadjda / Arabie saoudite / Haifaa Al Mansour

13 février / Passion / USA-France / Brian de Palma

20 février / Die Hard 5 / USA / John Moore

  6 mars / Spring breakers / USA / Harmony Korine

Pour s'inscrire c'est simple : un commentaire sur cet article et c'est fait.

Sont déjà inscrits, outre myself et mymp, ffred, Ô Bordô , Bob Morane, pierreAfeu, heavenlycreature ...

 

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Touristes

http://images.allocine.fr/r_640_600/b_1_d6d6d6/medias/nmedia/18/90/28/36/20089898.jpg

Ceux qui ont vu Kill List seront peut-être déroutés par le film suivant de Ben Wheatley, l'impayable Sighseers (Touristes), que j'ai eu la chance de voir à la Quinzaine.

 

On se demande au début du film de quoi il retourne, et l'introduction ressemble franchement à une sorte de comédie sociale à la Ken Loach. Une femme pas encore vieille mais plus tout à fait jeune est dotée d'une mère insupportable (Tatie Danièle à l'anglaise) et d'un nouveau petit ami qui l'emmène dans une virée touristique en camping car.

 

Ils visitent des coins tous plus ringards les uns que les autres et lors d'une altercation un peu musclée le petit copain zigouille un touriste indélicat qui jette ses papiers gras dans la rue. S'en suit une folle équipée dans la campagne anglaise où tous ceux qui contrarient le couple d'une façon ou d'une autre vont subir un funeste sort. C'est donc une sorte de Bonnie and Clyde en tongs et en bonnet de laine qu'on suit avec un sentiment de perplexité amusée.

 

Touristes est une oeuvre qui ne ressemble à rien de ce que je connaissais : réaliste et grinçante, cruelle et drôle. C'est décoiffant, parfois inquiétant par les sentiments que le film remue en nous (il m'est arrivé de penser à propos de certaines victimes : bien fait pour eux), et perturbant dans ses messages (s'agit-il d'une lutte des classes ? tuer est-il écologique ?). La fin du film, ultime pied de nez, est à ... mourir de rire.

 

Ben Wheatley est sans aucun doute la figure montante de la fantaisie noire à l'anglaise : à suivre.

 

3e

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L'odyssée de Pi

http://images.allocine.fr/r_640_600/b_1_d6d6d6/medias/nmedia/18/90/31/34/20366143.jpgPour apprécier le dernier film d'Ang Lee il faut aimer les images du type de celle-ci, à gauche.

 

Et ce n'est pas mon cas.

 

Les baleines fluo qui surgissent dans la nuit, les couchers de soleils éblouissants, les bateaux échoués au fond de l'océan façon Titanic, le tout dans un style qui fait passer Yann Arthus-Bertrand pour un photographe trash, très peu pour moi.

 

Je ne suis pas entré dans l'esthétique très artificielle du film (à partir du moment où l'on sait que le tigre est numérique, tout paraît faux), ni d'ailleurs dans le salmigondis mystico panthéiste qui l'enrobe. Que veut dire d'ailleurs cette histoire ? Quelle est sa morale ? On est évidemment très embêté pour le dire tant le film brouille les pistes pour mieux plaire au plus grand monde. La pirouette finale est à ce titre exemplaire : elle dit sans dire, fait un parallèle avec Dieu dont on ne saisit pas le sens, et peut être interprétée comme on le souhaite.

 

Quelques petites choses à sauver dans le film : la 3D bien utilisée (notamment dans le générique de début, une sorte de 40 millions d'amis exotique, avec un très beau nasique, qui ressemble beaucoup à Depardieu, vous ne trouvez pas ?), une première partie en Inde assez joliment filmée et bien montée, et un acteur plutôt bon.

 

Fourre-tout novo-kitsch qui dispense du prêt-à-penser panthéiste.

 

1e

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4h44 Dernier jour sur terre

http://images.allocine.fr/r_640_600/b_1_d6d6d6/medias/nmedia/18/89/27/25/20250715.jpgLes bobos meurent aussi.

Voilà ce qu'on peut déduire du dernier film d'Abel Ferrara, qui nous raconte la dernière journée avant l'apocalypse de Cisco et Skye, bobos installés dans un joli loft du Lower East Side, à New-York.

Elle va passer sa journée à peindre et à faire l'amour (coucou les frères Larrieu !). Lui ne fait rien, discute avec le dalaï-lama qui cause dans le poste, hésite à se remettre à la cocaïne pour ce dernier instant, parle avec des amis sur Skype, observe ses voisins qui mangent  des steaks.

Tout cela est inintéressant au possible, et les tentatives de Ferrara pour nous faire ressentir que ces petites choses sont intenses parce ce que sont les dernières, sont désespérément vaines. En réalité, on ne croit pas à ce qu'on voit, c'est aussi simple que ça, et dussions nous y croire, on n'aurait qu'une envie, dire que ces zigotos prétentieux et lourdingues l'ont bien mérité.

Enlacer le livreur de repas vietnamien, really ? Faire une crise de jalousie envers l'ex de son mec, empêchant celui-ci de parler à sa fille ? Se plaindre sur la terrasse des méchants industriels, des experts incompétents ? Allez hop, ces gens-là méritent bien le gros trou dans la couche d'ozone.

Le film parvient à être d'une laideur abyssale lorsque Ferrara nous montre des images absolument immondes et ridicules, en surimpression des visages de ses acteurs. On en vient à souhaiter que tout cela s'arrête en vrai, et c'est ce qui arrive enfin après 1h22 de souffrance, lors Skye prononce ses derniers mots d'une profondeur et d'une originalité que je vous laisse mesurer : "Nous sommes déjà des anges". Pouah...

 

1e

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Télé gaucho

http://fr.web.img3.acsta.net/r_640_600/b_1_d6d6d6/medias/nmedia/18/93/76/71/20276277.jpgMichel Leclerc est-il en train de ressusciter la comédie à la française ?

On peut le penser, tant Télé gaucho  (comme Le nom des gens) parvient à faire rire à partir d'une recette qu'on pensait oubliée : des acteurs qui ont des tronches, des répliques qui font mouche, un milieu bien typé qui porte en lui-même un potentiel comique et nostalgique, des gimmicks efficaces.

Michel Leclerc s'est souvenu de son expérience à Télé Bocal pour reconstituer ce qui fut l'ambiance libertaire de ces télés libres, revivant en quelque sorte au milieu des années 90 l'effervescence créatrice qui entoura la création des radios libres, une décennie auparavant.

Le film doit beaucoup de son potentiel comique a l'excellent Eric Elmosnino qui révèle ici un réel potentiel dans le domaine de la comédie, à Sara Forestier qui joue les cruches comme personne, et au très bon jeune espoir Félix Moati, à la fois attendrissant et convaincant dans le rôle du jeune réalisateur qui se voit grand.

Plusieurs scènes ou répliques mériteront de devenir culte (le porno tourné sur le toit, "J'aime faire les choses, mais ce sont les choses qui n'aiment pas être faites par moi", la rubrique des objets qui nous font chier), et si le propos du film pourra au final paraitre anecdotique, Télé Gaucho est l'exemple parfait du divertissement intelligent et agréable.

Je le recommande vivement pour une soirée sympa pendant les vacances de fin d'année.

 

3e

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Résultats du festival des Festivals

http://myscreens.fr/wp-content/uploads/2012/07/tabou-critique.jpgFin du Festival des festivals qui finalement compte 6 votants :  ffred, Bob Morane, pierreAfeu, heavenlycreature, Claire, et myself.

Meilleur film :

Tabou (38 pts), devance d'une très courte tête César doit mourir (36 pts), et Amour (28 pts).

Ces trois films se partagent les 6 premières places accordées par les votants (Tabou 3 fois, César doit mourir 1 fois, Amour 2 fois).

Suivent dans l'ordre Paperboy (20 pts), Les bêtes du Sud sauvage (18 pts), décidément pas à la hauteur de sa réputation, Despuès de Lucia (17 pts) et Après mai (11 pts).

Meilleure actrice / acteur

http://images.allocine.fr/r_640_600/b_1_d6d6d6/medias/nmedia/18/90/22/12/20274199.jpgTessa Ia remporte la catégorie chez les femmes pour sa prestation très solide dans Despuès de Lucia. Elle devance nettement Emmanuelle Riva (Amour), Nicole Kidman (Paperboy), Ana Moreira (Tabou) et Ouvenzhané Wallis (Les bêtes du Sud sauvage).

Côté masculin, Matthew McConaughney l'emporte pour son rôle physique dans Paperboy de Lee Daniels. Grosse année pour l'acteur américain présent aussi à Cannes dans Mud, le nouveau film de Jeff Nichols qui sortira en 2013 et surtout dans Killer Joe de Friedkin. Suivent une mention pour l'ensemble de la troupe de César doit mourir, puis Carloto Cota (Tabou), Jean Louis Trintignant (Amour) et Zac Efron (Paperboy).

Meilleur réalisateur / scénario

http://www.cinematografo.it/cinematografo_new/allegati/23215/MiguelGomes.jpgMiguel Gomes partage classiquement la récompense de meilleur réalisateur avec les frères Taviani, et Haneke est loin derrière.

Tabou remporte par contre seul le prix du meilleur scénario, devant César doit mourir et Amour ex-aequo, et Paperboy.

Merci aux participants qui vont recevoir par mail cet après-midi le détail des votes. Et rendez-vous à tous pour le huitième festival sur Christoblog : My own private festival, by mymp. N'oubliez pas de vous inscrire !

 

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Le MITAC (Méthode d'Intercomparaison des Top10 Avec Christoblog)

http://www.soundonsight.org/wp-content/uploads/2012/09/Holy-motors_poster.jpgC'est très simple. Il s'agit d'une méthode de calcul pour mesurer combien un Top10 annuel est proche du mien. Vous pouvez évidemment appliquer la même méthode à votre propre Top 10.

 

Mon top ten 2012 est le suivant :1 / Oslo, 31 août, 2 / Into the abyss, 3 / Camille redouble, 4 / Holy motors, 5 / The we and the I, 6 / Rebelle (de Kim Nguyen, pas de Pixar...), 7 / The descendants, 8 / Quelques heures de printemps, 9 / Portrait au crépuscule, 10 / Moonrise kingdom

 

Pour calculer le MITAC avec un autre top, je relève les films commun entre ce top et le mien, puis je calcule le nombre de points correspondants au classement des films communs dans les deux tops, sur la base suivante : 10 pts en N°1, 9 pts en N°2, ...., 1 pt en N°10.

 

Exemple :


Le classement des lecteurs de Première (pfff, c'est pour faire simple) : 1 / Skyfall, 2 / De rouille et d'os, 3 / The dark knight rises, 4 / Moonrise kingdom, 5 / Argo, 6 / Millénium, 7 / Take shelter, 8 / Amour, 9 / Avengers, 10 / Prometheus.

Calcul du MITAC : 1 seul film en commun, Moonrise kingdom. N° 10 chez moi = 1 pt, N° 4 chez Première = 7 pts. MITAC = 1+7 = 8 pts

 

Ce qui donne, par ordre décroissant :

 

Le passeur critique : 59 (Holy, Oslo, Descendants, The We and the I, Moonrise)

Ariel Schweitzer (critique aux Cahiers) : 43 (Holy, Into the Abyss, Oslo)

Thierry Méranger (critique aux Cahiers) : 40 (Holy, The We and the I, Oslo)

neil : 27 (Holy, Moonrise)

Alex Torrance : 23 (Holy, Moonrise)

Rédaction Cahiers du cinéma : 17 (Holy)

Lecteurs Première : 8 (Moonrise)

heavenlycreature : 6 (Quelques heures de printemps)

PierreAfeu : 5 (Quelques heures de printemps)

Rédaction première : 0 et tant mieux !!!

 

 

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Top 2012

L'année n'est pas tout à fait finie, mais à ce jour (le 21 décembre, fin du monde) j'ai vu 165 films au cinéma, en 2012. Et voici les 25 meilleurs :

 

http://www.plan-sequence.asso.fr/bo/images/oslo,-31august_affiche.jpg1 / Oslo, 31 août

2 / Into the abyss

3 / Camille redouble

4 / Holy motors

5 / The we and the I

6 / Rebelle (de Kim Nguyen, pas de Pixar...)

7 / The descendants

8 / Quelques heures de printemps

9 / Portrait au crépuscule

10 / Moonrise kingdom

11 / Les adieux à la reine

12 / Tyrannosaur

13 / De rouille et d'os

14 / Vous n'avez encore rien vu

15 / Thérèse Desqueyroux

16 / Amador

17 / The day he arrives

18 / Un monde sans femme

19 / Louise Wimmer

20 / Laurence anyways

21 / Rengaine

22 / In another country

23 / Querelles

24 / Avé

25 / César doit mourir

 

 

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Cogan, killing them softly

http://images.allocine.fr/r_640_600/b_1_d6d6d6/medias/nmedia/18/90/81/08/20118129.jpgA quoi peut bien bien servir un film comme Cogan ?

 

Au plaisir du spectateur ? C'est peu problable, tant sa position de polar bavard et low-fi cassera les pieds de la plupart. Ceux (et celles !) qui iront pour Brad Pitt en ressortiront bien déçu(e)s puisque celui-ci n'apparaît que très peu. Il est pourtant assez brillant, surtout quand il regarde bouche-bée Gandolfini faire son Tony Soprano.

 

A édifier le cinéphile ? Ce dernier s'amusera à lister les références que le film lui inspire, des Sopranos aux Affranchis en passant par Tarantino et John Woo. Il notera au passage quelques curiosités comme le travail étonnant sur la bande-son, et une belle maîtrise globale du réalisateur Andrew Dominik (L'assassinat de Jesse James par le lâche Robert Ford). Mais cela ne suffira pas à le captiver.

 

A amener une star sur la Croisette ? Peut-être : on ne voit pas sinon pourquoi Thierry Frémeaux aurait sélectionné en compétition officielle ce film, somme toute assez terne et anecdotique.

 

A renouveler le polar ? Certains l'ont espéré, surtout en insistant sur la mise en perspective politique de ces mésaventures de tueurs pieds nickelés sur fond de campagne présidentielle américaine de 2008. Mais cet axe, assez séduisant sur le papier, ne fonctionne pas vraiment. Les discours d'Obama et de Bush à la télé n'entrent finalement pas en résonance avec les pitoyables actions criminelles que le film nous montre, sauf peut-être dans ce dernier plan, le meilleur du film, qui voit Brad Pitt énoncer cette phrase-programme : "America is not a country, it's a business".

 

Pas nul, mais accessoire.

 

2e

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Yesterday once more

http://fr.web.img1.acsta.net/r_160_240/b_1_d6d6d6/medias/nmedia/18/71/92/51/19148805.jpgCuriosité découverte lors du Festival des 3 continents 2012

Drôle de film que cette comédie sentimentale réalisée au début des années 2000 par Johnnie To.

Un couple de voleurs amoureux (joué par les deux stars hong-kongaise Sammi Cheng et Andy Lau) se dispute le partage d'un butin. Elle souffre d'un complexe d'infériorité, il ne veut rien lâcher, les deux sont d'invétérés joueurs/jouisseurs. Ils se quittent, se pistent, se reniflent, manipulent les tiers au service de leur jeu de séduction (y compris en se mariant avec d'autres) et finalement se retrouvent.

Le film est diablement enlevé, les péripéties sont parfois cartoonesque et les décors délirants. C'est un peu kitsch, et très plaisant à regarder, dans un style qui tranche totalement avec l'image que je me faisais du cinéma made in HK.

Dans la deuxième partie, le film vire soudain au mélodrame, l'un des deux membres du couple devenant gravement malade. Je ne vous dirai pas qui, le film multipliant les rebondissements sur le sujet. Perce alors sous la carapace rutilante de la comédie friquée une sourde nostalgie qui donne au film tout son prix. La fin parvient à être franchement émouvante.

L'impression générale que laisse le film est celle d'une vitalité sûre d'elle et sans complexe, que notre cinéma européen semble avoir oublié. Le cinéma de Johnnie To ne s'embarrasse pas de salamalecs et d'hésitations, il fonce à 100 à l'heure dans une intrigue tarabiscotée et grisante, en flirtant continûment avec le mauvais goût.

 

2e

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Main dans la main

Par quelle magie un film fonctionne-t-il, ou pas ?

C'est la question qu'on peut se poser à la vision du nouveau film de Valérie Donzelli, qui fait suite au grand succès de La guerre est déclarée.

Les ingrédients sont en effet approximativement les mêmes dans les deux films : mêmes acteurs (Jérémie Elkaim), même équipe réduite, même utilisation pointue de la musique dans la bande-son avec intervention de Peter von Poehl, même saillies burlesques, même variations techniques osées (ici des images au très gros grains). Mêmes ingrédients, mais un tour de main qui s'est perdu en chemin.

Comme lorsqu'une mayonnaise ne prend pas, on espère quand même, contre toute logique, que le film va pouvoir se rattraper en cours de route, mais cela ne se produit pas vraiment.

Le début était pourtant assez sympathique, avec une fantaisie irréelle bien posée au départ (deux personnes de milieux très diffférents se retrouvent à faire exactement les mêmes gestes, sans pouvoir s'en empêcher). Quelques visions amusantes viennent pimenter agréablement les premières minutes (scène de la danse de salon). Mais dès que l'action se concentre à Paris, le film perd en nervosité et gagne en sensiblerie. Il se perd dans des digressions, et ennuie franchement. Sur la fin, quelques scènes mémorables (le deuxième ministre, la crémation) retrouvent la verve du commencement, avant que l'épisode new-yorkais n'entraîne le film dans des profondeurs de médiocrité.

Lors de l'avant-première ce soir à Nantes, l'accueil de la salle (pleine à craquer) a été plutôt froid et ne laisse pas augurer une belle carrière pour le film. Valérie Donzelli a vaillamment défendu son film, alors qu'Elkaim à son habitude a joué son cabotin. Décevant.

 

2e

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Ernest et Célestine

http://images.allocine.fr/r_640_600/b_1_d6d6d6/medias/nmedia/18/90/28/33/20091185.jpgTrès bien accueilli à la Quinzaine des réalisateurs 2012, le film de Benjamin Renner est d'honnête facture.

 

La douceur de la palette de l'aquarelliste belge Gabrielle Vincent, décédée en 2000, est bien rendue. L'animation est tranquille, reposante, et change agréablement des délires sur-vitaminés de Disney/Pixar/Dreamworks.

 

Daniel Pennac (qui a longtemps entretenu une correspondance avec Gabrielle Vincent sans jamais la rencontrer) a fait un bon boulot avec le scénario, qui possède cette particularité de proposer des niveaux de lecture pour les différentes tranches d'âge de spectateurs.

 

La morale de l'histoire (les sentiments s'affranchissent des préjugés et des différences) pourra s'appliquer à beaucoup de cas de figure, en ces temps de débats autour du mariage pour tous.

 

J'ai pour ma part été particulièrement sensible à la personnalité de Célestine, petite chose sans peur et doté d'une ferme volonté, qui entraîne spontanément la sympathie.

 

Le film développe quelques bonnes séquences, comme les scènes parallèles de tribunal par exemple, mais c'est dans l'intimité des deux compères que je trouve qu'il se réalise pleinement. Il parvient alors, par petites touches, à faire ressentir cette confiance mutuelle et absolue qu'on appelle parfois l'amour.

 

2e

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Rebelle

http://images.allocine.fr/r_640_600/b_1_d6d6d6/medias/nmedia/18/89/64/35/20059620.jpgJe ne m'attendais à rien de bien précis en entrant dans la salle pour découvrir ce curieux film canadien traitant du sujet des enfants soldats africains.

Je me demandais d'ailleurs vaguement s'il s'agissait d'un documentaire, et je n'avais pas noté que la jeune actrice avait obtenu l'Ours d'argent de la meilleure interprète féminine à Berlin 2012.

Le film me cueillit donc à froid, avec son réalisme sans concession, ses scènes chocs dès les premières minutes, et son rythme effréné. J'ai été littéralement happé par le récit du voyage initiatique de la jeune Komona, 10 ans au début de l'histoire, 13 ans à la fin.

Autant le dire, le film est assez rude par moment (il est d'ailleurs interdit avec raison au moins de 12 ans), et il ne nous est épargné aucun des mauvais traitements que subissent ces jeunes victimes : obligation de tuer, viol, coups. Il est aussi doucement fantastique (la fillette à la faculté de voir des fantômes, les gri-gris sont omniprésents) et devient même amusant lorsque Komona s'éprend du jeune homme nommé Magicien, qui doit trouver un coq blanc pour se marier avec elle.

Rebelle a la faculté rare de nous faire passer des larmes aux rires sans transition. Le tableau qu'il dresse de l'Afrique est absolument saisissant de brutalité. La mise en scène de Kim Nguyen, vive et alerte, rend l'expérience inoubliable. Par certains côtés (les rebelles dans la forêt, la situtation de contrainte) Rebelle ressemble un peu au Captive de Brillante Mendoza, mais il lui est supérieur en tout point. On sort secoué de la projection, un peu sonné par le mélange de violence et de résilience qui irrigue le film, et curieusement séduit par la musique plutôt cool ou entraînante, en (apparente) contradiction avec la gravité du sujet. Une franche réussite, un film injustement passé innaperçu.

PS : des éléments étranges du film appellent des recherches complémentaires : quels sont ces bâtiments d'aspect chinois ? Où le film a-t-il été tourné ? Quel est ce regoupement d'albinos ? A suivre...

 

4e

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Les bêtes du sud sauvage

http://fr.web.img2.acsta.net/r_640_600/b_1_d6d6d6/medias/nmedia/18/90/22/18/20369026.jpgSuis-je donc le seul sur la planète cinéphile, de Sundance à Reykjavik, de Cannes à Deauville, à voir à quel point ce film est imparfait et même un peu roublard ?

 

On dirait.

 

Pourtant, il me semble évident que ceux qui s'extasient devant la petite Hushpuppy le font sur un mode qui n'a pas grand-chose à voir avec le cinéma, mais plus avec la réaction d'une pré-ado qui craque devant un petit chaton en lançant un perçant "il est trop mimiiii". Si la petite actrice au nom compliqué (Quvenzhané Wallis) est touchante, elle ne le doit en effet ni à ses talents d'actrice (de nombreux regards caméra, une expression monocorde), ni à celui de Benh Zeitlin, le réalisateur novice, qui semble parfois même la manipuler.

 

De toutes les façons, la perfomance de la petite fille de 6 ans occulte dans les commentaires les faiblesses criardes du film, à savoir le caractère répétitif des procédés employés, les tics très "auteur fauché" du genre caméra à l'épaule et image sale, la laideur de certaines scènes et les impasses narratives. Le film est en effet un véritable manuel en matière de "comment ne pas filmer ce que je ne sais pas montrer" : comment ne pas filmer un fantôme, comment ne pas filmer une tempête, comment ne pas filmer une digue qui cède, comment...

 

La fonte de la banquise donne naissance à des images particulièrement moches (les aurochs dans les glaçons font très Age de glace 5), mais par un curieux tour de passe-passe les critiques sont prompts à louer la laideur en y voyant avec bienveillance une bienvenue économie de moyens.

 

Quant au fond du film, il n'est qu'une sorte de verroterie new-age sans profondeur, dans laquelle on retrouve alignées des scènes sans grande signification, qui exploitent pêle-mêle les voix disparues, la célébration païenne de la nature, le dérèglement climatique, et la puissance vitale des animaux. Zeitlin cite dans ses références Werner Herzog et Terence Malick. Il lui reste un sacré chemin à parcourir.

 

Un cas d'école en matière de hype Sundance entretenue par l'internationale des critiques complaisants.

 

1e

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