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Christoblog

Articles avec #marina fois

La syndicaliste

La syndicaliste s'essaye à plusieurs styles, mais ne parvient à être convaincant dans aucun d'entre eux. 

Le film esquisse par exemple une explication de l’imbroglio ayant impliqué Areva et EDF, mais la façon dont le scénario survole les enjeux de ces grandes manœuvres n’aide en rien la compréhension des évènements. Il n'est donc pas un bon film politique.

La syndicaliste dresse également le portrait d’une militante de la CFDT dans l’exercice de son métier, mais c’est peu dire qu’Isabelle Huppert approche ici le degré 0 de la crédibilité : on a l’impression que le métier de syndicaliste consiste à répondre au téléphone, faire des effets de manches et se dorer la pillule au bord du lac d’Annecy dans une maison dont la valeur doit approcher les deux millions d’euros au bas mot. 

Alors peut-être le film est il un thriller métaphysique qui montre à quel point la vérité est difficile à saisir ? Cela aurait pu être le cas, à condition de ménager un suspens plus équilibré jusqu’à la fin du film, par exemple en prêtant à l'enquêteur un comportement un peu moins antipathique (Pierre Deladonchamps est plus caricatural que jamais en méchant flic).

Tentons une dernière hypothèse : La syndicaliste serait avant tout un beau portrait de femme. Cela aurait été à mon avis le meilleur film à faire, mais il aurait fallu une interprète plus subtile qu’Isabelle Huppert, qui ne sait plus jouer qu'elle même en train de jouer l'inflexibilité résolue.

Au final, voici le film que j'ai vu : l’illustration maladroite d’un fait divers passionnant, assez mal réalisée et souffrant d'un problème de rythme, recouverte d’un vernis politico-féministe inoffensif.

 

2e

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As bestas

Beaucoup d'éléments intéressants dans le dernier thriller psychologique de Rodrigo Sorogoyen : une vraie maestria dans la mise en scène, sèche, nerveuse et souvent inspirée, et un casting irréprochable. La prestation de Ménochet est une fois de plus impressionnante, à la fois par la présence physique qu'il impose à l'écran, et les éclairs de fragilité qu'il parvient à insérer dans son rôle de personnage massif. Marina Fois est elle aussi excellente, dans un rôle où son jeu dépouillé fait merveille.

Le film ennuie toutefois par moment, du fait de l'étirement inutile de certaines scènes, et d'une inadéquation entre le script (qui tient en 5 lignes) et la durée du film (2h17). Autrement dit, tout est bien dans le film, mais tout y semble exagérément délayé.

Le personnage de la fille ne m'a pas semblé extrêmement utile dans le développement du film, et le sujet de la différence de classe sociale entre les protag aurait pu être à mon sens creusé. Reste au final une oeuvre intéressante, parsemée de moments de tension bien réalisés.

Rodrigo Sorogoyen sur Christoblog : Que Dios no perdone - 2017 (*) / El reino - 2019 (***) / Madre - 2020 (**) 

2e

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La fracture

Chronique sociale à visée politique, comédie et thriller psychologique, le nouveau film de Catherine Corsini oscille entre plusieurs intentions.

Il est de ce fait imparfait bien qu'agréable, et son intérêt réside principalement dans son aspect quasi-documentaire.

De ce point de vue le film est impressionnant de réalisme : sensibilité des portraits de patients (la vieille femme, le déséquilibré), violence des émeutes, gestion de la pénurie, prégnance des dilemmes moraux, tableau naturaliste du métier de soignants.

La fracture est un film politique, qui ne s'affiche pas frontalement comme tel, mais la volonté de démonstration nuit tout de même à la puissance dramatique de l'histoire. Les péripéties narratives ne sont guère captivantes, et semblent parfois plus guidées par la nécessité de redynamiser l'intrigue que par l'évolution propre des personnages. La volonté de montrer (si ce n'est démontrer), dans une logique de "cases à cocher", est donc un peu contre-productive.

L'ensemble reste tout de même sympa à découvrir, à condition de supporter le cabotinage hystérique de Valeria Bruni-Tedeschi.

Catherine Corsini sur Christoblog : Trois mondes - 2012 (**) / La belle saison - 2015 (***) / Un amour impossible - 2018 (****)

 

2e

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Une intime conviction

L'intention du réalisateur Antoine Raimbault est louable : donner à sentir l'ambiance d'un procès, situer les enjeux de la Justice, explorer les limites entre les preuves et l'intime conviction et accessoirement assurer le show en confiant à Olivier Gourmet le rôle du volcanique Eric Dupond-Moretti.

Le souci du film est de trouver son équilibre. D'un côté il expose des bribes de l'affaire Viguier (mais on est parfois un peu frustrés de ne pas avoir toutes les cartes en main), de l'autre il plaque sur un aspect documentaire le personnage inventé de Nora, réduit à la simple expression de son obsession : Nora a été jurée du premier procès et possède l'intime conviction que Viguier est innocent. Les deux parties ne se marient qu'imparfaitement.

Le personnage de Nora, interprété par Marina Foïs, m'a paru sur-écrit. Le scénario semble surligné à chacune de ses interventions : Nora est tellement à fond qu'elle (cochez les cases) expédie sa sexualité, ne peut pas tomber amoureuse, va perdre son boulot, fout le feu à sa maison, néglige son fils, ne voit plus les voitures dans la rue, etc. C'est lourdingue et surtout dépourvu de finesse psychologique.

Par contraste le personnage de Dupond-Moretti est plus intéressant, et on se demande pourquoi Raimbault n'a pas concentré son film sur ce qu'il représente. Il y aurait eu probablement de belles choses à creuser dans sa façon de penser la meilleure manière de rendre la justice.

Une intime conviction est un film bancal, qui ne convainc pas totalement et confirme la difficulté du cinéma français à produire de bons "films de prétoire", à la hauteur de 12 hommes en colère. On est parfaitement en droit de préférer le récent film de Chritain Vincent, L'hermine, à celui de Raimbault.

 

2e

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Le grand bain

Il y a une chance pour que Le grand bain devienne la comédie référence de son temps, comme le furent La grande vadrouille, Le dîner de cons ou Intouchables.

Le film de Gilles Lellouche partage en effet avec ses illustres prédécesseurs quelques points communs : un casting haut de gamme, des interprétations magistrales, une rigueur d'écriture jamais prise en défaut et surtout cet incroyable mélange de rire et de tendresse pour les cabossés de la vie, qui semble faire le sel de la comédie à la française.

Peu auraient pourtant parié sur la réussite de ce film, en avril 2018, juste avant qu'il soit sélectionné par Thierry Frémaux pour le Festival de Cannes. En traînant depuis le début de sa carrière d'acteur l'image du copain viril dans la bande de Guillaume Canet, Gilles Lellouche avait fini par se confondre avec ses personnages. On en avait oublié qu'il avait été réalisateur et scénariste avant d'être acteur. L'excellent accueil de la critique et des festivaliers cannois a donc surpris tout le monde, et peut-être même Lellouche lui-même.

Dans le genre feel-good buddy movie, Le grand bain est quasiment parfait. Si chaque acteur est globalement employé dans le registre qui lui convient habituellement, la tonalité générale du film est elle plutôt originale : il n'est pas si évident de prétendre narrer la reconstruction d'égos masculins malmenés à travers une activité particulièrement féminine (rappelons que la natation synchronisée est avec la GRS la seule discipline olympique exclusivement féminine). Il y a donc chez Lellouche une démarche plutôt gonflée, qui séduit par l'équilibre général du projet. Les acteurs, s'ils appuient sur le champignon, ne semblent jamais cabotiner, à l'image d'un Philippe Katerine excellentissime.

Le film prend bien le temps d'installer ses personnages, ce qui met encore plus en valeur le décollage jouissif de la seconde partie, durant laquelle Le grand bain devient irrésistiblement entraînant, Full Monty aquatique pour cinquantenaires. 

Un spectacle de très haut niveau (servi par des moyens très conséquents), à haut potentiel comique et lacrymal.

 

3e

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Gaspard va au mariage

Beaucoup de choses sympathiques dans ce petit film, qui peine toutefois à tenir la distance.

Parmi les points forts du film d'Anthony Cordier, il faut d'abord signaler un casting d'un goût exquis, incluant la révélation de Jeune femme, Laetitia Dosch, aussi bien que le grand acteur flamand Johan Heldenbergh, qu'on a vu dans tous les grands films belges récents (de La merditude des choses à Alabama Monroe).

Autre élément favorable, la fantaisie déjantée de cette famille hors du commun, qui se matérialise dans quelques scènes amusantes (le bain de poissons par exemple).

Malheureusement, l'esprit enjoué et facétieux du début s'étiole vite. C'est probablement la faute à un scénario qui file tout droit, sans véritables surprises, et qui ne parvient pas à mettre en véritable relation des personnages qui sont tous individuellement intéressants.

Gaspard va au mariage manque également (et paradoxalement) d'unité et ressemble finalement à un puzzle moche dont chaque brique est agréable à l'oeil. La relation quasi incestueuse du frère et de la soeur + les inventions Chindogu + les animaux ont une âme + c'est triste de perdre sa mère + les tatouages + .... = Trop.

 

2e

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L'atelier

Le dernier film de Laurent Cantet se compose de deux parties distinctes.

La première retrouve les meilleurs côtés de Entre les murs : Cantet sait comme personne filmer les jeunes gens qui ne sont pas des acteurs, les faire interagir avec l'expérimentée Marina Fois, montrer leurs émois, leurs sentiments, leurs hésitations.

C'est très beau, et d'une intelligence d'écriture très convaincante. On suit avec beaucoup de plaisir l'initiation de ces jeunes aux joies de l'écriture. La dialectique des échanges est en soi un véritable plaisir gourmand.

Dans la deuxième partie du film, Cantet recentre l'action sur le personnage de l'écrivaine et celui d'Antoine, un jeune qui se laisse séduire par les thèses de l'extrême-droite. L'atelier vire alors doucement au thriller psychologique. Quelle est la nature exacte de la relation entre les deux personnages, un acte violent est-il à craindre ?

Cette deuxième partie m'a nettement moins convaincu que la première. J'ai trouvé que le scénario s'alourdissait de scories inutiles (un exemple : la visite de l'éditeur), que Cantet n'était pas très à l'aise dans les scènes de suspense et que le jeu Marina Fois s'ankylosait un peu.

Au final cependant l'impression est plutôt positive, et je conseille L'atelier pour sa sourde originalité.

 

2e

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Polisse

Avant-première le 27 septembre 2011 à l'UGC Atlantis, près de Nantes. Maïwenn est là, escarpins noirs, jean serré, veste en jean, accompagnée de Naidra Ayadi et Frédéric Pierrot.

L'intervieweur s'emmêle complètement les pinceaux, en questionnant par exemple Frédéric Pierrot à propos de La guerre est déclarée, dans lequel il joue aussi... ce qui permet à Maïwenn de couper sèchement d'un "on est là pour parler de Polisse !".

Sinon, pas facile de parler d'un film avant la séance comme c'était le cas ce soir. On apprend que les 10 acteurs ont fait un stage d'une semaine chez la police, que le scénario résulte de notes prises par Maïwenn pendant un passage à la BPM et que parfois elle distribue aux acteurs des "jokers" à l'oreille, c'est à dire si j'ai bien compris des directives qui sèment un peu d'inattendu dans la scène.

Devant l'incurie emberlificotée de son interlocuteur de l'UGC, Maïwenn se prend à nous regarder fixement (le public) puis à nous interpeller : "Hé, mais y'a que des femmes ici ? Les hommes, levez la main ! Hé toi là au premier rang, c'est ta copine qui ta forcée ? Et qui est venu sans savoir qu'on avait eu un prix à Cannes ?" (et là, trois inconscients lèvent la main).

Etonnante, déstabilisante, mais pleine d'énergie, à l'image du film.

Le moins qu'on puisse dire c'est que Polisse ne fait pas dans la dentelle. La caméra bouge, ne tient pas en place, expérimente des tas de trucs. Les acteurs en rajoutent des tonnes, mais ils le font avec une énergie telle qu'on est souvent soulevé de son fauteuil. A ce jeu ils sont tous formidables, et bien sûr Joey Starr en premier - hallucinant. Ca jase, ça papote, ça crie, ça gueule, ça parle arabe, ça jacte, ça parle de bites et d'amour, ça s'insulte, ça ne s'arrête quasiment pas une minute, comme une tornade qui brasse les sentiments et les sensations. Le scénario part un peu dans tous les sens, s'attachant à quelques personnages, égrenant les micro-histoires qui ont toutes leur ambiance et leur intérêt, s'attachant aux petits riens. 

Ce n'est pas toujours fin, même si c'est beaucoup plus écrit que cela ne le parait au premier abord, les ficelles sont un peu grosses, les effets tire-larmes sont légions, mais le film est traversé par une telle énergie qu'il est capable d'offrir des scènes d'euphorie pure (la boite de nuit) ou de fou-rires irrépressibles (le téléphone portable - mais un beau, hein).

Les histoires contées sont tristes, écoeurantes, puissantes. Il faut sûrement la potion façon remède de cheval que nous assène Maïwenn pour les faire passer.

 

4e

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