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Christoblog

La femme la plus riche du monde

Ce film avait tout pour me déplaire : une histoire qui a priori ne m'intéresse pas vraiment (l'emprise du photographe François-Marie Banier sur Lilianne Bétancourt), un casting un peu tape-à-l'oeil et un réalisateur, Thierry Klifa, que je connais pas.

Et pourtant La femme la plus riche du monde s'avère être un bon film, qui mêle avec subtilité la comédie caustique à l'étude de caractère, en flirtant avec le mélodrame familial.

En effet, si on rit d'abord de la crédulité du personnage joué à la perfection par Isabelle Huppert (ne serait-ce pas la femme la plus bête du monde ?), on est peu à peu touché par son appétit de vivre souverain et sa volonté d'échapper aux carcans qui l'ont bridé toute sa vie (c'est peut-être au final la femme ... la plus triste du monde).

Le film interroge également des notions comme le libre-arbitre, la relation à l'argent quand on en a vraiment beaucoup, la fidélité filiale (formidable Marina Fois) et professionnelle (Raphaël Personnaz, très juste).

Tout cela est intéressant mais le film ne serait pas aussi plaisant sans l'interprétation XXL de Laurent Lafitte, jamais aussi bon que quand il joue les salauds séduisants, dans un registre qui rappelle un peu sa performance en Bernard Tapie.

Une réussite.

 

2e

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La petite dernière

Le cinéma de Hafsia Herzi, à l'image des personnages qu'il filme, est rêche et mal léché. La façon de filmer de la réalisatrice est souvent dérangeante, et ne cherche pas à plaire au premier abord.

Fatima, l'héroïne de La petite dernière, lesbienne musulmane en banlieue, se situe bien dans cette filiation : taiseuse, peu commode, étrangère à son milieu. Mais la réalisation de Herzi est, cette fois-ci, un peu plus douce que d'habitude, et donc aussi plus convenue.

Sa manière de filmer l'évolution de Fatima (psychologique, sentimentale, sexuelle, sociale) apporte un parfait contrepoint au film d'Abdelatif Kechiche, La vie d'Adèle : une égale attention aux fluctuations du coeur et du corps, à travers deux regards très différents (le fameux male gaze d'un côté, une approche évidemment plus féministe ici).

Ceci étant posé, La petite dernière, tout en étant un joli portrait agréable à découvrir, parsemé de scènes étonnantes (la leçon de sexe lesbien donnée dans la voiture !), peine toutefois à générer de profondes émotions. C'est probablement parce que son déroulé didactique (chaque étape est consciencieusement cochée) finit par donner au film un côté prévisible.

Herzi s'affirme ici comme une réalisatrice qui compte dans le cinéma français. Elle révèle un talent remarquable, celui de son actrice Nadia Melliti, qui fait preuve d'une grande finesse dans son jeu. 

 

2e

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Lumière pâle sur les collines

En voyant ce film en mai dernier à Cannes, je me suis dit que je ne comprenais rien à ce que je regardais : que sont devenus les maris japonais et anglais de la narratrice, qui est exactement Sachiko, les deux personnages féminins principaux sont elles une seule et même personne ?

Le film, s'il laisse deviner certains éléments, ne les explicitent pas, ce qui a généré chez moi une grande frustration. Il semble que le roman d'Ishiguro, dont le film est tiré, ménage le même type d"incertitude floue.

Lumière pâle sur les collines est donc inutilement alambiqué. Ces qualités passent du coup au second rang : une jolie photographie, avec toutefois un peu trop d'effets numériques, et aussi une belle délicatesse dans la direction d'acteur.

Les sujets abordés sont eux aussi intéressants, sans être suffisamment développés : les séquelles de la bombe à Nagasaki, les conséquences de la seconde guerre mondiale sur la psyché japonaise, la sororité comme résistance.

Ishikawa s'affirme de film en film comme le réalisateur de la confusion des personnalités. Il se perd malheureusement ici dans les ornementations d'un scénario inutilement obscur.

Kei Ishikawa sur Christoblog : A man - 2022 (**)

 

2e

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Downton Abbey III : le grand final

Bien entendu, ce film ne peut plaire qu'aux spectateurs de la série. Ceux-ci retrouveront avec délice la quasi totalité du casting qu'ils connaissent, constatant avec émotion les effets du temps sur le visage des uns et des autres.

Pour les autres, novices en Downton Abbey, nul doute qu'ils se demanderont pourquoi plusieurs millions de téléspectateurs à travers le monde se sont entichés de ce tableau sous naphtaline d'une société figée qui peine à mourir.

C'est que tout l'intérêt de cet ultime opus réside justement dans ce qui n'est pas dit. Rarement la présence des morts dans un divertissement grand public aura été aussi marquée : les apparitions de Tom et de sa fille rappelle immanquablement le personnage si attachant de Sybil, les errements y compris sexuels de Mary convoquent toujours le fantôme de Matthew, alors que le personnage de la douairière Violet irradie constamment le film avec une intensité décuplée par la mort de l'actrice qui l'incarnait, la merveilleuse Maggie Smith.

Ce volet final est donc une élégie anodine, une épitaphe qui tente de capter les faibles signaux d'un monde qui disparaît, sans génie mais pas sans émotion.

 

2e

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Nouvelle vague

Il fallait un sacré culot pour oser faire ce film sur le tournage d'A bout de souffle en copiant son style : noir et blanc, ton alerte, caméra à l'épaule, acteurs charismatiques.

L'Américain Richard Linklater, dont je pense qu'il est un des meilleurs réalisateurs américains actuels (si ce n'est le meilleur), relève avec brio ce défi.

Le tournage de Nouvelle Vague a été très travaillé (de nombreuses prises, de gros moyens, une préparation minutieuse), à l'inverse de celui du film de Godard, et le résultat à l'écran est bluffant : on a vraiment l'impression d'être projeté dans la France de 1959. C'est un pur délice.

Au plaisir de retrouver la gouaille de Bébel (excellent Aubry Dullin) et le charme de Jean Seberg (lumineuse Zoey Deutch), il faut ajouter la jouissance enfantine de rire aux nombreuses saillies de  Guillaume Marbeck jouant un Godard plus insupportable que nature. On croise aussi tout une galerie de personnages formidables, de Truffaut à Raoul Coutard, en passant par Jean-Pierre Melville, Robert Bresson, Roberto Rossellini, et tant d'autres.

Le résultat est donc jouissif et drôle, mais aussi diablement instructif. On comprend en effet parfaitement la "méthode Godard", et on mesure l'importance de tout le substrat qui aura permis l'émergence de la nouvelle vague (et notamment le rôle du producteur Georges de Beauregard).

Une réussite à tout point de vue, qui parvient à mélanger émotion et rire, éloge poétique du cinéma et plaisir de la découverte.

 

4e

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Une bataille après l'autre

Paul Thomas Anderson est sûrement le cinéaste contemporain qui bénéficie de la cote de sympathie la plus élevée. Chacun de ses films est attendu comme un présumé chef d'oeuvre par toute une communauté de fans énamourés, dont l'objectivité n'est par définition pas la première qualité.

Ainsi Une bataille après l'autre fait l'objet d'une campagne de commentaires dithyrambiques sur les réseaux sociaux, accompagnée d'articles de presse à l'unisson, qui pourra étonner quiconque ne fait pas partie du fan club.

Le film n'a en effet rien d'extraordinaire. Il montre deux faces de l'Amérique qui s'opposent frontalement : des activistes de gauche menant des actions de type révolutionnaires et un groupe secret de forcenés racistes. 

Comme le récent Eddington, avec qui il partage de nombreux points communs (les situations extravagantes, les personnages caricaturaux), Une bataille après l'autre renvoie en partie les deux parties dos à dos : les activistes se trahissent les uns les autres, sont incompétents ou naïfs, les fachistes menacent évidemment de détruire la démocratie.

Le ton qu'adopte Anderson est distrayant et rend le film globalement agréable (alors que celui d'Ari Aster était grinçant et déplaisant). On suit donc avec plaisir les mésaventures de Bob, joué par un Leonardo di Caprio inspiré, et de sa fille Willa, qui révèle une jeune actrice formidable, Chase Infiniti.

La mise en scène d'Anderson est propre, mais un peu sage. Au rayon des points faibles, j'ai trouvé que l'interprétation de Sean Penn est poussée trop loin dans la veine grotesque et que le film est exagérément long, sans que rien ne le justifie dans l'histoire (2h40 quand même !). Certaines séquences sont clairement étirées, comme la poursuite finale. J'ai aussi été gêné par la présence insistante de la musique dissonante de Jonny Greenwood (Radiohead).

En résumé, quelques défauts et rien de bien génial dans Une bataille après l'autre, mais une intéressante vision des fractures américaines, qui prend sa place entre Eddington et le futur film de Kathryn Bigelow qui sort sur Netflix le 23 octobre, A house of dynamite

 

2e

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La mort n'existe pas

Cela faisait longtemps que je n'avais pas vu un film d'animation aussi mauvais.

Un groupe de jeunes terroristes veut tuer un couple de bourgeois. L'une d'entre eux/elles se défile, mais va se voir donner une seconde chance par le fantôme de son amie, décédée lors de cet acte de bravoure et/ou acte de terrorisme.

Je n'ai pas compris où voulait nous emmener Félix Dufour-Laperrière, tant le propos de son film est confus, entre contact fusionnel avec la nature, apologie de l'action violente, âgisme révolutionnaire et anti-capitalisme vaporeux.

Quant à l'animation, elle est d'une laideur effroyable : papiers-peints en fond d'écran, grands aplats monochromes, visages des personnages articulés comme des automates, 2D sommaire. C'est le degré zéro de l'animation, sous couvert de poésie sous ecstasy.

La mort n'existe pas comporte également son lot de fixettes malaisantes, comme par exemple un goût prononcé pour le sang (lièvre dépecé, corps perforés), le tout baignant dans une atmosphère new age qui prône une mystique révolutionnaire mâtiné de rêve de vie de famille avec le beau Marc (bizarre, non ?).

Une catastrophe à tout point de vue.

 

1e

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