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Christoblog

Articles avec #felix moati

Mikado

Drôle de rencontre dans le Sud : un prof veuf et sa fille accueillent une famille étrange composée d'un couple et de deux enfants qui semblent non scolarisés.

Sur cette base assez sommaire, la réalisatrice Baya Kasmi construit un film presque entièrement basé sur le jeu des acteurs et actrices. 

Il s'agit pour chacun d'exprimer avec le plus de subtilité possible les fractures profondes qui le traverse : deuil, incommunicabilité, enfance difficile, inadaptation à la société. C'est sans conteste Ramzy Bedia qui livre la meilleure prestation, touchant comme jamais. Si Vimala Pons est égale à elle-même (une expressivité hallucinante), Félix Moati est un poil excessif dans sa partition de jeune adulte passé par de nombreuses familles d'accueil, dont certaines étaient à l'évidence violentes.

Le film a certaines qualités : une capacité certaine a faire ressentir différents sentiments (joie, espoir, souffrance, déception), de belles idées originales (la capacité qu'a la jeune fille à "disparaître") et enfin une sensibilité évidente dans la description des ambiances méditerranéennes. Il a aussi certains défauts, notamment de petites faiblesses dans l'écriture et quelques chutes de rythme.

Le résultat est toutefois plaisant, et prometteur : on suivra attentivement la carrière de Baya Kasmi, jusqu'à présent surtout réputée en tant que scénariste, notamment chez Michel Leclerc.

 

2e

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Gaspard va au mariage

Beaucoup de choses sympathiques dans ce petit film, qui peine toutefois à tenir la distance.

Parmi les points forts du film d'Anthony Cordier, il faut d'abord signaler un casting d'un goût exquis, incluant la révélation de Jeune femme, Laetitia Dosch, aussi bien que le grand acteur flamand Johan Heldenbergh, qu'on a vu dans tous les grands films belges récents (de La merditude des choses à Alabama Monroe).

Autre élément favorable, la fantaisie déjantée de cette famille hors du commun, qui se matérialise dans quelques scènes amusantes (le bain de poissons par exemple).

Malheureusement, l'esprit enjoué et facétieux du début s'étiole vite. C'est probablement la faute à un scénario qui file tout droit, sans véritables surprises, et qui ne parvient pas à mettre en véritable relation des personnages qui sont tous individuellement intéressants.

Gaspard va au mariage manque également (et paradoxalement) d'unité et ressemble finalement à un puzzle moche dont chaque brique est agréable à l'oeil. La relation quasi incestueuse du frère et de la soeur + les inventions Chindogu + les animaux ont une âme + c'est triste de perdre sa mère + les tatouages + .... = Trop.

 

2e

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La vie très privée de Monsieur Sim

Michel Leclerc était pour moi jusqu'à présent un excellent auteur de comédie, peut-être le meilleur en activité en France aujourd'hui.

Avec ce dernier film, il change un peu de registre.

La vie très privée de Monsieur Sim commence comme une ode enjouée à la médiocrité, particulièrement réussie grâce à l'interprétation exceptionnelle de Jean Pierre Bacri. Idiot, attachant, crédule, et accessoirement très vieilli, Bacri joue une partition qui est assez originale pour lui, plus habitué qu'il est à jouer un autre type de solitaires : le bougon aigri.

Si le début du film est simplement plaisant à regarder, la deuxième partie devient captivante. Le road movie tragico-comique se transforme en quête des origines particulièrement déstabilisante. C'est la beauté d'un scénario élaboré (et tiré d'un roman du grand Johnatan Coe) que de nous entraîner vers l'obscurité, la tristesse et le sentiment de ne pas devoir être au monde.

La farce qu'aurait pu être le film se transmute en rêverie presque lynchienne : c'est l'incroyable réussite du film. 

Michel Leclerc sur Christoblog : Le nom des autres (**) / Télé Gaucho (***)

 

3e

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A trois on y va

Jérôme Bonnell aime à décrire les sentiments. L'exercice était effroyablement raté dans son dernier film, Le temps de l'aventure, de par la faute d'une erreur de casting XXL (un Gabriel Byrne momifié).

Ici, à l'inverse, si le film est charmant dans sa première partie, c'est grâce à son trio d'acteurs/trices. Anaïs Demoustier joue la solaire Mélodie avec un charisme incroyable. Elle aime et couche avec la sombre Charlotte (Sophie Verbeeck), avant de tomber amoureuse du copain de cette dernière, Micha (Félix Moati). Sur cette énième version du triangle amoureux et/ou du ménage à trois, Bonnell tisse une toile légère et séduisante, enchaînant des situations cocasses qui tentent avec succès de rafraîchir les situations de boulevard traditionnelles.

Cette première partie (qui prend Lille comme décor) est pleine d'alacrité et plutôt séduisante, bien qu'absolument anecdoctique. On perçoit vers la moitié du film que tout cela ne va pas forcément se densifier en terme d'enjeu narratif, et en effet, A trois on y va file benoitement vers une fin franchement convenue, se contentant de bien filmer la sensualité des corps. 

On a l'impression que Bonnell a refusé de creuser les aspects les plus sombres de ses personnages, pour seulement filmer leurs élans. Il le fait avec une bonne volonté un peu niaise, qui anesthésie progressivement l'enthousiasme du spectateur.

 

2e 

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Télé gaucho

http://fr.web.img3.acsta.net/r_640_600/b_1_d6d6d6/medias/nmedia/18/93/76/71/20276277.jpgMichel Leclerc est-il en train de ressusciter la comédie à la française ?

On peut le penser, tant Télé gaucho  (comme Le nom des gens) parvient à faire rire à partir d'une recette qu'on pensait oubliée : des acteurs qui ont des tronches, des répliques qui font mouche, un milieu bien typé qui porte en lui-même un potentiel comique et nostalgique, des gimmicks efficaces.

Michel Leclerc s'est souvenu de son expérience à Télé Bocal pour reconstituer ce qui fut l'ambiance libertaire de ces télés libres, revivant en quelque sorte au milieu des années 90 l'effervescence créatrice qui entoura la création des radios libres, une décennie auparavant.

Le film doit beaucoup de son potentiel comique a l'excellent Eric Elmosnino qui révèle ici un réel potentiel dans le domaine de la comédie, à Sara Forestier qui joue les cruches comme personne, et au très bon jeune espoir Félix Moati, à la fois attendrissant et convaincant dans le rôle du jeune réalisateur qui se voit grand.

Plusieurs scènes ou répliques mériteront de devenir culte (le porno tourné sur le toit, "J'aime faire les choses, mais ce sont les choses qui n'aiment pas être faites par moi", la rubrique des objets qui nous font chier), et si le propos du film pourra au final paraitre anecdotique, Télé Gaucho est l'exemple parfait du divertissement intelligent et agréable.

Je le recommande vivement pour une soirée sympa pendant les vacances de fin d'année.

 

3e

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