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Christoblog

Top 20 2024

Cette année, j'élargis un peu le traditionnel Top 10 qui me semble trop limité.

Il y a eu en effet en 2024 beaucoup de très bons films, à défaut de véritables chocs majeurs.

C'est aussi l'occasion de mettre à l'honneur des genres en général sous-représentés : l'animation (avec le très beau Flow, mais aussi le film hongrois injustement passé inaperçu Sky dome 2153), le documentaire (superbe Smoke sauna sisterhood de Anna Hines, et le premier volume de Youth présenté par mon chouchou Wang Bing) et enfin de film de genre (The substance bien sûr).

L'Inde est présente en force (Santosh et All we imagine as light) alors qu'elle n'a jamais figuré dans un de mes tops annuels, comme d'ailleurs l'Asie en général (Les graines du figuier sauvage, Inchallah un fils).

Vous retrouverez bien sûr ma critique de ces films en entrant leur titre dans la barre de recherche du blog.

Bonne année 2025.

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Le beau rôle

Bon petit film français qui hésite entre romcom piquante et réflexion sur les métiers du spectacle, Le beau rôle n'est pas désagréable à regarder.

On se foutrait cependant des péripéties assez oubliables que propose le scénario si les deux protagonistes principaux n'étaient pas Vimala Pons et William Lebghil.

La première conserve de film en film cette vivacité du visage qu'aucune autre actrice possède et qui avait marqué les cinéphiles dans La fille du 14 juillet, en 2013. Son charme, parfaitement adapté à la comédie, fait ici mouche. Quant à Lebghil, sa nonchalance résignée et parfois malicieuse trouve ici un cadre parfait, comme c'était aussi le cas dans Grand Paris et La vie de ma mère.

Sans être renversant, ce premier film du scénariste Victor Rodenbach (Platane, Dix pour cent) est donc une honnête comédie de fin d'année, teintée d'une pointe d'émotion liée à la magie du jeu et du théâtre.

 

2e

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LaRoy

Dans LaRoy, les clichés sont tellement nombreux et appuyés qu'on pense souvent être devant une caricature de film noir.

Un héros naïf, sa femme qui le trompe sans vergogne avec son bellâtre de frère, un tueur à gage froid et cruel, un détective incapable mais attachant, des gaffes à gogo et des cadavres qui pleuvent : il faut imaginer les frères Coen qui auraient décidé de se parodier eux-même.

Le talent de l'auteur réalisateur Shane Atkinson est de nous amuser tout en nous choquant, avec un sens du rythme très assuré. Malgré les invraisemblances et les exagérations, on finit par s'intéresser à l'évolution des personnages et à leur destinée. Il faut pour cela une interprétation impeccable de tout le casting, John Magaro (qu'on a plus l'habitude de voir chez Kelly Reichardt) en tête.

Un très honnête divertissement, joyeusement noir. 

 

2e

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Les reines du drame

Le cinéma queer avait pour l'instant pour moi surtout les couleurs du cinéma de Yann Gonzalez : une esthétique onirique recherchée, mais un peu froide.

Le film d'Alexis Langlois est donc pour moi une véritable surprise : il est chaleureux, romantique, amusant et lyrique. Il est aussi d'un kitsch absolument extrême, symbolisé par le personnage de Steevyshady, joué par un Bilal Hassani déchaîné.

L'histoire d'amour entre Mimi Madamour (Louiza Aura est formidable en poupée dont le physique semble infiniment malléable) et Billie Kohler (fascinante et musculeuse Gio Ventura) est bâtie sur une trame de rise and fall assez classique, ici encapsulée dans un monde complètement barré, irriguée par les réseaux sociaux et la société du paraître. 

Parmi les intérêts du film, il faut noter une série de seconds rôles azimutés particulièrement délectables, dont les deux cruelles présentatrices, vipérines à souhait, sont les joyaux. Les morceaux de musique originaux sont par ailleurs incroyablement efficaces : je peux vous assurer que vous gardez longtemps en tête l'air de "Pas touche" en sortant de la salle ! 

Les reines du drames sont un ovni qui ne ressemble à rien de connu, parfois déstabilisant par ses excès en tout genre et un peu irrégulier dans ses partis-pris formels, mais dégageant une telle énergie positive qu'il en devient férocement aimable.

 

2e

   

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Le royaume

Quel est le (véritable) sujet du premier film de Julien Colonna, Le royaume ?

Si c'est la Corse, alors on peut dire qu'on a vu cette dernière suffisamment à l'écran ces derniers temps pour en être rassasié, de Borgo à A son image, en passant à Le retour ou De grandes espérances.

Si c'est la description d'un clan mafieux et de ses règlements de compte, alors l'ombre tutélaire de Coppola et Scorsese sera écrasante. S'il s'agit plus spécifiquement de la découverte par une enfant de la véritable activité de sa famille, il faudra plutôt conseiller de découvrir un excellent film, le formidable A chiara, de Jonas Carpignano.

S'il s'agit de l'amour aveugle d'une fille pour son père, je reste dubitatif devant l'atonie du jeu de la jeune actrice Ghjuvanna Benedetti, pas vraiment à son aise dans cette histoire assez classique de règlement de compte, filmée avec efficacité mais aussi parfois avec lourdeur (le montage parallèle chasse au sanglier / assassinat).

J'ai eu beaucoup de mal à éprouver de l'empathie pour ces personnages qui puent l'obscurantisme insulaire et le virilisme rance, sans qu'à aucun moment l'enjeu de l'intrigue ne surmonte le classicisme un peu daté du film. Seul le passage du camping parvient à apporter un peu d'intérêt à cet essai, dont le succès critique paraît surdimensionné, au regard de l'imposante armada des films auxquels il peut être comparé.

 

2e

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Oh, Canada

Rarement le propos d'un film m'aura aussi peu intéressé.

Cette histoire de photographe qui s'exile au Canada ne présente pour moi aucun intérêt : les péripéties de sa vie sont communes et sans relief.  

Le contraste avec ce qui nous est montré est d'autant plus perturbant : sur son lit de mort, le photographe va être interviewé par deux étudiants journalistes avec tout un procédé très impressionnant, et en présence de sa femme. On s'attend a minima à avoir de lourdes révélations : un complot contre l'Etat américain, ou une double vie a minima. Que nenni, les secrets du pauvre homme consistent en quelques coucheries, des enfants abandonnés un peu partout et le refus d'aller au Vietnam. La belle affaire.

L'histoire est inintéressante, et Paul Schrader décide donc d'en faire des tonnes sur le dispositif du film. Nous avons donc droit à au moins quatre époques différentes dont les trames temporelles s'entremêlent, filmées dans des formats très différents (c'est pratique, comme ça on ne peut pas se tromper !). 

Un procédé spécifique est utilisé, que j'ai trouvé très déplaisant : les personnages jouent (parfois) dans les scènes du passé avec leur physique actuel, ce qui ne contribue pas à rendre ces scènes crédibles. De la même façon la voix off appartient à plusieurs personnages, ce qui là non plus n'aide pas à entrer dans la narration. A vrai dire, on est parfois perdu dans cet embrouillaminis stylistique.

J'ai beau réfléchir, je ne trouve aucune qualité à ce film.

Paul Schrader sur Christoblog : The canyons - 2014 (***)

 

1e

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Winter break

Chez Alexander Payne, la mise en place de l'histoire est toujours longue. Ici, il faut attendre un bon tiers du film avant de comprendre quels seront exactement les personnages principaux du film, et encore un autre tiers avant de véritablement saisir leur personnalité et leur histoire.

Le réalisateur américain possède une touche immédiatement reconnaissable, qui me semble comparable à la tradition du grand roman russe : le contexte est très important et il faut prendre le temps de le décrire, les personnages sont habilement caractérisés non parce qu'ils pensent, mais par ce qu'ils font, et enfin les digressions petites et grandes apportent toutes un élément du puzzle.

De cette approche méticuleuse résulte une oeuvre d'une grande profondeur, qui fourmille de détails significatifs et de situations aux multiples nuances. Ce qui paraît initialement cruel paraîtra bientôt touchant, ce qui semblait au début du film clair s'obscurcira progressivement, et réciproquement.

Au service de ce travail d'orfèvre se démène toute une troupe talentueuse. Les trois acteurs principaux, gueules atypiques chacun dans leur genre, font des miracles de sensibilité délicate, évitant en toute circonstance la mièvrerie qui rôde autour de l'intrigue. La direction artistique et la photographie servent parfaitement le propos du film, sublimant le décor étonnant d'une université désertée et enneigée, durant la trêve de fin d'année.

Le choc de ces trois solitudes malmenées par la vie est à la fois drôle, édifiant et émouvant. Winter break confirme le talent hors norme d'Alexander Payne pour dessiner de beaux portraits de groupe en prise aux difficultés existentielles.

Un des meilleurs films de 2023.

Alexander Payne sur Christoblog : The descendants - 2011 (****) / Nebraska - 2013 (****) / Downsizing - 2017 (**)

 

4e

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Vingt dieux

Je pensais que le cinéma français, avec sa production annuelle pléthorique, finirait un jour par avoir abordé tous les styles possibles... et puis arrive un film comme Vingt dieux, mélange improbable de Ken Loach (façon La part des anges) et de Raymond Depardon, tourné avec des acteurs non professionnels quelque part dans le Jura.

Un film solaire, tendre et dur à la fois, qui ne ressemble à aucun autre.

Il faut à la réalisatrice Louise Courvoisier un certain culot pour oser marier dans un premier film une âpre description sociale (outre Loach, j'ai également pensé au Wang Bing des Trois soeurs du Yunnan) à une romcom adolescente très crue, tout cela sur fond de fabrication artisanale ... du comté.

Si le film tient la route, c'est grâce à son écriture très précise, à la réalisation inventive et inspirée de la réalisatrice, mais aussi au charisme du couple des deux jeunes interprètes, Clément Faveau et Maïwène Barthelemy, irrésistibles en doux Roméo et Juliette du Doubs.

On est émus et on sourit sans barguigner.

 

3e

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Limonov, la ballade

Serebrennikov, c'est l'escalade permanente vers toujours plus de virtuosité.

Les mouvements de caméra dont le réalisateur russe est friand trouvent ainsi dans ce film une expression complètement folle, par exemple dans un plan qui voit l'acteur Ben Whishaw passer de décor en décor d'un seul élan, changeant d'époque à chaque fois qu'il ouvre une porte.

Limonov ménage aussi, et c'est moins fréquent, quelques moments de calme reposants, qui donnent lieu à de belles scènes d'intimité. 

Sinon, les tics habituels du Russe sont bien au rendez-vous : intertitres spectaculaires, morceaux rock tonitruants. Il sont ici accompagnés d'effets déjà vus chez d'autres réalisateurs (élargissement du cadre comme dans Mommy, acteur qui passe à l'envers du décor comme dans Les herbes sèches).

Tout cela donne une impression de superficialité clinquante, pas désagréable, mais un peu vaine.

Le personnage de Limonov, artiste peu entreprenant aux idées politiques assez flippantes (une sorte de nationalisme parfois fascisant, parfois apolitique), génère finalement peu d'empathie : c'est aussi un des problèmes du film. Je me suis demandé à plusieurs occasions si ce personnage méritait autant d'attention.

Limonov, la ballade est un pur exercice de style, plus digeste que les deux précédents pensums de Serebrennikov, dont on peut se demander s'il n'esquisse pas en creux un autoportrait du réalisateur.

Kirill Serebrennikov sur Christoblog : Le disciple - 2016 (**) / Leto - 2018 (**) / La fièvre de Petrov - 2021 (**) / La femme de Tchaïkovski - 2022 (**) 

 

2e

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Blitz

A voir sur Apple TV

Beaucoup de bonnes fées se penchaient au-dessus du berceau du nouveau film du britannique Steve McQueen : la fabuleuse Saoirse Ronan, la perspective d'une odyssée dans le Londres de la seconde guerre mondiale, une ambiance à la Dickens sous les bombes, des seconds rôles étonnant issus du rock (Paul Weller et Benjamin Clementine, tous les deux excellents).

Et pour une partie, les promesses du film sont tenues. On est en partie embarqué dans le périple du jeune George, exilé volontairement de Londres par sa mère dans l'optique de le protéger, mais qui va sauter du train qui doit l'emmener à la campagne. Les pérégrinations du jeune George sont à la fois intéressantes et spectaculaires (l'inondation du métro), mais aussi parfois un peu trop sage (le gentil soldat qui va mourir en sauvant une vieille dame). 

Les deux principaux défauts du film sont le caractère très attendu du scénario et le côté un peu amidonné des décors et de la direction artistique. Le film ne surprend en effet pas beaucoup. Chaque péripétie est assez attendue, et l'ennui n'est jamais très loin. L'aspect un peu artificiel du film (des lumières trop nettes, des costumes trop neufs) n'aide pas non plus à entrer dans cette histoire, somme toute classiquement mélodramatique.

Terne et classique.

Steve McQueen sur Christoblog : Hunger - 2008 (****) / Shame - 2011 (*) / 12 years a slave - 2013 (**)

 

2e

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En fanfare

Emmanuel Courcol, le réalisateur d'En fanfare, est un excellent scénariste. Outre le scénario de son premier film, le très agréable Un triomphe, on lui doit également ceux de Welcome ou de Mademoiselle, par exemple.

Il y a dans son écriture une sécheresse, un sens du rythme et une finesse qui rendent ses films extrêmement efficaces et émouvants. Ici, les personnages sont admirablement dessinés, y compris les seconds rôles. Leurs relations ne sont pas simplistes, et le propos de l'histoire, sur le papier très mélodramatique (un chef d'orchestre célèbre découvre qu'il a un frère génétique dans le Nord à l'occasion d'une maladie grave), est traité avec beaucoup de subtilité. 

Comme le rythme du film est enlevé, n'hésitant pas à utiliser de nombreuses ellipses bien venues, on ne s'ennuie pas une seconde. La convivialité du Nord donne à En fanfare une coloration bon enfant ch'ti qui rend cette histoire de fraternité particulièrement émouvante et chaleureuse.

On se régale, jusqu'à un final très réussi qui génèrera quasi-automatiquement des applaudissements dans toutes les salles où il est projeté : vous verrez, les derniers plans sont irrésistibles.

Du très bel ouvrage, qui mérite un succès public à la hauteur de plusieurs millions de spectateurs en France.

Emmanuel Courcol sur Christoblog : Un triomphe - 2021 (**)

 

3e

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