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Christoblog

Articles avec #valeria bruni tedeschi

L'attachement

Dans L'attachement, tous les ingrédients sont réunis pour une recette de film mièvre.

Et pourtant, grâce à un excellent sens du rythme, et à une qualité d'écriture et d'interprétation hors du commun, le film parvient à nous surprendre, puis à nous émouvoir. Il évolue dans une registre comparable à celui du Roman de Jim : celui de gens ordinaires, plutôt gentils en général et se débattant dans la vie comme ils le peuvent.

Valeria Bruni Tedeschi trouve ici un rôle qui lui va comme un gant, en quinquagénaire légèrement misanthrope et séduisante. Pio Marmaï est aussi très à l'aise, comme Raphael Quenard, à la fois égal à lui-même (chacune de ses lignes de dialogues semble frappée d'une inspiration géniale) et assez surprenant avec sa petite moustache de caïd de seconde zone. Vimala Pons s'affirme, après sa belle prestation dans Le beau rôle, comme une actrice en vogue du cinéma français. 

L'attachement confirme le talent de Carine Tardieu, qui de film en film dessine une oeuvre singulière, marquée par l'exploration subtile de sentiments peu communs.

Carine Tardieu sur Christoblog : Du vent dans mes mollets - 2011 (**) / Otez moi d'un doute - 2017 (**)

 

3e

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Eté 85

Le nouvel Ozon est une gentille bluette, qui veut se donner des airs de suspense hitchcokien.

Si la première partie se laisse regarder sans déplaisir (l'ambiance du bord de mer, les flashforwards qui entretiennent un suspense, la tension du coup de foudre), la seconde déçoit par sa plate conformité.

Les réactions des uns et des autres sont à la fois prévisibles et ridicules. Si les deux acteurs principaux jouent leur partition avec conviction, il faut signaler que tous les seconds rôles sont très mauvais : Valeria Bruni Tedeschi surjoue terriblement, Philippine Velge est horripilante, Isabelle Nanty et Laurent Fernandez ne semblent pas quoi faire à l'écran, Melvil Poupaud n'est pas crédible pour un sou.

Le film n'évite pas alors le ridicule le plus absolu, lors de la pitoyable scène de la morgue, très mal jouée et mise en scène.

Ozon peine à maintenir son intrigue tout au long d'un long métrage : il lui faut l'entretenir par de sinueux détours qui ne passionnent pas (l'écriture de l'histoire, la relation au prof), alors que l'ambiance charmante du début se délite doucement.

 

2e

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Seules les bêtes

Dominik Moll, cinéaste trop rare, nous offre ici un thriller d'une redoutable efficacité, bâti sur une utilisation simple mais efficace de l'effet Rashomon : les mêmes scènes sont vues plusieurs fois sous des angles différents, offrant à chaque fois un complément d'information sur l'intrigue.

On progresse ainsi dans les arcanes d'une histoire tortueuse, marquée par d'incroyables coïncidences, mais qui présente l'immense intérêt de décrire avec une grande acuité deux milieux très différents et rarement montrés au cinéma : les étendues désolées du causse Méjean et le monde des brouteurs d'Abidjan (si vous ne savez pas ce que c'est, alors allez voir le film).

La sensibilité de la mise en scène, la densité du jeu des acteurs (tous incroyablement bons), la qualité du scénario font de Seules les bêtes un divertissement de haute tenue.

Je le conseille.

 

3e

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Folles de joie

Il y a dans le cinéma de Paolo Virzi un allant et un élan, une générosité, qui pour ma part m'enthousiasment.

Certains (probablement les Cahiers du Cinéma par exemple) trouveront peut-être que les actrices en font trop, que le scénario n'hésite pas à utiliser de grosses ficelles, et que la mise en scène est pleine d'effets de petit malin. 

Toute cela est vrai en partie, et contribue au charme du film. Votre ressenti dans la salle de cinéma dépendra de la façon dont le jeu outré de Valeria Bruni Tedeschi va vous happer, vous emporter, ou non. Son débit de moulin à parole sous amphétamine et son décolleté abyssal ne génèrent pas une confiance immédiate, et peut même susciter, on le comprend, une forme de rejet.

L'art de Virzi est de maintenir le film dans un état d'équilibre précaire : on hésite pendant tout le film à qualifier les deux héroïnes de folles, certaines de leurs élucubrations s'avérant finalement vraies.

Folles de Joie oscille donc entre deux pôles : un mauvais goût hystérique et plaisant, et un sentimentalisme tire-larme à l'italienne. A ne conseiller qu'aux coeurs d'artichaut, orientation latine, dont je pense faire partie.

Paolo Virzi sur Christoblog : La prima bella cosa - 2010 (***) / Les opportunistes - 2013 (**)

 

3e  

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Asphalte

Asphalte est au cinéma ce que les chatons sont à Internet : ça ne fait de mal à personne et beaucoup sont prêts à aimer (le "c'est trop mimi ! " se transformant ici en "un véritable coup de coeur ! ").

Le film est un brouet de bons sentiments qui s'auto-exaltent dans un décor de banlieue parsemé d'habitants hébétés, ce qui permettra à quelques critiques de s'exclamer "On n'a jamais filmé les cités comme ça ! "

D'abord, le mec désagréable et dans la lune, Gustave Kervern, reprend son rôle de Dans la cour. Comme la vie est bien faite, il sera puni de sa mauvaise action initiale, puis il rencontrera par hasard une infirmière désespérée (mais qui revêt les traits d'une grande bourgeoise de Valeria Bruni Tedeschi). La vie est belle : il s'inventera photographe et se lèvera de son fauteuil roulant (miracle de l'amour !) pour une marche zombiesque d'un ridicule extrême.

Ensuite, une actrice sur le retour (Isabelle Huppert, follement crédible) séduit platoniquement un jeune homme qui boit du lait et n'aime pas les films en noir et blanc, mais les aime quand même au final, parce que tu vois l'actrice est jolie quand elle est jeune, et le cinéma ça peut être bien quand l'histoire est bien. Même en noir et blanc. Vous voyez la légèreté du truc.

Et enfin, un cosmonaute américain atterrit chez une maman arabe qui lui fait sa meilleure recette de couscous. Comme elle lui donne le maillot de l'OM de son fils, alors l'américain est heureux et lui répare une fuite d'eau. Mais il n'y arrive pas. Alors un hélicoptère de la NASA vient le chercher dans la cité (sans se faire caillasser).

Voilà. Tout cela serait simplement mauvais si l'emballage n'allait piocher insidieusement chez plusieurs auteurs : la façon de filmer la ville chez Kaurismaki, le décalage chez le trio Gordon/Abel/Romy, le personnage joué par Kervern chez Salvadori, l'aspect grinçant des premières scènes justement chez le duo Délépine/Kervern, les plans fixes de personnages mutiques chez Roy Andersson, etc.

Du coup Asphalte n'est pas simplement un navet, il en devient une escroquerie intellectuelle. 

 

1e

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Les opportunistes

Le grand succès italien de l'année (7 Donatello, l'équivalent de nos Césars, le film a battu La grande belleza) arrive une fois n'est pas coutume sur les écrans français. 

Le film est basé sur l'effet que j'appelle habituellement "Rashomon" (car le film de Kurosawa en est la plus belle expression) : une même histoire racontée suivant trois points de vue différents. Ce procédé est toujours excitant : les mêmes scène revues sous un angle différent provoquent la curiosité, on est captivé par les jeux de résonance d'une séquence à l'autre, découvrant tout à coup le pourquoi du comportement bizarre d'un personnage ou faisant le lien entre plusieurs éléments disparates.

L'utilisation de l'effet "Rashomon", très efficace intrinsèquement, n'est parfois qu'un cache-misère. C'est presque le cas ici. La trame de fond est ici en effet archi-rebattue : il s'agit du thème très à la mode ces dernières années du conducteur d'un véhicule qui s'enfuit après avoir renversé un cycliste. 

Les opportunistes veut embrasser autour de ce sujet une collection de thèmes survolés mais de bon aloi : la dénonciation d'un capitalisme inhumain qui parie sur la crise, le racisme ordinaire d'italiens moyens, le mépris de la bourgeoisie vis à vis de la culture...

Tout cela est bel et bon, mais un peu creux, et il faut une palette d'interprétation hors norme pour sauver le film d'une médiocrité annoncée. Valéria Bruni Tedeschi est en particulier parfaite, dans un rôle d'ingénue sous domination au décolleté ravageur.

A voir éventuellement.

 

2e

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Viva la liberta

L'intérêt principal de Viva la liberta, c'est la performance une fois de plus impressionnante de Toni Servillo, qui joue ici d'une façon spectaculairement différente deux frères jumeaux.

Pour le reste, le film est une parabole un peu lourde : un politique dépressif, et en perte de vitesse dans les sondages, est remplacé par son frère jumeau qui sort d'hôpital psychiatrique. Ce dernier, par son discours emprunt de franchise et de poésie, redresse la popularité du parti de son frère. 

Au-delà de ce pitch balourd, le scénario est relativement subtil et ménage une série de jolies scènes. Il est dommage d'avoir doublé l'intrigue d'histoires d'amour un peu épaisses et de seconds rôles peu crédibles (Eric Nguyen est particulièrement mauvais). 

Si le film n'est pas désagréable à regarder et fait passer plutôt un bon moment, il manque de profondeur et présente un peu trop d'imperfections pour être véritablement conseillé.

 

2e

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