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Christoblog

Articles avec #bong joon-ho

Mickey 17

On retrouve dans cette nouvelle proposition américaine de Bong Joon Ho beaucoup des thèmes qu'on a déjà vu dans ses films d'anticipation US : la neige et les classes sociales de Snowpiercer, les gentilles bébêtes et le propos écologiste d'Okja

Disons-le tout net, ce n'est pas veine du génial coréen que je préfère : il me semble que dès qu'il quitte le substrat de la société (et de la famille) coréenne, son cynisme acéré et sa pertinence le désertent. Mieux vaut donc revoir Memories of murder, The host et Parasite.

Bien sûr, le talent du réalisateur est toujours manifeste quand il s'agit de manier la caméra : la mise en scène est aérienne, les effets spéciaux efficaces et les moments comiques bien amenés. S'il n'était pas beaucoup trop long (2h17), Mickey 17 serait une fantaisie récréative agréable à regarder.

Hormis son manque de rythme et son scénario inégal, le film pêche aussi un peu par une direction d'acteurs un peu trop outrancière (Mark Ruffalo en fait vraiment trop). Il perd en force satyrique ce qu'il pense gagner en fun cartoonesque. 

Trop gentil pour être vraiment décapant, mais trop méchant pour être une comédie pure, Mickey 17 ne séduit que par moment : je pense notamment à toutes les apparitions de l'actrice Naomi Ackie qui campe une soldate dotée d'un très solide et réjouissant appétit sexuel.

Un Bong mineur. Vivement la prochaine livraison Made in Korea.

Bong Joon-Ho sur Christoblog : Memories of murder - 2003 (****) / The host - 2006 (***) / Mother - 2009 (***) / Snowpiercer - 2013 (*) / Okja - 2017 (**) / Parasite - 2019 (****)

 

2e

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Parasite

Quel merveilleux film que le dernier Bong Joon-Ho, qui porte à leur plus haut point toutes les qualités déjà vues dans les films précédents du réalisateur coréen.

Le plus remarquable pour commencer c'est la fluidité parfaite du scénario, qui glisse merveilleusement d'une situation à une autre avec un sens du rythme qui captive sans aucune interruption. 

Bong Joon-Ho possède une capacité hors du commun pour mélanger les genres au sein d'un même film  : on passe ainsi progressivement (ou même alternativement) de la comédie burlesque à la satire sociale, du thriller hitchcokien au film d'épouvante, et de la chronique quotidienne au mélodrame sentimental, sans que jamais la narration ne semble ralentie ou affaiblie par ces changements de ton.

Il serait réducteur de présenter le film comme une allégorie de la lutte des classes (bien des médias ne s'en priveront pas) : il est bien plus que ça. La prestation de ces acteurs, à commencer par le magnifique Song Kang-Ho, sorte d'alter ego du réalisateur à l'écran, magnifie les sentiments qui unissent les membres de cette famille pauvre.

Les héros chez Bong Joon-Ho ne sont pas toujours très intelligents et ne sentent pas très bon (quelles formidables et dramatiques variations sur le sujet dans Parasite). On l'avait déjà bien réalisé en regardant The host ou Memories of murder. Mais ils agissent, tentent de progresser et de s'entraider avec une énergie positive qui force l'admiration.

Ajoutez aux qualités du casting et du scénario une mise en scène vive, déliée et élégante, une utilisation absolument géniale des décors (la scène de l'inondation est une merveille de réalisme), et vous obtiendrez un plaisir de spectateur total.

Le meilleur film de l'année à ce jour et une Palme d'or amplement méritée.

 

4e

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Okja

Okja ne sortira pas en salle, et c'est bien triste. Pour ceux qui, comme moi, pensent que le média cinéma ne peut se concevoir sans l'expérience du collectif, du grand écran et de l'extérieur, la nouveauté n'est pas plaisante

On peut penser que les réalisateurs qui se dirigeront vers Netflix comprendront progressivement que leur propre intérêt n'est pas de travailler à la mort de leur activité : Bong Joon-ho affirme que Netflix lui a laissé toute liberté pour réaliser son film, mais quel intérêt si le grand public n'a pas accès à Okja ?   

Heureusement, je suis persuadé que le modèle Netflix n'est pas destiné à triompher : son audience se rendra finalement compte qu'elle est prisonnière, l'effet de mode passera et les auteurs ne se priveront pas aussi facilement de la reconnaissance associée à une sortie en salle (ainsi que d'une sélection au Festival de Cannes, par exemple, pour les plus talentueux d'entre eux). 

Mais revenons au film. Le dernier opus de Bong Joon-ho est à la limite du film pour enfant. Le début de Okja, dans la forêt coréenne, est très réussie : images époustouflantes, travail hyper réaliste et réussite totale de la première scène d'action le long de la falaise. Le second degré à la sauce coréenne (avec une bonne dose d'auto-dérision) est manié à la perfection par le réalisateur, même si ce n'est pas toujours très fin. La façon dont la mode des selfies est croquée est délicieuse.

L'attaque par les terroristes écolos très politiquement corrects est à mourir de rire. Elle marque, avec la course poursuite remarquable dans le supermarché, l'apogée du film, qui dans sa deuxième partie perd petit à petit en consistance.

Comme si souvent pour les cinéastes du monde, le talent du coréen semble se diluer dans le mauvais goût et les conventions une fois qu'il s'exerce aux USA. Même si Tilda Swinton et le reste du casting fait de son mieux (à l'exception notable de Jake Gyllenhaal qui signe ici sa pire prestation), le film ronronne tout à coup. Les scènes coréennes donnaient l'impression d'être ouvertes sur la ville, celles de New York semblent enfermées dans une sorte de cour miniature sclérosante.

Je résume. Deux films dans Okja : le premier coréen, très bon, le second américain, médiocre.

 

2e

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Snowpiercer, le transperceneige

Autant le dire tout de suite, j'ai été très déçu par le passage à la production internationale de mon réalisateur coréen fétiche, Bong Joon Ho.

Même si fugitivement affleurent dans le film ses anciennes qualités (second degré, attention aux visages, sens inné de la mise en scène), la vérité est que ce sont surtout les défauts du film dont on se souvient.

A savoir : un casting fadasse et hétéroclite, des clichés vus et revus mille fois (pauvres/gentils contre riches/méchants), des rebondissements invraisemblables, des décors moches et terriblement factices, des combats filmés caméra à l'épaule dans la plus grande confusion.

Si le film commence honorablement, il devient de plus en plus artificiel, pour finir en queue de poisson désastreuse. Attention, spoiler à suivre. Rien à sauver dans les dix dernières minutes : la machine en tête de train ne ressemble à rien, l'enfant qui entre dedans ne correspond à aucun enchaînement narratif, le dernier plan sur l'ours polaire est d'une naïveté confondante (et en plus n'a rien à voir avec l'histoire).

A aucun moment Bong Joon Ho ne parvient à créer une atmosphère réaliste au sein de son film, comme il l'avait superbement réussi dans The host. On ne rentre jamais dans cette histoire, en particulier parce que les acteurs ont le charisme d'une huitre (le taiseux Chris Evans), ou en fond au contraire des tonnes (Tilda Swinton et son dentier).

Après cet agglomérat kitsch de clichés SF, j'espère que Bong Joon Ho retrouvera son talent.

 

1e

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Mother

Bong Joon-Ho s'impose de film en film comme un des cinéastes les plus prometteurs du cinéma mondial.

Mother en impose par sa maîtrise dans tous les domaines : une scène d'ouverture mémorable, un scénario millimétré, une mise en scène discrète mais puissante et une direction d'acteurs époustouflante.

Le sujet est le suivant : un simple d'esprit est accusé d'avoir assassiné une écolière. Une balle de golf découvert près du cadavre l'accuse. C'est donc une sorte de version en mode mineur du premier film de Bong, Memories of Murder, qui présentait l'enquête menée contre un tueur en série de jeunes filles, dans un coin de campagne coréenne.

Sa mère va le défendre, se battre comme une chienne, en menant une enquête parallèle, et l'intrigue va connaître pas mal de rebondissements. Jusqu'où une mère qui aime peut-elle aller pour sauver son fils ? Le film au-delà de sa parfaite maîtrise formelle, réussit comme d'habitude dans le cinéma coréen à juxtaposer les genres (comédie, film à énigme, film gore, polar, drame) avec brio.

Une certaine ambiguité malsaine est présente tout au long du film, liée aux relations psychologiques compliquées entre la mère et son fils.

Je ne sais pourquoi, mais j'ai souvent pensé à Almodovar, durant le film, peut-être à cause de la manipulation du spectateur, de l'excellence de la bande son, ou des traits psychologiques déviants.

A voir, même si on a un peu de mal à entrer dans le film au début, pour une deuxième partie absolument brillante.

 

3e

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The host

Dans The Host, le seul personnage sensé est une petite fille.

Malheureusement celle-ci va être enlevée dès le tout début du film par l'affreuse bestiole et passer ensuite tout son temps dans l'antre du monstre, planquée dans les égouts exactement comme une noisette est stockée par un écureuil. Elle va ensuite prendre toute une série de décisions parfaitement raisonnables.

A part elle, le tableau dressé par le film est pathétique - le père est simplet et s'endort tout le temps, son oncle est diplômé mais au chômage, et quand il envoie des cocktail molotov sur le calamar géant, il rate systématiquement sa cible. Sa tante est une tireuse à l'arc qui rate la médaille d'or parce qu'elle ne se décide pas à tirer et le grand-père est idiot lui aussi.

La société coréenne est taillée en pièce : forces de police impuissantes, scientifiques menteurs et dissimulateurs, politiques manipulés par les américains et population stupide (scène particulièrement amusante ou les gens lancent des canettes au monstre comme des cacahuètes à un singe).

Même le monstre est un peu ridicule : en sortant de l'eau la première fois, il se ramasse sur les escaliers, grosse bête maladroite.

L'intérêt du film est dans ce contraste saisissant : une mécanique parfaite digne des standards américains (monstre très bien fait, suspense, scènes d'action, scénario millimétré, montage puissant) confrontée à une "comédie des ratés" particulièrement caustique, le tout teinté de l'émotion liée à la petite fille et empaqueté dans une réussite visuelle ébouriffante : le fleuve Han, ses ponts et les égouts forment un théâtre magnifique.

 

3e

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Memories of murder

Un coin de campagne en Corée, dans les années 1980.

Une jeune fille habillée de rouge est retrouvée violée puis étranglée. Puis une deuxième.

Les deux flics du coin, une brute patibulaire qui croit reconnaître un coupable en le regardant dans les yeux, et un teigneux violent et obsédé, n'arrivent pas à gérer l'affaire.

Un jeune policier de Séoul, beau et malin, rompu aux méthodes plus modernes d'enquête, vient les épauler.

Un troisième corps est découvert grâce à lui.

A partir du schéma classique du serial killer, Bong Joon-Ho réussit un film très prenant et très beau.

Bien sûr, le développement de l'enquête qui ne ménage pas rebondissements et suspense, est captivant en soi. Je ne peux pas en dévoiler grand-chose sans gâcher votre plaisir de spectateur mais sachez qu'il faut toujours écouter les histoires que se racontent les jeunes filles dans les écoles, que la radio peut se révéler une aide précieuse dans ce type d'enquête, et que les hommes portant une culotte rose se réfugient dans les mines à ciel ouvert.

Au-delà du prétexte policier, déjà très agréable, Bong Joon-Ho nous offre une mise en scène raffinée, absolument étonnante chez un jeune réalisateur dont c'est le deuxième film. Les scènes de groupe démontrent par exemple un sens du cadre et de la composition remarquable (la scène du restaurant quand le commissaire vomit). L'alliance d'un réalisme très cru par moment (les cadavres) et d'un esthétisme discret mais très présent (le ralenti sous la pluie, la façon de filmer la nature, le brio des scènes d'action, l'atmosphère magique de la mine, l'épilogue élégiaque) donne au film une beauté plastique "qui fait sens". De ce point de vue Memories of Murder rappelle évidemment le style de David Fincher et préfigure d'une certaine façon Zodiac.

Percent également dans le film le sens de l'observation sociale qui sera le terreau de l'excellent The Host, et la finesse de l'étude psychologique avec des personnages qui évoluent beaucoup de ce point de vue tout au long du film. Tous les acteurs, Song Kang-Ho en tête, sont très bons.

A noter que l'intrigue se nourrit de faits réels, et fut tourné non loin du lieux des crimes.

Un classique en puissance.

 

4e

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