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Christoblog

Diamond island

Cela fait très longtemps qu'un film ne m'a autant enthousiasmé visuellement.

Le travail sur les couleurs est par exemple d'une beauté irréelle : d'abord beaucoup de bleus, puis des contrastes éblouissants. Les lumières dans la nuit sont entourées d'un halo annulaire qui les rend presque surnaturelles. Des bonbons acidulés qui flottent dans les ténèbres. Magique.

La composition des plans est également superbe : visions d'architectures quelconques en construction, travellings cotonneux, contre-plongées osées, alternance de plans fixes et d'élégants mouvements de caméra.

La banale histoire d'amour et de déracinement que conte le film n'a finalement que peu d'importance, tant Diamond island transforme sa matière en vision presque mythologique : les adolescents immatures évoluent dans une sorte d'ambiance aqueuse avec la grâce de demi-dieux. 

C'est formellement époustouflant.


4e

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3000 nuits

Rares sont les films en provenance de Palestine. Il faut d'autant plus prêter attention à 3000 nuits, de la réalisatrice Mai Masri. 

Nous sommes dans les années 80, dans une prison isarélienne. Layal, une jeune femme palestienne se fait incarcérer pour 8 ans, suite à un attentat qu'elle n'a pas commis. Elle est enceinte et décide de garder l'enfant.

Le film décrit la lente évolution du personnage, ses dilemmes moraux (collaborer pour garder son enfant en prison ?) et les tensions entre prisonnières politiques palestiniennes et prisonnières de droit commun israéliennes. 

Le film vaut principalement par sa description du milieu carcéral israélien et des modalités de résistance mises en place par les prisonnières palestiniennes. Il faut avoir en tête que 700 000 Palestiniens sont passé par les geôles israéliennes, soit une personne sur trois. La prison, c'est donc le quotidien.

L'actrice Maisa Abd Elhadi prête ses traits lumineux au beau personnage de Layal : on a hâte de la revoir en mars prochain dans Personal affairs, de Maha Haj, qui était présenté en 2016 à Cannes (Un certain regard).

Le gros défaut du film, c'est de négliger parfois un peu maladroitement la profondeur narrative au profit d'un aspect trop clairement militant. La mise en scène est parfois lourde même si le montage est efficace. 

La Palestine sur Christoblog c'est aussi : Amerrika (**) et Omar (***)

 

2e

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Le disciple

Petite sensation du dernier festival de Cannes, ce premier film du russe Kirill Serebrennikov est une curiosité un peu piquante.

Le film est adapté d'une pièce de Marius von Marienbourg, que j'ai vu l'année dernière à Tourcoing. Bien que l'époque et le contexte aient été changé, Le disciple reste fidèle à sa source : il s'agit de montrer un jeune chrétien qui se radicalise à partir d'une lecture littérale de la Bible. On voit bien sûr le rapport à l'actualité récente.

Le réalisateur utilise un procédé qui surprend, mais auquel on s'habitue progressivement : les sources bibliques des citations apparaissent en incrustation sur l'écran. Cette lancinante énumération qui parfois tient lieu de dialogue, prouve qu'on peut faire dire n'importe quoi à n'importe quel texte, en sortant des éléments soigneusement choisis de leur contexte.

L'intérêt du scénario réside dans la façon dont les institutions russes donnent du crédit à ces élucubrations contre l'avis d'une jeune prof qui tente (maladroitement) de faire valoir la valeur du raisonnement scientifique.

Tout cela se finira mal, évidemment, du fait notamment du substrat de refoulement (homo ?) sexuel qui explique d'une façon peut-être un peu trop évidente l'attitude du jeune homme.

La mise en scène est superbe, à base de plans-séquences de toute beauté. A voir si vous avez le temps. 

 

2e

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Paterson

Quel ennui ! 

Paterson répète sept fois (oui, 7 fois) la même histoire minimaliste, avec d'infimes variations.

Certains esprits éclairés verront quelques variantes dans chaque journée, mais la vérité c'est que chaque jour ressemble au prochain et au précédent, et qu'on s'y ennuie profondément.

Il faut d'abord dire que je suis très peu sensible (doux euphémisme) au talent poétique du héros : ce qu'il écrit est moche.

Mais en admettant que cela ne soit qu'une opinion personnelle, le reste du film me laisse profondément insensible et même, oserais-je l'avancer : les trucs en noir et blanc du personnage pauvrement interprété par Golshifteh Farahani m'horripilent au plus haut point.

Bref, je trouve le film répétitif : Je regarde ma montre, je déjeune, je marche dans la rue, j'écris un poème dans le bus, je parle à un collègue qui a plein de problème, je conduis, les aiguilles de ma montre s'accélèrent, je rentre à pied, je redresse la boîte aux lettres, je suis gentil avec ma femme, je vais discuter dans un bar où le même couple chaque soir se déchire.

Même si sa légèreté peut occasionnellement lui donner une certaine beauté, il manque à Paterson le souffle nécessaire pour tenir sur la durée.

 

1e

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La petite fille de la terre noire

Je connaissais du cinéma coréen les films de genre barrés, le cinéma spectaculaire de Bong Joon-ho et Park Chan-Wook, le cinéma d'auteur bavard façon Hong San-Soo.

Il me manquait au tableau le genre néo-réaliste très aride, plutôt l'apanage pour l'Asie des cinéastes chinois (Wang Bing, Shangjun Cai, et le Jia Zhangke première manière).

C'est désormais chose faite avec La petite fille de la terre noire, à la fois tableau sans concession d'une petite ville minière coréenne, et chronique de la descente aux enfers d'une famille pauvre.

Le père tombe malade, et doit quitter son travail à la mine. Le petite fille de neuf ans, Young-Lim, doit s'occuper de la famille et en particulier de son frère aîné, attardé mental. On ne sait pas où se trouve la mère.

Inutile de vous dire que le film n'est pas d'une gaieté folle. Il parvient pourtant par la précision de son découpage, l'économie pensée de ses moyens, à éviter tout sentimentalisme larmoyant. La rigueur du réalisateur Jeon Soo-Il dans la façon de cadrer ses plans donne au film une tonalité d'étrangeté déstabilisante. La manière dont est esquissée à petite touche l'évolution de la petite fille est aussi très bien vue : c'est son besoin de tendresse (les gestes envers son père et son frère, les chatons, la femme du bus) et de beauté (la musique, les dessins, la fleur dans la neige) qui vont la conduire à des choix qui ne sont pas de son âge.

Un film prometteur, qui pourra gêner certains par la longueur et la fixité des ses plans, ainsi que par l'aspect grisâtre et un peu fruste de l'image.

 

2e

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Le meilleur film de 2016 ?

 

Chers lecteurs et chères lectrices de Christoblog, je vous propose cette année de voter pour élire le meilleur film de l'année.

Pour cela, c'est très simple :

- vous m'envoyez le classement de vos 5 meilleurs films sortis en 2016, classés de 1 à 5 (en partant du meilleur) par ici, avec votre nom et votre adresse postale, avant le 8 janvier

- le classement des 10 meilleurs films sera publié début janvier, en même temps que mon propre classement

- parmi les votants, 1 heureux participant recevra un DVD "surprise" issu de ma DVDthèque personnelle (et s'il n'a plus son emballage, c'est que je l'ai vu et apprécié !)

A bientôt pour les résultats.

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Une semaine et un jour

Une semaine et un jour réussit parfaitement l'exercice délicat du film de deuil joyeux : une sorte de Chambre du fils où on sourierait tout le temps.

Le pitch du film est simple : on suit un couple assez âgé d'israéliens le jour qui clôture la période de deuil "réglementaire", une semaine et un jour. 

La mère est plutôt raisonnable, toute en intériorité. Elle tient à faire ce qui est prévu, probablement pour maintenir un peu d'ordre dans ce bas-monde. Lui, le père, au contraire, semble retomber en enfance sur un mode furieusement régressif : fumer su shit, frapper les gens qui vous énervent. Comme si la mort du fils désinhibait totalement son comportement.

Les deux parents sont formidablement interprétés, et même si le fils de substitution exagère parfois sa tendance fifou, le résultat est suffisamment attachant pour que le film soit hautement recommandable.

La scène du cimetière est sublime, avec ce long flash back qui enchâsse un deuil dans un autre deuil, et qui d'une certaine façon marie les morts. Magnifique !

Une franche réussite pour un premier film remarquable.

 

3e

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Personal shopper

On connait l'histoire : un réalisateur tombe plus ou moins amoureux d'une actrice, puis il décide de faire un film dont elle sera de chaque plan, pour le plaisir de la filmer.

Après l'avoir rencontré sur le tournage de l'excellent Sils Maria, Olivier Assayas a donc proposé un nouveau projet à Kristen Stewart : une histoire de communication avec le fantôme d'un frère disparu.

Le problème est que le scénario est extrêmement faiblard. On sent beaucoup trop qu'il a été élaboré à la va-vite. Le film commence en enfilant tous les poncifs du films de fantômes, portes qui grincent, ectoplasme vaporeux, coins sombres. Il bascule ensuite rapidement dans une sorte de communication avec les morts 2.0, du genre WhatsApp avec l'au-delà. Tout cela ne passionne guère et n'est vraiment pas clair.

On aimerait être plus surpris, ou même avoir peur, mais Assayas ne se préoccupe guère de ses spectateurs tellement il semble fasciné par son égérie, qui est assez remarquable, il faut le dire.

Quelques magnifiques plans (comme le premier, admirable combinaison de travellings différents) ne suffisent pas à sauver le film, au final bien falot.

Olivier Assayas sur Christoblog : Après mai - 2012 (*) / Sils Maria - 2014 (****)

 

2e

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Manchester by the sea

Manchester by the sea est un film curieux qui parvient à être à la fois parfois plutôt raté (des approximations de montage, un adagio d'Albinoni particulièrement sirupeux) et souvent très réussi (une véritable atmosphère, un scénario solide, un casting convaincant, des scènes émouvantes).

Le film de Kenneth Lonergan est avant tout un parfait mélodrame. On sent immédiatement que quelque chose cloche dans le personnage joué par Casey Affleck, et la suite va nous révéler l'étendue de son malheur, que les circonstances vont d'ailleurs rapidement aggraver.

L'intérêt de Manchester by the sea est de nous donner à sentir d'une façon assez réaliste la tristesse du deuil, les affres de l'incommunicabilité, en même temps que l'énergie de la jeunesse. Chaque personnage est parfaitement incarné.

Au final, le film est tout à fait regardable, bien qu'un poil trop long.

 

2e

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L'ornithologue

Ainsi donc, Joao Pedro Rodrigues a-t-il l'insigne honneur de rejoindre mon Panthéon des réalisateurs qui se foutent de la gueule de leur spectateur.

Il siège donc aux côtés de l'inénarrable Albert Serra (dont le Chant des oiseaux est le chef-d'oeuvre absolu de ce genre ingrat), et non loin de d'Alexandr Sokurov, Béla Tarr, Lisandro Alonso et Carlos Reygadas.

Le point commun de tous ces cinéastes de grand renom, encensés par la critique Inrocks/Libé et l'ensemble des grands Festivals, est de proposer des mixtures filmiques qui ne sont compréhensibles que d'eux mêmes. 

En ce qui concerne L'ornithologue, il n'y a probablement qu'une ou deux personnes qui puissent donner du sens à l'assemblage hétéroclite de formes et de thèmes que propose Rodrigues : animaux empaillés dans la forêt, martyrologie gay en slip kangourou et bondage serré, esprit sain(t) sous forme de colombe, documentaire animalier, chanson kitsch de la fin, duo d'asiatiques sadiques en pélérinage pour Compostelle, allusions christiques, etc, etc, etc, on n'en finira pas d'énumérer les effets et les styles qui concourent tous à installer le réalisateur démiurge sur son trône.

L'ensemble du film est tellement barré qu'une question fondamentale se pose : mais pourquoi donc des Amazones parlant latin se retrouvent-elles dans ce brouet mystico-rustique revisité par une esthétique cheap, tendance Pierre et Gilles meets Weerasethakul ?

Tout cela n'a aucun sens, ne procure aucune sensation ni émotion, et c'est d'autant plus regrettable que Rodrigues possède à l'évidence une capacité immense à filmer.

En résumé, et même en admettant que le réalisateur est honnête, force est de constater que sa démarche est peu respectueuse de la bêtise de ses spectateurs, dont je fais partie.

 

1e

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Sully

La dernière fois que j'avais vraiment aimé un film de Clint Eastwood, c'était il y a huit ans, au moment de la sortie de Gran Torino

Autant dire que je suis allé voir Sully à reculons, d'autant plus que les dernières prises de position de Eastwood en faveur de Donald Trump ne rehausse pas l'estime que je peux avoir pour le bonhomme, qui devient en vieillissant le prototype du bon vieux facho républicain.

Ceci étant dit, je suis obligé de dire que Sully est un bon film. Eastwood y est certainement pour quelque chose. Sa mise en scène est extrêmement efficace dans les scènes d'action ("je ne prendrai jamais plus l'avion", disait une petite fille en sortant de la salle, et je la comprends) et délicate dans les scènes plus calmes.

Mais plus que la mise en scène, je trouve que c'est le scénario de Todd Komarnicki qui est brillant. Il parvient à faire d'une intrigue minimaliste (en gros, le pilote qui a posé l'avion sur l'Hudson en janvier 2009 a-t-il pris la bonne décision ?) un suspense psychologique haletant. En multipliant les flash-blacks et les allers-retours temporels avec une rare habileté, le scénario donne un relief incroyable au film.

L'autre point très fort du film est la prestation de Tom Hanks, impeccable en professionnel qui fait son boulot (We did our job est sans aucun doute la réplique pivot du film) et qui est aussi capable de se remettre en question. 

Sully donne bien sûr une vision idyllique du peuple américain (chacun y est absolument parfait) sur le mode de "on n'est pas des mauviettes", qui est précisément celui qui pousse Eastwood a donner sa voix à Trump, mais il le fait sans emphase et avec une justesse de ton appréciable.

 

3e

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Swagger

Drôle de film que ce Swagger, qui porte bien son nom : swag = qui a du style, qui est charismatique.

Olivier Babinet choisit de nous montrer frontalement le témoignage de plusieurs jeunes collégien(e)s du 93. 

L'originalité du film est de les magnifier à travers des éclairages très expressifs, et même parfois par des mises en scène qui les placent dans des situations d'acteurs / stars.  On est donc loin des habituels processus de stigmatisation de la banlieue : le film est plutôt dans le registre du "Regardez comment on rêve, matez comme on assure".

Swagger fonctionne assez bien sur ce registre casse-gueule, par la grâce de jeunes qui semblent tombés du ciel et composent une galerie de personnages tous plus attachants les uns que les autres : futur styliste assumant sa différence y compris par la bagarre, jeune fille toute menue et immensément raisonnable, jeune homme ombrageux au bandana rouge, jeune indien au costard impeccable qui se déchaîne sur une batterie.

Même si j'ai quelques réserves sur des parti-pris de mise en scène (les plans de coupe sur des jeunes quand d'autres s'expriment, comme s'ils étaient là, alors que ce n'est pas le cas), il faut dire que le film est diablement séduisant. C'est peu dire qu'il s'en dégage une incroyable énergie, pondérée par la crudité de certains constats : le racisme anti-roms que tout ce beau monde exprime par exemple. On est toujours le paria d'un autre.

Swagger est une production typique de la section ACID du Festival de Cannes : décalée et sympathique.

 

2e

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Baccalauréat

Mungiu, c'est du solide : le réalisateur roumain ne repart jamais bredouille du Festival de Cannes.

Comme chez Farhadi ou Zvyagintsev, on sait qu'il va être difficile d'être franchement déçu, tellement la somme des qualités qui entourent le film est grande : scénario millimétré, élégance suprême des mouvements de caméra, acteurs au top.

Baccalauréat commence en plus très nerveusement (pour un Mungiu), avec un jet de pierre dans la vitre, qui m'a brièvement rappelé une scène magnifique de la Palme d'or Winter sleep, puis une succession d'évènements plus ou moins violents et dérangeants.

Le film déploie après ce début plutôt surprenant toute une panoplie de thématiques profondes et intéressantes : la génération qui est revenue en Roumanie après la chute de Ceausescu, la corruption endémique, les conflits moraux de plusieurs ordres.

Dans ce film dérangeant et intelligent, Mungiu malmène notre sens du bien et du mal, avec un talent qui abandonne certaines fioritures de mise en scène pour tendre vers l'épure, au service de ses personnages.

 

3e

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Premier contact

De film en film, Denis Villeneuve gagne en assurance et en finesse.

Après un polar très réussi (Sicario) dans lequel il dépoussiérait le genre, le réalisateur canadien revisite ici avec brio le film d'anticipation.

Avec une économie de moyens qui devient sa marque de fabrique, Villeneuve parvient dès le début du film à nous captiver. Les extra-terrestres viennent d'atterrir, mais il n'est pas facile de communiquer avec eux : Louise (somptueuse Amy Adams), linguiste de haut vol, est appelée pour aider à rentrer en contact.

Comme dans Sicario, Denis Villeneuve excelle à filmer une héroïne sensible, peu portée sur le maquillage, et qui ne manque pas de personnalité pour s'imposer dans un univers a priori peu amical.

Par la qualité de sa photographie un peu froide, la fluidité de sa caméra, la précision diabolique de son scénario, l'ampleur virtuose de ses cadrages et l'excellence de sa bande-son, Premier contact nous projette littéralement dans une intrigue qui paraît dans un premier temps ressortir de la veine hard science avant de devenir quelque chose de ... très différent, dont je ne peux ici dévoiler la nature.

Le plaisir procuré par le film change plusieurs fois de nature  : sensitive, intellectuelle, ludique, émotionnelle et esthétique.

Un film qu'on peut à coup sûr conseiller à tous, sans crainte de se tromper, et que beaucoup iront voir une deuxième fois.

 

4e   

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Concours DVD et Br La tortue rouge (Terminé)

A l'occasion de la sortie en DVD du film La tortue rouge, je vous propose de gagner 2 DVD et 1 Blu-ray.

Pour ce faire :

- répondez à la question suivante : "De quelle nationalité est le réalisateur du film ?"

- joignez votre adresse postale

- précisez si vous souhaitez 1 DVD ou 1 Blu-ray

- envoyez moi le tout par ici

avant le 10 décembre 20 h.

Un tirage au sort départagera les gagnants.

Vous recevrez ensuite le DVD, envoyé directement par le distributeur.

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Ma' Rosa

A ceux qui connaissent l'oeuvre du grand cinéaste qu'est Brillante Mendoza, Ma' Rosa n'apprendra rien.

Suivant les points de vue, on pourra donc reprocher au dernier film du Philippin d'être peu original, ou considérer qu'il représente la quintessence du style de son réalisateur.

A vrai dire, le film vaut surtout pour son aspect documentaire sur Manille : sa boue, ce monde qui grouille, sa drogue et ses petites combines, sa corruption, son effervescence tranquille.

Après une introduction impressionnante dans le style classique de Mendoza (caméra à l'épaule, montage cut, éclairage faiblard), on craint un instant que le film bascule dans une violence insoutenable (comme dans l'éprouvant Kinatay). Il n'en sera rien et Ma' Rosa, loin de sombrer dans une brutalité aveugle, devient une sorte de déclinaison asiatique du néo-réalisme italien : comment trouver les 50 000 pesos nécessaires à soudoyer la police ?

Cette deuxième partie, moins énervée (inervée ?) que la première, m'a semblé aussi moins intéressante et plus convenue. Il n'empêche que le film irradie comme à l'habitude une force brute qui prend aux tripes et dont il est difficile de sortir indemne.

Brillante Mendoza sur Christoblog : Kinatay - 2009 (**) / Lola - 2009 (**) / Thy womb - 2012 (***) / Captive - 2012 (***) / Taklub - 2015 (**)

 

2e

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Le voyage au Groenland

Le précédent film de Sébastien Betbeder (2 automnes 3 hivers) révélait un cinéaste prometteur, qui à l'évidence savait mélanger humour, délicatesse et fantaisie.

Toutes les promesses de ce film se concrétisent ici de la plus belles des manières.

Le sujet est pourtant sur le papier un peu mince : deux trentenaires parisiens rendent visite au père de l'un d'eux, exilé dans un petit village paumé du Groenland. On imagine à la simple lecture de ce pitch un scénario catastrophique où les locaux seraient moqués et où serait systématiquement exagéré le contraste entre les citadins et la nature hostile.

L'un des grands mérites du film est de déjouer complètement les pronostics. Le regard que pose le réalisateur sur les différents protagonistes est empreint d'une bienveillance sensible qui rend tous les effets comiques délicats et dotés d'une saveur très particulière, dont le second degré semble exclu.

Le voyage au Groenland est une oeuvre à l'équilibre précaire, sans cesse sous la menace de tomber dans l'anecdote facile ou l'inconsistance comique. Sébastien Betbeder parvient à maintenir sur la durée sa fantaisie raisonnée et sa subtile analyse des sentiments masculins. 

Si le résultat semble parfois "facile", il résulte d'un savant mélange de techniques (montage, scénario) et d'une prestation exemplaire des deux acteurs principaux (Thomas Blanchard et Thomas Scimeca), parfaits en duo de gentils citadins un peu dépassés par les évènements.

Une franche réussite, drôle et originale.

Sébastien Betbeder sur Christoblog : 2 automnes 3 hivers - 2013 (***)  

 

4e   

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Theeb - l'enfance d'un chef

Mon boulot de blogueur, c'est aussi de vous parler des films que (presque) personne ne va voir et qui mérite pourtant l'attention des cinéphiles.

Dans cet esprit, si vous êtes à la fois curieux des cinémas du Sud et amoureux des beaux films, il ne faut surtout pas manquer ce film jordanien.

Tourné dans les décors somptueux du Wadi Rum, Theeb se déroule lors de la première guerre mondiale : deux points commun avec Lawrence d'Arabie. Mais ici on ne suit pas la destinée d'un célèbre anglais, mais la trajectoire d'un jeune garçon du cru qui va être pris dans un engrenage de violence impitoyable. 

Outre le portrait captivant de la société bédouine, le film de Naji Abu Nowar réussit le tour de force d'une narration à la fois dépouillée et extrêmement prenante, quelque part entre Akira Kurosawa et le John Ford de La prisonnière du désert. C'est à la fois beau et passionnant : pas étonnant que le film soit couvert d'éloges (il a été récompensé à Venise et représente la Jordanie aux Oscars).

Je le conseille très vivement aux amateurs de dépaysement, de déserts, de western, de bons films et de regards d'enfants.

 

3e

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Concours L'ornithologue (Terminé)

A l'occasion de la sortie le 30 novembre du film L'ornithologue, je vous propose de gagner 5 x 2 invitations valables partout en France.

Pour ce faire :

- répondez à la question suivante : "De quel saint, né au Portugal, s'inspire L'ornithologue ?"

- joignez votre adresse postale

- envoyez moi le tout par ici

avant le 2 décembre 20 h.

Un tirage au sort départagera les gagnants.

Vous recevrez ensuite les invitations, envoyées directement par le distributeur.

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Une vie

D'emblée, Stéphane Brizé impose son point de vue, qui sera sévère, dépouillé et naturaliste. Il l'impose par son cadre presque carré, sa caméra à l'épaule et ses plans très rapprochés sur les personnages.

L'effet produit est dans un premier temps déstabilisant, et légèrement oppressant. J'ai été à la fois séduit par le rendu de certaines sensations (le temps qui passe, les saisons, les dilemmes) et perturbé par les ellipses systématiques et le montage temporel chaotique.

Le premier choc passé, Une vie parvient à convaincre par son ampleur romanesque et la cohérence de son esthétique. Si les performances de la jeune garde du cinéma français me laisse perplexe (Finnegan Oldfield est à baffer et Swann Arlaud plus transparent que d'habitude), les anciens (Darroussin et Moreau) sont parfaits.

La solitude, l'ennui, la rudesse de la vie au XIXe siècle dans un milieu rural est parfaitement rendu. Le film est aussi émaillé de scènes extraordinaires de violence, contenue ou pas : les conversations avec les prêtres, la scène du couvent. 

Au final, Jeanne semble bien être une cousine éloignée du Thierry de La loi du marché : écrasés tous deux par des forces immenses qui les dépassent, ils portent au plus profond de leur être une étincelle qui leur permet de continuer à espérer.

 

3e

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