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Christoblog

Les chambres rouges

Rattrapage Canal+

Les chambres rouges est certainement un des films les plus étonnants de 2024.

Le réalisateur québécois Pascal Plante assume un pari osé : nous présenter le personnage d'une jeune femme, Kelly-Anne, fascinée par un tueur en série ayant sadiquement exécuté trois jeunes femmes en filmant ses actes pour les diffuser sur le dark web (au sein des mystérieuses chambres rouges).

Inutile de dire que l'empathie vis à vis de Kelly-Anne n'est pas forcément naturelle, d'autant plus qu'elle ne s'exprime que très peu, vit dans un appartement dépouillé et ne semble pas savoir elle-même ce qui la fascine chez le tueur.

On se demande où le film va nous emmener, tout au long de péripéties intrigantes qui laisse planer le doute sur les motivations réelles de l'héroïne. La mise en scène est d'une froideur assumée, à l'image de l'appartement qui abrite Kelly-Anne. L'ensemble est glaçant et finit par distiller dans l'esprit du spectateur un peu de la folie obsessionnelle qui est montrée à l'écran, tout en interrogeant habilement certains des travers du monde contemporain (l'omniprésence du numérique, l'interchangeabilité des images, les flux incontrôlés d'informations).

La tension va grandissante jusqu'à une accélération finale à laquelle on ne s'attend pas et qui conclut le film en en retournant (en partie) la perspective.

Du bel ouvrage, dérangeant et intrigant, très bien filmé, quelque part entre Seidl et Chabrol.

 

3e

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Le quatrième mur

N'ayant pas lu le roman de Sorj Chalandon, j'ai vu ce film sans aucun a priori.

Le début est plutôt plaisant : on est intrigué par ce projet insensé (jouer Antigone au Liban avec un casting multi-confessionnel), et franchement dépaysé par la découverte de cette pléiade de communautés, chacune campée avec efficacité par des personnages qui ne semblent pas caricaturaux.

David Oelhoffen parvient à nous embarquer dans son film, sans vraiment nous donner d'indications pour la suite : aventure optimiste (on pense au documentaire Au bord de la guerre, qui montre l'importance du théâtre dans un pays en guerre - le Théâtre du Soleil en Ukraine) ou à l'inverse tragédie latente ? Cette hésitation constitue un véritable suspense, plutôt agréable.

Malheureusement, Le quatrième mur prend encore une autre direction, celle de la comédie romantique fade et sans saveur : une idylle sexuelle d'une banalité affligeante entre le metteur en scène et son actrice. A partir de ce tournant, le film ne cesse de se dégrader : il simplifie les enjeux, montre irrespectueusement l'horreur à la va-vite (les cadavres de Chatila sont bien rangés dans les escaliers de telle façon que Lafitte n'ait pas besoin de les enjamber). 

Le réalisme qui faisait le sel de la mise en place a complètement disparu, à l'image de l'assassinat du leader chrétien, complètement improbable. C'est la crédibilité des personnages qui s'est finalement délitée au fil des minutes : on ne croit plus du tout à ce qui nous est montré.

C'est dommage, car il y avait matière à un film puissant, qui aurait pu être un formidable thriller de guerre, comme l'était par exemple Sympathie pour le diable, le film de Guillaume de Fontenay sur le reporter de guerre Paul Marchand.

 

2e

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La voyageuse

Ces derniers temps, Hong Sang-Soo m'inquiétait. La dernière fois que nous l'avions vu en chair et en os, à Cannes en 2023, il semblait très diminué, presque aveugle et s'exprimant difficilement. Ces derniers films, minimalistes jusqu'à l'épure, touchaient à mon sens les limites du système HSS : trop peu de matière, un manque d'inventivité que je mettais sur le compte de la maladie.

Avec le retour d'Isabelle Huppert pour une troisième collaboration, Hong Sang-Soo retrouve me semble-t-il un peu de son énergie. On est d'abord rassurés par la présence rassérénante de quelques manies visuelles (les zooms et les dézooms), narratives (il est toujours plus agréable de parler en ayant bu de l'alcool - ici le makgeolli, un alcool de riz à l'apparence de lait fermenté) et conceptuelles (les mêmes dialogues sont dit au mot près dans des situations différentes, parfois par des personnages différents).

Nous sommes en terrain connu, et la petite musique du coréen est toujours agréable à entendre : mélange aérien de situations loufoques (la méthode d'Isabelle Huppert pour apprendre le Français aux coréens qui l'emploient est franchement bizarre), de moments de gêne captés sur le vif (la scène de jalousie de la mère, une pépite) et de poésie rôdante dans tous les plans.

La voyageuse est aussi zébré d'idées de mise en scène fulgurantes (le gilet vert d'Huppert sur une terrasse verte, un premier plan flou lors qu'elle est couchée sur le rocher) et de réflexions plutôt nouvelles sur la nature de la poésie, qui donnent lieu à des scènes intrigantes et profondes (les traductions sur Google). 

Sans atteindre la complexité et la richesse narrative des films de sa jeunesse, La voyageuse marque un retour en forme de Hong Sang-Soo, aidé ici par une Isabelle Huppert au sommet de son art, d'une précision chirurgicale dans son jeu blanc, à la fois incarné et mystérieux.

Hong Sang-Soo sur Christoblog : Le jour où le cochon est tombé dans le puits - 1996 (**) / Le pouvoir de la Province de Kangwon - 1998 (**) / La vierge mise à nu par ses prétendants - 2000 (***) / Turning gate - 2003 (***) / La femme est l'avenir de l'homme - 2003 (***) / Conte de cinéma - 2005 (**) / Les femmes de mes amis - 2009 (**) / HA HA HA - 2010 (***) / The day he arrives (Matins calmes à Séoul)  - 2011 (***) /  In another country - 2012 (***) / Sunhi - 2013 (***) / Haewon et les hommes - 2013 (**) / Hill of freedom - 2014 (***) / Un jour avec un jour sans - 2015 (**) / Yourself and yours - 2017 (**) / Le jour d'après - 2017 (**) / La caméra de Claire - 2017 (***) / Hotel by the river - 2020 (***) / Juste sous vos yeux - 2021 (***) / La romancière, le film et le heureux hasard - 2022 (**) / De nos jours - 2023 (**)

 

3e

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Mémoires d'un escargot

Le voici, le premier grand choc de 2025.

Nous n'avions plus de nouvelles de l'Australien Adam Elliot depuis 2009 et son formidable Mary and Max. Le voici qui revient avec un incroyable film d'animation pour adulte qui génère chez le spectateur toutes sortes d'émotions variées, de l'amusement à la tristesse en passant par l'étonnement le plus sincère.

Attention, il s'agit bien d'un film pour adulte ! Les thématiques abordées sont variées et ne conviennent pas à l'évidence aux petits bouts : dépression sévère, maltraitance des enfants, expériences sexuelles en tout genre dont l'échangisme, violence, obsessions et deuil. Il y a d'ailleurs un plaisir tout particulier à regarder un film en pâte à modeler capable de générer autant d'émotions diverses à partir d'idées aussi noires.

Adam Elliot réussit le prodige de nous intéresser tout du long par la grâce d'un scénario très malin et tortueux, et aussi parce que le montage de Mémoire d'un escargot est d'une précision millimétrique, générant un rythme emballant. Les trouvailles visuelles sont formidables.

Le film comprend également tout une série de référence littéraire, de mises en abîme et d'allusions à la France qui contribuent à nouer une connivence naturelle avec les spectateurs français.

Très, très beau.

Adam Elliot sur Christoblog : Mary and Max - 2009 (**)

 

4e

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Planète B

Sur le papier, il y a beaucoup de choses intéressantes dans Planète B. L'idée de base du scénario (une prison virtuelle dans laquelle les avatars des prisonniers sont enfermés - et torturés) est intéressante. Le casting est aussi séduisant. Adèle Exarchopoulos est une fois de plus parfaite, comme Souheila Yacoub. 

Le début du film est plutôt séduisant, installant avec peu de moyens un monde dystopique assez crédible dans lequel des écoterroristes grenoblois sont pourchassés par des drones, dans une première scène prenante.

Hélas, il faut vite déchanter. Le scénario est à la fois brouillon et trop ambitieux, les idées développées sont maladroites et l'écriture du film sacrifie trop d'enjeux pour maintenir l'intérêt pendant deux heures. Certains personnages sont grossièrement dessinés (le chef de la police par exemple) et les péripéties finales sentent le manque d'imagination, à l'image du dernier plan, catastrophiquement vide. La direction d'acteur est aussi très mauvaise en ce qui concerne les personnages secondaires : je n'ai jamais vu India Hair jouer aussi mal.

Une déception à la hauteur des espoirs suscités.

 

1e

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City of darkness

Rattrapage DVD

Après son polar hyper stylisé Limbo, qui a rencontré un succès critique inattendu, on attendait au tournant le Hongkongais Soi Cheang.

Le voici qui revient avec une oeuvre encore plus ambitieuse, mais tout aussi formellement recherchée.

Le décor du film est un personnage en lui-même. La Citadelle de Kowloon, détruite en 1983, est reconstituée à l'écran d'une façon spectaculaire grâce à un décor incroyable. La ruelle des poubelles de Limbo, déjà très impressionnante, est ici ridiculisée par un entrelac d'étages, de patios, de balcons grillagés, de fouillis de câbles électriques, de passages improbables, qui est en soi une raison de voir le film.

La narration peut se découper en trois parties : la première dresse le portait de Kowloon à travers la découverte qu'en fait un jeune immigré, Chan Lok-kwun, la deuxième raconte l'histoire des gangs de la Citadelle et la façon dont cette histoire se raccorde à celle de Chan, enfin la troisième est un pur film de baston mâtiné de fantastique.

Si les deux premières possèdent une force romanesque indiscutable, la troisième est probablement un peu plus difficile d'accès pour les néophytes, malgré son côté très spectaculaire. Il faudra apprécier les chorégraphies stylisées et pas du tout réalistes pour profiter totalement de ces scènes de combat absolument too much.

City of darkness est un immense succès au box-office hongkongais. Il faut dire qu'il rassemble des stars du cinéma hongkongais (Lois Koo et Richie Jen), de jeunes révélations très prometteuses et des artisans hors pair, comme le spécialiste du cinéma d'action asiatique, le japonais Kenji Tanugaki.

Si vous êtes sensible à la fois au film de gangs et aux arts martiaux, City of darkness possède la force d'évocation d'un Scorsese ou d'un Coppola. 

Soi Cheang sur Christoblog : Limbo - 2023 (**)

 

3e

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Noël à Miller's point

Curieux film que ce troisième long-métrage du jeune prodige du cinéma indépendant US, Tyler Taormina.

Cela commence à peu près normalement : une famille est filmée avant d'arriver à la soirée de réveillon, où l'attend le reste de la famille, une tribu italo-américaine middle class.

Mais rapidement, on comprend que le film ne ressemblera pas à une oeuvre classique. On ne s'attache à aucun personnage, les enjeux des conversations (qu'on peine à suivre) sont évanescents, on a du mal à reconnaître les uns et les autres, les plans sont parfois entrecoupés de saillies surréalistes (une avalanche de smarties au ralenti). 

D'une certaine façon on n'est donc pas surpris quand la jeune fille de la famille s'échappe pour explorer la petite ville enneigée avec une bande de potes. La caméra de Taormina trouve alors une tonalité élégiaque, ménageant des plans d'une beauté qui prend aux tripes (le patin à glace, les jeunes dans les voitures). Le réalisme a alors totalement disparu et nous sommes dans une sorte de rêve qui tient à la fois de Wes Anderson et de Roy Andersson, mélange de visions bizarres, de nostalgie sourde et de béances presque métaphysiques.

Un film étonnant, qui révèle un réalisateur doué et prometteur. Pour la petite histoire, les rejetons Scorsese (Francesca) et Spielberg (Sawyer) y font les acteurs.

 

2e

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Les feux sauvages

Voici une oeuvre que je me garderais bien de conseiller à quelqu'un qui n'a jamais vu de films de Jia Zhang-Ke.

Les feux sauvages est en effet constitué de plans filmés par le réalisateur lors de différents voyages à travers la Chine, ainsi que de plans issus du tournage de ses précédents films (Still Life, Les Eternels).

Jia Zhang-Ke s'est contenté pour ce film, si je puis dire, de tourner une sorte de court épilogue. On n'y comprend pas grand-chose, et l'intérêt de ce montage godardien conceptuel, à la frontière entre fiction et documentaire, est probablement de donner à voir l'évolution de la société chinoise sur plus de deux décennies.

Pour ce qui est de l'embryon d'histoire que le film semble raconter (une femme silencieuse recherche à travers le pays et le temps son amoureux), il est bien trop ténu pour générer un intérêt à lui seul. Là encore, il faut connaître la relation spécifique de Jia Zhang-Ke et de son actrice-muse-épouse, Zhao Tao, pour apprécier.

De cet assemblage souvent profondément inintelligible et parfois sublime (la partie 2006)  sourd une nostalgie puissante, qui pourra peut-être sembler enivrante pour les connaisseurs. Les autres doivent passer leur chemin : on est très loin de l'éblouissement esthétique intrinsèque que procuraient A touch of sin ou Au-delà des montagnes.

Jia Zhang-Ke sur Christoblog : I wish I knew, histoires de Shanghai - 2011 (*) / A touch of sin - 2013 (***) / Au-delà des montagnes - 2015 (****) / Les éternels - 2019 (**)

 

2e

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Concours Paradise is burning : gagnez 3 DVD

l'occasion de sa sortie chez Epicentre le 7 janvier, je vous propose de gagner 3 exemplaires du DVD du film de la réalisatrice Mika Gustafson, Paradise is burning.

Pour ce faire :

- répondez aux questions suivantes : 
1) Dans quel pays se déroule le film Paradise is burning ?
2) Quel est le nom des trois sœurs ? 
3) Quel est le prochain film en salle d’Épicentre Films ?
- joignez votre adresse postale
- envoyez moi le tout par ici avant le 15 janvier, 20 h.
 

Un tirage au sort départagera les gagnants. Vous recevrez ensuite le DVD envoyé par le distributeur. NB : un des trois DVD sera attribué par tirage au sort à un participant ayant aimé ma page FB ou mon compte Twitter ou s'étant abonné à la Newsletter du blog (n'oubliez pas pour participer à ce tirage au sort spécial de me donner votre pseudo dans votre réponse, pour que je fasse le lien).

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My sunshine

Paysages enneigés, format 4/3, image au gros grain : côté esthétique, on n'est pas chez Kore-Eda, mais pour ce qui est de l'attention portée aux enfants, on y est tout à fait.

Le jeune Takuya est timide, bègue, et joue mal au hockey et au baseball. Quand il voit la jolie Sakura patiner, il est émerveillé. Leur professeur, qui vit avec un autre homme (l'homosexualité est rarement montrée dans le cinéma japonais), se met en tête d'entraîner ce couple dissemblable pour les amener tous deux en championnat national.

L'intérêt de My sunshine est de bien rendre compte des instants de bonheur que vont vivre les trois personnages ensemble. Le réalisateur Hiroshi Okuyama possède une belle sensibilité pour filmer avec douceur des situations souvent lumineuses, avec une tendresse qui confine parfois à la mièvrerie. 

La résolution de l'intrigue est assez prévisible et sa tristesse diffuse est à l'image du film : charmante et inconsistante. On imagine que sur une trame similaire, Kore-Eda aurait injecté un plus de cruauté.

On suivra avec attention Okuyama dans l'avenir, il n'a que 28 ans.

 

2e

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Conclave

Le nouveau film d'Edward Berger ressemble un peu à un film Netflix : il brille, il fait des clins d'oeil aux spectateurs (effets faciles et mise en scène qui claque), manque d'originalité et de subtilité.

J'avais entendu à propos du film qu'il présentait des luttes de pouvoir et des conspirations dignes de Succession, mais que nenni : on est ici plutôt dans une gamme de combines qui évoque l'élection de délégués de classe au lycée (si tu votes pour moi, je te paye une bière).

Quant aux rebondissements, ils sont relativement peu nombreux et pour certains carrément improbables (l'attentat). Enfin la "surprise" finale n'en est pas vraiment une : on la voit arriver de très loin.

Restent cependant des décors impressionnants, une mise en place qui donne à voir ce que peut être l'ambiance d'un conclave, de bons acteurs (Ralph Fiennes en tête) et une micro-réflexion sur la foi et le rôle de la papauté. La mise en scène efficace fait le reste, pour donner un honnête divertissement qu'on peut aller voir sans rougir (il y a assez de pourpre à l'écran).

Edward Berger sur Christoblog : Jack - 2014 (***)

 

2e

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Everybody loves Touda

Le dernier film de Nabil Ayouch est un film simple.

Il commence par une scène mémorable, typique de l'efficacité sèche du réalisateur marocain, qui fit merveille dans Much loved.

Il s'agit d'une fête dans laquelle se produit une chanteuse qui rêve de devenir Cheika (chanteuse traditionnelle). La scène commence de façon solaire et se termine dans un chaos terrible.

Le film bascule ensuite dans une chronique sociale classique : il s'agit de dresser le portrait sensible d'une femme illettrée qui doit élever seul son fils sourd. Cet aspect est assez convenu, même s'il est très réaliste. Le véritable atout du film, presque documentaire, réside dans la découverte de ce chant très spécifique des Cheikhas, l'Aïta, une sorte de poésie très libre qui semble précurseur du raï. 

L'actrice Nisrin Erradi joue avec une force incroyable cette femme forte et volontaire, qui se heurte malheureusement à la misogynie extrême des hommes marocains, encore une fois ici exposée avec une grande âpreté par Nabil Ayouch. 

Everybody loves Touda est un film dur, parfois désespérant, qui se termine par une scène déchirante en écho de la première, jusqu'à ce que Touda explose dans un dernier cri de rage.

Nabil Ayouch sur Christoblog : Les chevaux de Dieu - 2012 (***) / Much loved - 2015 (****) / Haut et fort - 2021 (**)

 

2e

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Bird

Dieu sait si j'aime la façon de filmer d'Andrea Arnold, une cinéaste dont je ne rate aucun film.

Le début de Bird m'a d'ailleurs pleinement convaincu, dans un style dynamique qui m'a semblé synthétiser le meilleur de la Britannique : introduction en fanfare sur une formidable bande-son de Fontains DC, magnifique personnage de mec borné au bon coeur (Barry Keoghan qui joue à la Shia LaBeouf), impression saisissante de réalité, capacité de saisir l'essentiel des relations humaines en quelques plans.

Hélas, l'irruption du personnage joué par Franz Rogowski ne m'a pas vraiment convaincu. Le mélange de réalisme social et de fantastique m'a semblé artificiel, comme si deux films essayaient de coexister à l'intérieur d'un seul. Comme dans Le règne animal, la pauvreté des trucages m'a également gêné. 

J'ai enfin trouvé que le scénario s'égarait un peu dans la deuxième partie du film, certaines scènes s'éternisant ou ne servant pas directement l'intrigue.

Malgré ces quelques points négatifs liés principalement à l'écriture du film, le talent d'Andrea Arnold est tel qu'il est difficile de ne pas mettre Bird au-dessus de la majorité des films que l'on peut voir.

Andrea Arnold sur Christoblod : Red road - 2006 (****) / Fish tank - 2009 (****) / Les hauts de Hurlevent - 2011 (**) / American Honey - 2017 (**)

 

2e

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Motel destino

Karim Aïnouz n'est jamais là où on l'attend. Sa filmographie en atteste : mélodrame au long court, documentaire, film historique en costume et donc maintenant polar poisseux et coloré.

Motel Destino, mal accueilli par la presse, est pourtant très agréable, à condition d'aimer les films noirs crus et vénéneux. 

L'histoire est assez classique (elle rappelle celle du Facteur sonne toujours deux fois), mais le véritable intérêt du film se situe plutôt dans des considérations plastiques. Le décor du motel, labyrinthique et inquiétant, est fascinant, et les couleurs (impulsées par des néons rouges et verts) sont incroyablement suggestives. Le film regorge de détails (personnages secondaires, sons, objets et animaux présents à l'écran) qui renouvellent le genre.

Aïnouz parvient également à obtenir de ses acteurs une sensualité hors du commun qui sublime le caractère classique de l'intrigue, et qui contribue à donner au film son caractère moite et âpre. Le sexe est partout présent, et imprègne littéralement la pellicule. L'actrice Nataly Rocha est en particulier excellente, donnant à son personnage une forte densité charnelle, associée à une curieuse opacité.

Un film en mode mineur, à la fois acidulé et empoisonné.

Karim Aïnouz sur Christoblog : La vie invisible d'Euridice Gusmao - 2019 (****) / Le jeu de la reine - 2024 (***)

 

3e

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