Un homme intègre

Les références que convoque le dernier film de Mohammad Rasoulof sont plutôt flatteuses : l'argument ressemble en partie à celui du chef d'oeuvre de Zvyagintsev Leviathan (la lutte du pot de terre contre le pot de fer, en pays corrompu) , alors que le style, à base d'ellipses délibérées, évoque irrésistiblement celui de Farhadi, en particulier dans Une séparation.
Un homme intègre est un poil moins convaincant que les films précédemment évoqués, principalement parce que l'interprétation de l'acteur principal est trop monocorde. Il constitue toutefois une pièce de choix, qui révèle son intérêt principalement dans la dernière partie.
Pour résumer le propos sans déflorer l'intrigue plus que nécessaire, on dira que l'homme juste doit réfléchir à deux fois à ce qu'il fait (d'une part) et que l'apparence est parfois bien éloignée de la réalité (d'autre part). Vous pouvez penser qu'il s'agit là de bien communes banalités, mais le mérite de Rasoulof est d'en fournir une illustration complexe, en multipliant les fausses pistes.
Le film a de nombreuses qualités : il dresse un tableau saisissant de l'Iran contemporain (corruption à tous les étages), joue avec la notion de bien et de mal sur un mode dostoïevkien, et bénéficie d'une qualité de photographie et de mise en scène évidente.
A ne pas rater pour les amoureux de cinéma iranien.
Commenter cet article