A ghost story

Comme Ida, de Pawel Pawlikowski, ou The young lady, de William Oldroy, A ghost story est un film de petit malin.
Il en a toutes les caractéristiques, la première d'entre elles étant une tendance à adopter un formalisme tape à l'oeil qui fait "cinéaste". Ici, c'est le format 4:3 aux coins arrondis (un peu ringard), la musique envahissante, les plans à rallonge, la photographie grisâtre, les ellipses osées, les lents travellings, le hiératisme sculptural des scènes avec le fantôme.
Le deuxième point commun des films de petit malin est de préférer à la narration un dispositif spectaculaire visant à coincer le spectateur dans des recoins, et à le manipuler, par un effet de surprise totalement gratuit par exemple. Le résultat est que pour la plupart des spectateurs, il sera impossible de ressentir une émotion. Pour certains autres (les films de petit malin ont toujours une phalange d'admirateurs transis), il faut supposer que la cohérence stylistique du film puisse causer un effet positif.
Enfin le film de petit malin a toujours un aspect "regarde donc comme je suis intelligent" un peu poseur, qui se traduit par un twist ou une évolution inattendue de l'intrigue. En toute logique, cette vaine tentative de faire brillant dégonfle le film comme un ballon de baudruche. Dans A ghost story, si la façon dont le temps s'écoule est assez bien vue, la boucle temporelle (déjà traitée dans de nombreux films, qui d'ailleurs ont toujours beaucoup de mal à s'en sortir proprement) fait pschittt, un peu comme le fantôme lui-même.
Un produit typique de Sundance, sorte de variante minimaliste du new-age malickien made in Austin, dont vous pouvez parfaitement vous dispenser.
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