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Articles avec #gilles lelouch

Le sens de la fête

Il y a dans le cinéma de Toledano / Nakache une volonté de bien-faire, un respect pour le travail des acteurs et une sorte d'aversion pour la vulgarité crasse qui place le duo dans la lignée d'une comédie française à la Gérard Oury.

Difficile en effet de ne pas comparer la prestation de Bacri à celles qu'offraient Louis de Funès ou Bourvil au réalisateur du Corniaud.

Les ressorts comiques étaient chez Oury à la fois prévisibles et délicatement efficaces, exactement de la même façon qu'ici Vincent Macaigne enchaîne les différentes variantes d'un même running gag. 

Ce n'est jamais franchement hilarant, mais presque toujours plaisant, et même touchant (la scène du concert improvisé est un parangon d'efficacité). La diversité des thématiques évoquées (l'amour du métier, le sens de la débrouillardise), l'efficacité de la mise en scène et la performance des acteurs rendent le film diablement aimable. 

On ne peut vraiment lui reprocher que deux éléments : les histoires d'amour un peu gnan-gnan et des procédés qui tournent trop facilement à la répétition. C'est peu de chose, en comparaison du plaisir simple qu'il procure.

Une excellente soirée détente.

 

2e

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Rock'n roll

Vous me connaissez, je ne porte dans mon coeur ni Guillaume Canet, ni Marion Cotillard.

Je m'attendais donc à sortir la sulfateuse pour dézinguer en toute impunité ce que je supposais être un bon gros navet auto-célébrateur.

Cela m'embête de le dire, mais Rock'n roll surprend dès sa première scène, et parvient à maintenir sur la durée un équilibre plutôt agréable entre auto-dérision jouissive (le "Monsieur Cotillard" au marché est délicieux), mauvais goût franchement barré (Marion Cotillard en Céline Dion), mise en abyme amusante et scénario bien troussé.

La réussite du film tient surtout à la justesse des acteurs. Marion Cotillard y apparaît une actrice de comédie assez douée, et on aimerait la voir développer cette facette. Les personnages qui jouent leur propres rôles sont absolument parfaits, à commencer par Johnny, irrésistible. 

Mon gros bémol concernant le film, c'est la dernière demi-heure, à laquelle je n'accroche pas du tout. L'idée de scénario (dont je ne dévoilerai rien) est certes très ... originale, mais le passage d'un registre assez fin au burlesque outrancier m'a presque gâché la soirée.

Au final, une comédie quand même agréable.

 

2e

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Ma part du gâteau

Moins : Allez, le dernier Klapisch est vraiment une sous-merde rétrograde. Autant d'idées reçues dans un seul film, c'est simplement pas envisageable : la pauvre dunkerquoise est vraiment une looser pitoyable, les clichés sont tellement appuyés que le film relève plus de la décalcomanie que du cinéma.

La lourdeur des scènes pseudo-émouvantes n'a d'égale dans le film que la tendance lourdingue de la bande-son. Etc, etc...

Plus : Ben bizarrement le film m'a plus touché que je ne pensais qu'il le ferait. Alors je m'explique : et si Ma part du gâteau dessinait un portrait idéal (au sens de parfait) du méchant du XXIème siècle ? Car enfin, le film refuse une évolution qui parait évidente : celle qui aboutirait à un happy end où le méchant ne serait pas méchant. Ici (et n'est-ce pas le mérite de Klapisch ?) le méchant reste vraiment méchant jusqu'à la fin et, finalement, le mirage de Pretty Woman reste un mirage. Depuis quand a-t-on vu personnage aussi dérangeant que celui joué par Lelouche (ignoble rapace sexuel à Venise, raclure infatuée sur le balcon de l'hôtel londonien, narrant laconiquement sa conquête au téléphone) ?

Le cinéma de Klapisch possède bien des défauts.

Grâce au diable il admet bien des qualités, dont la moindre n'est pas l'empathie. Quand au sens du rythme, le cinéaste et ses assistants semble le posséder à la perfection. J'ai donc aimé, presque malgré moi.

 

3e

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Paris

Je ne sais pas à quoi pensait Klapisch en tournant son film, mais le résultat est un film choral franchouillard.

Dans le genre film choral, De l'autre côté a donné récemment une forme brillante, proche de la tragédie grecque, dans lequel les personnages affrontaient leur destin.

Ici ils affrontent plutôt leurs petit tracas sur un fond de Paris de carte postale, mais le résultat n'est pas si mauvais.

Et les petits tracas, pour la première fois dans la filmographie de Klapisch, prennent la forme de la mort (Duris, le père de Luchini, l'accident de moto), sans qu'on y adhère à 100 %, je suis d'accord, mais cela produit son petit effet. De toute façon, je ne crois qu'il soit possible d'adhérer à 100 % à un film de Klapisch.

Au rayon des points forts : Juliette Binoche, plus elle est enlaidie, plus elle rayonne, comme un joyau, de l'intérieur. Son strip-tease devant un Albert Dupontel médusé est un grand moment de cinéma.

Comme toujours chez Klapisch, les acteurs sont très bien : Luchini se maintient juste sous le seuil du cabotinage (de justesse), Mélanie Laurent est hot (qui dira le contraire ?), Karin Viard impayable en boulangère raciste (accueil de la salle à Nantes pour sa tirade sur les bretonnes !), Cluzet est nul à souhait (il sait faire, mais le rêve en animation est assez bien vu), Dupontel est craquant, et Duris s'en sort bien dans un rôle chausse-trappe.

Dans les points forts aussi, des passages musicaux très beaux : la ritournelle envoutante de Wax Taylor teintée de nostalgie (quand Duris regarde les vieilles photos), Juliette qui se déchaine sur Louxor (j'adore) et le numéro exceptionnel de Luchini. Au rayon des points faibles : le reste, c'est à dire tout, ou presque (90 % du scénario, 80 % de la mise en scène), y compris des approximations coupables (l'itinéraire de l'africain, les top models aux halles...).

Klapisch est le Lelouch du XXIème siècle : films baclés, souvent horripilants, potentiellement géniaux, toujours à la limite.

Enfin est ce que Paris (le film) parle bien de Paris (la ville) ? Réponse : moins bien que Les chansons d'amour, bien sûr.

 

3e

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