Makala
On peut parier sans grand risque que le nom d'Emmanuel Gras deviendra bientôt familier aux oreilles des cinéphiles du monde entier. Makala est en effet un second film d'une puissance exceptionnelle.
Résumons brièvement ce que cet admirable documentaire nous raconte : Kabwita est un jeune villageois qui espère donner à sa famille une vie meilleure. Il fabrique du charbon de bois (tiens, comme dans Les gardiennes), et va le vendre à la ville, après un épuisant voyage de plus de cinquante kilomètres, durant lequel il pousse son vélo chargé de charbon.
Dès les premières scènes, dans lesquelles Kabwita abat un arbre, on est comme pétrifié par le beauté des images, la qualité de la bande-son (le vent !) et la présence à l'écran de Kabwita. Quand ce dernier se retrouve sur la route, le film prend une dimension mythique et se transforme en une sorte de suspense du minimal. Le vélo tiendra-t-il jusqu'au bout du voyage ? Kabwinta parviendra-t-il à pousser son chargement au sommet de la colline ? Vendra-t-il ses sacs à bon prix ? Evitera-t-il les bandits et les policiers corrompus ?
En nous faisant ressentir physiquement les aventures de son personnage principal (le soleil qui tape, l'inquiétude que génère la nuit, la désorientation que procure l'arrivée en ville), Emmanuel Gras se révèle être un cinéaste d'exception. Ses plans sont magnifiques, ses images somptueuses. Le film respire le cinéma, jusqu'à une scène finale absolument bluffante. Du grand art.
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