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Christoblog

Articles avec #palestine

No other land

L'immense mérite de ce film documentaire réalisé à huit mains (deux réalisateurs palestiniens et deux israéliens) est de faire ressentir presque physiquement la violence de la colonisation en Cisjordanie. 

L'arbitraire des actions de destruction des Israéliens, la résilience digne de Sisyphe des Palestiniens qui semblent toujours en capacité de reconstruire leur village séculaire, la violence décomplexée des colons couverte par l'armée : tout ici concourt à rendre les actions israéliennes profondément cruelles, sous des dehors de justifications froidement administratives.

Par ailleurs, mis à part le tableau d'une belle amitié entre l'activiste palestinien Basel et le journaliste israélien Yuval, le film ne propose pas grand chose en terme narratif. Il est aussi parfois très pauvre techniquement (beaucoup de plan sont tournés avec des téléphones portables) et un peu répétitif dans ses développements - la répétition servant en partie son propos, puisqu'il s'agit de rendre la réitération des persécutions littéralement insupportable.

Même si on peut regretter également que No other land ne donne pas de profondeur contextuelle à ce que l'on voit à l'écran, il faut tout de même aller voir ce film, qui donne comme nul autre une vision profondément immersive, et sur une longue durée, de ce qu'était la vie en Cisjordanie avant octobre 2023.

 

2e

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It must be heaven

Il y a dans le cinéma d'Elia Suleiman un aspect prétentieux qui me gêne vraiment. J'ai l'impression que le réalisateur toise le spectateur de son air supérieur, exactement comme le personnage qu'il campe dans le film le fait avec le reste du monde. Silencieusement.

L'extrême formalisme du film, son parti-pris de découpage sous forme de vignettes tatiesques, ses allusions politiques parfois difficilement compréhensibles (la scène de la boîte de nuit), ses clichés éculés (ah, les belles femmes de Paris) ne contribuent pas à rendre le film aimable.

J'ai oscillé entre l'indifférence polie, la curiosité amusée (rarement) et l'énervement policé. Une scène m'a vraiment semblé bienvenue, c'est celle du jardin des Tuileries. A ce moment-là, l'acuité de l'observation se conjugue parfaitement avec l'aspect guindé de la réalisation, et le réalisateur s'efface. C'est, avec celle de l'oiseau, les deux seules qui m'ont vraiment convaincues.

Vous risquez fort d'être déçu, car les critiques surestiment à l'évidence le froid talent de Suleiman.

 

2e

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Tel Aviv on fire

Excellente surprise que cette comédie du réalisateur palestinien Sameh Zoabi. Le synopsis du film est très malin. Salam, palestinien de 30 ans un peu molasson, travaille pour son oncle sur le tournage d'un soap palestinien qui est regardé des deux côtés de la frontière. Suite à un imbroglio dû au passage du checkpoint, Salam se voit dans l'obligation d'influer sur l'écriture du scénario, qui met en scène une jolie espionne palestienne et un général israélien.

Tel Aviv on fire est une merveille d'écriture : le scénario est percutant, et le rythme ne faiblit jamais. Le propos du film ménage plusieurs niveaux de lecture, et parle du conflit isarélo-palestinien avec une tranquille placidité, sans jamais verser dans la moquerie facile ou la causticité revancharde.

Comme les acteurs sont absolument parfaits et que la mise en scène est au diapason du scénario (efficace et plaisante), on passe un excellent moment, un sourire perpétuellement au coin des lèvres.

Je recommande chaudement.

 

3e

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3000 nuits

Rares sont les films en provenance de Palestine. Il faut d'autant plus prêter attention à 3000 nuits, de la réalisatrice Mai Masri. 

Nous sommes dans les années 80, dans une prison isarélienne. Layal, une jeune femme palestienne se fait incarcérer pour 8 ans, suite à un attentat qu'elle n'a pas commis. Elle est enceinte et décide de garder l'enfant.

Le film décrit la lente évolution du personnage, ses dilemmes moraux (collaborer pour garder son enfant en prison ?) et les tensions entre prisonnières politiques palestiniennes et prisonnières de droit commun israéliennes. 

Le film vaut principalement par sa description du milieu carcéral israélien et des modalités de résistance mises en place par les prisonnières palestiniennes. Il faut avoir en tête que 700 000 Palestiniens sont passé par les geôles israéliennes, soit une personne sur trois. La prison, c'est donc le quotidien.

L'actrice Maisa Abd Elhadi prête ses traits lumineux au beau personnage de Layal : on a hâte de la revoir en mars prochain dans Personal affairs, de Maha Haj, qui était présenté en 2016 à Cannes (Un certain regard).

Le gros défaut du film, c'est de négliger parfois un peu maladroitement la profondeur narrative au profit d'un aspect trop clairement militant. La mise en scène est parfois lourde même si le montage est efficace. 

La Palestine sur Christoblog c'est aussi : Amerrika (**) et Omar (***)

 

2e

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Omar

Le nouveau film du palestinien Hany Abu-Assad (Paradise now) se révèle être construit sur la base de standards hollywoodiens : acteurs et actrices charismatiques, installation rapide d'une intrigue efficace, scènes de poursuites et d'action prenantes, retournements de situation inattendus.

Omar est du coup un film extrêmement plaisant, présentant une suite de dilemmes moraux très intéressants, qui ne sont pas sans rappeler la série Hatufim, ou son remake US Homeland (saison 1).

Le scénario est tellement recherché qu'il m'a semblé parfois même presque difficile à suivre. La fin est renversante.

Les israéliens n'ont évidemment pas le beau rôle, ils sont froidement manipulateurs ou alors sadiques, n'hésitant pas à brûler les testicules de leurs prisonniers (c'était la mode à Cannes cette année : il est aussi question de sexe carbonisé dans Heli, du mexicain Escalante).

Au-delà de l'intrigue passionnante, la vie en Cisjordanie est très bien montrée, avec ses difficultés, ses dédales, et son mur. L'intrication de l'histoire privée (jalousie, etc) et de l'actualité du Proche Orient est très stimulante.

Je conseille donc vivement cet Omar à la Palestinienne.

 

3e

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Amerrika

Voilà typiquement le genre de film sympa auquel il est difficile de résister.

Une famille palestinienne est d'abord filmée en Palestine. Le mur (vision saisissante de cette horreur). Les contrôles israeliens haineux, mille fois montrés mais toujours aussi pénibles. Paysages désertiques. On y est vraiment, et sans la langueur traditionnelle des films proche-orientaux, ici le montage est rythmé.

Par un bonheur inespéré, la maman et son fils peuvent partir aux US rejoindre de la famille : contrastes en pagaille. Chaud / froid. Fantasme / réalité. Gay à cheveux bleux / mamma orientale.

Le film prend alors un rythme de croisière pas désagréable mais d'où toute surprise notable est exclue. Les méchants sont méchants (esquissés seulement), le gentil est gentil (et sauve la réputation de l'Amérique : le proviseur).

Les USA viennent d'envahir l'Iraq, cette famille palestinienne (et même pas musulmane) va se faire donc traiter d'Oussama comme il se doit par les red necks. Finalement une situation assez peu montrée, sauf dans les séries (je pense à 24 heures chrono).

Le plus intéressant dans le film, c'est la façon dont la famille d'accueil se délite. La performance de l'actrice principale tient la baraque : moins sculpturale et explosive que Ronnie Elkabetz, plus ronde, mais avec autant de pêche.

 

2e

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