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Christoblog

Articles avec #francois cluzet

Un métier sérieux

Un métier sérieux, peut-être, mais un film passablement ennuyeux.

Comme souvent, Lilti écrit une sorte de pensum qui coche toutes les cases de la bien-pensance à la mode Télérama, poursuivant son exploration des "métiers éprouvants pour lesquels on a pas assez de considération".

Les profs sont donc tous sympas, très unis et confrontés à toutes une série de personnes incapables (inspectrice distante, principal azimuthé, principal adjoint ridicule) et de circonstances contraires.

La dialectique qui préside à l'évolution de l'action est une dialectique de comptoir, comme il existe une psychologie de comptoir : les (rares) péripéties s'enchaînent sans surprise, dans le seul but apparent de valoriser de beau et noble métier d'enseignant.

On est donc nullement surpris, ni émus, sauf peut-être par la scène finale dans laquelle Adèle Exarchopoulos est seule dans sa salle de classe, comme un écho lointain de son personnage d'institutrice dans La vie d'Adèle.

Un métier sérieux est un film sensible, démonstratif et peu incarné, qui séduira probablement ceux et celles qui ont aimé Hippocrate et Première année.

Thomas Lilti sur Christoblog : Hippocrate - 2014 (**) / Première année - 2018 (**)

 

2e

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Cocktail molotov

Le deuxième film de Diane Kurys, qui suit l'incroyable succès du premier, Diabolo menthe, est très intéressant.

Il commence comme une ode à la jeunesse libertaire en rupture vis à vis de la famille. Cette première partie est rafraîchissante et rappelle les plus belles réussites en matière de portrait de la jeunesse (Doillon, Kechiche).

Lorsque notre trio part à Venise, puis en revient, le road trip se transforme petit à petit en récit à la fois triste et distancié, par la grâce de quelques scènes de toute beauté (le témoignage du gendarme par exemple). 

Si Cocktail molotov a si bien vieilli, c'est surtout grâce à la performance des acteurs. Elise Caron rayonne littéralement en archétype précoce de femme libérée. Mais c'est la toute première apparition de François Cluzet qui emporte le morceau : sa gouaille un peu distante (on pense à Vincent Lacoste, le cynisme en moins), la beauté de sa voix et son aplomb imperturbable forcent l'admiration.

Une expérience délicieuse.

 

3e

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Nous finirons ensemble

Tout ce qu'on pouvait dire de mal à propos des Petits mouchoirs peut être ici redit avec autant de force.

En vrac, et sans être très original, on peut déplorer la pauvreté du scénario qui n'effleure que les drames profonds pour ne s'intéresser qu'aux coucheries de tous les personnages, l'aspect promo-clip du bassin d'Arcachon et cette fois-ci de l'initiation au saut en parachute, l'impression désagréable d'entre-soi chichiteux, les plans mièvres et/ou clichés (dont les couchers de soleil, mon Dieu !), le cabotinage de certains acteurs (Cluzet en fait trop et Garcia est insupportable), etc.

L'impression que donne au final le film, c'est que Guillaume Canet est un réalisateur enthousiaste et techniquement plutôt bon, qui ne peut malheureusement pas s'empêcher de commettre inévitablement d'énormes fautes de goût.

C'est d'autant plus dommage que le film commence beaucoup mieux qu'il ne finit. La première demi-heure est plutôt agréable, prodiguant une ambiance en demi-teinte d'ouverture de maison et de ressassements mélancoliques. Cotillard, Lelouch et surtout Lafitte sont alors tous plutôt convaincants.  

A voir éventuellement si vous avez vu le premier, pour vous faire une idée. Pour moi, c'est kif-kif.

 

2e

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L'art d'aimer

L'art d'aimer est constitué de petites histoires qui ne se connectent que de façon très artificielle.

Ces petites histoires font entendre une musique bien particulière, qui est celle de Mouret : un couple éprouve ses sentiments en tentant un adultère croisé, une femme mûre souhaite céder à ses désirs et en informe son mari, un jeune homme meurt avant d'avoir connu le véritable amour, une jeune femme propose à une amie de coucher avec son mari ("je suis pour le partage des richesses"), etc.

Le hic, c'est que cette fois-ci, la petite musique sonne un peu faux. Cela est probablement en partie dû à la structure bancale du film, mais aussi à la prestation des acteurs/actrices, qui surjouent tous et toutes de façon notable.

Un casting pourtant trois étoiles dont personne ne sort indemne, et surtout pas Frédérique Bel, qui tourne ici pour la troisième fois avec Mouret, pour son plus mauvais rôle. Le souci vient peut-être aussi du fait que ce film n'est ni caustique, ni profond, contrairement à beaucoup d'autres films de Mouret qui sont soit l'un, soit l'autre.

Du coup, le caractère un peu ampoulé des dialogues (renforcé par la voix off de Toron) fait plus penser à une parodie de Rohmer qu'à la verve casanovienne à laquelle Mouret nous a habitué.

La dernière histoire est la seule à intéresser vaguement, grâce au jeu de Judith Godrèche sur le mode très bourgeois qui faisait le sel de Un baiser s'il vous plait. Malheureusement sa résolution convenue en forme de happy end ne la rend pas plus sauvable que le reste.

Le marivaudage est donc un peu insipide pour cette fois.

 

2e

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Intouchables

ll y a une dynamique de la salle remplie à craquer, c'est incontestable. Pour ma part, il a fallu trois essais pour que je décroche enfin mon précieux sésame, et - toute maniaquerie obsessionnelle mise à part - je dois dire que plus j'échouais à voir le film, plus j'estimais nécessaire d'insister.

De quel droit tous ces spectateurs chanceux bénéficiaient-ils de leur séquences de bonheur visiblement épanouissant, me laissant comme une âme en peine aller voir Sleeping beauty, et déprimer ?

Enfin, ce soir, avec femme et fille, j'ai eu droit à ma petite tranche de feel-good movie, et ne tournons pas longtemps autour du pot : le film remplit parfaitement son contrat, d'une manière plus pleine et plus convaincante que Bienvenue chez les ch'tis.

D'abord, il faut noter que le scénario du film évite nombre des écueils qui le menaçait au vu du sujet traité : trop larmoyant, trop ancré dans une réalité sociale au détriment de la véracité psychologique, trop caricatural dans son esquisse de la banlieue, trop vulgaire, trop bien-pensant, trop politiquement correct, recherchant systématiquement le bon mot, ressassant de vieilles recettes...

Toledano / Nakache évitent (pratiquement) tout ça en se maintenant habilement sur une ligne de crête étroite qui serpente entre comédie et mélodrame. Il y a la sensibilité de la grande comédie italienne dans Intouchables, et une efficacité par ailleurs toute américaine, matérialisée par un rythme soutenu et des respirations bien dosées.

Le film enfin doit probablement 80 % de son succès à un casting rêvé, Omar Sy en tête, bien sûr, qui révèle un talent incroyable lui permettant de faire passer toute une gamme d'émotions en une fraction de seconde. François Cluzet lui renvoie une partition d'une qualité égale, en mode mineur, mais dont le contrepoint valorise celle d'Omar Sy. Dans ce rôle beaucoup plus difficile à jouer qu'il n'y paraît, il me convainc enfin complètement.

Intouchables n'est sûrement pas le chef d'oeuvre de 2011, mais sa capacité redoutable à mobiliser simultanément zygomatiques et glandes lacrymales, sans insulter l'intelligence des spectateurs, en font un divertissement de premier choix.

 

3e

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Les petits mouchoirs

Bon, je vais laisser à d'autres le soin d'éreinter le film de Canet.

Les raisons de le faire ne manquent certes pas : un côté bobo à Arcachon très mièvre, des surlignages musicaux d'un goût horrible, une fin ratée dans les grandes largeurs, le sentiment que ce genre de film de potes a été fait mille fois, du classique Mes meilleurs copains au récent et fade Coeur des hommes.

Et pourtant, par un tour de passe-passe assez étrange, et malgré ses défauts innombrables, je ne me suis pas ennuyé en regardant les 2h36 des Petits mouchoirs.

Peut-être le fait que Cluzet, l'acteur que j'aime détester, l'homme qui ne se départit jamais de son air "j'ai un balai dans le cul", trouve ici un rôle qui lui va comme un gant : maniaque obsessionnel de première bourre, ignoble et insupportable, cible des avances d'un Magimel très bien en gay refoulé.

On peut (peut-être) trouver une qualité au film : l'art d'établir un casting assez cohérent. Valérie Bonneton par exemple est extra, et Marion Cotillard très bonne aussi, par exemple dans une scène de bouée assez amusante.  Lafitte a des airs de Michel Leeb idiot (pléonasme ?). Gilles Lellouche s'en tire bien aussi, en clone de Jean Dujardin.

Canet possède un ego sur-dimensionné qui lui permet de faire passer une certaine énergie dans son film (public de jeunes femmes trentenaires en bande ce soir, qui ont applaudi à la fin du film, vous voyez le genre...). Il lui reste à trouver du talent. 

 

2e

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A l'origine

Il arrive que des acteurs portent un film d'un bout à l'autre. Dans A l'origine, c'est exactement l'inverse : François Cluzet saborde le film du début à la fin.

Le film est basé sur des faits réels : un escroc fait croire à toute une région qu'une autoroute abandonnée va bientôt être remise en construction. Il prend la tête du chantier et construit effectivement un bout d'autoroute, égrenant au passage fausses factures et chèques en bois.

Des faits réels qui deviennent non crédibles : Cluzet l'a fait ! Il commence par une heure de non jeu. C'est assez simple : il s'agit, quoiqu'il arrive (par exemple Emmanuelle Devos a envie de faire l'amour avec vous) d'afficher un masque impassible et buté, en prononçant le moins de paroles possible.

Comment un escroc peut il être escroc sans être un tout petit peu comédien ? On ne le saura pas (des images de Catch me if you can me traverse l'esprit, là au moins on y croyait). Dans un deuxième temps, il s'agit de faire croire que l'on croit aux sentiments, à la solidarité, etc... Solution de Cluzet : sourire à chaque plan (mais là Emmanuelle Devos s'en va, et on la comprend). C'est binaire, et on ne peut simplement pas y croire.

C'est d'autant plus dommage que le scénario en lui-même tenait la route et que les autres acteurs sont bons : Vincent Rottiers, dont on n'a pas fini de parler, Emmanuelle Devos (Ah...). La fin du film est affligeante et sombre dans le pathétique franchouillard : visite improbable au siège de la société (comment peut il entrer et sortir en vêtement de chantier d'un immeuble de la Défense ?), accident de pelleteuse. Même un apprenti scénariste n'aurait pas transformé de petites ficelles en si grosses cordes.

Les dernières images sont pitoyables, on a même peine à en parler : Cluzet court au lever du soleil en brandissant son drapeau de fausse société comme à la guerre (la fameuse photo sur la guerre du Pacifique utilisée par Eastwood) , alors qu'une escouade d'opérette gendarmesque le poursuit (tout en le croisant !).

Du grand n'importe quoi.

 

1e

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