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Christoblog

Articles avec #stellan skarsgard

Valeur sentimentale

Le nouveau film de Joachim Trier commence par une scène de toute beauté, dont le personnage principal est ... une maison.

Cette  introduction est tellement délicate et brillamment filmée qu'on se dit qu'on tient peut-être là un grand film, digne d'être comparé au chef-d'oeuvre de Trier, Oslo, 31 août.

Malheureusement, l'enchaînement avec les atermoiements de Nora, actrice de théâtre qui panique avant d'entrer en scène (?!), nous laisse de marbre. A l'image de tout ce qui va suivre dans le film, les états d'âmes du personnage joué par l'actrice fétiche de Trier, Renate Reinsve, ne parviennent pas vraiment à captiver (j'ai trouvé que l'actrice qui joue sa soeur, Inga Ibsdotter Lilleaas, était plus intéressante).

Il faut dire que le film cultive l'entre-soi : on est entre gens de la profession, qui se formalisent d'un rien, s'expriment mezzo voce, et souffrent pour des raisons qui nous semblent bien futiles (jusqu'à une révélation bien trop tardive, et dont le poids émotionnel n'est curieusement pas mis en valeur, ni par l'écriture, ni par la mise en scène).

L'impression globale générée par le film est celle d'un drame bourgeois filmé par un Bergman propre sur lui, plutôt bien écrit et filmé avec élégance, mais dont on ne sait trop quoi penser : parfois ennuyeux quand il décrit de chichiteuses souffrances, et parfois amusant quand il manie la causticité distanciée (le metteur en scène qui offre les DVD d'Irréversible et de La pianiste à son petit-fils). 

A vous de voir.

Joachim Trier sur Christoblog : Oslo, 31 août - 2012 (****) / Back home - 2014 (**) / Thelma - 2017 (*) / Julie en 12 chapitres - 2021 (**)

 

2e

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Nymphomaniac (Volume 1)

http://fr.web.img6.acsta.net/r_640_600/b_1_d6d6d6/pictures/13/12/02/16/30/380373.jpgJe n'étais pas loin de craindre le pire en allant voir le dernier Lars von Trier : une sorte de démesure dans la dégradation de la femme, et de Charlotte Gainsbourg en particulier, voilà ce que le passé du réalisateur (Antéchrist), le titre et la bande-annonce me laissait présager.

Et puis vint la première scène, lors de laquelle Seligman, le personnage joué par le très bon Stellan Skarsgård, découvre Joe (Charlotte Gainsbourg) inconsciente. Elle est somptueuse. Les mouvements de caméra y sont divins, les cadrages et la bande-son audacieux, tout y est parfait.

A partir de cette entrée en matière alléchante, le film met en scène un dialogue entre une femme qui va raconter l'histoire de sa vie, et un vieil homme. Il y a de la Schéhérazade dans le personnage de Joe : Seligman est suspendu à la progression de l'histoire, et le couple s'amuse pour chacun des épisodes à faire correspondre les éléments du récit à quelque chose qui se trouve dans la pièce : une mouche pour pêcher, une fourchette à gâteau, un tableau, une cassette de musique. Ce procédé donne au film un charme intense, entremêlant détails et anecdotes philosophiques, scientifiques ou religieux  avec le récit de Joe.

Le miracle de Nymphomaniac est bien là : on croit venir voir un film porno un peu trash, et on a droit à des exposés sur la suite de Fibonacci, sur la musique de JS Bach, ou sur les feuilles de frênes. Lars Von Trier utilise des procédés de mise en scène que certains ne trouveront pas forcément de très bon goût (vraies ou fausses images d'archive, noir et blanc un peu tapageur, split-screen, accélérés, incrustations, répétitions, musiques très contrastées), mais qui contribuent à donner à l'oeuvre l'aspect d'une construction subtile et ludique.

Autre surprise, on rit franchement à plusieurs reprises, et de différentes façons. On sursaute aussi, au moins une fois, je vous le garantis. Et on est aussi agréablement mal à l'aise lors d'une scène stupéfiante, lors de laquelle Uma Thurman donne toute la mesure de son talent.

Vous pensez sûrement à ce stade de la critique : mais quand va-t-il de parler de sexe ? Eh bien au risque de vous décevoir, je ne vais pas en dire grand-chose. Joe est victime d'une addiction au sexe, mais elle pourrait être tout autant dépendante de l'alcool, du mensonge ou du risque. La multiplication des partenaires (jusqu'à 10 par jour) donne à son activité sexuelle un aspect routinier qui en enlève pratiquement tout intérêt sensuel. La nymphomanie est donc ici plutôt le prétexte à décrire la solitude de Joe d'une part, et à fournir au film des ressorts scénaristiques intéressants, d'autre part.

Pour finir, il faut signaler que tout le casting est excellent, car outre les acteurs déjà nommés, Stacy Martin (Joe jeune) est confondante, et Shia LaBeouf, que je n'apprécie pas habituellement, est ici une parfaite tête à claque. Les seconds rôles sont éclatants : Christian Slater campe par exemple le père de Joe avec une belle dignité.

2014 commence en beauté.

 

4e

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Avengers

Je m'attendais sûrement trop à quelque chose de décalé, une sorte d'assemblage dans lequel les différentes personnalités de super-héros se seraient confrontées et enrichies. Une sorte de Sept samouraïs à la sauce Marvel, ce qu'avait assez bien réussi X-men : le commencement.

Las. Passés les premiers instants qui remplissent ce cahier des charges (formidable ce que peut faire Scarlett Johansson avec une chaise), le film devient la lourde machinerie à baston, avec scènes interminables de méga-bagarres entre les méchants et les gentils. Heureusement que Robert Downey Jr zèbre parfois le film d'une remarque acerbe et que Hulk apporte un petit zeste de surréalisme dans l'affaire (comme le moment où il ratatine le méchant après que ce dernier s'est proclamé Dieu).

A part ça, on ne peut que souligner l'aspect terriblement américain du produit, en notant au passage qu'un vrai héros US préfère courir le risque d'anéantir le monde entier plutôt que de stopper l'invasion d'immondes bestioles en rayant Manhattan de la carte. A la fin du film, on aperçoit une vue de la Tour Eiffel illuminées par les feux d'artifice : aux sauveurs américains les Français reconnaissant !

Impossible également de ne pas penser lors de l'attaque finale aux attentats du 11 septembre, les immeubles s'écroulent, les dégats sont immenses mais aucune image ne vient troubler le spectacle, pas de corps qui tombent, pas de cadavres dans les rues.

Tout est donc bien calibré, bien propet. Du grand spectacle bien foutu, mais sans caractère.

 

2e

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