Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Christoblog

Articles avec #j'aime

Mafrouza 1

http://images.allocine.fr/r_760_x/medias/nmedia/18/83/85/78/19736060.jpgTout est parti d'un article enflammé du Monde qui donnait la note maximale à ce documentaire de plus de 12 heures, tourné par une Française, dans un bidonville d'Alexandrie voué à la destruction.

 

C'est bien le style d'expérience radicale qui me plait, dans le style d'A l'ouest des rails, le film culte de Wang Bing.

 

J'ai donc profité de mon séjour parisien au festival Paris Cinéma pour faire un détour par le premier volet de Mafrouza (le film est découpé en 5 parties), diffusé dans un seul cinéma parisien.

 

Le principe du film est simple : on suit plusieurs personnages du quartier dans leur vie quotidienne, sur une période de deux années.

 

Les premières séquences du film nous font pénétrer très intelligemment dans le quartier à la suite d'un archéologue qui cherche les vestiges d'une nécropole gréco-romaine. C'est déjà passionnant, mais on pressent rapidement que le potentiel émotif du film est énorme : on a à peine pénétré dans la maison d'un habitant qu'on a envie d'y rester. Et c'est exactement ce que fait Emmanuelle Demoris, la réalisatrice. Elle reste.

 

On fait alors connaissance avec une série de personnages très différents : poète, épicier, chiffonnier... Chacun est extraordinairement attachant. Parfois le film prend une dimension mythologique, comme par exemple dans le cas de ce vieil homme dont l'habitation est perpétuellement inondée, et qui fait irrésistiblement songer à Sisyphe. Au-delà des personnages, Mafrouza propose de façon indirecte une réflexion sur le cinéma. Où mettre sa caméra (qui est la question fondamentale du 7ème art) se double ici d'une problématique complexe : quelle influence ma caméra a-t-elle sur ce qu'elle filme ? Le film n'est donc pas simplement beau et intéressant, il est aussi diablement intelligent.

 

Le film interpelle enfin chacun sous un angle plus politique et sociétal. Les conceptions qu'a le spectateur de la pauvreté, de la religion et de l'islam seront fortement impactées par cette aventure fascinante.

 

Les 2h18 filent donc à toute allure, sans qu'on s'ennuie une seule seconde. Comme pour une série télé de qualité, on a à la fin qu'une envie, savoir ce que sont devenus Adel et Ghada, Mohammed et Hassan.

 

La suite de Mafrouza sur Christoblog quand sortira le DVD...

 

4e

Voir les commentaires

Triangle

Dans la série Les distributeurs français sont vraiment des cons, je vous présente aujourd'hui un film très amusant, sorti directement en DVD, comme cela arrive maintenant de plus en plus souvent.

Triangle est un film à twist. Comme Sixième sens ou Les autres. Donc il est évidemment très difficile d'en parler sans spoiler, ce que je vais pourtant faire : vous pouvez donc tranquillement continuer à lire, cela ne vous gâchera pas la vision de ce petit bijou.

Durant ses 40 premières minutes, le film parcourt benoitement les sentiers très balisés du film fantastique maritime, façon "paquebot fantôme dans le triangle des Bermudes". Confusément, vous sentez toutefois que quelque chose cloche. Le scénario égrène au passage quelques subtiles fausses pistes qui vous égarent.

Toute cette partie est trop nette, les évènements semblent s'y dérouler comme une sorte de jeu mathématique dont le sens vous échappe. Puis en plein milieu du film, le twist se révèle, ce qui est déjà assez original. Et, si vous êtes d'un tempérament joueur, l'énigme devient alors absolument passionnante : comment l'auteur peut-il se sortir de cet embrouillamini d'une façon raisonnable ? Telle est la question que vous allez alors vous poser constamment jusqu'à la fin.

Comme beaucoup je suppose, je n'ai pas pu résister à re-visionner toute la première partie dans la foulée de la fin. Le jeu de la mignonne et australienne Melissa Georges est parfait, la mise en scène de l'anglais Christopher Smith (Creep, Severance), que je connaissais pas, est élégante et solide.

Je mets une note un poil généreuse (le film a tout de même des défauts, comme les effets spéciaux, un peu sommaires), pour le plaisir ludique éprouvé, le plus grand de ce type depuis belle lurette.

D'autres bons Direct to DVD : Moon / Slice

 

3e

Voir les commentaires

Le cochon de Gaza

http://images.allocine.fr/r_760_x/medias/nmedia/18/83/78/66/19760245.jpgJe craignais le pire en allant voir ce film. Le pire étant une pochade lourde et surtout illégitime. Rappelons que le film est tourné par un écrivain français, Sylvain Estibal,  et traite de l'irruption d'un cochon du Vietman dans la vie d'un pauvre pêcheur palestinien.

 

Si le film fonctionne, c'est principalement grâce à deux choses.

 

La première est la performance assez sidérante de l'acteur Sason Gabai, qu'on avait vu former un couple exceptionnel avec Ronit Elkabetz dans La visite de la fanfare. J'avais lu qu'il évoquait lui-même Chaplin dans son approche du personnage, et cela m'avait paru très prétentieux, mais force est de reconnaître qu'il y a un peu de ça. A la fois, lunaire, décidé et pauvre, il arrive à composer un personnage crédible et attachant.

 

La seconde, c'est la faculté du scénario à nous contredire à chaque fois que l'on pense savoir où il va nous entraîner. Si le commencement laisse présager une fable, on comprend vite que le conflit israelo-palestinien n'est finalement que l'arrière-plan d'une entreprise de démolition qui relève plus de la farce universelle. Puis, un retournement de situation dont je ne peux parler nous entraîne carrément ailleurs, dans un registre beaucoup plus grave. Les scènes de fin décollent vers un n'importe quoi qu'on jugera salutaire si on est gentil, et foutraque si on l'est moins. En tout cas, une fois de plus, elles sont inatendues.

 

J'ai passé un bon moment devant ce film bizarre, mal fagotté, beaucoup moins drôle et beaucoup plus intrigant que la bande-annonce le laisse présager.

 

3e

Voir les commentaires

Attenberg

http://images.allocine.fr/r_760_x/medias/nmedia/18/79/63/12/19655898.jpgDrôle de film, vu lors du festival Paris Cinéma, et qui sort aujourd'hui.

 

On parle à propos de sa réalisatrice Athina Rachel Tsangari et de Giorgos Lanthinos (Canine), d'une nouvelle vague grecque. D'ailleurs, Rachel Tsangari à fondé la société de production qui produit les films de Lanthinos (dont le dernier long-métrage, Alps, est en post-production).

 

Et c'est vrai qu'il y a quelque chose d'intéressant dans Attenberg, intéressant mais un peu trop intellectuel. Pour donner une idée, je dirais qu'on a peu l'impression de voir un "Godard aux Balkans".

 

La Grèce que montre Rachel Tsangari est celle des environs d'une usine d'aluminium Péchiney, auprès de laquelle les Français ont construit une citée blanche façon Le Corbusier, et qui semble abandonnée. Le moins qu'on puisse dire c'est qu'on est très loin des clichés touristiques. Ici, il fait gris, il pleut, et les jeunes gens s'ennuient.

 

Le personnage de Marina vit auprès de son père, qui meurt d'un cancer. Ce n'est donc pas gai, gai. Elle a une copine qui lui apprend à embrasser (est-elle imaginaire, est-elle réelle, on peut s'interroger). Elle rencontre un ingénieur (Lanthinos lui-même) et découvre l'amour physique. Mort du père vs apprentissage du sexe : bonjour la psychanalyse. Elle est passionnée par les documentaires animaliers de Sir David Attenborough (d'où le titre).

 

Le film fonctionne donc sur la base des couples Marina/son père, Marina/Bellla, Marina/l'ingénieur dont le plus intéressant est pour moi le premier, et de loin. Le vieil architecte un peu anarchiste compose en effet un personnage troublant et attendrissant, lui qui veut quitter un XXème siècle qu'il juge "très surestimé", et qui le fait, avec beaucoup de classe. L'actrice française Ariane Labed, qui a grandi en Grèce, est une révélation (prix d'interprétation féminine à Venise et Angers).

 

Pour le reste on pourra être énervé par une image un peu sale, des gimmicks auteurisants, comme les intermèdes durant lesquels les deux amies singent des animaux, comme ce ralenti sur une chanson de Françoise Hardy ou comme ce très long plan fixe qui clot le film sur une ronde de camion.

 

La renaissance d'un cinéma, à suivre.

 

2e

Voir les commentaires

Restless

RestlessQue ce soit bien clair : Restless est magnifique, automnal, tendre, lumineux, amusant, intrigant, délicat, frais, modeste, mystérieux, céleste, impeccable, raffiné, ambitieux, habité, aérien, subtil, dense, émouvant, surprenant, hanté, génial, intelligent, doux, romantique, et malicieux.

Mia Wasikowska est fantastique, Henry Hopper remarquable, la caméra semble déplacée par un ange, et la nature elle-même se met à l'unisson d'un film qui fait rire et pleurer d'un même allant.

La mort est partout, mais l'amour aussi, et le film trace sa route délicate et légère comme une plume, entre les deux.

Un chef d'oeuvre triste et joyeux, funèbre et amoureux.

 

4e

Voir les commentaires

L'Apollonide, souvenirs de la maison close

http://images.allocine.fr/r_760_x/medias/nmedia/18/83/94/26/19813240.jpgHier au Katorza, à Nantes, Bertrand Bonello était tout de noir vêtu. Il a très bien parlé de son film, pendant près d'une heure, sur un ton à la fois persuasif et humble, répondant avec patience au flot de questions d'une salle sous le charme de son film.

Avant de donner mon avis personnel, quelques anecdotes glanées lors de cette heure d'échange : l'Apollonide est le nom de la maison de son grand-père, le casting a été la partie la plus ardue du film (mélange d'actrices renommées et de non-professionnelles), Bertrand Bonello s'est souvenu d'une vision d'un film qui l'a marqué dans son enfance (L'homme qui rit) pour créer son personnage de la femme qui rit, et le rêve raconté dans le film lui a été donné par une femme de sa connaisance qui l'a vraiment fait. Comme quoi, mieux vaut faire gaffe quand on cause à un réalisateur.

Le film maintenant. Probablement un des plus beaux, des plus complexes, et des plus construits de l'année. Il regorge tellement d'idées de mise en scène différentes et contrastées (split screen, musique soul sur une histoire se déroulant au début du XXème siècle, glissements temporels, bande-son destructurée) qu'il paraît bien difficile qu'un spectateur adhère à toutes. Pour ma part, la fin m'a par exemple déçu (je ne peux en dire plus sans spoiler horriblement).

D'un point de vue cinématographique le film est cependant (et objectivement, vous me connaissez) une merveille. La photographie est splendide, les lumières exceptionnelles. On a plusieurs fois l'impression de voir un tableau vivant. Les mouvements de caméra sont parfois stupéfiants (le panoramique vertical de 360 d°). 

Le choeur des 12 actrices est remarquable et mérite à lui seul qu'on aille voir le film. Jamais, je pense, je n'ai vu au cinéma un groupe aussi homogène d'actrices, en terme de style, comme en terme de qualité de leur performance. Enfin, et c'est là que le film se distingue le plus, il faut attirer l'attention sur le montage, prodigieux. Bonello réussit à jouer avec le temps (à défaut de pouvoir agir sur l'espace, la maison close étant un espace confiné par définition) d'une façon qui emporte l'admiration, en jouant le plus souvent simplement sur une certaine façon d'interrompre brutalement des scènes par ailleurs assez lentes, voire languides. Cet art du montage entraîne le film dans une sorte de spirale ascentionnelle sans fin, qui entre en écho avec les étages de la maison, toujours devinés mais jamais clairement définis.

Il y a beaucoup, beaucoup à dire sur ce film sous d'autres angles encore, politique, féministe, érotique (mais comment peut-il l'être si peu ?), mais je vais m'arrêter là pour laisser à d'autres le plaisir de compléter mon approche.

Un film puissant, à ne pas mettre entre toutes les mains, mais qui laisse une impression de poésie et de mélancolie durable.

 

4e                                       

Voir les commentaires

Au revoir

Après l'excellent Une séparation, l'Iran continue de nous prouver qu'il est une grande terre de cinéma.

Au revoir fut l'invité de dernière minute du dernier festival de Cannes.  Le projecteur s'est braqué dans un premier temps sur lui parce qu'il a été tourné dans la semi-clandestinité, mais les spectateurs et les critiques l'ont rapidement apprécié simplement pour ce qu'il est. Il a décroché le prix de la mise en scène dans la section Un certain regard.

Le synopsis du film est simple : une femme enceinte, avocate déchue, vit seule car son mari journaliste vit dans la clandestinité. Elle cherche à quitter le pays : y parviendra-t-elle ?

Avec une économie de moyen extrême, le réalisateur Mohammad Rasoulof parvient à réaliser une oeuvre d'une beauté plastique à couper le souffle. Pas un plan qui ne soit remarquable de ce point de vue. La photographie est superbe et magnifie l'actrice principale, dont le visage évoque irrésistiblement celui d'une Madonne.

Privé d'effets spéciaux, le film tire parti du moindre objet, de la moindre circonstance, pour inventer de la mise en scène : une seringue, une couverture, un pan de mur, des portes qui s'ouvrent ou se ferment, une tortue, un ascenseur, un miroir... L'intelligence créatrice qui irrigue le cinéma de Farhadi, le réalisateur d'Une séparation, semble ici de la même nature : sensuelle et sensitive. La bande-son est absolument remarquable.

Le film montre (ou plutôt fait ressentir) parfaitement l'oppression au quotidien, les pots de vin, les difficultés financières. Il le fait avec une justesse de ton remarquable. Le rythme n'est pas très enlevé, ce qui ne gâte pas le film, mais le rend un peu moins facile d'accès que les tourbillons intellectuels de Farhadi.

Je vous conseille vivement ce film.

 

3e

Voir les commentaires

La fée

J'ai vu La fée début juillet dans le cadre du festival Paris Cinéma et le film m'avait plu. Deux mois après je dois bien admettre que l'impression qu'il m'a laissée est bien moindre que d'autres films vus durant ces 4 jours de folie.

Abordons donc cette fantaisie havresque pour ce qu'elle est : un bonbon coloré et sucré, une fantaisie chorégraphique malicieuse, sans importance ni conséquence, poétique par éclair et burlesque par devoir.

Le fait est qu'on y rit. Et dès le début, avec cet anglais et son chien qui pour le coup constitue un running gag au sens propre comme au sens figuré. On est également intrigué par les danses athlétiques et dégingandées du couple principal.

Les mânes de Tati et de Kaurismaki seront bien sûr évoquées par les critiques sans que le rapport avec ces deux cinéastes ne soit autre que superficiel à mon sens.

Les plus profonds d'entre les blogueurs distingueront j'en suis sûr des traces de tendresse, voire même des nuances de mélancolie (l'incommunicabilité, vous voyez, ce genre de truc). Les plus curieux noteront la variété des procédés comiques : détournements d'objets (gants Mapa, pillules), effets couperets (bébé qui vole, chien éjecté, homme qui tombe), gags visuels (manteau à l'hôpital), comique de répétition, décalage (équipe de rugby), ellipse géante (prison), situations absurdes (ascenseur)...

En relisant mes notes (outre le fait que je n'arrive pas à me relire, ce qui est profondément énervant) je me rends compte qu'une question m'avait taraudé à la sortie du film (je l'avais noté en haut de ma page) : vraie fée ou pas ? Vous allez me dire que ça n'a qu'une importance relative et vous aurez raison.

A voir par curiosité, et pour se détendre un peu.

 

2e

Voir les commentaires

This must be the place

Il m'arrive (rarement) d'aller voir certains films à reculons, et d'en sortir convaincu.

C'est ce qui s'est passé pour le dernier film de Paolo Sorrentino

Au départ, il y a l'accueil glacial du festival de Cannes en compétition officielle.

Puis un bouche à oreille plutôt flippant, des critiques très mitigées, et enfin une bande annonce qui conforte tous les a priori négatifs que le film peut susciter : il sera lent, poseur, artificiel.

Le début du film conforte d'ailleurs ces présupposés. Sean Penn, doté d'un maquillage outrancier et d'une élocution incroyablement composée, nous paralyse. Il faut s'habituer à son jeu comme il faut que les yeux s'accoutument lors d'un changement de focale : c'est inconfortable, voire douloureux. Et puis, on ne comprend pas grand-chose à ce qu'on voit. Il y a une star de rock, dotée d'une femme et de copains plutôt normaux alors que lui ne l'est pas, des adolescents morts, et un père juif qui meurt.

Puis, petit à petit, le film commence à construire sa charpente. La personnalité de Cheyenne, ex rock star, se révèle progressivement sous nos yeux. Une sorte de road movie improbable se développe, finalement beaucoup plus complexe et cohérent que le début ne le laisse présager.

Pour aider le film à décoller, la mise en scène de Sorrentino n'hésite pas sur les moyens. C'est du lourd en matière de mouvements de caméra alambiqué, de photos de magazine de voyage et de plans saugrenus. Mais cela fonctionne. Il me faut admettre que certaines scènes frôlent même la perfection : le concert de David Byrne, la visite à la vieille dame, la chanson avec le petit garçon ou les scènes dans la caravane.

Cela me donne envie de rechercher dans ma pile de DVD Il divo, le précédent film de Sorrentino. Et de lire son roman, qu'on dit très bon, Ils ont tous raison. Bon, il faut savoir reconnaître qu'on a failli se tromper.

 

3e

Voir les commentaires

Mes meilleures amies

http://images.allocine.fr/r_760_x/medias/nmedia/18/84/60/06/19749280.jpgMes meilleures amies est très représentatif des comédies américaines actuelles.

 

Kristen Wiig joue avec force mimique un personnage de ratée intégrale, Annie, malheureuse en amour (elle est le jouet d'un immonde beau gosse, qui n'est autre que le si distingué Don Draper de Mad Men). Dans sa vie, tout va mal (collocataires débiles, job inintéressant, mère déjantée), mais heureusement, elle a une amie : Lillian. Et cette dernière, big news, va se marier. 

 

Entre alors en scène une rivale redoutable, Helen, qui réussit tout ce qu'elle entreprend et va progressivement piquer à Annie sa copine, en même temps que l'organisation du mariage de cette dernière. Le film se complait alors à cumuler avec une certain talent les situations de plus en plus avilissantes pour Annie, qui franchit progressivement toutes les étapes de la déchéance.

 

C'est assez enlevé, peu original, souvent cruel. Au final Annie retrouve sa copine, dégotte un mec et Helen se révèle ridicule et esseulée.

 

Le film est intéressant en ce qu'il montre l'imprégnation de plus en plus importante des séries dans le cinéma américain. Hormis le cas cité plus haut, le rôle d'Helen est tenu par Rose Byrne, très remarquée dans Damages, et on pense très souvent à Sex and the city, voire à Desperate housewives. Il est également frappant de constater que la vulgarité brute des Farrelly/Apatow est devenue une sorte de standard dans les comédies US. Ainsi avons-nous droit au maintenant traditionnelles diarrhées, vomissements, et autres sécrétions. Originalité de ce film, une allusion à une séance d'épilation de l'anus.

 

Le film est assez agréable à regarder, car servi par une galerie de personnages bien dessinés. Paul Feig (un réalisateur de séries - encore ! - Nurse Jackie, The Office) s'en tire plutôt bien. A voir si vous n'avez rien d'autre à faire.

 

2e

Voir les commentaires

Super 8

http://images.allocine.fr/r_760_x/medias/nmedia/18/78/07/83/19758322.jpgJJ Abrams flatte ce qu'il y a de plus tendrement enfantin en nous, et il le fait avec une délicatesse et une intelligence qui désarment le critique le plus cynique. C'est en ce sens, et seulement en celui-là, qu'on peut le qualifier de fils spirituel de Spielberg.

Super 8 n'est donc pas seulement un film de monstre se déroulant dans une petite ville américaine. Le prétexte de cette intrigue vue et revue ne paraît d'ailleurs pas passionner Abrams qui nous livre un monstre sans grand relief, comme si, finalement, ce dernier n'avait qu'une importance toute relative.

Le sujet du film est à rechercher (tout simplement) dans son titre. Il s'agit de l'histoire d'un groupe de 4 jeunes garçons et d'une jeune fille, qui grandissent ensemble le temps d'un tournage de film en Super 8, découvrant tout à la fois l'amour, le monde compliqué des adultes, les relations au père en l'absence de mère, et la profonde jouissance de la création artistique.

Nos cinéastes en herbe tournent en effet un film intitulé The case, une sombre et rudimentaire histoire de zombie. Il n'est pas interdit d'analyser tout le film (celui d'Abrams) sous l'angle de ce court métrage tourné dans le film. En dépit de la catastrophe qui les entoure, les enfants s'acharnent en effet à mettre en scène leur scénario, en situant les scènes dans les décors de leur propre réalité, créant ainsi un effet d'abyme délicieux qui révèle toute sa puissance dans le générique de fin (NE PARTEZ SURTOUT PAS AVANT), lors duquel est projeté "l'oeuvre" de la fine équipe dans son entier. De cette façon, c'est tout le film que l'on vient de voir, Super 8, qui devient le pré-générique de l'oeuvre principale, The case. Incroyable, magnifique et jubilatoire idée de confronter une grosse machine holywoodienne à la fraîcheur d'un film en Super 8 fait de bric et de broc. Une idée puissante, fortement évocatrice, comme seul JJ Abrams peut en avoir aujourd'hui.

A traver la réalisation de The case, les enfants évoquent par ailleurs toutes les difficultés de réalisation d'un film (rivalité amoureuse autour de l'actrice, problèmes techniques, effets spéciaux, financement, emprise du réalisateur sur l'équipe, répartition des rôles, panne d'inspiration, utilisation des impondérables, etc). Super 8 peut se lire à tellement de niveaux différents qu'il en devient une sorte de catalogue illustratif du cinéma populaire américain, en forme de poupée gigogne pop. 

L'aspect "nostalgie des années 80" m'a beaucoup moins intéressé que la plupart des critiques, car il me semble que le film n'a absolument pas besoin de ça pour exister, même si elle est très présente. Par sa délicate exploration des émois de l'enfance, il se suffit tout à fait à lui-même.

Le film, que j'ai bien aimé, ne m'enthousiasme cependant pas complètement. L'imagination d'Abrams est très puissante, mais je trouve qu'il l'exprime surtout à travers l'univers foisonnant des séries qu'il crée (Alias, Lost, Fringe et bientôt Alcatraz). Ses thématiques sont vastes et nourries de toute la culture américaine, son sens du coup de théâtre est inné, sa sensiblité extrême n'est jamais niaise. Le jour où il canalisera vraiment toute ses qualités au service d'un projet de long-métrage plus recentré et maîtrisé, il sera probablement le meilleur entertainer de son époque.

JJ Abrams sur Christoblog : Star trek / Lost

 

3e

 

Voir les commentaires

Les bien-aimés

Dans Les Biens-aimés Christophe Honoré renoue avec le style qui fit le succès des Chansons d'amour : des passages chantés écrits par Alex Beaupain, une histoire mêlant amour et mort, homo et hétérosexualité, et enfin une pléiade d'acteurs tout entiers acquis à la cause du film.

Les deux films, au-delà de leur parenté formelle, sont pourtant assez différents. Les chansons d'amour creusaient en effet un sillon éminemment parisien, et son ton était délibérément romanesque (à l'image d'un Louis Garrel plus cabotin que jamais).

Ici, Christophe Honoré paraît assagi, mélancolique. L'histoire s'étire au long de plusieurs décennies, visite quantité de lieux (Prague, Paris, Londres) et se frotte à quelques grands évènement (le printemps de Prague, l'apparition du sida, le 11 septembre). Honoré sort donc apparemment de ses tropismes habituels, tout en y restant, car sous la surface rutilante du monde et de ses changements (chaque époque est très bien rendue) les sujets du film sont typiques d'Honoré : l'Amour, la Légèreté, la Deuil.

Au coeur du film, les deux personnages féminins sont merveilleux : Madeleine (jouée jeune par une incroyable Ludivine Sagnier, puis par une Catherine Deneuve plus coquine que jamais) et sa fille Véra (magnifique Chiara Mastroianni). La mère est une femme légère dans une époque qui s'y prête (les années 60), la fillle voudrait l'être mais croise un amour impossible dans une époque qui est bien pesante (les années 2000). Le fil conducteur du film, comme le refrain d'une des chansons le dit, pourrait donc être : "Les filles légères ont le coeur lourd". La scène durant laquelle est chantée ce morceau est représentative de ce qui fait la qualité du film : sobriété, intensité dramatique de ce qui se dit, mouvements de caméra discrets mais parfaitement au service de la scène (oh les beaux travellings !), jeu parfait des actrices.

Autour de ces deux phares féminins gravitent des hommes qui les vénèrent, les aiment, mais peinent à les rendre heureuses. Il faut noter que Milos Forman et Michel Delpech sont tous deux excellents. Louis Garrel, pour une fois, fait preuve d'une certaine retenue, tout en lâchant quelques saillies dont il a le secret. Deux quasi-inconnus - en tout cas pour moi - (Paul Schneider et Rasha Bukvic) complètent à merveille la plus belle distribution de l'année.

Les chansons de Beaupain surprennent toujours, à la fois simples, profondes, osées (les rimes délite/trique/(or)bite/(spout)nik). Elles constituent un élément important du film en éclairant les personnages de l'intérieur. La façon dont se répondent la première (Je peux vivre sans toi, pleine d'espièglerie) et la dernière (Je ne peux vivre sans t'aimer, pleine de tristesse) donne la juste mesure de ce film ambitieux et idéalement réussi : il conte le temps qui passe.

Si Christophe Honoré n'existait pas, qui nous parlerait d'amour ?

 

4e

Voir les commentaires

La guerre est déclarée

Vu en avant-première à Nantes, en présence de Valérie Donzelli et de Jérémie Elkaïm.

La guerre est déclarée parle de la même chose que Melancholia : la fin du monde. Littérale dans le film de Von Trier, relative dans celui de Donzelli, puisqu'il s'agit, pour des parents, d'apprendre que leur enfant est atteint d'une grave maladie. Dans le premier cas, la palette de réaction des personnages est le déni, le suicide, la colère. Dans le deuxième, la fureur de vivre, l'amour, l'espérance. Les deux titres peuvent donc se regarder comme dans un miroir : la guerre est déclarée à la mélancolie.

D'un côté, un metteur en scène un peu usé, tournant en rond autour de ses obsessions dans un beau geste formellement brillant, de l'autre une jeune réalisatrice fonçant droit devant, sans craindre de bousculer les conventions. Dans les deux cas, des films sur le fil, qui ne tiennent que par la grâce de la personnalité et du vécu de leur auteur.

Ce qui me frappe dans le film de Valérie Donzelli, c'est l'extrême audace stylistique et l'efficacité rythmique.

Audace, parce que le film - si on le regarde avec attention - est fait de bric et de broc, à un point qui pourrait nuire à sa cohérence. Sa variété de tons est insensée : on passe d'un thriller monté à la hache (le départ en TGV) à une sorte de comédie allenienne à la française (les premiers amours), en passant par des accents truffaldiens (les parents), des inspirations mallickienne (ces inserts de cellules humaines), des éclairs lelouchiens (la dernière scène, très Un homme et un femme - et un enfant). Il y a aussi une chanson à la Honoré, des effets de couleurs très almodovariens (les personnages ont des T-shirt de la couleur du canapé et du papier-peint), une façon de montrer les hôpitaux qui rappelle Urgences, des ralentis, des accélérés, des effets sons étonnants, une Rancho verte, une fête foraine, une soirée open kiss et 1000 autres choses.

Rythme, parce que tout cela ne tient la route que parce que le film fonce à 100 à l'heure. Miracle d'un montage au cordeau, d'une progression scénaristique millimétrée et d'une bande-son époustouflante, bien que complètement hétéroclite.

La guerre est déclarée est donc un patchwork que certains trouveront peut-être indigeste mais qui transpire une énergie incroyable, le type d'énergie que je n'avais pas ressenti au cinéma depuis ... les premiers Spike Lee ? Le tout est trituré avec une intense intelligence - et une distance adorable (ah ce clin d'oeil avant d'entrer en salle stérile) par Valérie Donzelli, ce qui nous promet de beaux lendemains. Quelle pêche, quelle envie, quelle énergie tonitruante !

Probablement un des films les plus importants de l'année, qui suscitera l'ergotage de froids esthètes et laissera peut-être une partie du public en route ... mais pour ceux qui adhéreront comme moi, révolutionnaires du coeur, quel plaisir et que de larmes !

Choisissez votre camp, la guerre est déclarée.

 

4e

Voir les commentaires

Les contes de la nuit

StudioCanalMichel Ocelot ne fait rien comme tout le monde. Alors que Azur et Azmar avait été conçu avec un logiciel en 3D, pour être finalement distribué en 2D, Les contes de la nuit sont cette fois-ci proposés en 3D alors que les personnages sont des ombres chinoises, donc "plats".

L'effet produit, s'il n'est pas désagréable, reste toutefois assez anecdotique. On remarquera ici où là des sur-impressions de noirs en relief qui produisent des impressions intéressantes. Le dernier conte, spécialement réalisé pour le film (les 5 premiers sont des reprises d'une série réalisée pour la télévision) utilise des effets plus classiques : monstre plongeant vers le spectateur où pluie d'étoiles envahissant l'espace situé entre le spectateur et l'écran (assez joli).

Sur le fond, on retrouve la magnificence des arrières-plans, capables de nous faire passer de l'Amérique précolombienne au Moyen Age en passant par le Tibet et les Antilles, tout en déversant des torrents de couleurs. Les histoires, quant à elles, sont d'un intérêt variable, et ne marqueront pas les esprits. Entre les contes, le film propose une mise en abyme qui ne m'a pas convaincu :  dans une salle de cinéma un vieux monsieur, une jeune fille et un jeune garçon s'amusent à construire des histoires. Ces scènes font un peu cheap. Je n'ai pas été séduit par l'exposé de la documentation réunie pour chaque conte, présentée d'une façon scolaire et rudimentaire.

De beaux moments et une perfection esthétique par moment, mais qui n'empêchent pas un certain ennui de s'installer.

 

2e

Voir les commentaires

The murderer

J'avais été de ceux qui avait dit beaucoup de bien de The chaser, le premier film de Na Hong-Jin.

Pour son deuxième opus, le jeune réalisateur coréen n'hésite pas à tenter quelque chose de beaucoup plus difficile. The chaser était en effet une variation assez roublarde sur le thème du serial killer, alors que The murderer est une fresque au long cours (2h20 !) qui mêle chronique sociale, découverte de la communauté des sino-coréens de la province chinoise de Yanbian, film gore, exercice de style hyper-violent, film sentimental, enquête policière et film à énigme.

Le plus remarquable est probablement la mise en scène, très caractéristique et basée sur des a priori  extrêmement pointus : une caméra légèrement flottante même dans les plans fixes (comme si elle était montée sur une bouée flottant sur une mer tranquille), un montage super-speed (95 % des plans doivent faire moins de 3 secondes) même dans les moments calmes, et une bande-son très travaillée. L'impression résultante est une sorte d'hyper-réalisme, à l'opposé exact de l'hyper-formalisme développé par Kim Jee-Woon dans J'ai rencontré le diable.

Le film, très intéressant dans sa première heure, devient ensuite une sorte d'enfilade de climax violents. La hache, le couteau et toutes les armes blanches sont copieusement utilisées pour sectionner, fendre et entailler les différentes parties de plusieurs dizaines de corps humains. A certains moments le grand-guignol n'est pas loin, mais comme l'ambiance reste réaliste, le spectateur est pris entre plusieurs sentiments contradictoires : rire, frémir, anticiper la scène suivante, ou sortir de la salle, comme l'on fait 5 spectateurs. La deuxième partie du film est donc une sorte de circuit de montagnes russes (calme, violence, développement de l'intrigue, calme, violence..) qui semble ne jamais devoir finir. Le scénario progresse en hoquetant et trébuchant, à grands coups de révélations fracassantes, de digressions inexpliquées, d'ellipses géantes, de montage en parallèle.

Une expérience borderline durant laquelle j'ai été à la fois intrigué, séduit et exaspéré. Trop longue sans doute et parfois trop riche, mais qui se finit sur une scène de toute beauté.

 

3e

Voir les commentaires

Jusqu'en enfer

Lorna Raver. Metropolitan FilmExportIl y a deux façons de considérer Jusqu'en enfer, le dernier opus en date de Sam Raimi.

Au premier degré, le film ne vaut pas tripette, avec son scénario de série Z qui tient sur un timbre poste. Les effets sont toutefois réussis et le film arrive à nous faire sursauter plus d'une fois, ce que l'indigent Scream 4 n'est même pas parvenu à faire.

Au second degré, le film a tout ce qu'il faut pour être culte. La première scène d'épouvante entre une affreuse vieille gitane et une croustillante petite blonde n'hésite pas à mêler effets horrifiques et éclats de rire. Ainsi, la pulpeuse héroïne utilise une agrafeuse comme arme de défense (cf résultats ci-contre), y compris sur l'oeil de verre de la méchante...
Cette dernière perd également ses dentiers inférieurs et supérieurs, et quand elle essaye de dévorer sa proie, la morsure se transforme en gros patin baveux. Etc, etc. Les exemples se multiplient, souvent à base de déjections corporelles diverses (vers, sang, matière verdâtre, globe oculaire projeté sous l'effet de la pression après qu'une enclume ait fracassé la tête, etc...).

On peut aussi voir dans le film une satire du goût de réussir qu'ont les américains. Après tout, rien de tout cela n'arriverait si l'héroïne n'était dévoré par l'ambition. Jusqu'en enfer film moral, y compris et jusqu'à la scène finale !

L'ensemble est réjouissant et se regarde comme une sorte de friandise de cinéphile, qui ne porte pas à conséquence mais servira indubitablement de référence désormais dans la catégorie  "Film d'horreur bien fait avec blondasse pulpeuse dégénérant en parodie de lui-même, sans qu'il oublie de faire peur au passage". 

 

2e

Voir les commentaires

Deep end

La mode est à la ressortie de classiques (ou d'introuvables) en salle. Ce fut le cas récemment avec Il était une fois en Amérique, un Fassbinder sera visible à la rentrée, les Kubrick font l'objet de rétrospectives, et le succès d'Une séparation entraîne la ressortie des deux films précédents de Farhadi.

C'est un peu intrigué que je me suis essayé à revoir ce "vieux" film (1970), culte pour une génération, comme le raconte Etienne Daho dans Libé.

Le début est un peu inquiétant. Il faut le temps de s'habituer aux couleurs typiquement 70ies et à la mise en scène très typée (gros plans, caméra très mobile, scènes s'étirant en longueur, qualité d'image très variable, extérieurs peu convaincants).

Puis la magie du film opère, par la grâce des deux interprètes principaux (Jane Asher et John Moulder-Brown) qui réalisent un sans-faute. Le scénario accélère progressivement, et prend un tour hitckocko-polanskien avec l'affaire de la bague, qui l'emmène vers des sommets de tension. Le film est aussi un fabuleux réservoir à fantasmes, les allusions au sexe étant omniprésentes et menaçant constamment par leur violence et leur crudité le fragile - mais indestructible - sentiment amoureux qui emplit l'adolescent. Parmi les scènes les plus crues on soulignera le quasi-viol de Mike par la grosse femme sur un air de football et celle, magnifique, dans laquelle il voit Susan vendre ses charmes, dans le reflet d'un miroir glissé sous la porte.

Les bains publics de Deep end entrent également dans le panthéon des sites les plus photogéniques de l'histoire du cinéma (avec la maison de Psychose par exemple). Les couleurs des décors et des vêtements y sont profondément expressives (parfois symboliques à l'extrême comme le rouge, présent dans le générique de début comme dans le dernier plan).

La tension sexe/amour, exacerbée par l'utilisation des très gros plans et des couleurs pops, donne au film un air d'épouvante psychologique, de sorte de giallo sado-masochiste et anglo-polonais sur le thème de l'adolescent qui tombe amoureux d'une femme mûre et instable.


Un film à voir, pour tout cinéphile qui se respecte.

 

4e

Voir les commentaires

Omar m'a tuer

Sami Bouajila. Mars DistributionAvant d'aller voir Omar m'a tuer on peut fortement craindre le pensum moralisateur et démonstratif, ou le film à thèse rigoureux mais pénible.

La (bonne) surprise n'en est que plus agréable. Car si le film est bien clairement à décharge, il ne néglige pas la finesse, ni l'exploration psychologique des personnages.

Comme beaucoup de commentateurs avant moi, j'ai été littéralement soufflé par la performance de Sami Bouajila qui arrive à nous faire ressentir les sentiments d'Omar Raddad avec une finesse et une conviction qui méritent ... un César ?
Le reste de la distribution est un peu moins convaincante, mais j'ai bien aimé le contrepoint offert par Denis Podalydes, qui nous laisse entrevoir un monde à l'opposé de celui d'Omar : celui des riches et des puissants.

Le film est très instructif par ailleurs, et n'a franchement pas besoin d'en ajouter aux faits, déjà hallucinants en eux-mêmes, pour nous convaincre que ce procès ne s'est pas joué dans des conditions normales.

D'un point de vue technique, on ne peut rien reprocher à la mise en scène. Elle est sobre, efficace. Le montage est particulièrement resserré, ce qui est assez rare pour être souligné. Le film dure 1h25, pas un plan n'est superflu.

Roschdy Zem est en train de rencontrer son public, et c'est très bien, il le mérite. En ce samedi pluvieux la salle était pleine, et on sentait les gens concentrés, émus, tendus. Un beau moment de vie, et de cinéma.

3e

Voir les commentaires

Hanna

Saoirse Ronan. Sony Pictures Releasing FranceUne jeune fille est élevée dans les bois par son père, qui la forme à être une machine à tuer. Un jour, elle rejoint la civilisation et doit tuer une certaine Marissa. Pourquoi ? Et qui est-elle vraiment ?

A partir de ce pitch intrigant Joe Wright développe un film assez plaisant, qui doit beaucoup à ses interprètes. La jeune Saoirse Ronan continue à impressionner de film en film. Je l'avais trouvée excellente dans Les chemins de la liberté, film par ailleurs moyen. Cate Blanchett est impériale en méchante et Eric Bana s'en tire avec les honneurs.

Peut-être parce qu'il se passe hors des USA, le film me rappelle la trilogie Jason Bourne : même tentative d'un certain réalisme, même errance d'un personnage pourchassé et complètement déphasé, même efficacité dans les scènes d'action, même utilisation optimale des décors.

Après un début tonitruant, le film s'essouffle un peu lorsque les personnages se retrouvent à Berlin. Tout devient alors plus classique.

On s'attache cependant à notre petite tueuse et le dernier plan venu, je n'ai pu m'empêcher de penser à une suite, que j'irais voir, c'est sûr. Un divertissement de bonne facture.

 

3e

Voir les commentaires

HA HA HA

Deux amis mangent une dernière fois ensemble avant que l'un d'entre eux parte à l'étranger. Le repas est montré à l'aide de photographies en noir et blanc. Chacun raconte alternativement (en voix off) ce qui s'est passé dans les dernières heures de sa vie. Ces tranches de vie font l'objet de flashbacks.

On découvre progressivement que chacun des deux amis, sans jamais se rencontrer, ont fréquenté les mêmes personnes, en étant parfois séparés uniquement par une fine cloison. Cette mécanique donne lieu à toute une série de situations légèrement burlesques, subrepticement décalées, dans lesquelles la comédie humaine déploie toute sa gamme de sentiments : humour, désespoir, dérision, amour, désillusion, violence, indifférence, cruauté.

Si les films de Hong Sang-Soo se ressemblent un peu tous, celui ci est particulièrement réussi. Le développement de l'histoire est très amusant à suivre, même si le réalisateur peut se révéler particulièrement cruel. Certaines scènes dégagent en effet une férocité très policée : une mère débite des atrocités sur le père devant son fils, un groupe "d'amis" éclate de rire autour d'en dépressif qui déclare sa maladie, et plus globalement, tout le monde critique tout le monde (et comme tout le monde s'essaye lourdement à la poésie ou au piano, les occasions ne manquent pas).

Le scénario est évidemment du grand ouvrage, qu'on dirait tissé main, chaque filament d'histoire étant subtilement relié aux autres. On relèvera les quelques objets qui se promènent d'un personnage à l'autre (la casquette rouge en particulier, ou l'appartement de la mère), les reliant plus sûrement entre eux que leur sentiments...

On retrouve avec beaucoup de plaisir les tics du réalisateur : un personnage de réalisateur raté, de l'alcool à profusion (tous les personnages semblent passer leur temps à en absorber), et un rôle prépondérant des femmes, beaucoup plus volontaires et positives que les hommes.

Le genre de film dont vous sortez avec la sensation d'être plus intelligent.

 

3e

Voir les commentaires