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Christoblog

Articles avec #monia chokri

La femme de mon frère

Emballé par le film suivant de Monia Choukri (Simple comme Sylvain), je me suis décidé à regarder en séance de rattrapage le premier film de la Québécoise.

Mal m'en a pris. La femme de mon frère est en effet un brouillon indigeste et mal maîtrisé dans lequel coexistent plusieurs films : une chronique familiale à la limite de l'hystérie (l'influence de Xavier Dolan est manifeste), une comédie romantique décalée, un film d'auteur aux recettes alambiquées (la fin zarbi, le montage saccadé d'une même action), un portrait délicat de jeune femme célibataire en recherche d'identité. Bref, tout cela sent le "premier film dans lequel je veux mettre toutes mes idées".  

Le travail sur le son et la musique diagétique rend certaines scènes proprement insupportables : là encore, une afféterie inutile d'apprentie réalisatrice mesurant l'étendue de son pouvoir, y compris de nuisance.

Ce tableau d'un amour excessif entre une frère et une soeur aurait mérité mieux que le traitement kaléidoscopique et parfois épileptique que lui réserve Monia Choukri.

 

1e

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Simple comme Sylvain

Le nouveau film de Monia Chokri est certes une comédie parfaitement huilée, mais c'est aussi plus que cela : une comédie romantique, une fine description de trois classes sociales très différentes, une apologie de la sensualité et un beau portrait de femme.

Simple comme Sylvain décrit l'amour entre deux personnes de milieux très différents comme peu de films ont réussi à le faire ces dernières années : dans des genres différents, j'ai pensé à La vie d'Adèle et au magnifique Pas son genre, de Lucas Belvaux. 

Pour ce faire Monia Chokri utilise des procédés stylistiques qui ne reculent pas devant une certaine vulgarité volontaire (l'ombre de Xavier Dolan, pour qui elle a joué plusieurs fois, surplombe parfois le film) et un subtil décalage qui fait mine de singer l'émotion pour mieux la provoquer.

Il y a une foi en la magie du cinéma dans la démarche de la réalisatrice québécoise qui rend son film éminemment sympathique, en plus d'être tout simplement très bon, léger et profond à la fois.

 

3e

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Gare du nord

http://fr.web.img2.acsta.net/r_640_600/b_1_d6d6d6/pictures/210/177/21017770_20130705110925321.jpgJe ne m'attendais pas à grand-chose en allant voir le dernier film de Claire Simon. Le fait même qu'il ait été couplé à un documentaire tourné au même endroit (Géographie humaine) me semblait d'une certaine façon nuire à la pureté de la fiction. L'accueil relativement frileux fait aux deux films présentés à Locarno me confortait dans mes a priori.

Mais, une fois n'est pas coutume, je ressors ce soir assez enthousiasmé par le travail de la réalisatrice.

Tout d'abord, l'utilisation de cet extraordinaire décor que constitue la Gare du Nord est parfaite. La gare est elle-même un paysage et Claire Simon fait preuve d'une maestria de très haut niveau pour la filmer : cadrages impeccables, jeux avec les transparences et les reflets maginfiques, photographie d'une pureté hallucinante, mouvements de caméra fluides et signifiants.

La deuxième grande force du film est dans le jeu des acteurs, tous renversants. Nicole Garcia est extrêmement touchante (ce moment où elle réajuste sa perruque), Reda Kateb est convaincant, François Damiens, tout en retenue et dérapages contrôlés est irrésisitible, et enfin Monia Chokri est pour moi la véritable révélation du film.

C'est du côté du scénario qu'on pouvait craindre le pire, si Claire Simon n'avait que greffé quelques micro-histoires individuelles sur un matériel documentaire. La vraie surprise du film est de fournir une substance intéressante en matière de narration, mêlant habilement les quatre destinées des personnages principaux, installant une réelle progressivité dans l'histoire jusqu'à des dénouements importants - même si ceux-ci sont un peu téléphonés. J'ai particulièrement apprécié les interactions spatiales des protagonistes, tantôt aléatoire, tantôt non, et l'irruption dans le canevas du film d'éléments presque fantastiques.

Le tout forme un puissant tableau de la condition - et de la solitude - humaine, en même temps que le beau portrait d'un lieu exceptionnel.

 

3e

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Laurence anyways

http://images.allocine.fr/r_640_600/b_1_d6d6d6/medias/nmedia/18/89/80/49/20129801.jpgPeu de films peuvent prétendre laisser un souvenir qui s'améliore à ce point avec le temps.

Disons-le tout net, pendant la projection, ce sont surtout les défauts du film qui m'ont sauté aux yeux : quelques hésitations des acteurs, des scènes qui s'étirent sans justification, des kitscheries à répétition, une narration qui s'emberlificote, une BO et une bande-son souvent poseuse.

Et puis, à l'usage, le temps passant, il faut bien reconnaître qu'on ressort marqué par le film et impressionné par le souffle romanesque qui le traverse. Le mérite en revient à l'interprétation incroyable de Suzanne Clément (prix d'interprétation à Un certain Regard cette année). L'actrice est sublime, tour à tour forte, faible, brisée, reconstruite, en colère, amoureuse : elle utilise un spectre d'une variété incroyable, tout en maintenant une densité de jeu exceptionnelle. Monia Chokri (sa soeur) est également très bonne, tout comme Nathalie Baye qui campe une mère capable d'une cruauté effarante.

J'ai été beaucoup moins convaincu par la prestation de Melvil Poupaud, dont la greffe québécoise tarde à prendre dans le film. J'ai eu beaucoup de mal à croire en son histoire, et j'ai trouvé son jeu parfois approximatif. Le film se déroulant, cette impression s'est heureusement progressivement estompée, au fur et à mesure que le personnage prend de l'assurance dans sa nouvelle vie.

Quant à la mise en scène de Xavier Dolan, j'en viens à penser qu'il faut la prendre dans son ensemble et l'aimer telle qu'elle est, en entier, ou pas. Après trois films, force est de constater que les mêmes tics se reproduisent de films en films : personnages filmés de derrière, ralentis, gros plans (en particulier sur les visages), incrustations bizarres, scènes oniriques, montage cut sur une BO jouée très fort, pluie d'objets, etc.

Après réflexion, j'ai décidé d'aimer son style, qui ici sert en plus habilement un propos à forte charge émotionnelle. Dolan devra chercher dans l'avenir à s'entourer de professionnels en qui il pourra avoir confiance : un vrai monteur professionnel l'aurait probablement aidé à construire son film de façon plus efficace. Il semble pour l'instant s'enfermer dans la posture d'une jeune artiste complet, démiurge omnipotent régnant sur son grand oeuvre.

Mises à part ces quelques réserves, Laurence anyways constitue le premier jalon d'une importance significative dans la carrière du jeune québécois, qu'on sent irrésistible.

Xavier Dolan sur Christoblog : J'ai tué ma mère / Les amours imaginaires

 

3e

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Les amours imaginaires

MK2 DiffusionLes amours imaginaires est une petite chose pimpante, qui va plaire aux amateurs de friandise.

Le bonbon est sucré, coloré, avec juste un peu d'amertume. Le résultat n'est pas désagréable.

Xavier Dolan emprunte à beaucoup de monde dans ce film : à Wong Kar Wai le ralenti amoureux et le battement de cil de 3 secondes, à Gus Van Sant la manie de filmer les gens marchant par derrière, à Gregg Araki une scène (celle de la pluie de marshmallows), à Christophe Honoré Louis Garrel (un faux blond, puis le vrai), à Almodovar ses couleurs et ses rouges à lèvres, à Audrey Hepburn son sourire, etc.... Je trouve qu'il ne fait pas preuve en cela d'une grande maîtrise et ne fonde pas un style très personnel. Le résultat est fait de bric et de broc, répétant des recettes à satiété (zoom avant arrière saccadé, filtre de couleurs...). L'émotion n'est jamais venue en ce qui me concerne, même dans les témoignages de personnes étrangères à l'histoire, un procédé beaucoup plus réussi dans Poetry.

Finalement ce qui m'a le plus plu dans le film ce sont les acteurs. Dolan lui-même est très bien. Il a de bonnes chances de rejoindre dans cette catégorie des acteurs-réalisateurs de talent : Allen, Moretti, Eastwood.

Monia Chokri est excellente, vintage jusqu'au bout des ongles, très "nouvelle vague". Niels Schneider m'a énervé, ses airs ne m'ayant jamais convaincu et son personnage ne crédibilisant pas le scénario.

Certaines scènes sont amusantes (les deux ruptures, la visite de la mère), caustiques sans être véritablement cruelles.

Une oeuvre de jeunesse, à mon avis en mode mineur, d'un cinéaste dont on devine qu'il peut beaucoup plus.

 
2e

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