Une seconde femme
Bien qu'autrichien, Une seconde femme peut être inscrit dans une série de films allemands de qualité qui prennent pour sujet l'immigration turque : De l'autre côté, L'étrangère, Almanya...
Le sujet est ici hautement polémique : un homme d'un certain âge prend une seconde femme en Turquie, sur les conseils de sa première, atteinte d'un cancer, et la ramène en Autriche. Pour donner le change, la famille prétend que c'est le fils de la famille qui a pris femme.
A partir de cette idée plutôt osée, le réalisateur Umut Dag aurait pu filer une trame de style "drame social et sociétal", mais il préfère ici se cantoner à une stricte étude des comportements et réactions des membres de la famille. C'est ainsi que les relations entre la nouvelle femme et l'ancienne, ou entre la nouvelle et les enfants de la première, vont être disséqués, observés et admirablement rendus par une brochette d'actrices très inspirées.
On est ravi par la première partie du film, magnifique (photographie hors du commun, admirable lumière) et dont l'intrigue est plus retorse que le pitch ne le laisse supposer. Dag s'y révèle être un cinéaste très doué, disposant à la fois d'un beau sens de la narration et d'un don évident pour trouver le bon cadre.
Sur la fin, le récit devient plus prévisible et il m'a semblé que le style d'Umut Dag se faisait un peu trop pesant (les fondus au noir sont très beaux mais deviennent trop nombreux par exemple). Une seconde femme présente tout de même des qualités hors du commun (un art consommé de l'ellipse par exemple)
En ce mois de juin plutôt morose en terme de sortie, Une seconde femme peut être sans risque conseillé aux cinéphiles curieux.
Commenter cet article