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Christoblog

Articles avec #danemark

Sons

Le premier film de Gustav Möller, The guilty, plébiscité par la critique et le public, était un film habile, basé sur une seule idée.

On retrouve dans ce second film le même type d'obsession, consistant à mener une trame narrative simple en en explorant toutes ses conséquences.

Le problème de cette méthode est de lasser le spectateur : on voit trop bien où veut en arriver le réalisateur, en accumulant les effets redondants.

Comme ici le propos est de nature cruelle, le résultat évoque une expérience d'entomologiste sadique. Un peu comme du Haneke en mode automatique, ou du Michel Franco sans imagination.

Sidse Babett Knudsen tente de s'en sortir comme elle peut, c'est à dire en prenant des poses exprimant la plus grande variété possible d'émotions, sur un spectre très étroit allant de la contrariété maladive à l'obsession souffreteuse. 

Vous l'avez compris, je n'ai pas aimé me sentir prisonnier de ce huis clos programmé, dont le rebondissement central m'a paru à la fois invraisemblable et peu productif en terme de nouveaux développements. J'aurais d'une certaine façon préféré que le parti-pris sadique de la première partie soit poussé le plus loin possible : cela aurait au moins donné du grain à moudre d'ordre moral.

Gustav Möller pratique ce que j'appelle un cinéma de petit malin : au mieux efficacement prenant, au pire programmatiquement malaisant.

Gustav Möller sur Christoblog : The guilty - 2018 (**)

 

1e

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Flee

D'abord disponible sur la plateforme d'Arte, ce film d'animation du Danois Jonas Poher Rasmussen sort aujourd'hui en salle.

Il est original à plusieurs titres.

Dans sa forme d'abord. Il mélange différentes techniques, suivant l'effet recherché : animation classique pour la trame principale, images d'archive en prise de vue réelle pour contextualiser les séquences, dessin au fusain pour les scènes les plus marquées par l'émotion. Ce mix fonctionne bien et apporte beaucoup au film.

Par son contenu ensuite. Si les films sur les migrants sont assez nombreux, on n'avait jamais vu au cinéma une filière qui conduit des réfugiés d'Afghanistan en Europe, en passant par la Russie et les pays Baltes. Cet aspect est vraiment original, et les longs passages qui relatent la vie de la famille afghane dans un Moscou enneigé sont très réussis. Le héros enfin est homosexuel : cela ajoute évidemment à la complexité de sa situation.

L'histoire est celle d'un ami du réalisateur. Cela rend encore plus attachant ce film délicat, qui possède de plus une intrigue pleine de suspense. Flee a été primé à Annecy, et a réalisé un exploit me semble-t-il unique : être nommé aux Oscars dans trois catégories différentes (Meilleur film en langue étrangère, Meilleur documentaire, Meilleur film d'animation).

 

2e

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Shorta

Dans la lignée de La haine ou des Misérables, Shorta met en scène l'histoire d'un dérapage policier dans une cité danoise, suivie par l'odyssée de deux flics abandonnés à eux-mêmes dans un climat insurrectionnel.

C'est tendu, tourné comme une aventure en pleine jungle, en adoptant le point de vue des deux flics errant toute une nuit en milieu hostile.

Si les deux personnages principaux paraissent d'abord très caricaturaux (un gentil et un méchant facho), l'originalité du film réside dans la façon dont le point de vue du spectateur évolue progressivement sur eux : le flic obtus et raciste l'est de moins en moins, et se révèle finalement plus adapté au milieu dans lequel il évolue que son collègue.

Le film n'est pas exempt d'une certaine sensiblerie et de quelques invraisemblances, mais il est très efficace et se regarde sans déplaisir.

 

2e

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Drunk

L'alcool, à dose raisonnable, est un puissant désinhibiteur qui favorise la construction de liens sociaux. A plus haute dose, il s'avère dangereux et destructeur. Voilà le postulat peu original de Drunk, qui dans un premier temps, semble devoir se limiter à ce contenu programmatique.

Le jeu convaincant des acteurs (à l'exception de Mads Mikkelsen, un peu trop monolithique à mon goût) et la fluidité de la mise en scène permettent au film de se maintenir au-dessus de la moyenne, jusqu'à ce que le scénario décolle finalement dans la deuxième partie du film. Drunk prend alors une coloration plus sombre et beaucoup plus intéressante.

Malgré de nombreuses lourdeurs dans le scénario, qui rappelle celles de La chasse, on se laisse donc finalement prendre à ce tableau à la fois amusant et touchant des affres de la quarantaine masculine scandinave. La scène de fin emporte finalement le morceau, offrant au film une échappée bienveillante et explosive. 

A savourer donc, sans modération.  

Thomas Vinterberg sur Christoblog  : La chasse - 2012 (*) / La communauté - 2017 (**)

 

2e

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Koko-di koko-da

Koko-di koko-da est l'exemple parfait d'un film totalement raté, basé sur un concept qui pourrait être passionnant. 

Pour faire simple, le sujet est le deuil d'un enfant. Le concept est : la même scène loufoque, mélangeant des éléments fantastiques (les personnages d'un jouet pour enfant) et des aspects très réels (le père et la mère vont camper en pleine forêt), se répète un certain nombre de fois, avec des variantes différentes à chaque "rembobinage".

De ce que j'ai compris du film, cette répétition illustre le chaos mental du père, sa tentative de trouver une sortie au labyrinthe de douleur qui envahit son cerveau. 

D'après le dossier de presse qui vend presque le film comme un film d'horreur, les différentes péripéties sont censées être effrayantes, mais elles ne m'ont pas du tout fait peur.

Le premier moment de curiosité passé, on s'ennuie ferme devant cette historiette qu'on voit 7 ou 8 fois, sans que les variations présentées ne fassent sens. L'image est par ailleurs très laide, et la mise en scène inexistante.

C'est absolument creux, vide de sens et d'émotion. N'est pas Lynch qui veut.

 

1e

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The guilty

The guilty est un film-concept. Il est bâti sur une idée simple : la caméra ne quitte à aucun moment le personnage principal (quasiment seul à l'écran), un policier en pleine dépression, qui réceptionne les appels d'urgence au téléphone. 

Comme pratiquement tout film de ce genre, il est à la fois porté et limité par l'idée qui préside à son origine : on est d'abord intrigué par la façon dont le réalisateur Gustav Möller va faire évoluer son intrigue en respectant la règle qu'il s'est lui-même imposé, puis un peu lassé par les ficelles épaisses qu'il est au final obligé d'utiliser.

Le scénario, même s'il faiblit un peu sur la fin, est toutefois assez habile et permet de maintenir l'attention jusqu'au twist médian, efficace malgré son caractère un poil attendu. L'acteur Jakob Cedergren porte le film sur ses épaules avec une solide efficacité et la réalisation de Gustav Möller rappelle le meilleur des séries danoises (alternance de focales, d'ambiance et de cadres). Il utilise brillamment les ressorts dramatiques qu'offrent les conversations téléphoniques qui font avancer l'intrigue (fausses pistes, bande-son inquiétante, silences)

Jake Gyllenhaal vient d'acheter les droits du film danois. Un remake américain est donc à prévoir, bien que je n'en voie pas du tout l'intérêt.  

Un thriller compact et divertissant.

 

2e

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La communauté

L'avant-dernier film de Thomas Vinterberg (La chasse) m'ayant profondément déplu, c'est un peu inquiet que je suis allé voir La communauté.

Le début du film est plutôt rassurant. En nous faisant immédiatement ressentir la folle ambiance des années 70 (la création d'une communauté d'individus qui partagent et définissent leur règles en commun), le cinéaste danois retrouve une partie de la maestria qu'il déployait dans Festen.

La caméra caresse, enveloppe et martyrise à la fois. La mise en scène est urgente, brûlante et semble vouloir capter les moindres frémissements des personnages. Bientôt cependant, l'attachant portrait de la communauté devient un mélodrame conjugal, au sujet mille fois vu : un homme mûr quitte sa femme pour une jolie et jeune étudiante. 

Si la deuxième partie de La communauté se laisse regarder, la tension baisse tout à coup, et on ne saisit pas très bien comment les deux aspects du film s'enrichissent l'un l'autre : la communauté n'interagit pas vraiment avec le couple principal. Le scénario introduit artificiellement un évènement dramatique en fin de film, ce qui ne parvient pas vraiment à dynamiser le récit.

Reste tout de même à porter au crédit du film, outre l'aspect prenant de la mise en scène, l'incroyable interprétation de l'actrice Trine Dyrholm, qui obtint à Berlin un prix d'interprétation féminine bien mérité.

Thomas Vinterberg sur Christoblog : La chasse - 2012 (*)

 

2e

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A war

Dans sa première partie, A war ressemble à un film de guerre naturaliste, filmé dans un style quasi documentaire, et centré sur un soldat danois en service en Afghanistan.

La chronique du conflit est entrelardée de vignettes présentant la vie de son épouse et de ses trois enfants  au Danemark.

Cette partie n'est pas inintéressante, bien qu'un peu longue. Le style de Lindholm est d'une efficacité extrême, mêlant toute sorte d'effets (gros plans sur les visages, caméra à l'épaule, plans larges). Le réalisateur ne sacrifie quasiment rien au rendu réaliste du film : les dialogues, bourrés d'abrévations, sont parfois incompréhensibles.

Le personnage principal est dans la deuxième partie questionné par un tribunal sur une de ses décisions. A war prend alors une autre dimension, donnant à voir une série de dilemnes moraux agissant sur différentes strates. Cette partie lorgne sans hésitation vers les effets du film de procés (coup de théâtre compris), tout en gardant l'aspect sec, sans affect, presque austère de la première partie. 

Tobias Lindholm excelle véritablement dans cette façon de filmer les évènements sans emphase, les épurant jusqu'à l'os, et semblant réduire l'intrigue à sa substanfique moelle. Le jeu des acteurs, dépouillé à l'extrême, parvient cependant à nous surprendre.

A noter à titre de curiosité, et comme souvent dans le cinéma danois, qu'on retrouve dans le casting trois des acteurs principaux de la géniale série Borgen, dont Tobias Lindholm fut le scénariste. 

Tobias Lindholm sur Christoblog : R - 2010 (**) / Hijacking - 2012 (**)

 

3e  

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Men & chicken

Voici un film tout à fait étonnant, construit sur un principe assez osé : essayer de générer de l'empathie pour une troupe de dégénérés peu aimable.

Résumons le pitch initial, sans spoiler bien sûr : deux frères découvrent à la mort de leur père que leur père biologique vit isolé sur une île. L'un est joué par un Mads Mikkelsen méconnaissable (cf photo). Il doit se masturber régulièrement. L'autre, qui paraît plus normal, semble à deux doigts de vomir en permanence. Les deux ont un beau bec de lièvre.

Arrivé sur l'île, les deux hommes font (violemment) connaissance avec trois demi-frères encore plus frappadingues... 

Même si le caractère un peu artificiel de l'intrigue ne permet jamais vraiment d'être transporté, on reste quand même sidéré de l'inventivité du réalisateur danois Anders Thomas Jensen, qui utilise à la perfection un extraordinaire décor de sanatorium laissé à abandon. Jouant avec les codes du film d'horreur comme avec ceux de la comédie, il parvient à susciter chez nous une réelle curiosité, qui trouve dans la révélation finale une portée presque philosophique. 

Le film distille tout au long de son déroulement de multiples indices qui rétrospectivement deviennent signifiants, et propose plusieurs scènes véritablement bluffante (comme celle de la cigogne, ou celle du badminton).

Le film prouve la vitalité du cinéma scandinave et danois en particulier : on reconnaît dans le casting des acteurs vus de nombreuses fois dans les séries The killing, Borgen, ou Bron, ainsi que dans les films de Tobias Lindholm ou Susanne Bier. Une curiosité.

 

2e

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R

Tourné la même année que Un prophète, ce film de Thobias Lindholm (Hijacking, scénariste de La chasse et Borgen) et Michael Noer (Northwest) n'avait pas été diffusé en France, son sujet étant jugé trop proche de celui de Jacques Audiard : un jeune homme arrive en prison et se confronte à la violence des caïds.

Pourtant le traitement du sujet est vraiment très différent dans les deux films. Autant le film d'Audiard est pointilliste, et parfois onirique, autant celui du duo danois est d'un réalisme absolument froid.

Le film est très dur. Si la violence physique est la plupart du temps hors champ, la violence psychologique, elle, vous accompagne sans discontinuer pendant tout le film. En cela R est une véritable immersion dans le monde carcéral danois, dans lequel les détenus ont une curieuse liberté d'allées et venues, y compris dans de grands espaces extérieurs.

On vit donc les différentes étapes de l'intégration de R avec lui, souffrant quand il est humilié, exultant quand il prend peu à peu sa place, s'inquiétant quand il est pris au piège de ses propres manoeuvres. L'impression que donne le film est celle d'une implacable maîtrise et d'une grande froideur, tout à fait dans l'esprit du film suivant de Michael Noer, Northwest.

A voir si vous pensez aimer un Prison break filmé par Bresson.

 

2e

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Northwest

http://fr.web.img3.acsta.net/r_640_600/b_1_d6d6d6/pictures/210/222/21022293_20130724130032406.jpgBien sûr, on pourra dire qu'on a vu cent fois cette histoire de jeune d'un milieu défavorisé qui sombre dans la délinquance, passe sous la coupe d'un malfrat plus puissant que lui, puis finit broyé par le Milieu.

Mais ce qui fait l'originalité de ce film danois, c'est l'attention qui est portée au personnage principal, une sorte d'attention douce et nerveuse à la fois, qui n'est pas sans rappeler l'esprit qui parcourait le sublime Oslo, 31 août. La caméra du réalisateur Michael Noer est à la fois subtile et convaincante : on entre immédiatement dans le quotidien de ce jeune cambrioleur charismatique, et l'engrenage qui le conduit dans les embrouilles est superbement disséqué. La belle vie qu'offre les premiers gros coups, apportant la reconnaissance sociale et l'amour dans les yeux de ses proches, semble pleine de douceur et de beauté. Un peu plus, on le féliciterait.

L'autre caractéristique émouvante du film est le portrait de ce frère que le héros protège, puis associe, puis sur lequel il perd progressivement le contrôle. Tout cela est admirablement montré avec une empreinte réaliste rarement vue au cinéma ces derniers temps.

Les scènes d'actions et de poursuites, qui évitent tout sensationnalisme inutile sont tournées avec un brio étonnant.

Une réussite, pour un film glaçant et attachant.

Le Danemark sur Christoblog : HijackingThe killing / Borgen / Royal affair / La chasse / Le guerrier silencieux

 

3e

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Hijacking

http://fr.web.img1.acsta.net/r_640_600/b_1_d6d6d6/medias/nmedia/18/97/21/66/20521404.jpgSi vous aimez la série danoise Borgen, un des intérêts de Hijacking est de vous replonger dans son ambiance : le scénariste et trois des acteurs majeurs de la série sont impliqués dans le film.

L’intrigue est simple. Un bateau est détourné au large de l’Afrique par des pirates somaliens, et les négociations durent très, très, très longtemps (4 mois).

Si l’ambiance globale du film est réussie, opposant judicieusement les décors froids et aseptisés de Copenhague à la moiteur régnant sur le cargo, l’intrigue souffre d’une certaine anémie. L’aspect négociation est réduit à des traits très sommaires (quelques montants de rançon écrits sur un tableau blanc) et les aspects psychologiques sont dessinés à coup de serpe. Le personnage central du négociateur, manager froid au gros égo qui pète exceptionnellement les plombs, ne m’a pas convaincu. Je trouve que Tobias Lindholm abuse des plans fixes sur ce personnage silencieux, procédé qui prétend habituellement donner à voir des gouffres intérieurs, et qui est ici juste ennuyeux.

Le film manque de profondeur, de contextualisation (il y aurait sûrement beaucoup plus à dire d’un point de vue géo-politique ou même psychologique sur ce type d’évènements) et de rythme. En choisissant un registre proche de l’épure le film court le risque de ne pas capter l’attention du spectateur sur la durée, et c’est ce qui m’est arrivé

Le Danemark sur Christoblog : The killing / Borgen / Royal affair / La chasse / Le guerrier silencieux

 

2e

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Borgen

Vous qui aimez les séries, il importe que vous regardiez immédiatement Borgen, sous peine de quoi vous pourriez vous retrouvez dans la situation de l'amateur de vin qui laisse lui passer sous le nez un Romanée Conti sans le goûter.

De quoi s'agit-il ? Nous sommes au Danemark, le royaume où l'on croise aussi bien Hamlet que le renouveau de la série européenne (The killing). Une femme politique centriste (qui se dévoue pour offrir Borgen à Bayrou ?) se retrouve à la faveur de circonstances hasardeuses en position d'être première ministre.

Suivent vingt épisodes palpitants durant lesquels les scénaristes vont parvenir avec une justesse de ton incroyable à entrecroiser les histoires personnelles (être femme et premier ministre, c'est possible ?) et intrigues politiques, toujours parfaitement ajustées. On compare souvent Borgen à A la Maison Blanche, comme une déclinaison européenne du walk and talk US, mais croyez moi, le modèle est assez différent, et encore plus palpitant.

La série nous entraîne en Afrique, en Afghanistan, mais aussi dans des hopîtaux psychiatriques danois ou dans des séminaires gouvernementaux avec le même bonheur. C'est excitant, rusé, malin, brillant, admirablement filmé et photographié, et surtout, surtout, c'est la plus forte addiction connue depuis .... depuis .... Lost ?

Il faut dire que le personnage de Birgitt Nyborg est magnifiquement interprété, et qu'il difficile, voire impossible, de ne pas tomber complètement dingue de cette femme découvrant l'ivresse du pouvoir, et la nécessité des compromissions.

 

4e

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La chasse

http://images.allocine.fr/r_640_600/b_1_d6d6d6/medias/nmedia/18/90/74/11/20271614.jpgDifficile d’imaginer que le cinéaste du prodigieux Festen (un de mes films préférés des années 90) soit le même qui ait commis l’indigeste La Chasse.

Dans le tourbillon cannois de cette année, le film de Vinterberg avait grandement contribué, avec Des hommes sans loi, Sur la route et quelques autres, à me faire considérer la sélection 2012 comme plate et académique.

L’idée développée par le film est rebattue : un innocent instituteur (Mon Dieu, quel beau métier que se dévouer pour l’éducation de la petite enfance !) se voit accusé injustement par une petite fille d’attouchements.

Celle dernière est tout simplement jalouse et aimerait plus d’attention de la part de son maître, la petite garce. Elle connait les détails de l’anatomie masculine par la faute de son grand frère qui mate des films porno, le pervers. Tous les habitants vont progressivement prendre leur distance avec l’innocent, méprisant par là-même la présomption du même nom, les salauds.

Les méchants voisins iront même jusqu’à exécuter le chien de l’accusé, sous la pluie, ce qui s’avèrera particulièrement cruel puisque l’infortuné devra enterrer la pauvre bestiole sous un déluge, et sous les yeux de son fils. Bouh, c'est trop triste.

Le film accumule les poncifs en tout genre comme vous pouvez vous en rendre compte en lisant les quelques lignes précédentes, sans jamais arriver à faire naître la tension, ni causer un trouble moral qui irait au-delà de « des quidams peuvent devenir méchants et injustes quand ils sont cons et nombreux», ce qui n’est ni nouveau ni passionnant.

Il manque au scénario un peu de méchanceté, un soupçon de violence ou de perversité (il aurait été à l’évidence bien plus efficace de faire douter le spectateur de l’innocence de l’instituteur, et de ne révéler celle-ci qu’à la fin).

Le jury cannois, pas à une aberration près cette année, accorda le prix d’interprétation masculine à Mads Mikkelsen. On se demande bien pourquoi, tant l’envie de botter le cul de ce dernier en lui hurlant de se révolter (ce que chacun ferait bien naturellement dans sa situation) vous étreint tout au long de ce pensum laborieux.

 

1e

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The killing

http://images.allocine.fr/r_760_x/medias/nmedia/18/78/08/77/19445750.jpgForbrydelsen.

Pour ceux qui ont vu la série danoise (oui, oui, danoise) dont je parle dans cet article, ce mot évoquera le générique angoissant (et ô combien agréablement attendu) de chaque nouvel épisode.

Un jeune fille a été tuée par un sadique. L'enquête va durer 20 jours (= 20 épisodes). Bien entendu les fausses pistes vont se multiplier avant le dénouement final dont je ne dirai pas un mot, soyez rassuré.

Un couple adorable d'enquêteur est sur la brèche. Elle est entièrement bouffée par son métier (sa mission, son sacerdoce ?), lui ne peut pas l'encadrer et voudrait bien s'en débarrasser.

Quoi de neuf, allez vous me dire ? Et en particulier par rapport aux séries US ? Eh bien, chers lecteurs, le rythme. Parce qu'ici vous êtes priés de ne pas être pressé. Avant de voir l'enquête avancer (doucement), il vous faudra apprendre à connaître dans l'intimité chacun des protagonistes du drame. A savoir : les parents de la victimes (insoutenables phases du deuil), le politique lié (ou pas ?) à cette sombre affaire, plus une incroyable série de seconds rôles parfaitement interprêtés (conseillers, collègues, professeurs, amis de la victimes, journalistes, etc..).

C'est extraordinairement bien joué, le scénario est millimétrique et la mise en scène impeccable.

Pas étonnant qu'un remake US existe, au demeurant tout à fait honnête, parait-il.

Il existe une mini-deuxième saison que je commenterai quand elle sera sortie, mais en attendant, si vous aimez les séries et que vous rêviez d'un drame mélangeant l'urgence haletante de 24 h chrono et la densité de réalité de The wire, The killing est pour vous, sautez sur l'occasion.

 

4e

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Melancholia

Kirsten Dunst & Charlotte Gainsbourg. Les Films du LosangeMelancholia s'ouvre par une série de plans fixes à la beauté glaçante et aux lumières irréelles.

Par son aspect poseur, voire pédant, cette ouverture rappelle celle (complètement ratée) de Minuit à Paris. Elle fait également penser au long insert cosmo-panthéiste de Malick dans The tree of life. D'une certaine façon, les spectateurs pressés pourront se contenter de ces quelques plans : ils contiennent les plus belles trouvailles du film, le résume parfaitement (en en dévoilant d'ailleurs la fin) et illustre une de ses caractéristiques principales, la lenteur.

Deux soeurs : Justine (sublime Kirsten Dunst) et Claire (la sombre Charlotte Gainsbourg).

Deux parties. Dans la première, Justine se marie. Le mariage tourne au fiasco au fur et à mesure que Justine perd pied avec la réalité. Le film lorgne incontestablement vers le repas de famille du formidable Festen, le film de Thomas Vitenberg. Il n'en a malheureusement pas la force. Kiefer Sutherland, le héros de 24, semble importer ses tics de justicier, il regarde par dessus ses épaules avant de frapper à une porte comme si une armée de terroristes allait débarquer. Bref, sans être complètement nulle, cette partie dogme semble avoir été vue mille fois, et on s'ennuie ferme. Peut-être faut il être (ou avoir été) dépressif, comme Lars von Trier lui-même pour saisir toutes les nuances de la chute de Justine. Pour ma part, j'ai souffert et ne me suis pas passionné pour ces petits psychodrames mesquins et sans intérêt.

Dans sa deuxième partie, le film décrit les jours qui précèdent la collision de la planète Melancholia avec la Terre. Même décors (un hôtel de luxe et un golf), mêmes personnages (hors le mari éconduit, bien sûr). Au fur et à mesure que l'échéance approche, les personnages semblent inverser leur polarité : Justine devient sereine (elle préfère une grandiose catastrophe à de menues satisfactions) et Claire panique. Cette partie est plus réussie que la première, elle souffre cependant d'un goût curieux pour certains effets kitchissimes (le dernier plan !) et pour certains messages douteux (la Terre est mauvaise). Le scénario étire jusqu'à la rupture une intrigue minimale.

Melancholia laisse au final un sentiment d'oeuvre malade, riche de potentialités, mais n'étant parvenue à les concrétiser complètement.

 

2e

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Le guerrier silencieux, valhalla rising

Mads Mikkelsen. Le PacteNicolas Winding Refn est le réalisateur de films cultes réputés pour leur violence et leur caractère minimaliste (la trilogie Pusher, Bronson). Avec Le guerrier silencieux, il propose une expérience cinématographique radicale.

Le héros principal, One eye, outre le fait d'être borgne comme son nom l'indique, est en plus muet et ne prononce pas un mot du film.

Les autres personnages ne sont guère plus loquaces : l'ensemble des dialogues doit tenir sur une feuille A4 recto verso.

Il y a deux façons de recevoir le film :

1 - Vous êtes éblouis par la splendeur des paysages, la qualité de l'ambiance, l'aspect panthéiste du film et la façon dont il donne réellement à sentir la puissance - l'indifférence - de la nature. Il y a du Terrence Malick (version Le nouveau monde) et du Werner Herzog (Aguirre) chez Refn. Si c'est le cas, l'envoûtement peut être puissant et durable.

2 - Vous considérez que le film est une version nordique et violente du calamiteux et méridional Chant des oiseaux. Même ésotérisme à 2 centimes d'euros, même tics de mise en scène. L'éviscération à main nue et l'éclatement de crâne à coups de pierre ne vous semblent pas les moyens les plus adaptés pour décrire la psychologie des personnages.

Pour ma part j'ai oscillé pendant tout le film entre les deux postures, la première finissant par l'emporter (de peu) sur la seconde. Ceci dit, pour être tout à fait franc, il y a quelque chose d'incroyable dans le fait de ne pas s'ennuyer en regardant ce film. Et c'est pourtant le cas.

J'ai oublié de vous parler du scénario, mais après tout, cela n'a peut-être pas beaucoup d'importance. Sachez qu'il est question d'un guerrier viking en colère, d'un enfant blond, de premiers chrétiens, d'une traversée (oppressante) en bateau, de l'Amérique comme terre promise, d'un enfer, puis d'un sacrifice.

Pour les aventuriers des salles obscures uniquement.

 

2e

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