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Christoblog

Articles avec #xavier beauvois

Making of

Le dernier film de Cédric Kahn commence tout doucettement comme une énième variante du "film sur le tournage d'un film", ici dans une version amusante dans laquelle le réalisateur est un peu dépressif, le premier rôle insupportable (Jonathan Cohen, parfait) et le producteur malhonnête (Xavier Beauvois, formidable).

On rigole un peu et on suit sans déplaisir cette chronique, qui peu à peu évolue vers un autre film, plus en demi-teinte, dans lequel un jeune apprenti cinéaste (Stefan Crépon, qu'on a découvert et aimé dans Le bureau des légendes) se brûle au contact de cette première expérience, et qui montre également une situation sociale en miroir entre le contenu du film et sa confection.

Making of est réjouissant et parfois émouvant : il prouve la capacité de renouvellement de Cédric Kahn, dont la carrière, avec ce film et Le procès Goldman, semble bien relancée.

Cédric Kahn sur Christoblog : Cédric Kahn sur Christoblog : La prière - 2018 (**) / Fête de famille - 2019 (**) / Le procès Goldman - 2023 (***)

 

2e

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Les gardiennes

Quel film moderne ! 

Bien sûr, certains se gausseront de cette introduction et s'étonneront : "Est-ce moderne de prendre son temps pour filmer les travaux des champs  ?" Et bla bla bla sur les champs de blé, les gros boeufs qu'il faut pousser et l'écoulement des saisons.

Pour ma part, je pense que Beauvois est aussi moderne que Millet l'a été (et je conseille la superbe rétrospective que lui consacre le Palais des Beaux-Arts de Lille). Il est en effet franchement osé en 2017 de filmer tout un film en décors naturels, en respectant les lumières et les saisons, et de proposer une histoire d'apparence classique (mais qui se révèlera pleine de surprises).

Le film s'avère être au final tout autre chose que la sage illustration des bienfaits champêtres : il est avant tout une féroce critique de l'égoïsme commun (on est toujours le pauvre de quelqu'un) et un tableau saisissant de tous les aspects de la féminité.

En plus de ses qualités mélodramatiques (on pense à Bronte, à Balzac), Les gardiennes brille aussi par des atouts plus évidents : on aura rarement aussi bien montré la richesse et la complexité de la vie à la ferme, et les images sont le plus souvent somptueuses. Les actrices sont au top, avec une Nathalie Baye plus forte que jamais. La bande-son est travaillée comme un orfèvre (ah, le crissement des souliers vernis avant la mauvaise nouvelle). 

Beauvois filme les paysages comme des visages, et les visages comme des paysages. C'est superbe.

 

4e 

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Un beau soleil intérieur

Le cinéma de Claire Denis peut être agaçant.

L'association de son écriture si particulière à la plume de Christine Angot rend le scénario de Un beau soleil intérieur un peu bancal, et produit des dialogues souvent horripilants.  

Répétitions et ellipses, manque de naturel, sentiment généré d'entre soi et d'élitisme, les mots que Angot met dans les bouches des personnages sont rarement beaux, mêmes s'ils sont parfois frappants.

Ce qui sauve finalement le film ce sont les performances d'acteurs. Juliette Binoche est exceptionnelle de virtuosité, Xavier Beauvois parfait en goujat lubrique, Gérard Depardieu très convaincant en voyant inspiré, Nicolas Duvauchelle glaçant en torturé distant. Même les petits rôles, comme celui qui échoit à l'impayable Philippe Katerine, sont délicieusement croqués.

La caméra de Claire Denis est parfois très inspirée, et Un beau soleil intérieur est donc plutôt agréable à regarder.

Le film plaira donc aficionados de Juliette Binoche, à ceux de la réalisatrice et plus généralement aux amateurs de scénario décalé et de dialogues énervants.

Claire Denis sur Christoblog : Les salauds - 2013 (**)

 

2e

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Un château en Italie

http://fr.web.img1.acsta.net/r_640_600/b_1_d6d6d6/pictures/210/060/21006045_2013051513001218.jpgQuel intérêt à aller voir Un château en Italie si on n'est pas de la famille Bruni-Tedeschi ?

A priori, peu. Et a posteriori, pareil.

Organisé autour d'un découpage en saison (c'était la mode à Cannes cette année, cf le Ozon), Un château en Italie est le prototype du film bobo qui se regarde le nombril. Pas désagréable par ailleurs, mais dont la part autobiographique ne doit intéresser que la réalisatrice et ses proches.

Il est d'ailleurs curieux de constater que le personnage du frère, qui devrait être très émouvant, ne parvient jamais à l'être vraiment.

Garrel est insupportable, on a réellement envie de lui coller deux baffes (encore plus que d'habitude, je veux dire) et l'amour avec Louise sonne résolument faux. Beaucoup de scènes paraissent bancales, et beaucoup d'autres font franchement cul-cul : ces arbres qu'on abat, par exemple !

Bref, le film est faiblard et c'est peut-être Xavier Beauvois qui le sauve du naufrage. Il est un peu mystérieux que le film ait pu être en sélection officielle à Cannes.

 

2e

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Les adieux à la reine

http://images.allocine.fr/r_640_600/b_1_d6d6d6/medias/nmedia/18/89/16/45/20027723.jpgOn ne dira jamais assez le bien qu'il faut penser de ces films qui tiennent debout par la grâce de leur mise en scène, la perfection des détails qui les composent (costumes, musique, lumières, décors, seconds rôles) et l'excellence de leur interprétation. Un exemple récent de ce type de film est L'Apollonide, avec lequel Les adieux à la reine partage plusieurs points communs, dont la présence au casting des deux réalisateurs/acteurs Xavier Beauvois et Noémie Lvovsky.

Comme dans le film de Bonnello on est ici captivé de la première à la dernière seconde par la mise en scène brillante de Benoit Jacquot, et tout particulièrement par ses admirables mouvements de caméra. Il faudrait voir et revoir ce dialogue amoureux entre Marie-Antoinette et Gabrielle de Polignac, lors duquel la caméra, très proche des visages, oscille plusieurs fois de droite à gauche.

Jacquot excelle à rendre les ambiances par petites touches : la pauvreté des appartements des domestiques, le gigantisme du château-monde que constitue Versailles, son isolement du reste du monde.

De l'histoire proprement dit, on ne peut pas dire grand-chose sans en dévoiler ce qui en fait la valeur, mais là encore le film réserve une excellente surprise. On aurait pu croire que vu ses qualités plastiques le film pouvait se dispenser d'un scénario digne de ce nom, mais ce n'est pas le cas. La psychologie de la jeune servante est magnifiquement cernée par une Léa Seydoux en grande forme (son meilleur rôle avec Belle épine). Mais que dire de la prestation époustouflante d'une Diane Kruger habitée littéralement par son rôle ? C'est magnifique ! Quant à Virginie Ledoyen, on a comme d'habitude un peu envie de la baffer, mais son physique rend tout à fait crédible l'attirance de la reine pour elle.

Le cinéma français au mieux de sa forme : on pensait 2011 exceptionnelle, mais Benoit Jacquot prend le relais pour 2012, en attendant Cannes.

 

4e

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