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Christoblog

Articles avec #valeria bruni-tedeschi

Les Amandiers

On voit rarement un film qui présente autant de qualités.

Du point de vue de la narration, le récit est captivant, parvenant à maintenir en permanence un équilibre parfait entre dynamique de groupe et portraits individuels.

On est en attente perpétuelle de ce qui va se passer dans le plan suivant : quel acteur va performer, quel couple va se former, que va-t-il arriver à tel ou tel personnage, quelle est la nature exacte de la relation entre Stella et Etienne ?

Pour ce qui est du fonctionnement du binôme Patrice Chéreau / Pierre Romans, le film est aussi très intéressant, dessinant un tableau qui évite soigneusement d'être trop respectueux. Louis Garrel campe un Chéreau qui peut être parfois extrêmement violent et humiliant vis à vis de ces élèves, un homme dont on peut contester les méthodes tout en reconnaissant le génie.

Tout cela ferait déjà un excellent film, mais Les amandiers est de plus sublimé par l'acuité du tableau qu'il dresse d'une époque : les années 80. Valeria Bruni-Tedeschi parvient non seulement à restituer à la perfection les menus détails (cabines téléphoniques, musiques, vêtements, l'actualité) mais elle donne aussi à sentir viscéralement l'élan vital caractéristique de cette décennie, (sexe, drogues, risques) qui se heurte de plein fouet au SIDA.

Le casting est épatant, la formidable Nadia Tereszkiewicz (que j'avais découvert dans Seules les bêtes) en tête. Elle irradie le film de son talent et de sa sensualité terrienne, en alter ego de la réalisatrice.

Un film merveilleux, captivant et émouvant, qui m'a rappelé ce qu'il y avait de meilleur chez Cassavetes. Peut-être aussi le plus beau jamais réalisé sur le métier d'acteur. 

Valeria Bruni-Tedeschi sur Christoblog : Un château en Italie - 2013 (**)

 

4e

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La fracture

Chronique sociale à visée politique, comédie et thriller psychologique, le nouveau film de Catherine Corsini oscille entre plusieurs intentions.

Il est de ce fait imparfait bien qu'agréable, et son intérêt réside principalement dans son aspect quasi-documentaire.

De ce point de vue le film est impressionnant de réalisme : sensibilité des portraits de patients (la vieille femme, le déséquilibré), violence des émeutes, gestion de la pénurie, prégnance des dilemmes moraux, tableau naturaliste du métier de soignants.

La fracture est un film politique, qui ne s'affiche pas frontalement comme tel, mais la volonté de démonstration nuit tout de même à la puissance dramatique de l'histoire. Les péripéties narratives ne sont guère captivantes, et semblent parfois plus guidées par la nécessité de redynamiser l'intrigue que par l'évolution propre des personnages. La volonté de montrer (si ce n'est démontrer), dans une logique de "cases à cocher", est donc un peu contre-productive.

L'ensemble reste tout de même sympa à découvrir, à condition de supporter le cabotinage hystérique de Valeria Bruni-Tedeschi.

Catherine Corsini sur Christoblog : Trois mondes - 2012 (**) / La belle saison - 2015 (***) / Un amour impossible - 2018 (****)

 

2e

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Cette musique ne joue pour personne

Je ne suis habituellement pas du tout friand de l'ambiance des films de Samuel Benchetrit, que je trouve trop froids et distanciés. J'ai en particulier détesté Asphalte.

C'est donc avec une certaine appréhension que j'ai découvert son dernier film au Festival de Cannes, en juillet dernier.

Peut-être est-ce l'ambiance de la Croisette, ou la présence dans la salle de l'équipe (impressionnant JoeyStarr !), mais j'ai cette fois-ci trouvé le film plutôt plaisant, notamment grâce à l'interprétation délicieuse du toujours parfait François Damiens.

Tout n'est pas bon, loin de là, et la machine tourne toujours un peu à vide, mais les lumières et les ambiances du Nord donnent ici une substance légèrement poétique au film, qui le rend plus chaleureux que les précédents. J'ai beaucoup aimé en particulier le couple JoeyStarr / Bouli Lanners en Réservoir dogs franchouillards, alors que Kervern m'a, comme d'habitude, laissé assez froid. L'insert aux airs de fable décalée, dans lequel Vincent Macaigne se fait adopter par une famille indienne, est hilarant. 

Un divertissement plutôt réussi, qui confronte habilement éléments contemporains (réseaux sociaux, télé-réalité) et bon vieux clichés de salut par l'art "à l'ancienne" (poésie, théâtre).

Samuel Benchetrit sur Christoblog : Asphalte - 2015 (*)

 

2e

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Les amours d'Anaïs

Le film commence comme un hommage énamouré à Anaïs Demoustier. L'actrice, dont le personnage s'appelle d'ailleurs Anaïs, virevolte, parle comme une mitraillette, s'agite dans tous les sens, s'exprime comme elle pense, se déshabille en tortillant des fesses, bref, imprime l'écran comme Belmondo jeune savait le faire. Superficielle, ne vivant que dans l'instant, ne construisant rien, elle séduit et énerve à la fois.

L'enjeu du film se dessine rapidement : contre quoi la vivacité exacerbée d'Anaïs va-t-elle s'écraser ?

Et la réponse est : contre Valeria Bruni-Tedeschi, ou plutôt contre l'amour qu'Anaïs va concevoir pour cette dernière. Cette seconde partie a gâché pour moi la première. Autant j'ai pu être intrigué par l'ouragan Demoustier, autant la drague lourde chargée d'un gros transfert psychanalytique qu'entreprend Anaïs m'a ennuyé.  

La psychologie de comptoir (l'amante a le même âge que la mère qui se meurt), la scène sensuelle de la plage (filmée comme un porno soft), la pauvreté de l'écriture et la fin qui ne sait pas finir auront eu au final raison de ma patience.

A ne voir que si vous êtes fan d'Anaïs Demoustier.

 

2e

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Un château en Italie

http://fr.web.img1.acsta.net/r_640_600/b_1_d6d6d6/pictures/210/060/21006045_2013051513001218.jpgQuel intérêt à aller voir Un château en Italie si on n'est pas de la famille Bruni-Tedeschi ?

A priori, peu. Et a posteriori, pareil.

Organisé autour d'un découpage en saison (c'était la mode à Cannes cette année, cf le Ozon), Un château en Italie est le prototype du film bobo qui se regarde le nombril. Pas désagréable par ailleurs, mais dont la part autobiographique ne doit intéresser que la réalisatrice et ses proches.

Il est d'ailleurs curieux de constater que le personnage du frère, qui devrait être très émouvant, ne parvient jamais à l'être vraiment.

Garrel est insupportable, on a réellement envie de lui coller deux baffes (encore plus que d'habitude, je veux dire) et l'amour avec Louise sonne résolument faux. Beaucoup de scènes paraissent bancales, et beaucoup d'autres font franchement cul-cul : ces arbres qu'on abat, par exemple !

Bref, le film est faiblard et c'est peut-être Xavier Beauvois qui le sauve du naufrage. Il est un peu mystérieux que le film ait pu être en sélection officielle à Cannes.

 

2e

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