Festival de La Roche sur Yon 2013
Cette année, ma participation au Festival International du Film de La Roche sur Yon se résume à la journée du samedi 19 octobre. Une seule journée, mais bien remplie.
A 14 h, je commence par le premier long métrage de Kelly Reichardt, Old joy. Je reviendrai sur le film dans une ciritque spécifique, mais il m'a globalement ennuyé, bien qu'il présente des aspects intéressants (dont la prestation en tant qu'acteur de Will Oldham, alias Bonnie Prince Billy).
Comme souvent, c'est l'échange qui suivit avec la réalisatrice qui fût particulièrement instructif, avec beaucoup de questions pertinentes dans la salle, et pas mal d'éléments apportés par Kelly Reichardt. On apprendra ainsi (et en vrac), qu'elle a été élévée par son père, photographe de scène de crime, ce qui lui donna le goût pour un certain type de photo (brrrr...). Par la suite, son père divorcé a vécu avec 4 autres photographes exerçant le même métier que lui (?!), ce qui donna à Kelly l'idée d'un scénario qu'elle essaya de monter pendant des années, sans y parvenir. Entre ces premiers moyens-métrages (River of grass, Ode) présentés d'ailleurs à La Roche pour la première fois en France, et son premier long (Old Joy), il s'est donc écoulé une dizaine d'année de galère entre Los Angeles et New York, durant lesquelles elle a dû squatté les appartements de ses connaissances et survivre comme elle pouvait, ses copains cinéastes obtenant quelques subsides en tournant des films porno, ce qu'elle ne fît pas.
Beaucoup d'opiniatreté donc dans un destin de cinéaste (on le savait, mais chaque témoignage est saisissant), avant que plusieurs concours de circonstance ne déclenchent une carrière : des cours de fac sur le cinéma, une rencontre fortuite mais décisive avec Todd Haynes, l'actrice Michelle Williams qui remarque Old joy et participe aux projets suivants de la réalisatrice (Wendy et lucy, La dernière piste), jusqu'à une certaine forme de consécration avec Night moves qui fut présenté à Venise en compétition et reçut le Grand Prix à Deauville cette année.
Jean, pull gris, coiffure nature, parole humble mais ferme, Kelly Reichardt dégage quelque chose d'affirmé et de convaincant. Une réalisatrice, une vraie.
Dans la foulée, j'enchaîne avec un film portugais, Après la nuit, film de genre tourné dans un quartier mal famé de Lisbonne, celui de l'immigration Cap Verdienne, et qui me plaît bien. J'apprécie surtout la qualité de la mise en scène, renversante pour un premier essai, et de la photographie, superbe. Le réalisateur, Basil Da Cunha, présente en deux mots son film dans un français impeccable (il vit en Suisse). Le soir il sera assis dans le siège devant le mien pour la projection de L'étrange... : magie d'un petit festival comme celui de La Roche. Nul doute qu'on entendra reparler de ce réalisateur dont le film était à la Quinzaine des Réalisateurs cette année.
Parenthèse dans les années 90 ensuite avec le Le vent de la nuit de Philippe Garrel, avec Catherine Deneuve, Xavier Beauvois (mis à l'honneur cette année, c'est pourquoi ce film était diffusé) et l'étonnant Daniel Duval. Malgré certains éléments datés, le film est intéressant et vaut surtout pour le jeu de ces trois acteurs principaux.
Enfin, en fin de soirée, la première française de L'étrange couleur des larmes de ton corps de Hélène Cattet et Bruno Forzani, sorte d'hommage de palmien au giallo, qui ne m'enthousiasme pas du tout. Après un démarrage nerveux et intrigant, le film devient vite un gloubi-boulga indigeste, épuisant à l'excès toutes les petites recettes du genre, dans une ambiance qui se voudrait un brin tarantinesque (musique d'Ennio Morricone, montage à la serpe, ralentis).
Dans le rang devant moi, le jury de la compétition au grand complet avec notamment Carlo Chatrian (directeur artistique du Festival de Locarno) et Laetitia Dosch (l'actrice de La bataille de Solférino).
C'est tout pour cette année, retour en voiture sous la pluie à Nantes vers 0h30, à l'année prochaine.
Commenter cet article