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Christoblog

Articles avec #tom hanks

Asteroid city

Si vous avez trouvé comme moi que les derniers Wes Anderson commençaient à ressasser la même recette, alors n'allez surtout pas voir Asteroid city.

Le dernier opus de Wes Anderson apparaît en effet comme une compilation à bout de souffle de tout son cinéma précédent, dans lequel tous les effets bien connus sont égrenés d'une manière presque robotique : couleurs pastels jaunâtres, personnages hiératiques qui semblent manipulés comme le seraient des marionnettes, mise en abyme arty, effets de symétrie en veux-tu en voilà, split screen, discours verbeux, détails dans tous les coins du cadre, etc.

A quoi tout cela sert-il ? Voilà la question que je me suis posé tout au long du film, qui ne génère aucune émotion, n'intrigue pas, ne surprend pas, et en un mot, ennuie.

Même les dialogues, qui souvent chez Anderson font mouche, semblent ici tristement amidonnés, comme l'unique décor, dont l'artificialité géométrique m'a rebuté. On en vient à scruter sans grand intérêt les petits nouveaux entrant dans la famille, et en particulier Scarlett Johansson, assez fade en Marilyn de cire.

Tout cet attirail formel et froid illustre des thèmes qui ne m'ont pas intéressé (l'Amérique éternelle, la famille, le théâtre des années 50). Même l'extra-terrestre est tristounet.

Un raté total pour moi, que les plus passionnés des fans consacreront peut-être comme le summum de Wes Anderson, considérant que le "système" du cinéaste trouve ici sa réalisation la plus aboutie.

Wes Anderson sur Christoblog : La vie aquatique - 2003 (*) / A bord du Darjeeling Limited - 2007 (***) / Fantastic Mr. Fox - 2009 (****) / Moonrise kingdom - 2012 (****) / The grand Budapest hotel - 2013 (**)  / L'île aux chiens - 2018 (****) / The french dispatch - 2021 (**)

 

1e

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Elvis

Le début du film laisse présager le pire : montage épileptique, caméra prise de tournis, idées de raccord d'une vulgarité crasse, couleurs agressives. Pour être bref, la mise en scène que seul peut produire un ego au stade ultime de l'hypertrophie.

Heureusement, cela ne dure que dix minutes. Le style de Luhrmann s'assagit progressivement (même s'il reste hyper-démonstratif) pour petit à petit épouser avec une relative délicatesse l'épopée d'un héros qu'on va découvrir génial et torturé. L'emphase véhiculée par le trop-plein d'intentions du film convient finalement bien à la personnalité d'Elvis et à sa tragique histoire : elle est à l'image de ses costumes et de ses déhanchements, outrancière et séduisante.

Si on arrive à juguler son aversion au mauvais goût (j'y suis parvenu, hormis peut-être pour la dernière demi-heure) on ne peut être que séduit par cette histoire saisissante, jouée merveilleusement par deux acteurs prodigieux : Tom Hanks, incroyable de perversité avenante, et  Austin Butler, dont la rayonnante animalité n'a rien à envier à celle du King.

La perversion des rapports entre le colonel et Elvis est sondée avec une grande acuité, le lien qui unit le chanteur à la communauté noire est montrée avec une empathie communicative et les 2h39 du film s'écoulent vite, et bien.

Allez, disons-le, une réussite qui enthousiasmera tous les amoureux du rock (qui ne mourra jamais) et pourra bien intéresser les autres.

 

3e

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Pentagon papers

La première partie du nouveau Spielberg m'a légèrement ennuyée. Ce n'est qu'a posteriori, quand l'action se déclenche véritablement, qu'on comprend que cette longue mise en place était nécessaire, notamment pour bien dessiner l'ensemble des enjeux qui pèsent sur la décision que doit prendre May vers le milieu du film.

Pour résumer, cette héritière peu légitime (elle ne doit son poste qu'au décès de son mari) doit en quelques heures prendre une décision qui engage non seulement la réputation de son journal, mais aussi son sort propre (elle risque la prison), la fin d'une longue amitié politique et l'équilibre financier de son entreprise. 

Meryl Streep assume ce rôle avec une classe impeccable et beaucoup de subtilité. Tom Hanks est très convaincant en pitbull bonhomme, et l'ensemble du casting est parfait.

Spielberg assure le boulot avec classe, à travers une mise en scène très fluide et très classique, dans la droite ligne d'un de ses films précédents, avec Tom Hanks également, Le pont des espions. Le découpage du film est assez curieux, enchaînant avec précision des mini-ellipses à répétition qui permettent au scénario de déployer d'amples parenthèses au sein d'un film d'une durée raisonnable (1h55).

Pentagon papers est un vibrant plaidoyer pour la liberté de la presse, et donc une missive personnelle à l'actuel locataire de la Maison Blanche. Si ces effets sont parfois un poil appuyés, le résultat final est à la fois instructif et plaisant.

 

3e

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Sully

La dernière fois que j'avais vraiment aimé un film de Clint Eastwood, c'était il y a huit ans, au moment de la sortie de Gran Torino

Autant dire que je suis allé voir Sully à reculons, d'autant plus que les dernières prises de position de Eastwood en faveur de Donald Trump ne rehausse pas l'estime que je peux avoir pour le bonhomme, qui devient en vieillissant le prototype du bon vieux facho républicain.

Ceci étant dit, je suis obligé de dire que Sully est un bon film. Eastwood y est certainement pour quelque chose. Sa mise en scène est extrêmement efficace dans les scènes d'action ("je ne prendrai jamais plus l'avion", disait une petite fille en sortant de la salle, et je la comprends) et délicate dans les scènes plus calmes.

Mais plus que la mise en scène, je trouve que c'est le scénario de Todd Komarnicki qui est brillant. Il parvient à faire d'une intrigue minimaliste (en gros, le pilote qui a posé l'avion sur l'Hudson en janvier 2009 a-t-il pris la bonne décision ?) un suspense psychologique haletant. En multipliant les flash-blacks et les allers-retours temporels avec une rare habileté, le scénario donne un relief incroyable au film.

L'autre point très fort du film est la prestation de Tom Hanks, impeccable en professionnel qui fait son boulot (We did our job est sans aucun doute la réplique pivot du film) et qui est aussi capable de se remettre en question. 

Sully donne bien sûr une vision idyllique du peuple américain (chacun y est absolument parfait) sur le mode de "on n'est pas des mauviettes", qui est précisément celui qui pousse Eastwood a donner sa voix à Trump, mais il le fait sans emphase et avec une justesse de ton appréciable.

 

3e

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Le pont des espions

Les derniers films de Spielberg m'avaient profondément déçu.

C'est donc sans beaucoup d'illusions, mais avec un peu d'espoir, que je suis allé voir Le pont des espions.

Pour commencer, le film assène une première vérité : Spielberg a besoin d'une grande histoire pour faire un bon film. Le scénario de Cheval de guerre était anémié, et le film affreux, celui du Pont des espions est complexe, et le film est beaucoup plus intéressant.

Le deuxième point fort du film, qui lui donne finalement sa structure solide, c'est l'incroyable interprétation de Tom Hanks, qui prête ses traits de marmotte viellissante (mais déterminée) à un personnage d'anthologie. L'avocat James Donovan restera en effet comme un archétype quasiment parfait du héros américain : attaché au principe de la démocratie envers et contre tout, héroïque, subtil, intelligent, opiniâtre, visionnaire.

On suit les soubresauts inattendus de cette belle histoire avec un intérêt constant. La mise en scène du maître s'avère virtuose, s'appuyant à la fois sur des mouvements de caméra complexes et sur des champ/contrechamp d'un classicisme intemporel.

C'est la direction atristique (décors, lumière) qui me chagrine un peu : elle est très belle, presque trop. Par exemple, la pauvreté de Berlin Est est trop richement reconstituée pour être crédible, et les millions de dollars se voient tellement à l'écran que cela en devient parfois gênant.

Un très bon divertissement tout de même, qui s'appuie sur un sujet passionnant (et d'actualité sous certains angles) et un casting de haut niveau.

 

3e

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Cloud atlas

http://fr.web.img5.acsta.net/r_640_600/b_1_d6d6d6/medias/nmedia/18/92/29/61/20193100.jpgCloud Atlas est intellectuellement stimulant et plastiquement gratifiant.

Pour ce qui est de l'intellect, rappelons comment le film est construit : 6 histoires apparemment sans rapport entre elles s'entrecoisent par la grâce d'un montage très calculé pendant 2h45. Trois de ces histoires se déroulent dans le passé, une dans le présent, une dans l'avenir, et la dernière... on ne sait pas.

Chacune de ces histoires ne suffirait pas à elle seule à fournir la matière à un long métrage (sauf peut-être celle de Somni). Elles ont certes chacune un intérêt en terme de narration comme de rapports psychologiques, mais elles se trouvent sublimées par leur mise en perspective réciproques.

Si le scénario (et le roman je suppose) offre des relations un peu anecdotiques (tel livre, lettre, lieu ou bijou se retrouve dans plusieurs histoires), c'est surtout l'art purement cinématographique du montage qui donne à Cloud Atlas son charme si particulier : c'est la première fois que je vois des histoires aussi différentes dans leur style (comédie, aventure, histoire, SF) se répondre avec un tel naturel. Les effets de montage sont surprenants : une porte se ferme dans une époque, une autre s'ouvre dans le plan suivant. Le vertige visuel de l'entrelacement est amplifié par le fait que les acteurs se retrouvent dans plusieurs épisodes, à peine reconnaissables parfois.

La construction du film est de ce point de vue une franche réussite.

Deuxième aspect positif du film, c'est sa perfection visuelle. Autant L'odyssée de Pi paraissait lourdingue et factice, autant les mondes décrits ici sont confondants de réalisme. Ma préférence va à la partie concernant le musicien, pour son ambiance anglo-romantique très réussie, et à l'histoire de Somni, visuellement splendide. 

On a véritablement l'impression d'avoir vu plusieurs films en sortant de Cloud atlas, qui pourtant sont tout à fait cohérents entre eux et n'en forme... qu'un.

Quant au discours philosophico-mystique que je craignais, il est limité à une portion congrue, d'ailleurs plutôt orientée vers une réflexion morale. Il est en effet plus question dans le film de ce qui guide nos actes, les choix moraux que nous effectuons et de leur conséquences, que d'élucubrations mystico-panthéistes comme chez Malick. Tant mieux.

Au final, force est de reconnaître que Cloud Atlas est une sorte de morceau de bravoure.

 

3e

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