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Christoblog

Articles avec #bastien bouillon

Monsieur Aznavour

On peut aller voir Monsieur Aznavour simplement pour en savoir plus sur le chanteur.

De ce point de vue, le film de Grand corps malade et Mehdi Idir est une réussite : il est informatif et jamais ennuyeux. Le propos est donc intéressant pour ceux qui ne connaissent pas sur le bout du doigt la carrière d'Aznavour, et en particulier il apporte beaucoup d'éléments sur la période précédant la célébrité.

Mais pour moi, l'intérêt ultime du film réside dans l'interprétation étonnante de Tahar Rahim. Celle-ci oscille en effet durant tout le film entre un mimétisme troublant et une libre réinterprétation. C'est comme ci l'acteur Rahim contenait un océan intérieur constitué d'Aznavour : on ne voit parfois que Charles, puis à l'occasion d'un sourire les yeux rieur de Rahim s'imposent, puis, par la grâce d'un mouvement d'épaule, Aznavour repasse à la surface. Parfois, on voit dans la même scène plusieurs facettes à la suite : Aznvour sous un vernis de Rahim, Rahim tentant de faire émerger Aznavour, un hybride monstrueux des deux personnages. 

Pour le reste, l'écriture faiblit un peu dans la deuxième partie du film (l'histoire de Patrick est par exemple salement expédiée) et la mise en scène est parfois maladroite (les mouvements de caméra aériens qui n'apportent rien).

Mais la puissance d'évocation et la force interne des chansons (qu'on a le loisir d'entendre ici en entier) l'emportent toutefois : Monsieur Aznavour est un vrai beau film populaire à ne pas manquer.

Grand corps malade et Mehdi Idir sur Christoblog : Patients - 2016 (**) / La vie scolaire - 2019 (*)

 

3e

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Le comte de Monte-Cristo

On pourrait citer beaucoup de qualités à propos de ce blockbuster français : l'intelligence de l'écriture qui respecte le génie feuilletonnant du roman, la musique de Jérôme Rebotier, le casting impressionnant.

Mais ce qui est pour moi la caractéristique principale du film, et sa spécificité, c'est la modeste efficacité avec laquelle il a été conçu et réalisé. Ici, pas d'effet numérique ostentatoire, pas de scènes d'action inutiles, pas de modernisation accessoire dans le scénario : tout ce qui est montré est utile, tout ce qui est filmé fait avancer l'intrigue.

A l'image de cette sobriété bienvenue, la composition de Pierre Niney m'a paru saisissante. L'acteur auquel on peut souvent reprocher un gentil (mais parfois envahissant) cabotinage est ici parfait. Joyeux sans excès dans la première partie, puis intelligemment sombre dans la seconde, sans jamais se départir de cette assurance dans la vengeance qui semble alors lui tenir lieu de personnalité. Il illustre merveilleusement l'idée de génie de Dumas : faire d'un gentil congénital un méchant obstiné.

Toute cette affaire est mené tambour battant jusqu'à un combat final qui résume les qualités du film : sans esbroufe, raisonnablement cruel, sous un ciel nuageux et peu flatteur.

Si le casting est absolument parfait (et je pèse mes mots, tout le monde est proche de ce qu'il peut faire de mieux), j'aimerais distinguer Anaïs Demoustier, qui campe une Mercedes d'exception, et dont la moindre des expressions fait véritablement vibrer l'écran. 

Du beau cinéma grand public, à la française.

Matthieu Delaporte et Alexandre de la Patellière sur Christoblog : Le prénom - 2012 (***)

 

3e

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La nuit du 12

On peut regarder le dernier film de Dominik Moll sous deux angles.

Le premier est l'enquête policière qui décrit la quête longue et infructueuse d'un jeune commissaire, joué avec beaucoup de finesse par l'excellent Bastien Bouillon.

Sous cet angle le film est très réussi. Il est à la fois très réaliste dans sa description du travail ingrat des policiers (la photocopieuse est souvent en panne) et dans sa façon de décrire leur espoir obsessionnel de trouver une réponse à leur question. La psychologie des différents protagonistes est formidablement creusée. Bien sûr, il est difficile de ne pas songer à un Zodiac savoyard.

Le deuxième angle sous lequel on peut envisager le film, c'est sa dénonciation de la violence endémique qu'exercent les hommes envers les femmes, ou que les hommes pensent pouvoir exercer envers les femmes. Il le fait sans vulgarité et avec beaucoup de subtilité, montrant comment ce machisme atavique finit par infuser dans beaucoup d'esprits, y compris des femmes. Dans La nuit du 12, la masculinité est intrinsèquement toxique.

Un des meilleurs films français de l'année.

Dominik Moll sur Chistoblog : Seules les bêtes - 2019 (***)

 

3e

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