Le moins qu'on puisse dire, c'est qu'Adam McKay ne fait pas ici dans la dentelle.
Rien n'est subtil dans Don't look up, tout est surligné, et même parfois burlesque. Si les deux scientifiques (DiCaprio et Jennifer Lawrence) se maintiennent juste en-dessous du niveau de la caricature excessive, pratiquement tous les autres acteurs et actrices ressemblent plus à des bouffons qu'à de véritables personnages.
Votre appréciation du film dépendra donc de votre goût pour le gros jeu qui tâche. Pour ma part j'ai trouvé Meryl Streep insupportable, Jonah Hill excellent, Mark Rylance étonnant, Ariana Grande réjouissante.
Sur le sujet du film, il n'y a pas grand-chose à dire : le parallèle entre la comète tueuse et le réchauffement climatique est évident, mais finalement pas très intéressant. Le scénario est à la fois invraisemblable et prévisible. Il part tellement dans tous les sens qu'il fait parfois mouche, comme pour la scène finale, assez drôle, mais tape aussi souvent à côté de sa cible (la prestation insignifiante de Thimotée Chalamet).
Un divertissement qu'il faut apprécier pour ce qu'il est, une loufoquerie plus clinquante que politique.
Mother ! commence et finit par des images d'une laideur abyssale.
Entre les deux, il faut subir deux heures d'élucubrations fantastico-biblico-intellectuelles, qui brassent des pelletées de références en tout genre, de Polanski à Hitchcock, en passant par Stephen King.
Ce serait peu dire que les effets mis en place par Darren Aronofsky tombent à plat. C'est pire que cela : le film ne semble jamais devoir commencer. Il multiplie grossièrement les fausses pistes, les recettes éculées et les fautes de goût.
Pour couronner la catastrophe, il est beaucoup trop long, et il semble bégayer en répétant deux fois le même scénario d'un envahissement par des invités indésirables. Les deux acteurs principaux surjouent gaiement, la direction artistique est très moche, et le twist final fait complètement plaqué (on l'a trop vu pour qu'il fasse encore de l'effet).
Aronofsky est décidément capable du pire, comme du meilleur !
Il y a quelque chose d'irrémédiablement raté dans ce film de David O. Russell.
Les dialogues par exemple sont incroyablement mal écrits : parfois confus, d'autres fois artificiels ou inconsistants. Les scènes s'enchaînent très mal, le montage et le scénario sont mal fagottés, mal pensés.
Les décors et costumes sont trop ostentatoires. On nage dans une nostalgie Années 70 qui ne parvient jamais à s'assumer et oscille pendant tout le film entre la parodie et l'hommage énamouré. Le jeu des acteurs est aussi très mauvais : réduits à de simples caricatures (sauf peut-être le personnage joué par Amy Adams), ils n'entraînent aucune sorte d'empathie.
Le film par bien des aspects rappelle par contraste la récente réussite de Scorsese. Alors que Le loup de Wall Street emballait le spectateur et l'entraînait dans une folle spirale de jouissance, American bluff ne parvient qu'à déjouer sur la longueur (2h18 minutes qui semblent sans fin), égarant son spectateur en route.
Un film qui pourrait concourrir dans la catégorie : "Portent si bien leur titre".
Happiness therapy fait miroiter d'une façon mensongère un sujet intéressant, pour ensuite ne faire que l'effleurer. C'est très frustrant.
Pat sort de l'hôpital psychiatrique où il était soigné pour des troubles bipolaires. On souhaiterait en savoir plus, on aimerait que l'aspect maladie soit traité de façon un poil plus approfondie, pour que le contraste comique soit poussé à son paroxysme. Mais Pat est désespérément normal, et son obsession de reconquérir son ex est d'une banalité confondante.
Tiffany a couché avec les 11 membres de son bureau, là aussi on aimerait que cet aspect soit plus développé, non pas par curiosité salace, mais pour que le personnage joué par Jennifer Lawrence gagne en épaisseur psychologique.
Le film prétend être une comédie concernant deux personnes atteintes de dysfonctionnements psychologiques, elle n'est qu'une banale comédie sentimentale sur laquelle les scénaristes ont plaqué quelques noms de maladies et de médicaments (le gag du name dropping de médicaments est approximativement le seul en rapport avec les troubles des deux personnages, et il n'est pas très réussi).
La bonne surprise (relative) du film est à chercher du côté de la famille de Pat. La mère (Jacki Weaver) est assez attendrissante. Le père (De Niro, toujours cabotin) est abonné aux troubles obsessionnels compulsifs (les télécommandes !), instrumentralisant son fils en une sorte de porte-bonheur humain.
Les seconds rôles, essentiels dans toute bonne comédie US, sont très inégaux, Chris Tucker faisant le job en black doué pour la danse (original comme idée, non ?) mais Anupam Kher campant un psy plutôt raté.
Comment pensez-vous que cela finisse ? Par un concours de danse réussi (Flashdance, sort de ce film) et un convolage en règle de notre couple (pas si) azimuté (que ça). Décevant.
Dieu sait si je peux être réfractaire au concept de film de super-héros, et aux comics en général.
C'est donc un peu contraint par les bons retours sur ce film que je m'y suis rendu, et aussi parce dans le casting (il faut dire incroyable, tous les jeunes dont on parlent y sont, ou presque) figurent deux de mes acteurs favoris : le merveilleux Michael Fassbender et la craquante Jennifer Lawrence.
Surprise : la première partie du film est une séries d'études psychologiques plus qu'un film de baston. Etre spécial, accepter sa différence, devenir adulte, faire des choix (entre le bien et le mal, sans vraiment savoir où se trouvent l'un et l'autre), entretenir une amitié, discipliner ses capacités : je n'aurais pas pensé trouver tout cela dans un film Marvel.
J'ajoute que la mise en scène est très belle, limpide, rappelant parfois Spielberg ou les meilleures réussites des films de genre, comme Casino Royale par exemple. L'ambiance 60ies a beaucoup de charme, les décors sont splendides et utilisés avec beaucoup de discernement. Tous les acteurs ont une pêche d'enfer (James McAvoy en gentil et Kevin Bacon en méchant sont parfaits) et même les scènes d'action de la deuxième partie sont belles, et n'en ajoutent pas dans le spectaculaire.
Le prototype du parfait pop-corn movie. Du coup, au risque d'être déçu, j'ai bien envie de voir ce qui va arriver à tous ces mutants fort sympathiques en regardant le reste de la saga, que je ne connais pas.
Ree Dolly vit avec sa mère folle, son petit frère et sa petite soeur au sud du Missouri. Elle s'occupe de tout, mais les temps sont durs et l'argent manque. Le cheval est cédé aux voisins, il faut manger des écureuils. Son père, fabricant de drogue, vient d'être libéré de prison moyennant une grosse somme. Il a intégré sa maison dans la caution et s'il ne se présente pas à une certaine date, la maison sera saisie.
Pour Ree, une seule solution : trouver son père.
Commence alors un parcours difficile pour la jeune fille dans son propre village, pour comprendre ce qu'a fait son père et ce qu'il est devenu, pour tenter d'approcher la vérité. Elle va rencontrer la peur, la violence, la pauvreté, l'indifférence, la compassion, l'horreur.
Winter's bone porte en son sein une sorte de perfection apaisée. Tout y est parfaitement mesuré, idéalement décidé, magnifiquement réalisé.
Rarement une mise en scène m'a paru aussi fluide, aussi élégante, aussi sereinement sûre d'elle. La caméra oscille, tangue légèrement, s'approche des visages ou des mains, les caresse, puis s'éloigne dans un plan large brillamment composé. Le montage est exigeant, parfait.
Le décors et les tronches des habitants évoquent irrésistiblement le contexte de Délivrance, le film de Boorman, banjo compris : il est vraiment rare de voir cette Amérique profonde au cinéma. Le film tire un profit maximal d'un décor étonnant. Une nature à la fois sauvage, superficiellement apprivoisée, et en même temps, quelconque dans sa tristesse hivernale. De ce décors expressif, troussé de caravanes à junkie, de fermes en friche et de décharges domestiques, sourd une atmosphère particulièrement anxiogène.
Tout cela ferait un excellent documentaire, si l'intrigue n'était pas elle-même subtile et déroutante, se dévoilant provisoirement dans sa limpidité et son horreur, approfondissant les relations entre les êtres en même temps qu'elle explore les personnalités.
Enfin, que dire de la prestation époustouflante de Jennifer Lawrence, littéralement bluffante et présente à l'écran de façon quasi continue du premier au dernier plan, sorte d'îlot de volonté pure (qui ne craquera que deux fois), à la fois solide et tendre.
Le film égrène sa musique sensuelle, triste, intelligente, bouleversante, assez proche de celle distillée par les héroïnes fragiles et puissantes à la fois qu'Andrea Arnold (Red road, Fish tank) nous montre dans d'autres milieux, urbains ceux-ci, mais tout aussi pauvres et violents. Au cours de ce voyage quasi-immobile se succèdent des scènes d'anthologie qui chacune mériterait une analyse détaillée : un concert improvisé, un rêve en noir et blanc, un recrutement de l'armée américaine, une visite à la ville, une poursuite dans un hangar à bestiaux. Et LA scène, bien sûr....
Le premier grand rôle de Jennifer Lawrence est aussi peut-être le meilleur.