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Christoblog

L'étrangère

L'étrangère est un beau film trop.

Ouh là là, il va falloir que je m'explique après une intro pareille.

Commençons pas le plus simple : l'actrice. Elle s'appelle Sibel (a-t-on déjà mieux porté son prénom ?) Kekilli. Outre le fait qu'elle ait commencé comme actrice de films X, on l'a surtout vue dans le chef-d'oeuvre (oui, le chef d'oeuvre) de Fatih Akin : Head on. Elle est simplement irradiante, magnifique, solaire.

Ensuite la mise en scène : elle est OK. Nickel classique dans les champs/contre-champs, peut-être un poil trop de plans de coupe à mon goût, mais bon, ça va. Un peu quand même too much dans certaines séquences tire-larmes.

Et enfin, le propos du film. Alors voilà : notre société occidentale (état de droit, pour résumer) est quand même plus maline (et plus adaptable) que cette vieille société traditionnelle patriarcale et turque, condamnée à l'immobilisme et au final à l'auto-destruction, fut-elle résidente  (en Turquie) ou délocalisée (en Allemagne).

Le film est donc clairement politique de ce point de vue, et son message est pour le moins complexe : peut-on quitter contre leur gré ceux qu'on aime ? Ou au contraire ne pas les quitter, toujours contre leur gré ? C'est tout le dilemme de notre héroïne qui ne choisit pas vraiment, et c'est ce qui m'a profondément énervé. Bref, vous ne comprenez probablement pas grand-chose à ce que je dis, mais (pour une fois) ce n'est pas grave : il s'agit en quelque sorte d'un débat sur la laïcité sans qu'il soit question de religion (d'ailleurs une actrice le dit : foutez donc la paix à Dieu, il n'a rien à voir là-dedans). Ou si vous voulez d'une baston éthique autour de valeurs : famille vs liberté, égalité des droits vs honneur.

Brrr, je n'ai pas l'impression d'être abusivement clair mais peut-être est-ce parce que le film m'a laissé cette impression de trop-plein, avec cette fin qui déborde un peu selon moi.

En tout cas un film intéressant, voyez-le et dites moi ce que vous en pensez.

 

3e

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Le meilleur de ce début 2011

Le festival de Cannes marque toujours un tournant dans l'année. Avant le grand rendez-vous, voici mon best of de ce début 2011 en 6 films seulement.

Cliquez sur l'affichette pour accéder directement à la critique sur Christoblog :

 

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Animal kingdom

ARP SélectionJ'attendais beaucoup du film australien Animal kingdom. Le pitch était intrigant : une famille de malfrats australiens violents et cruels, et un drame shakespearien mêlant apprentissage et trahison...

Malheureusement, le résultat est passablement raté. La faute d'abord à l'acteur principal James Frecheville, qui joue le jeune neveu intégrant sans vraiment le vouloir le gang des oncles. Son jeu a l'expressivité d'une brique. Et même d'une brique immobile, car une brique lancée, ou transportée en brouette, manifesterait probablement plus de sentiments que notre ami James, mutique, acnéique, et dont la largeur du cou semble inversement proportionnelle au talent.

La mise en scène est maniérée (du genre à mettre des ralentis quand la tension est à son comble), et la bande-son du film procure la même sensation qu'une colonne de fourmis en procession vers votre cerveau à travers votre conduit auditif. Le scénario enfin est cousu de fil blanc, il en devient risible sur la fin : après une ellipse gigantesque, le dénouement prévisible arrive... par surprise.

Regardez la photo ci-dessus : le film ne se prend pas pour de la m...e, et n'hésite pas à singer le Tintoret ou Véronèse... les Sopranos avaient osé le même type d'image, mais eux pouvaient se le permettre. Faites circuler les kangourous, il n'y a rien à voir.

 

1e

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Detective Dee

Le PacteOn ne peut qu'être épaté par le début de Detective Dee. Passée la désagréable impression liminaire provoquée par le gigantesque décors en carton-pâte numérique, le film surprend par sa complexité, son originalité dans les ambiances, son rythme insensé.

Cette première partie multiplie les situations curieuses, les décors improbables et les combats plus originaux les uns que les autres. Le film culmine alors dans un scène qui commence par une surréaliste attaque de cerfs et se termine dans une abstraction quasi complète, un des combattant n'étant plus figuré que par une trace rouge à l'écran.

On se dit à ce moment là qu'on tient un objet tout à fait singulier. Mais tristement le film prend alors un tour beaucoup plus convenu et pour tout dire moins chinois, plus hollywoodien. Un pathos un peu ridicule fait son apparition, et l'action tourne au film catastrophe tout à fait classique.

Du temps qu'ils tournaient tous les deux à Hong Kong, je plaçais Tsui Hark un cran sous John Woo. C'est toujours le cas. Sans démériter, Detective Dee est moins réussi que le dernier (très beau) film chinois de Woo, Les trois royaumes.

 

2e

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Tous mes pères

Malheureusement, vous ne pourrez pas voir ce film.

J'ai eu la chance de voir Tous mes pères dans le cadre d'un petit festival local et aucune date de sortie n'est prévue en France, ni d'ailleurs en Allemagne, son pays d'origine. Il s'agit typiquement d'un film de festival.

Et c'est bien dommage. A ma connaissance le film tente une expérience complètement radicale : le documentaire autobiographique instrumentalisé.

Je m'explique :

Documentaire : caméra DV, micro apparent, interview de face des personnes, instants volés

Autobiographique : le réalisateur Jan Raiber a envie d'aller filmer son père biologique, qu'il n'a jamais vu. Cette idée déclenche chez sa mère l'aveu d'une incroyable vérité : patatra, son prétendu père biologique (qui a versé pendant 18 ans une pension alimentaire...) ne l'est en réalité pas ! Et il ne le sait pas ! Et le vrai père non plus !

Instrumentalisé : parce qu'on ne peut s'empêcher de penser que les réactions des personnages seraient différentes sans la caméra.

Tout cela fait un mélange détonnant et follement excitant. On suit avec un ébahissement amusé les pérégrinations de notre Pied Nickelé allemand qui navigue entre ses trois pères, et qui met chacun devant ses responsabilités, accompagné par une mère formidable. Les révélations éclaboussent au passage le demi-frère (qui apprend à cette occasion que son frère ne l'est pas) et les grands-parents qui tirent sur tout ce qui bougent.

C'est cruel, c'est pétri de matière humaine, c'est drôle, c'est émouvant quand dans une incroyable pirouette du destin on découvre que le vrai père de Jan ... n'a jamais eu d'enfant avec sa femme.

Tout cela est filmé à l'arrache en deux semaines et demi, et fait l'effet d'une bombe.

 

3e

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Tomboy

Laure a 10 ans. Arrivée dans un nouveau quartier, un quiproquo la fait passer pour un garçon : elle joue le jeu. La confusion des genres dure tout l'été, jusqu'au jour où...

Ce deuxième film de Céline Sciamma (Naissance des pieuvres)  est merveilleux. Il accumule les bienfaits pour l'oeil et l'esprit : beau jeu des jeunes acteurs/actrices et des parents (Mathieu Demy parfait), scénario tendu comme la course d'une flèche, très belle photographie, délicate et précise (le film a été tourné avec le fameux appareil photo Canon 7D).

Mais c'est la mise en scène qu'il faut ici surtout saluer. Il y a dans ce film la même qualité que dans Lady Chatterley : c'est ce que je me disais pendant tout le film, avant de voir la réalisatrice remercier Pascale Ferran dans le générique de fin. Le parti pris est de filmer les enfants à leur hauteur, et les parents sont presque toujours hors champ. Cela donne un ton inimitable au film, à la fois très intérieur et très sensuel. La deuxième particularité de Tomboy est de tirer un profit maximal d'un décor a priori quelconque : un immeuble lambda d'Ile de France. Sous les caresses de la caméra de Céline Sciamma, la forêt devient un lieu de danger, un pont et ses rambardes rouges semble sortir d'un film d'Imamura, une baignade dans un plan d'eau devient un combat initiatique...

Mouvements fluides et cadres au cordeau, la réalisatrice ne nous donne pas seulement une leçon de beau cinéma, elle nous offre une oeuvre dans laquelle tous ses choix font sens, et servent admirablement le propos.

Tomboy, c'est un thriller psychologique d'1h20 qu'on suit en apesanteur, ravi et anxieux à la fois. Pour moi le meilleur film français de l'année.

 

4e

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Hot fuzz

StudioCanalSuite des aventures de la paire Simon Pegg / Nick Frost, sorte de Laurel et Hardy modernes, sur Christoblog.

Après Shaun of the dead (film culte comme on peut encore le vérifier dans Scream 4 qui en montre quelques extraits) et avant le réussi Paul, Hot Fuzz est une parodie de film policier.

Un des meilleurs policeman londonien est exilé dans un village de la campagne anglaise dans laquelle il va faire respecter la loi avec la même rigueur que dans la capitale, y compris sur des sujets mineurs, comme l'évasion ... d'une oie. Une série de meurtre abominable vont pourtant se dérouler dans ce village tranquille, dont on découvrira les auteurs (et leur mobile débile) dans la deuxième partie du film.

C'est plein de trouvailles agréables, comme ce combat improbable dans un village miniature, et le film regorge de rebondissements étonnants. Je lui reproche d'abuser lors du retour dans le village de scènes d'action un peu trop pam-boom-tactactac, qui ne sont pas du tout second degré et détonnent par rapport à l'ensemble du film, mais qui visent peut-être à montrer que le duo a acquis des moyens financiers qu'il n'avait pas lors de leur premier film.

Un divertissement agréable que je mettrais en tête sur mon podium, avant Paul (dans lequel Nick Frost a cependant son plus beau rôle) et Shaun of the dead. 

 

2e

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Scream 4

Courteney Cox, David Arquette et Neve Campbell. SNDJe garde un vague souvenir, plutôt bon, du premier Scream. L'équilibre entre peur et second degré était à l'époque assez nouveau. Puis je n'ai pas vu les deux opus suivants.

Pour ceux qui ne sont pas des fans, comme moi, le film apparaitra comme un navet. Il ne fait ni frissonner, ni rire.

Les scènes avec le tueur sont répétitives et dénotent d'un immense manque d'inspiration que Wes Craven essaie de justifier par une ultime pirouette : le film serait un film sur des tueurs s'ingéniant à copier le premier Scream et le remake doit respecter l'original.

Ce qui se veut drôle est pitoyable. Les acteurs sont nuls, le scénario est écrit avec les pieds.
Les personnages sont tellement bêtes qu'on a envie de les trucider tous soi-même en une demi-heure, et de rentrer se coucher.

Une soirée de perdue.

 

1e

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Easy money

MK2 DiffusionLe héros de Easy money, JW, jeune étudiant fauché, cherche à intégrer le monde des trafiquants de drogue, comme celui de Jewish Connection. Leur objectif se ressemble : JW cherche à s'élever socialement, alors que Sam voulait sortir de son milieu d'origine. La fin sera approximativement la même.

On peut dire que le réalisateur, Daniel Espinosa, voit grand.

 

Le scénario qu'il filme est volontiers complexe, exposant plusieurs personnages principaux évoluant dans une intrigue foisonnante. La première partie où l'on assiste à l'ascension de ce Rastignac suédois est assez réussie et m'a même beaucoup plu. La partie médiane du film est par contre un peu molle, véhiculant de plus en plus de clichés, et si la fin réussit à remettre un peu de tension, elle ne m'a pas convaincu.

La mise en scène se veut recherchée et résolument chic et choc : insertion de microscopiques flashforward annonçant la scène suivante, montage cut et saccadé, ambiance glauque et beaux mouvements de caméra. Il y a du Inarritu nordique chez Espinosa, même si la maîtrise n'est évidemment pas la même.

Pour résumer : des choses intéressantes, mais peut mieux faire.

 

2e

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Essential killing

Essential killing est un concept film. Autant le savoir avant d'y aller, sinon l'atterrissage risque d'être brutal, un peu comme pour celui qui irait voir Enter the void ou Le guerrier silencieux sans avertissement.

Vincent Gallo joue un taliban arrêté dans son pays, transféré dans un pays d'Europe de l'Est (la Pologne ?), et qui s'évade à l'occasion d'un accident.

Il ne dit pas un mot durant tout le film, erre dans la neige, et lorsqu'il rencontre une fermière isolée (Emmanuelle Seigner en fermière isolée !), cette dernière est muette, ce qui tombe bien.

Que fait le fugitif ? Il cherche à manger (poisson cru, écorce d'arbre, fourmis, sein d'une cycliste qui allaite). Il fuit (beaux paysages enneigés). Il tue, sans qu'on puisse d'ailleurs y voir autre chose qu'un malheureux concours de circonstances (un bûcheron à la tronçonneuse, des poursuivants, des automobilistes). Il se rappelle (flash-backs ensoleillés et un tantinet caricaturaux de son pays : moutons, femme voilée, appel à la prière). Dans le dernier plan, ne reste plus qu'un cheval, on supposera que notre héros est mort.

C'est minimal et parfois très beau. Gallo est effectivement halluciné (on le serait pour moins que ça). Le film ne tient debout que grâce à une photographie magnifique et une belle mise en scène. Après un début tonitruant (quelles scènes d'hélicoptère !), j'ai trouvé que le film s'étiolait progressivement, cédant au passage à quelques facilités scénaristiques.
 

2e

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Titeuf, le film (3D)

Pathé DistributionMouais bof, un rapide mot pour acter le fait que j'ai été voir ce truc avec ma fille de 8 ans.

D'abord, le film n'a de 3D que le nom. En fait de 3D il s'agit de plans en 2D qui se superposent, comment dire ? Comme des marionnettes thaïlandaises sur plusieurs plans. Ouais c'est ça : de la 2D en mille-feuilles, bref l'arnaque totale. Il faudra quand même un jour dire : "Stop à la 3D prétexte à majorer le tarif d'entrée".

Voilà.

Autre chose ? Ah oui, la bonne surprise c'est qu'il y a un semblant de scénario, pas trop nunuche, et qui peut se lire à plusieurs niveaux. Pour le reste, c'est difficile à décrire : si vous connaissez Titeuf, vous serez peut-être déçu, si non, vous serez au mieux intrigué, au pire indifférent.

A noter toutefois une apparition assez réussie de Johnny en vieux rockeur fringant et fatigué, et quelques jeux de déformation de mots amusants. Un spectacle honorable, qui finalement se révèle être un petit peu Le Petit Nicolas d'aujourd'hui, le pipi-caca-zizi-sexuel en plus.

2e

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Pain noir

logo-espagnol.jpgLe festival a rendu hier son verdict. Le prix du public revient à No controles, petite comédie bien menée et plaisante dont j'ai parlé récemment.

Le prix Jules Verne est décerné à Pain noir, qui arrive d'Espagne auréolé de toutes une séries de Goyas, l'équivalent de nos Césars (9 !), comme Dans ses yeux l'année dernière. Et comme ce dernier, le film de Agusti Villaronga joue dans la catégorie du lourd et du solide. La mise en scène est classique, parfois percutante (comme dans la violente ouverture qui fait ressembler True grit à de la guimauve), parfois zébrée d'éclairs de génie (les derniers plans), la plupart du temps conventionnelle. Mais comme Dans ses yeux, l'intérêt du film est dans le scénario, complexe, foisonnant, explorant mille pistes à la fois.

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Nous sommes en 1944, un homme et son enfant sont sauvagement assassinés. Par qui ? Pourquoi et comment le père du jeune héros est il impliqué ? A ces questions, le film va nous emberlificoter dans des scénarios de vendettas, de fantastique, de lynchage d'homosexuel, de meurtre politique, de roman d'apprentissage amoureux morbide, de drame social, de pédophilie, de chronique de la haine, avant de nous dévoiler la vérité ... que je ne révélerai pas, mais qui n'a rien d'un happy end.

Le film est de bonne facture et ferait un classique Oscar du meilleur film étranger. Il y a quelques maladresses qui empêchent l'émotion de se développer pleinement, mais le sentiment que le cinéaste tient bien le manche l'emporte, et en plus Sergi Lopez fait quelques apparitions en brute épaisse.

Je conseille donc de le voir s'il a l'honneur des écrans français, ce qui sera à mon avis le cas.

 

2e

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Shaun of the dead

Mars DistributionSuite à un échange de DVD avec pierreAfeu et heavenlycreature (une pratique qu'on pourrait d'ailleurs généraliser entre blogueurs de confiance), je peaufine ma connaissance des performances du duo anglais Simon Pegg / Nick Frost.

Autant leur découverte dans le récent Paul m'a finalement convaincu, autant j'ai trouvé Shaun of the dead assez décevant. Le film semble en effet beaucoup plus cheap, moins riche en référence et en subtilités, que Paul. Les zombies sont ici vraiment pitoyables, et les effets spéciaux sont (volontairement ?) bien ringards, de telle façon qu'on n'a jamais vraiment peur.

Je n'ai donc pas réellement accroché, même si un certain second degré est effectivement présent et que l'exercice est britannique en diable, ce qui lui assure une note minimale de **. Prochaine étape : Hot fuzz.

 

2e

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We want sex equality

Sally Hawkins, Jaime Winstone et Andrea Riseborough. ARP SélectionJe recommande chaudement We want sex equality à tous ceux qui ont aimé Le discours d'un roi.

Les ingrédients sont en effet les mêmes : contexte historique, casting parfait, interprétation exemplaire, mise en scène agréable, décors et montage méticuleux, scénario efficace, accent british a gogo.

De plus, les deux films parlent au fond de la même chose : ce qui est juste de faire, et la capacité à assumer son destin.

Nous suivons l'histoire de 187 femmes employées d'une usine Ford en Angleterre en 1968, qui luttent pour obtenir le même salaire que les hommes. C'est tout bête, mais finalement, et toute proportions gardées, ce qui les meut est de la même nature que ce qui a animé Martin Luther King pour défendre la cause des noirs aux USA. Chaque être humain se vaut, voilà ce que nos jeunes et moins jeunes femmes nous démontrent.

Le film se regarde avec un plaisir gourmand. Il y a de l'humour, de la réflexion, du charme, de l'émotion (mais pas de sexe !).

Je conseille vraiment de le voir tant qu'il est à l'affiche, et tout particulièrement en couple...

 

4e

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Le jour de la bête

logo espagnolJ'ai vu hier l'étonnant film culte d'Alex de la Iglesia, le réalisateur d'Action mutante.

Le jour de la bête est généralement présenté comme un film d'horreur / épouvante, alors qu'il est à l'évidence une comédie loufoque et une satyre sociale.

Un prêtre foldingue croit avoir décrypté l'Apocalypse, et en avoir déduit la date (le 25 décembre 1995) et le lieu (Madrid) de la naissance de l'Antéchrist. Le soir du 24 il cherche donc à rentrer en contact par tous les moyens nécessaires avec le Diable. Dans ses pérégrinations burlesques et violentes, il croise un présentateur de télévision qui va être amené à croire en son histoire, un fan de death metal et une vierge dont il faudra tirer quelques centilitres de sang.

Le film se déroule intégralement en nocturne dans une ambiance de After hours sous acide.

L'art du réalisateur consiste à nous faire osciller durant tout le film entre deux positions : croire en la réalité de la prévision, ou pas. Et de ce point de vue, le film est très réussi, puisqu'on passe alternativement d'une position à l'autre au moins 3 ou 4 fois. L'atmosphère de violence libérée et un peu zarbi est également très agréable, rappelant celle de Tarantino, ou des Coen d'Arizona junior, mâtinée de couleurs à la Almodovar. A propos de ce dernier, il est amusant de constater que les fameuses tours Kio jouent un rôle essentiel dans ce film, comme dans En chair et en os, vu il y a 2 jours.

Le film ne se prive pas de démonter la télé trash au passage, et tisse une métaphore entre groupe d'extrême droite et satanisme. Le tout est étonnant, mérite d'être vu, même si certains aspects esthétiques (liés principalement aux effets spéciaux et aux extérieurs) ont assez mal vieillis.

 

2e

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Pajaros de papel

logo espagnolSuite des films en compétition ce matin, sous la pluie, cette fois ci dans la catégorie Opera Prima, qui comme son nom l'indique, récompense une première oeuvre.

Pajaros de papel (Cocottes en papier) est donc le premier film de Emilio Aragon. Ce dernier, bien que débutant dans la réalisation, n'est pas tout jeune : il est né en 1959. Présentateur de télévision, musicien (Bach to Cuba), chanteur, acteur, il s'est trouvé pour cette production à la tête d'un budget considérable, ce qui se voit nettement à l'écran. Les décors, costumes, véhicules et diverses reconstitutions sont en effet tout à fait crédibles - presque trop.

L'action se situe au lendemain de la guerre civile. Nous suivons une troupe d'artistes tentant de survivre. Les morts et disparus de la guerre sont encore bien présents, la résistance au franquisme tente de s'organiser. Le film montre des choses intéressantes, mais le fait avec une lourdeur et un académisme un peu glaçant. Le film ressemble donc à un téléfilm de haute qualité, à une reconstitution d'époque froide et bien léchée (du genre de celle de La princesse de Montpensier).

Certains y trouveront leur compte, et le film a déjà séduit le grand public (2 nominations aux Goyas, prix du public à Montréal), pour ma part ses tics de mise en scène (une utilisation forcenée du lent travelling latéral) et son insistance maladroite à tenter de nous tirer des larmes m'ont laissé plutôt de marbre.

J'ai tout de même bien aimé les deux acteurs principaux : Imanol Arias (vu dans les premiers Almodovar) et Lluis Homar, très bon (vu dans Les yeux de Julia).

 

2e

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No controles

J'entre de plein pied dans le festival 2011 avec ce film en compétition pour le prix Jules Verne du meilleur film.

Du réalisateur, Borja Cobeaga, je ne connais pas grand-chose, à part le fait qu'il est basque et qu'il a rencontré un certain succès avec son film précédent, Pagafantas, qui n'est cependant pas sorti en France.

http://images.allocine.fr/r_75_100/medias/nmedia/18/35/89/77/18668059.jpgNocontroles est une comédie classique qui repose sur un pitch accrocheur est potentiellement remakable par les Américains : Sergio a rompu depuis 7 mois avec sa compagne quand ils se retrouvent tous deux dans un aéroport bloqué par la neige. Ils doivent alors passer la nuit (qui est celle du 31 décembre) dans un hôtel d'autoroute entouré d'étrangers. Sergio retrouve un ancien camarade de CM2, pot de colle et qui se pense humoriste, qui va se mettre en tête de rabibocher les ex-amoureux. Les choses se compliquent quand le nouveau mec de la fille arrive à l'hôtel....

Le film vaut pour sa petite mécanique bien huilée et pas prétentieuse, et aussi par la prestation du copain réconciliateur, toujours de bonne humeur et pas avare de blagues nulles. Je verrais bien Jim Carrey dans ce rôle pour une version US.

Le film est léger, amusant, bien fait.

 

2e

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En chair et en os

Démarrage en douceur au festival espagnol 2011 avec un bon petit Almodovar

C'est la première fois depuis longtemps que je revisite un film de Pedro en reculant aussi loin dans le temps (le film a 14 ans) ! Cela procure une étrange sensation, pas désagréable.

Almodovar apparaît clairement comme un cinéaste à la fois classique et majeur, à l'instar d'un Sirk, d'un Mankiewicz ou d'un Visconti. Sa mise en scène est brillante (voir cette scène d'ouverture époustouflante dans laquelle Penelope Cruz accouche dans un bus), sa direction d'acteur parfaite (tout le casting semble donner le meilleur de lui-même), son scénario retors (d'après Ruth Rendell), son montage réfléchi, ses tics déjà manifestes (sexe cru, intérieurs colorés, gros plans, musiques mélodramatiques).

Difficile de parler plus de Carne tremula (le titre original, difficilement traduisible - chair vacillante ? - est beaucoup plus beau que le titre français), sans en déflorer l'intrigue. Il s'agit de couples qui s'aiment - ou pas - et qui sur plus de 10 ans auront à faire avec la culpabilité, la jalousie, l'amour, le sexe, le handicap, la mort. C'est puissant, enlevé, rien à redire, c'est du mélo efficace servi par un Javier Bardem en fauteuil roulant, pivot malfaisant de l'histoire, impressionnant.

La soirée était dédiée à l'actrice Angela Molina, qui était présente et qui m'a fascinée : longs cheveux, silhouette magnifique, sourire solaire, nous gratifiant d'anecdotes croustillantes sur ces deux ans de vie nantaise, il y a 30 ans. Elle habitait près du château des Ducs et des oies la poursuivaient, elle et sa fille. Son premier mari est originaire des Sables-d'Olonne et elle nous a fait un beau récit de ces baignades dans l'Atlantique, elle qui ne connaissait que le liquide amniotique de la Méditerranée.

Une belle soirée.

 

3e

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Ma part du gâteau

Moins : Allez, le dernier Klapisch est vraiment une sous-merde rétrograde. Autant d'idées reçues dans un seul film, c'est simplement pas envisageable : la pauvre dunkerquoise est vraiment une looser pitoyable, les clichés sont tellement appuyés que le film relève plus de la décalcomanie que du cinéma.

La lourdeur des scènes pseudo-émouvantes n'a d'égale dans le film que la tendance lourdingue de la bande-son. Etc, etc...

Plus : Ben bizarrement le film m'a plus touché que je ne pensais qu'il le ferait. Alors je m'explique : et si Ma part du gâteau dessinait un portrait idéal (au sens de parfait) du méchant du XXIème siècle ? Car enfin, le film refuse une évolution qui parait évidente : celle qui aboutirait à un happy end où le méchant ne serait pas méchant. Ici (et n'est-ce pas le mérite de Klapisch ?) le méchant reste vraiment méchant jusqu'à la fin et, finalement, le mirage de Pretty Woman reste un mirage. Depuis quand a-t-on vu personnage aussi dérangeant que celui joué par Lelouche (ignoble rapace sexuel à Venise, raclure infatuée sur le balcon de l'hôtel londonien, narrant laconiquement sa conquête au téléphone) ?

Le cinéma de Klapisch possède bien des défauts.

Grâce au diable il admet bien des qualités, dont la moindre n'est pas l'empathie. Quand au sens du rythme, le cinéaste et ses assistants semble le posséder à la perfection. J'ai donc aimé, presque malgré moi.

 

3e

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Boxing gym

Boxing gym est un documentaire minimaliste : Frederick Wiseman, le réalisateur, film frontalement l'intérieur d'une salle d'entraînement dédiée à la boxe, sans chichis et sans fioritures. Techniquement les moyens sont très limités (éclairages naturels, cadrage à l'épaule...), et les partis pris de mise en scène sont radicaux : si des extraits de conversations sont captés, jamais les personnes filmées ne s'adressent directement à la caméra.

Le résultat est très intéressant, d'un double point de vue : esthétique et éthique.

Esthétique : les innombrables exercices ressemblent à de la danse. La géométrie d'un élastique tendu en diagonale d'un ring, la chorégraphie de plusieurs paires de pieds, la beauté étrange des différents appareils de torture utilisés, un gros plan sur des gants : chaque scène possède une beauté formelle indéniable, et l'ensemble finit littéralement par hypnotiser. J'ai pensé plusieurs fois à des cérémonies religieuses devant les sortes de transes que montre le film : derviches tourneurs au Texas...

Ethique : c'est l'aspect tout à fait étonnant du film. Alors que la salle de boxe devrait être le lieu où la violence et l'agressivité se concrétisent, voilà que par un étonnant renversement de perspective, elle devient une sorte de parangon de démocratie égalitaire. Sous la coupe d'un manager génial, doux et compréhensif, la petite salle est un microcosme dans lequel tous se valent. Riches (très riches) / pauvres (très pauvres) / Noirs / Blancs / Hispanos / jeunes (très jeunes) / vieux (très vieux) / hommes / femmes / gros / minces / pros / amateurs / malades (épileptiques, asthmatiques) : tout le monde aide tout le monde et respecte tout le monde.

Boxing gym, outre le fait d'être un excellent documentaire, est aussi une merveilleuse leçon de vie. A voir absolument en complément de Fighter.

 

3e

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